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Poésie

Posts Tagged ‘alentour’

En travaillant la terre (Grégory Rateau)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2023



Illustration: Erich Heckel
    
En travaillant la terre

Le vieux est là
Muet comme une souche
Il attend que le nuage passe
Ses outils sont comme des promesses
Un supplément de force
Malgré les années
Chaque muscle est à sa place
Pour faucher
Bêcher
Ratisser

Je regarde ma main
Pas un pli
La finesse des doigts qui ne trompe pas
Elle n’a donc servi à rien
Le vieux ne me le dit pas
Trop brave
Sa poigne montre l’exemple
Mes pas deviennent les siens

Je suis vite à la traîne
Sans un mot
Le voilà qui porte deux fois plus que moi
J’ai vu la ville de près ses fulgurances
Ses éclats mystiques
Ses passions au rabais
Rastignac du pauvre
J’ai croisé le fer avec elle
Ne blessant que moi-même

Le vieux n’a rien vu lui
Aucune lutte
Une simple ligne d’horizon
Des remparts de forêts sous un ciel vide
Il ne goûtera jamais à l’ennui qui élève
Aux délices de la foule
Son champ sera sa seule ivresse
Et pourtant lui en a palpé de la terre
Sué pour la rendre fertile
Son nom restera une empreinte

Que laisserai-je dans le bitume ?
Des projets froissés
Des rêves léthargiques…
Au loin je vois des tours
Les murs se rapprochent
Que restera-t-il du vieux
Quand même les arbres alentour seront maigres comme mes dix doigts ?

(Grégory Rateau)

 

Recueil: Conspiration du réel
Traduction:
Editions: Unicité

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LA LUMIÈRE DE L’AMOUR (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 8 février 2023




    
LA LUMIÈRE DE L’AMOUR

De toi, de moi, d’où sortait la lumière?
Dans la grande bienveillance de l’âtre profond
où je me flattais de brûler pour me découvrir
comme un rayon de flammes et m’éclairer à ma lumière,
quand celle-ci était l’amour qui sortait de moi
parce qu’il était destiné à qui j’étais voué.
Et je multipliais les feux, j’embrasais l’alentour.
Je croyais en un pouvoir d’aurore, perpétuel.

(André Frénaud)

Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’ARBRE AUX SOUHAITS (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2022



Illustration: Catherine Ernst
    
L’ARBRE AUX SOUHAITS

Si l’on pouvait réussir à cueillir l’une des feuilles
on lirait sur ses nervures comment il faut procéder
pour sortir de la misère et cultiver à l’entour
l’étude et la liberté

(Michel Butor)

 

Recueil: Montagnes en gestation
Traduction:
Editions: Notari

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Des milliards d’yeux changent ta peau (Luc Bérimont)

Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2022




    
Des milliards d’yeux changent ta peau
En une étoffe de regards
Ma caresse joue ton plaisir
Lève des milliards de paupières
Et, dès lors, tu lis l’horizon
Les soleils braqués, le silence
Tu nais, lumineuse, à ton cours
Tu t’abats en toi, tu t’éclaires
Tu enflammes l’air alentour
Tu as le poids du sang, des signes
Tu luis de consumer le feu
D’être ce milliard de prunelles
Qui voient juste, qui t’ont changée
En une étoile à ton usage.

(Luc Bérimont)

Recueil: Le sang des hommes
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Dans la flamme de la bougie (Carl Norac)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2022



Illustration: Carole Cousseau
    
Dans la flamme de la bougie

Dans la flamme de la bougie,
il y a un visage
qui n’est pas fait de cire,
ni de feu.
C’est une danseuse.
Le vent la dérange,
mais elle tourne, tourne.
Dans la flamme de la bougie,
il y a une histoire.
Dans la flamme de la bougie,
il y a un visage
qui n’est pas fait de cire,
ni de feu.
— Danse, danse, mon petit amour.
Rien ne souffle plus alentour.

(Carl Norac)

Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse

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Neige (Béatrice Bastiani-Helbig)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2022



 

Illustration
    

Neige

Maman venait nous réveiller,
Elle disait : « Il a neigé ! »
Et nous courions à la fenêtre
Mais le savions déjà peut-être

A cause des bruits étouffés
(Tout alentour était silence).
Notre bonheur était immense
Et nous sortions emmitouflés.

