Les nuages qui survolent les montagnes de Jade
ressemblent aux changements de l’histoire
– Du Fu –
Les fleurs s’épanouissaient de manière charmante
aux alentours tout était vert
paisible et rêveur
tels les pandas dans les arbres.
La poésie résonnait en langues
que l’on pouvait ou non comprendre.
Les chinois récitaient leurs poèmes à gorge déployée
annonçant Le changement ?
Fascinants la danse et le show,
mais le poète restait prudent
méditant et inquiet
de l’avenir du temps.
(Poème écrit pour le Festival International de Poésie de Chengdu, Chine 2019)
***
CHENGDU
Flying clouds over the Jade Mountains
Are like the changes of history
– Du Fu
Flowers were blooming so gaily,
and all around was green
peaceful and dreamingly
like the pandas in the trees.
Poetry echoed in tongues
One could or couldn’t understand.
Chinese poems were shouted,
announcing The Change?
The dance and the show were fascinating.
But the poet remained thoughtful,
meditating and questioning
the future of Time.
***
成 都
玉垒浮云变古今
——杜甫
花朵如此欢快地绽放,
周围绿草茵茵
宁静而梦幻
就像熊猫在树上
诗歌语言中回响
你能或不能理解
中国诗歌被吼叫
在宣告“改变”?
舞蹈和表演很迷人
但诗人仍然在沉思
在冥想和怀疑
时间的未来。
***
Λουλούδια
Χαρούμενα π’ ανθίζουν τα λουλούδια
με πράσινο ένα γύρο
σαν τ’ όνειρο αθώο
σαν πάνδας μες στα δέντρα
Ποίηση που ηχεί σε γλώσσες
που δεν καταλαβαίνεις.
Κινέζικα ποιήματα ακούστηκαν
που ανακοίνωναν την Αλλαγή
Χορός και χιόνι γιόρταζαν
μα σκεπτικός ο ποιητής
ρωτά και διαλογίζεται
χρόνο μελλοντικό.
***
CHENGDU
De wolken die over het Jadegebergte voorbijtrekken
zijn zoals de veranderingen van de geschiedenis
Du Fu
De bloemen bloeiden zo liefelijk
en overal rond was het groen
vredig en dromerig
zoals de panda’s in de bomen.
Poëzie weerklonk in talen
die men al dan niet begrijpen kon
De Chinezen reciteerden hun gedichten luidkeels,
verkondigend De Verandering?
Fascinerend de dans en de show,
maar de dichter bleef bedachtzaam
mediterend en bezorgd
over toekomst van de tijd.
***
CHENGDU
Las nubes que pasan sobre las montañas de jade
son como los cambios de la historia
Du Fu
Las flores germinaban alegremente
y todo alrededor era verde
pacífico y soñador
como los pandas en los árboles.
La poesía resonaba en los idiomas
que uno podía entender o no
Gritaban sus poemas los chinos
¿anunciando El Cambio?
Fascinante fue el baile y el espectáculo,
pero el poeta permaneció pensativo,
meditando y cuestionando
el futuro del tiempo.
***
CHENGDU
Fliegende Wolken über den Jadebergen
Sind wie die Veränderungen der Geschichte.
– Du Fu
Die Blumen blühten so heiter,
und überall herum war grün.
friedlich und verträumt
wie die Pandas in den Bäumen.
Die Poesie erklang in Sprachen
die man entweder oder nicht verstehen konnte.
Die Chinesen deklamierten ihre Gedichte lärmend/laut,
verkündigend Die Veränderung?
Faszinierend der Tanz und die Schau,
aber der Dichter blieb nachdenklich,
meditieren und besorgt
über die Zukunft der Zeit.
***
CHENGDU
Flying clouds over the Jade Mountains
Are like the changes of history
– Du Fu
Flowers were blooming so gaily,
and all around was green
peaceful and dreamingly
like the pandas in the trees.
