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Poésie

Posts Tagged ‘adieu’

ADIEU (Vita Sackville-West)

Posted by arbrealettres sur 8 juin 2023



Illustration: Gustav Klimt  
    
ADIEU

N’oublie pas, mon trésor, qu’on s’est aimées un jour.
Libérée aujourd’hui, cependant, souviens-toi
Qu’il était nu, poisseux, humide, notre amour,
Et que toute ta peau frémissait sous mes doigts.

Le monde avance, et toi avec, tu te convaincs
Que rien de tout cela n’a existé vraiment.
Crois-moi: ton coeur se moquera de ton chagrin.
C’est un étrange traître, aux costumes changeants.

Remords, remémorer — ces syllabes sont soeurs,
Si elles sonnent pareil, qu’il en soit donc ainsi !
Va, passe de mon coeur à un tout autre coeur,
Mais remémore-toi notre amour à demi.

(Vita Sackville-West)

Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle

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L’adieu (Sapphô)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023



Illustration: Charles Mengin
    
L’adieu

Sans mentir je voudrais être morte.
En me quittant elle pleurait

bien des larmes. Elle m’a dit :
« Ah ! Quelle épreuve cruelle est la nôtre,
Sapphô, contre mon gré je t’abandonne. »

Et je lui répondais :
« Va et adieu, et souviens-toi
de moi, car tu sais de quels soins nous t’avons poursuivie.

Mais moi, sinon, je veux te rappeler..
.. aussi les beaux jours du passé :

les couronnes, souvent, de violettes
et de roses ensemble, de crocus,
dont tu ornais ton front, près de moi,
et les guirlandes odorantes, leurs fleurs entrelacées,
que tu jetais
autour de ta gorge fragile,

toute l’huile parfumée,
l’onguent précieux dont
tu frottais ton corps, comme une reine.

Et sur les lits moelleux,
dans mes bras, tendrement,
tu chassais hors de toi ton désir altéré.

Aux saints rites..
jamais..
nous ne faisions défaut, nous n’étions pas absentes

pour le bosquet sacré
.. et la danse..
.. et le bruit.. »

(Sapphô)

Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Editions: Gallimard

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PRIÈRE (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



Illustration: Nadav Kander
    
PRIÈRE

Qu’on me laisse partir à présent
Je pèserais si peu sur les eaux
J’emporterais si peu de chose
Quelques visages le ciel d’été
Une rose ouverte

La rivière est si fraîche
La plaie si brûlante
Qu’on me laisse partir à l’heure incandescente
Quand les bêtes furtives
Gagnent l’ombre des granges
Quand la quenouille
Du jour se fait lente

Je m’étendrais doucement sur les eaux
J’écouterais tomber au fond
Ma tristesse comme une pierre
Tandis que le vent dans les saules
Suspendrait mon chant

Passants ne me retenez pas
plaignez-moi
Car la terre n’a plus de place
pour l’étrange Ophélie
On a scellé sa voix on a brisé le vase
De sa raison

Le monde m’assassine et cependant
Pourquoi faut-il que le jour soit si pur
L’oiseau si transparent
Et que les fleurs
S’ouvrent à chaque aurore plus candides
Ô beauté
Faisons l’adieu rapide

Par la rivière par le fleuve
Qu’on me laisse à présent partir
La mer est proche je respire
Déjà le sel ardent
Des grandes profondeurs
Les yeux ouverts je descendrais au cœur
De la nuit tranquille
Je glisserais entre les arbres de corail
Écartant les amphores bleues
Frôlant la joue
Enfantine des fusaïoles
Car c’est là qu’ils demeurent
Les morts bien-aimés
Leur nourriture c’est le silence la paix
Ils sont amis
Des poissons lumineux des étoiles
Marines ils passent
Doucement d’un siècle à l’autre ils parlent
De Dieu sans fin
Ils sont heureux

Ô ma mémoire brise-toi
Avant d’aller troubler le fond
De l’éternité
Ainsi parle Ophélie
Dans le jardin désert
Et puis se tait toute douleur
La rivière scintille et fuit
Sous les feuilles
Le vent seul
Porte sa plainte vers la mer

(Anne Perrier)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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LAVANDIÈRES DU FLEUVE GRIJALVA (Rosario Castellanos)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2023




    
LAVANDIÈRES DU FLEUVE GRIJALVA

Mouchoir de l’adieu,
chemise de la noce dans le
fleuve et ses poissons qui
jouent avec les vagues.

