Ô mes yeux ce matin grands comme des rivières
Ô l’onde de mes yeux prêts à tout refléter
Et cette fraîcheur sous mes paupières
Extraordinaire
Tout alentour des images que je vois
Comme un ruisseau rafraîchit l’île
Et comme l’onde fluente entoure
La baigneuse ensoleillée
Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons
Allons enfants de toutes les patries
Le jour de croire est enfin arrivé
Si alentour, nous semions l’harmonie
L’étendard sanglant serait lavé
Entendez vous dans les campagnes
S’unir nos précoces petits gars
Ils viennent jusque dans vos bras
Vous serrer fort et soulever des montagnes
Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons
Amour sacré de la fratrie
Conduis soutiens nos bras enjôleurs
De la liberté, liberté chérie
Nous voilà les ambassadeurs
Militants du parti des étoiles et du vent
Des tireurs de sonnette et puis des cerfs-volants
Bambins et marmots, gardiens de l’espoir
Sans nos drapeaux que de victoires
Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons
Quand la haine s’élève
Nous allons bienveillants
Sur le sentier de la trêve
Désarmés jusqu’aux dents
Nous livrerons bataille
Sentiments en jalons
Nos sourires pour médailles
La tendresse comme canon
Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons
Dans une larme du temps
Comme il est dur
De sertir
Un sourire,
Une mélodie
Se couvre
De nuages
Le chemin
Du berceau.
Seul le bleu, ce bleu-là,
Galope
Sur un faon
Et veut percer de part en part
Le brouillard
Et le
Temps
Un désert verdoyant
Est-il impossible ?
Je suis un désert verdoyant,
Mon aridité fleurit,
Mes étoiles éteintes
M’illuminent par le regard,
Parmi les sables
Je vois des traces
Éparpillées –
Qui donc les découvrira ?
Permettez-moi de demander encore
Est-ce qu’un désert
Peut verdir ?
Il arrive parfois
Que même une abeille
Oublie son gîte et son travail
Et reste la dernière
Sur un arbre
À cause d’un lilas en fleur,
La grande nuit ne l’effraie pas
Qui tourbillonne avec l’ailleurs.
Alentour il n’y a personne,
Elle seulement,
Amoureuse
Jusqu’à la mort
En fleur.
(Rivka Basman)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
Il faudra bien revenir un jour
quand la force de nos bras
aura chu dans les seaux
quand nos jambes seront de laine
et le sol plus mouvant que les eaux
quand l’oreille bourdonnera
comme un nid de frelons
frappé par l’orage et que l’oeil
cherchera l’aube en plein midi
il faudra revenir ici calmement
et s’asseoir au milieu de soi
pour voir le monde alentour
comme l’or du forsythia
(Guy Goffette)
Recueil: Ces moments-là
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
Que de flots de félicité traversent le monde,
Jour et nuit, que de nectar d’immortalité déferle par le vaste ciel
Dont s’abreuvent le soleil et la lune à satiété.
La lumière inépuisable persiste, radieuse,
Pénétrant la terre, sans cesse, de vie et de splendeur.
Pourquoi donc passer le temps tel un esprit solitaire,
Envahi par les soucis pour ton moi ?
Elargis ton coeur et contemple l’alentour :
Au mépris des menus malheurs
Remplis le vide de la vie avec de l’amour.
***
Currents of Joy
Floods of felicity pervade the world,
Day and night such nectar of immortality is surging
down the vast sky
For quenching the thirst of the sun and the moon.
Inexhaustible and radiant persists the light,
Ceaselessly suffusing the earth with life and splendour.
Why then waste time in a solitary mood
Haunted by worries for your self ?
Open wide your heart and contemplate all around :
Disdaining trivial mishaps
Fill the vacuum of life with love.
Il y a des choses qui occupent tellement leur place
qu’elles parviennent à se déplacer elles-mêmes
et repoussent tout alentour,
comme d’invraisemblables créatures qui débordent de leur peau
et ne peuvent se réabsorber.
Ainsi parfois la poésie ne me laisse pas écrire.
L’écriture reste alors écrasée
comme la pâture sous un gros animal.
Et il n’est possible de recueillir que peu de paroles
piétinées dans l’herbe.
Mais tout poème n’est qu’un balbutiement
sous le balbutiement sans fin des étoiles.