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Posts Tagged ‘Adam’

Après l’hiver (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2021



    

Après l’hiver

Tout revit, ma bien aimée !
Le ciel gris perd sa pâleur ;
Quand la terre est embaumée,
Le coeur de l’homme est meilleur.

En haut, d’où l’amour ruiselle,
En bas, où meurt la douleur,
La même immense étincelle
Allume l’astre et la fleur.

L’hiver fuit, saison d’alarmes,
Noir avril mystérieux
Où l’âpre sève des larmes
Coule, et du coeur monte aux yeux.

O douce désuétude
De souffrir et de pleurer !
Veux-tu, dans la solitude,
Nous mettre à nous adorer ?

La branche au soleil se dore
Et penche, pour l’abriter,
Ses boutons qui vont éclore
Sur l’oiseau qui va chanter.

L’aurore où nous nous aimâmes
Semble renaître à nos yeux ;
Et mai sourit dans nos âmes
Comme il sourit dans les cieux.

On entend rire, on voit luire
Tous les êtres tour à tour,
La nuit les astres bruire,
Et les abeilles le jour.

Et partout nos regards lisent,
Et, dans l’herbe et dans les nids,
De petites voix nous disent :
« Les aimants sont les bénis ! »

L’air enivre ; tu reposes
A mon cou tes bras vainqueurs.
Sur les rosiers que de roses !
Que de soupirs dans nos coeurs !

Comme l’aube, tu me charmes ;
Ta bouche et tes yeux chéris
Ont, quand tu pleures, ses larmes,
Et ses perles quand tu ris.

La nature, soeur jumelle
D’Eve et d’Adam et du jour,
Nous aime, nous berce et mêle
Son mystère à notre amour.

Il Suffit que tu paraisses
Pour que le ciel, t’adorant,
Te contemple ; et, nos caresses,
Toute l’ombre nous les rend !

Clartés et parfums nous-mêmes,
Nous baignons nos coeurs heureux
Dans les effluves suprêmes
Des éléments amoureux.

Et, sans qu’un souci t’oppresse,
Sans que ce soit mon tourment,
J’ai l’étoile pour maîtresse ;
Le soleil est ton amant ;

Et nous donnons notre fièvre
Aux fleurs où nous appuyons
Nos bouches, et notre lèvre
Sent le baiser des rayons.

(Victor Hugo)

 

Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus

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PRIÈRE DU VINGTIÈME SIÈCLE (René Depestre)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2019



PRIÈRE DU VINGTIÈME SIÈCLE

Seigneur plus haut que l’Himalaya
Toi qui as lancé Adam en enfer
Parce qu’il osa au paradis
Toucher la pomme
Qu’Eve, son copain, lui tendit,
Que vas-tu faire avec ma vie
Qui sur la terre a dévoré
Tout un grand panier de pommes ?

(René Depestre)

Illustration

 

 

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L’ÉDEN (Norge)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2018



L’ÉDEN

Simplement la joie d’être nu.
Un homme et une femme.
Adam et Eve. Eve et Adam.
Ravissants.
On ne les imaginait pas si beaux.
Une rivière, des fruits, des bêtes qui ne sont que pour plaire, même le serpent.
Le ciel va durer longtemps.
Toujours.
Eh bien, il en faut du courage à détruire tout ce bonheur pour une affaire de pomme.
N’y avait-il vraiment pas moyen d’arranger les histoires autrement ?

(Norge)

Illustration: Le Titien

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Religions (Kabîr)

Posted by arbrealettres sur 11 octobre 2018



Le premier Adam n’a jamais su,
D’où était venue notre mère Ève…
Alors, il n’y avait ni Turc, ni Hindou,
Ni sang de la mère, ni semence du père.

Alors, il n’y avait ni vache, ni boucher,
Qui donc alors a ordonné d’abattre « Au nom de Dieu »
Alors il n’y avait ni dynastie, ni caste,
Ce paradis et cet enfer, d’où sont-ils donc venus?

Le mystère de l’esprit, nul ne le comprend,
Et dans leur égarement, ils parlent de deux religions!

(Kabîr)

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LE COQ (Ernest Delève)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2018



 

LE COQ

Chante si tu veux chante ou bien picore provoque les yeux néant de l’aurore
Chante ou bien picore les perles des rêves gratte les trésors que le jour enlève
Les perles des rêves sont des perles folles larmes-lucioles et bulles de sève
Ce sont perles folles une larme au coeur ton cri les viole ton cri crève-coeur
Une larme au coeur le jour qui se lève porte les couleurs des bulles qui crèvent
Le jour qui se lève fera des heureux fera des beaux rêves de soleil à deux
Fera des heureux car le jour t’achève nuit du merveilleux pour Adam et Eve

(Ernest Delève)

Illustration

 

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La lune (Jorge Luis Borges)

Posted by arbrealettres sur 17 mai 2018


 


 

La lune

Il est tant de solitude en cet or.
La lune des nuits ce n’est pas la lune
Que vit le premier Adam. Les longs siècles
De la veille humaine l’ont rassasiée
De vieux pleurs. Regarde. C’est ton miroir.