Comme au baptême un nouveau-né
cette étoffe proclame
sa parfaite blancheur
miraculeusement.

Femme de l’écume et du
geste qui blanchit accordez-
moi un beau fleuve pour
purifier mes jours.

(Rosario Castellanos)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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CHANSON (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
CHANSON

Agite un mouchoir blanc
celui qui fait ses adieux ;
chaque jour quelque chose finit,
finit quelque chose de merveilleux.

Le pigeon voyageur frappe l’air de ses ailes,
sur le chemin de retour ;
espérant, désespérés,
nous revenons toujours.

Essuie tes larmes
et souris un peu de tes yeux ;
chaque jour quelque chose commence,
commence quelque chose de merveilleux.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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J’aurai vu la lune aussi (Chiyo-ni)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2023



Illustration
    
j’aurai vu la lune aussi
à ce monde
adieu

(Chiyo-ni)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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SUR L’AIR DE LA MÉLODIE DES PASSES DU SOLEIL (Kòu Zhùn)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR L’AIR DE LA MÉLODIE DES PASSES DU SOLEIL

L’herbe du défilé sous un halo de brouillard s’étale,
De la Wei en remous s’entend le grondement.
Les vagues de pluie du printemps s’apaisent,
une légère poussière se répand,
On monte en selle pour partir en campagne.
Voyez là si verdoyants les saules,
Dont ici on a tiré et brisé un rameau.
On se met en branle le coeur lourd,
Qui sait en quelle saison nous serons à nouveau réunis ?

Alors, vidons encore un verre,
Chantons encore un air !
On soupire sur l’existence,
Si amer de passer d’une joyeuse compagnie aux adieux, au départ.
Aussi ne nous dérobons pas à l’ivresse profonde,
Prêtons l’oreille aux « Passes du Soleil » jusqu’au bout.
Quand nous repenserons à nos chers vieux amis,
Éloignés de cent lieues, avec eux nous partagerons le clair de lune.

***

(Kòu Zhùn) (961-1023)

 

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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Premier adieu (Friedrich Nietsche)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2022




Premier adieu

Les étoiles s’avancent tristement
au ciel nu
les vents demandent avec détresse,
pourquoi je suis si calme.

Et la fenêtre déverse
l’éclat de la pleine lune,
ô rayons chéris, apaisez
mon coeur et sa peine !

Je ne sais si je dois rire, plaisanter,
ou pleurer ici —
mes yeux sont emplis de douleur
mais aussi d’ironie amère.

Et mes mains passent
ici et là presque en tremblant,
et mes pensées s’élargissent
à l’infini comme une mer.

J’ai entendu tinter les cloches
brièvement vers minuit.
Cela veut dire à présent pour moi
qu’on a fait une tombe.

On a enterré une année,
le nouvel an s’annonce.
On a enterré mon coeur,
et nul ne s’est enquis de moi.

(Friedrich Nietsche)

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Chant du départ (Yang Jiong)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Chant du départ

Les feux de guerre ont illuminé la capitale de l’ouest,
Il n’est personne aujourd’hui dont le coeur soit tranquille ;
La tablette d’ivoire a fait ses adieux à la porte du phénix,
Des cavaliers bardés de fer entourent la ville impériale.
La neige alourdit de ses flocons les étendards glacés ;
La voix furieuse du vent se mêle au bruit des tambours.
Voici donc revenu ce temps, où le chef de cent soldats
Est tenu en plus haute estime qu’un lettré de science et de talent !

(Yang Jiong)

(622-690)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Le mal appellera toujours le mal (Radovan Pavlovski)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022




    
[…]

Le mal appellera toujours le mal
Il y aura toujours plus d’enfants que de pères et de mères
Ici l’orage gronde
Je dis adieu aux insectes et aux dieux
J’écoute en silence le cri transparent des étoiles
Et chaque pas de plus vers l’exil
M’éloigne et m’éloignera chaque jour davantage
Jusqu’à ce que j’atteigne
L’ultime refuge en moi
Plus profond que moi-même

***

(Radovan Pavlovski)

Adaptation de Jean-Pierre Spilmont
d’après une traduction de Konstantin Plevnès

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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