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Poésie

Posts Tagged ‘abysse’

SUB MARE (Ezra Pound)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022




SUB MARE

Cela est et cela n’est pas,
Je suis assez sage pour le savoir,
Depuis ta venue, ce lieu me hante,
Bâti avec des roses d’automne,
Aux couleurs dorées, changeantes.

Et il faut aller à tâtons parmi ces choses
Que des algues délicates submergent
Sous les pâles houles vertes des abysses,
Parmi ces choses plus anciennes que leurs noms,
Ces choses familières aux dieux.

(Ezra Pound)

Illustration: Josephine Wall

 

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Quand le poète dort (Marc Alyn)

Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022


 

Quand le poète dort, ses poèmes le veillent
Allongés contre lui, chiens couleur de soleil.

Quand le poète dort, ses poèmes s’envolent
Pour aller se nicher dans les livres d’école.

Quand le poète dort, des larmes à ses cils,
La poésie lui tisse une joie, fil à fil.

Quand le poète dort, ses poèmes travaillent
Comme en l’ombre le vin, sous terre les semailles.

Quand le poète dort, ses poèmes apprennent
A vivre seuls, sans lui, que les rêves entraînent.

Quand le poète dort, ses poèmes frémissent
En songeant aux périls qu’il court dans les abysses.

Quand le poète dort, ses poèmes l’écrivent
Pour lui rendre, au réveil, son chant comme une eau vive.

(Marc Alyn)
Illustration: Giuseppe Antonio Petrini

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Vois comme sur la vaste rivière (Fiodor Tiouttchev)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2021




    
Vois comme sur la vaste rivière,
Portés par les eaux réveillées,
Vers l’immense infini de la mer,
Les blocs de glace voguent d’affilée.

Qu’ils s’irisent au soleil éclatant,
Ou bien la nuit, dans les ténèbres,
Tous, fondant inexorablement,
Ils voguent vers un même terme.

Tous ensemble, petits et grands,
Perdant la forme qu’ils avaient jadis
Tous, insensibles et indifférents,
S’en vont rejoindre les fatals abysses.
Ô toi, mirage de notre esprit,

Toi, notre petit
Moi humain,
N’est-ce point là le sens de ta vie,
N’est-ce point là ton vrai destin ?

(Fiodor Tiouttchev)

Recueil: POÈMES
Traduction: traduit du russe par Sophie Benech
Editions: Interférences

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L’HOMME (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2019



L’HOMME

Face aux déchaînements
D’un univers souverain
L’homme
Oublieux de ses propres abysses
Épaule pour un temps
D’autres humains

Vers l’unique estuaire
Qui clôt chaque existence
I1 rejoint pour un temps
L’aube secourable
D’un monde
A rebâtir.

(Andrée Chedid)

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L’INITIAL (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2019



Illustration: Josephine Wall
    
L’INITIAL
Âditama

Qui en mon for intérieur muet
arpente les brumes de ma pensée,
demeure près du coeur et pourtant
reste distant,
qui habite l’air à jamais inouï?
Mon espérance est de le chanter —
mais mon jour passe dans le silence
lancinant
de ne pouvoir dire mon sentiment.
Où sont les mots, les mots
qui me fuient ?

Le monde en pleurs qui ruisselle
dans mon sang
que veut-il —
qui connaît le message du primitif
originel ?

Le rayon qui franchit l’orage
perçant le voile des vapeurs
pour venir embrasser la planète
est l’enfant du paradis ;

les mots qu’il lui dit à l’oreille
la terre encore aujourd’hui
en répand le souvenir
parmi les brins d’herbe —
et entend,
les yeux sur son passage rivés,
l’air de son chant.

La pulsion première de la vie
palpite dans la moelle des figuiers,
ses harmoniques insonores vibrent .
nuit et jour au fond du ciel —
et mes veines jusque dans les fibres
résonnent d’elle ;

et dans les profondeurs du conscient
une danse se compose
de figures invisibles
au chant du feuillage susurrant.

Volubiles sont ces arbres, ces plantes
en feuilles et en fleurs —
au fond de l’abysse de silence
où le verbe est roi,

au travers des terres et des eaux
silencieux
j’écoute la respiration première
sacrée,
j’entends la muette rumeur
de la pensée enfouie.

Dans cet univers orphelin de parole
qui s’étend de la poussière terrestre
aux confins stellaires
je prends place
les yeux ouverts emplis d’un chant
sans sonorité.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: L’écrin vert
Traduction: Saraju Gita Banerjee
Editions: Gallimard

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Loin (Pierre Jean Jouve)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2018



LOIN
La ligne de l’abysse et le chiffre virgule
Me regardent curieusement tandis que je nais.

(Pierre Jean Jouve)

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Nous hébergeons (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2018




    
Nous hébergeons cycles et métamorphoses
Mondes rampants et prouesses
Abysses et flambées

Champs de bataille
De l’indicible avenir
En nous
Se perpétuent
L’instinct incendiaire
Comme le penchant d’aimer

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Par-delà les mots
Traduction:
Editions: Flammarion

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Emporte-moi (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2017




    
Emporte-moi

Emporte-moi, langage, emporte-moi.
Si je suis nu, le mot se fait navire.
Au loin cette île offre-t-elle un asile
ou le point fixe où rêve ma statue ?

Je marcherai s’il le faut sur la mer
pour te trouver, pour adorer tes lettres
et pour scander tes syllabes d’azur,
à tout jamais pour me mêler à toi

car je t’habite en te logeant moi-même,
soleil issu du corps dont je caresse
la chevelure. Et ta bouche salée
vient se poser sur celle qui te nomme.

Le chant du mot danse dans le visible,
le mouvement dessine le silence
où tu parais tel un roi sans couronne
pour te nommer tout en parlant d’un autre.

Emporte-moi langage en tes naufrages,
glissons unis, glissons dans les abysses.
Nous renaîtrons à la faveur d’un signe
de la voix neuve inscrite sur nos fronts.

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Editions: Albin Michel

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HOULE (Christiane Barrillon)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2017



HOULE

Nuit de houle où l’âme est, au large du corps,
cette lumière en lutte avec l’angoisse aux
mille tentacules, la pieuvre aux bras de glu,
de silence et de lis…
Des lilas pleuvent de la lune

La lueur du hublot
s’ouvre clair puis se perd
sous les gerbes d’écume

Nuage ?
Naufrage ?

Mais nul ne sait bientôt,
tant la nuit devient lisse,
s’il passe dans l’espace
ou glisse dans l’abysse
le navire enlacé
aux lames de lis noir…

(Christiane Barrillon)

Illustration: Albert Pinkham Ryder

 

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