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Posts Tagged ‘acajou’

Le Rêve du Jaguar (Leconte de Lisle)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2022



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Le Rêve du Jaguar

Sous les noirs acajous, les lianes en fleur,
Dans l’air lourd, immobile et saturé de mouches,
Pendent, et, s’enroulant en bas parmi les souches,
Bercent le perroquet splendide et querelleur,
L’araignée au dos jaune et les singes farouches.
C’est là que le tueur de boeufs et de chevaux,
Le long des vieux troncs morts à l’écorce moussue,
Sinistre et fatigué, revient à pas égaux.
Il va, frottant ses reins musculeux qu’il bossue;
Et, du mufle béant par la soif alourdi,
Un souffle rauque et bref, d’une brusque secousse,
Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi,
Dont la fuite étincelle à travers l’herbe rousse.
En un creux du bois sombre interdit au soleil
II s’affaisse, allongé sur quelque roche plate;
D’un large coup de langue il se lustre la patte;
Il cligne ses yeux d’or hébétés de sommeil;
Et, dans l’illusion de ses forces inertes,
Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs,
Il rave qu’au milieu des plantations vertes,
Il enfonce d’un bond ses ongles ruisselants
Dans la chair des taureaux effarés et beuglants.

(Leconte de Lisle)

 

 

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De la rue on entend sa plaintive chanson (François Coppée)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2021



 

Illustration: Leonor Fini
    
De la rue on entend sa plaintive chanson.
Pâle et rousse, le teint plein de taches de son,
Elle coud, de profil, assise à sa fenêtre.
Très sage et sachant bien qu’elle est laide peut-être,
Elle a son dé d’argent pour unique bijou.
Sa chambre est nue, avec des meubles d’acajou.
Elle gagne deux francs, fait de la lingerie
Et jette un sou quand vient l’orgue de Barbarie.
Tous les voisins lui font leur bonjour le plus gai
Qui leur vaut son petit sourire fatigué.

(François Coppée)

 

Recueil: Promenades et interieurs
Traduction:
Editions:

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Pourquoi tant d’énigme (Bernard Chambaz)

Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2017



Illustration: Zofia Rozwadowski
    

Pourquoi tant d’énigme
Au coeur d’un tel sentiment d’évidence
Nuage miniature
Qui vient combler une attente
Indéfinie
Trois gouttes de rosée posées sur tes cheveux
Châtains d’un roux ardent comme nos effusions
Ton petit acajou idéal
Tous mes vaisseaux gonflés par un afflux de sang
Vermeil
Les derniers sons balbutiés
Juste avant le sommeil

(Bernard Chambaz)

 

Recueil: Entre-Temps
Traduction:
Editions: Flammarion

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Je salue ton corps d’oiseau prêt au vol (Jean-Dominique Rey)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2017




Je salue ton corps d’oiseau prêt au vol
ta couleur d’apsara
descendue des temples aux pierres grèges
ta langueur d’herbe bénie
tes hanches de cyclades
lorsque
le soleil achève
entre les vagues
et le silence du premier matin
sa naissance
rouge

à tes narines rapides
j’offre
l’encens du désir
le copal des marches
ivre de sang

à tes yeux
l’eau tendre
qui sourd des rochers

à l’oreille
cachée sous la forêt
le chant rugueux
de la mémoire

au front
la neige ronde
d’un tympan

aux cils
la sentence
d’une plume tigrée

à tes lèvres
la rumeur
de l’horizon sans trace

là-bas
les moteurs tremblent
entre les vitres
du jour brouillé
près de la pampa
sèche
l’arbre acajou
ruisselle d’ombre
un colibri
remonte à l’envers
le temps
couleur de nuit

(Jean-Dominique Rey)

Illustration: Alan Lee

 

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Les tabourets (Alain Bosquet)

Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2016




Les tabourets

Sous moi, sur moi… Je suis servile.
De père en fils, on est objet
Chez nous. Les Statues de la ville,
Un jour si je les égorgeais?

Pas de congé, ni de sortie!
Comme un caniche de salon,
J’inspire un peu de sympathie
Aux fous qui trouvent le temps long.

Le meuble est bête domestique,
Et mes amours sont d’acajou.
Armoire aimée, notre musique
Devient plus laide qu’une toux.

Je lutte pour l’indépendance
De mon prochain, qui est de bois.
Je me polis: ce soir je danse
Pour m’accomplir? Sur moi, sous moi.

(Alain Bosquet)

 

 

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Sur le canal Saint-Martin (Paul-Jean Toulet)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2016



 

Sur le canal Saint-Martin glisse,
Lisse et peinte comme un joujou,
Une péniche en acajou,
Avec ses volets à coulisse,
Un caillebot au minium,
Et deux pots de géranium
Pour la Picarde, en bas, qui trôle.

(Paul-Jean Toulet)

Illustration: Abraham Mintchine

 

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Femme et oiseau (André Breton)

Posted by arbrealettres sur 10 juin 2016



 

Femme et oiseau

Le chat rêve et ronronne dans la lutherie brune.
Il scrute le fond de l’ébène et de biais lape à distance le tout vif acajou.
C’est l’heure où le sphinx de la garance détend par milliers sa trompe autour de la fontaine de Vaucluse
et où partout la femme n’est plus qu’un calice débordant de voyelles
en liaison avec le magnolia inimitable de la nuit

(André Breton)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

Illustration

 

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L’ÉPOUSE DU VOISIN (Roland Brachetto)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2015



L’épouse du voisin
a revêtu son lit de sable chaud
elle entrouvre des temples d’érable et d’acajou
elle recueille sous sa robe les troupeaux aveuglés
tous les lacs de Finlande
la voici dentellière semeuse de libellules
l’oreille collée contre une armoire secrète
pour entendre gargouiller l’enfant-roi
elle affûte la proue brise le joug
elle tourne son pubis imberbe vers la lumière
puis se laisse couler dans le donjon de ciment frais
la voici messagère en émoi
fuyant les arbres morts saluant l’autobus
hosanna
l’épouse du voisin déroule nuit et jour
une échelle de soie
de table en table elle traverse l’étendue
les bras chargés de jouets transparents

(Roland Brachetto)

Illustration: Alex Alemany

 

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