(Jorge Luis Borges)

Illustration

 

 

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L’adieu a une dame (Jules Verne)

Posted by arbrealettres sur 4 mars 2018




    
L’adieu a une dame

Lorsqu’Adam fut chassé de l’Eden enchanteur,
Il s’arrêta devant son entrée interdite,
Puis il maudit son sort, sa faiblesse séduite :
Ce qu’il voyait alors pressentait le malheur.

En promenant au loin sa misère et sa fuite,
Il apprit à porter son fardeau de douleur !
Il soupire un instant, puis il vit et s’agite :
Le mouvement pour lui devient consolateur !…

Vous, dont je n’aurai plus ni l’amour, ni les charmes,
Tel serai-je ! avec vous, je n’avais que des larmes,
Pour ce que je connus, je n’avais que soupirs !

Sans doute, en mon ciel, je me ferai plus sage ;
De la tentation je fuirai le naufrage !…
Pourtant je ne puis voir mon
Eden sans désirs !

(Jules Verne)

 

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Ne soyez pas Robinson (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2018




    
Ne soyez pas Robinson

1
On s’ connaît mal dans l’existence
Et d’puis trois mois que nous avons
Par un beau soir fait connaissance
Je ne sais mêm’ pas votre nom.

Refrain 1
Si vous êtes Adam, moi je suis Eve
Eve
Si vous êtes Roméo, je serai Juliette
Juliette
Et si vous êtes Paul, je suis Virginie
Nie
Si c’est vous Daphnis, je suis votre Chloê
Mais vous n’êtes pas Robinson
Car Robinson
Pauvre Robinson
N’avait que Vendredi

2
On a des rêv’s dans la cervelle
On vit dans un monde idéal
Celle-là se croit jeune et belle
Celui-là qu’il est général.

Refrain 2
Soyez Napoléon, moi Joséphine
fine
Êtes-vous Charles le fou, je veux être Odette
Odette
Devenez Henri IV et moi Gabrielle
elle
Dimanche c’est vous? J’ vous suis, je suis Lundi
Mais ne soyez pas Robinson.
Car Robinson
Pauvre Robinson
N’avait que Vendredi!

(Robert Desnos)

 

Recueil: Les Voix intérieures
Traduction:
Editions: L’Arganier

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L’INSTANT (Jorge Luis Borges)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2017




    
L’INSTANT

Mais où sont-ils passés, les siècles et les rois?
Et l’herbe exterminée aux sabots du barbare,
Et les sabots exterminants? et la cithare
Héroïque, et l’arbre d’Adam, et l’autre Bois?
Seul est vrai le présent, ce désert. La mémoire
Bâtit le temps. L’horloge et le calendrier
Ont la succession et le dol pour métier.
L’année est simulacre aussi bien que l’histoire.
Entre l’aube et la nuit un abîme d’efforts
S’ouvre, et de soins et de lumières et de morts;
Faussement il se croit le même, ce visage
Qui se cherche aux miroirs fatigués de la nuit.
Pas d’autre ciel, et d’autre enfer pas davantage,
Que la mince seconde à tout jamais qui fuit.

(Jorge Luis Borges)

 

Recueil: L’or des tigres
Traduction: Ibarra
Editions: Gallimard

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DANS LE MIROIR (Yves Bonnefoy)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2017




    
DANS LE MIROIR

Imagine placé dans une chambre
Un grand miroir. La clarté des fenêtres
S’y prend, s’y multiplie. Ce qui existe
Devient ce qui apaise. Là, dehors,

C’est à nouveau le lieu originel.
Passent Adam et Eve, dont les mains
Se rejoignent ici, dans cette chambre,
Elle, tout une longue jupe, à falbalas.

J’ai pris un fruit, c’était dans un miroir,
L’image n’en fut pas troublée, le jour d’été
En éprouva à peine un frémissement.

J’en perçus la couleur, la saveur, la forme,
Puis le posai, dehors. Et vint la nuit
Dans le miroir, et les fenêtres battent.

(Yves Bonnefoy)

 

Recueil: L’heure présente
Editions: Mercure de France

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