Nous nous lancions dans la bataille,
Nous défendant vaille que vaille,
Et nous poussions des cris de joie.
Nous n’avions que faire du froid.

Pour moi, la neige, c’est l’enfance,
La beauté, l’émerveillement.
Mais ce peut être la souffrance
De celui qui pleure en marchant.

Il a fui son pays en guerre,
A traversé bien des contrées,
Il a risqué sa vie en mer
Et parcourt la montagne à pied.

Il n’a jamais connu la neige,
Il n’a jamais connu le froid.
Il prie son dieu : « Allah, où vais-je ?
Allah, prends pitié, guide-moi ! »

Oh ! Qu’elle est loin, notre innocence !
Nous ignorions la cruauté
Et ne mesurions pas la chance
Que nous avions d’être choyés.

(Béatrice Bastiani-Helbig)

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LE LAC (Emile Nelligan)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022



LE LAC

Remémore, mon coeur, devant l’onde qui fuit
De ce lac solennel, sous l’or de la vesprée,
Ce couple malheureux dont la barque éplorée
Y vint sombrer avec leur amour, une nuit.

Comme tout alentour se tourmente et sanglote !
Le vent verse les pleurs des astres aux roseaux,
Le lys s’y mire ainsi que l’azur plein d’oiseaux,
Comme pour y chercher une image qui flotte.

Mais rien n’en a surgi depuis le soir fatal
Où les amants sont morts enlaçant leurs deux vies,
Et les eaux en silence aux grêves d’or suivies
Disent qu’ils dorment bien sous leur calme cristal.

Ainsi la vie humaine est un grand lac qui dort
Plein sous le masque froid des ondes déployées,
De blonds rêves déçus, d’illusions noyées,
Où l’Espoir vainement mire ses astres d’or.

(Emile Nelligan)


Illustration

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Rivière de mes yeux (Hector de Saint-Denys Garneau)

Posted by arbrealettres sur 27 juin 2020



Rivière de mes yeux

Ô mes yeux ce matin grands comme des rivières
Ô l’onde de mes yeux prêts à tout refléter
Et cette fraîcheur sous mes paupières
Extraordinaire
Tout alentour des images que je vois

Comme un ruisseau rafraîchit l’île
Et comme l’onde fluente entoure
La baigneuse ensoleillée

(Hector de Saint-Denys Garneau)

Illustration: Howard Schatz

 

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La double situation (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 8 mai 2020



La double situation

Un silence aussi parfait
que celui qui vient de tomber:
signe que déjà nous mourons
ou que nous ne sommes pas même arrivés encore à la Terre.

Nous venons de sentir la mort
dans nos veines évincer le sang.
Nous circulons dans l’atmosphère,
nous sommes, corps et brise, un seul.

Ou bien nous flottons dans le possible
sans hâte de, sans désir de
toucher à l’irrétractable
mouvement de la naissance.

Ce silence tellement complet
en lui-même, en nous, en notre alentour
nous convertit en transparente
sphère
contemplée contemplative.

(Carlos Drummond de Andrade)


Illustration

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Aux âmes citoyens (Aldebert)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2020




    
Aux âmes citoyens

Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons

Allons enfants de toutes les patries
Le jour de croire est enfin arrivé
Si alentour, nous semions l’harmonie
L’étendard sanglant serait lavé
Entendez vous dans les campagnes
S’unir nos précoces petits gars
Ils viennent jusque dans vos bras
Vous serrer fort et soulever des montagnes

Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons

Amour sacré de la fratrie
Conduis soutiens nos bras enjôleurs
De la liberté, liberté chérie
Nous voilà les ambassadeurs

Militants du parti des étoiles et du vent
Des tireurs de sonnette et puis des cerfs-volants
Bambins et marmots, gardiens de l’espoir
Sans nos drapeaux que de victoires

Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons

Quand la haine s’élève
Nous allons bienveillants
Sur le sentier de la trêve
Désarmés jusqu’aux dents
Nous livrerons bataille
Sentiments en jalons
Nos sourires pour médailles
La tendresse comme canon

Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons

(Aldebert)

 

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