Poetry echoed in tongues
one couldn’t understand.
Chinese poems were shouted,
announcing The Change?
The dance and the show were fascinating.
But the poet remained thoughtful,
meditating and questioning
the future of Time.
***
CHENGDU
Le nuvole che volano sopra le montagne di Giada
sono come i cambiamenti della storia
– Du Fu
Con tale gioia sbocciavano i fiori,
e tutto intorno era verde
nella pace nel sogno
come i panda sugli alberi.
Eco di poesia sulle lingue
che nessuno poteva capire.
poesie erano gridate in cinese,
annunciando il Cambiamento?
Lo spettacolo e la danza erano affascinanti.
ma il poeta rimase pensieroso,
meditabondo e perplesso
sul futuro del Tempo.
***
CHENGDU
As nuvens que passam sobre as montanhas de jade
são como as mudanças da história
Du Fu
As flores germinavam alegremente
e tudo ao redor era verde
pacífico e sonhador
como os pandas nas árvores.
A poesia ressoava nos idiomas
que cada um podia entender ou não
gritavam os chineses os seus poemas
anunciando A MUDANÇA?
Fascinante foi o baile e o espetáculo
mas o poeta permaneceu pensativo,
meditando e questionando
o futuro do tempo.
***
CHENGDU
Norii plutesc deasupra munților de jad
asemeni trecătoarelor schimbări istorice
– Du Fu
Creșteau voioase florile
și-n jurul lor era totul de-un verde
la fel de pașnic și de visător
ca urșii panda tolăniți pe ramuri.
Vibrau în aer poezii
pe limbi neînțelese.
Chineze vorbe, oare prevesteau
Schimbarea presupusă?
Pașii și jocul fascinant
poetului nu-i alungară tulburarea,
rămase meditând îngrijorat,
la mersul vremurilor viitoare.
***
***
(Germain Droogenbroodt)
Recueil: ITHACA 604
Traduction: Français Germain Droogenbroodt Elisabeth Gerlache / Anglais Germain Droogenbroodt / Chinois William Zhou / Grec Manolis Aligizakis / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Espagnol Rafael Carcelén / Allemand Wolfgang Klinck / Anglais Stanley Barkan / Italien Luca Benassi / Portugais José Eduardo Degrazia / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg / Hébreu Dorit Wiseman / Indi Jyotirmaya Thakur /
Editions: POINT
Je cherche un être à envahir
Montagne de fluide, paquet divin,
Où es-tu mon autre pôle ? Etrennes toujours remises,
Où es-tu marée montante ?
Refouler en toi le bain brisant de mon intolérable tension!
Te pirater.
Présence de soi : outil fou.
On pèse sur soi
On pèse sur sa solitude
On pèse sur les alentours
On pèse sur le vide
On drague
Monde couturé d’absences
Millions de maillons de tabous
Passé de cancer
Barrages de génufléchisseurs et des embretellés.
Oh! Heureux médiocres
Tétez le vieux et la couenne des siècles et la civilisation des désirs à bon marché
Allez, c’est pour vous tout ça.
La rage n’a pas fait le monde, mais la rage y doit vivre.
Camarades du « Non » et du crachat mal rentré,
Camarades… mais il n’y a pas de camarades du « Non »,
Comme pierre dans le puits mon salut à vous!
Et d’ailleurs, Zut!
C’est du vent de la mer que naissent ses pétales
Et puis … c’est le soleil qui peaufine son corps
En faisant miroiter, tels des feux de Bengale
De fabuleux cristaux s’offrant à ce décor.
Sous la chaleur d’été, le paludier s’affaire
Armé de son ételle, il sculpte les mulons
Pour en faire des cônes à des fins salutaires
Puis des « Monts Blancs » sublimes à la morte-saison.
Cette manne salée qui relève nos plats
Nous faisant des gourmets depuis la nuit des temps
Trouve toujours sa place à l’heure du repas
Sur la table du riche ou celle du manant I
Saupoudrant les bonnottes et sardines d’argent
Se cachant prestement au coeur de nos gâteaux
L’or blanc de la Vendée, battu par tous les vents
Est la belle alchimie de la sueur des eaux.
Jardin marécageux … parterres rectilignes
Irrigués çà et là par le flux des étiers …
Qu’il est beau cet Eden et cet effort si digne
De ce splendide geste auguste du saunier.
Lorsque le soir descend, les derniers feux du jour
Enflamment les psychés des mouettes rieuses
La sage salicorne errant aux alentours
Rougit comme un rubis et fait l’audacieuse !
Au milieu des oeillets, pousse une fleur de sel
Venue en un bouquet du fond des Océans
Pour former une gerbe d’épis solennels
Au gré des fantaisies de la Rose des Vents !…
Des attentes sans nombre
Parcourent les jungles du coeur.
Les unes hurlent comme les loups.
Qu’elle arrive une bonne fois, elle,
La femme, colonne en marbre de la lune,
Dansant sur des alpages ensoleillés;
D’autres guettent aux alentours de ponts
Pour vous attirer dans le gouffre;
D’autres dorment, ours dans leur tanière
Ou serpents engourdis
Par les brumes de l’automne;
Les unes croisent votre sentier,
Lapins effrayés,
Et courent, courent à travers champs.
Mais il y a une grande attente
Qui ressemble à l’ombre.
Elle est tantôt devant, tantôt derrière,
Elle se roule à vos pieds,
Elle s’apprête à vous saisir la nuque,
Elle s’arrête, vous abandonne
Puis se remet à vous pister.
Parfois vous l’oubliez, elle commence alors
A suinter doucement sur votre cerveau
Sa pluie froide.
Vous vous secouez, elle s’enfuit.
Une fois,
Quand vous ne serez pas sur vos gardes,
Elle jettera sur vous ses filets
Où se brisent désespérées
Toutes les flèches de la lumière.
L’ombre s’évapore
Et déjà l’aurore
De ses rayons dore
Les toits alentours
Les lampes pâlissent,
Les maisons blanchissent
Les marchés s’emplissent :
On a vu le jour.
De la Villette
Dans sa charrette,
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai,
Et de Vincenne,
Gros-Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.
Déjà l’épicière,
Déjà la fruitière,
Déjà l’écaillère
Sautent au bas du lit.
L’ouvrier travaille,
L’écrivain rimaille,
Le fainéant baille,
Et le savant lit.
J’entends Javotte,
Portant sa hotte,
Crier : Carotte,
Panais et chou-fleur !
Perçant et grêle,
Son cri se mêle
A la voix frêle
Du noir ramoneur.
L’huissier carillonne,
Attend, jure, sonne,
Ressonne, et la bonne,
Qui l’entend trop bien,
Maudissant le traître,
Du lit de son maître
Prompte à disparaître,
Regagne le sien.
Gentille, accorte
Devant ma porte
Perrette apporte
Son lait encor chaud ;
Et la portière,
Sous la gouttière,
Pend la volière
De Dame Margot.
Le joueur avide,
La mine livide,
et la bourse vide,
Rentre en fulminant ;
Et sur son passage,
L’ivrogne, plus sage,
Rêvant son breuvage,
Ronfle en fredonnant.
Tout, chez Hortense,
Est en cadence ;
On chante, on danse,
Joue, et cætera…
Et sur la pierre
Un pauvre hère,
La nuit entière,
Souffrit et pleura.
Le malade sonne,
Afin qu’on lui donne
La drogue qu’ordonne
Son vieux médecin ;
Tandis que sa belle,
Que l’amour appelle,
Au plaisir fidèle,
Feint d’aller au bain.
Quand vers Cythère,
La solitaire,
Avec mystère,
Dirige ses pas,
La diligence
Part pour Mayence,
Bordeaux, Florence,
Ou les Pays-Bas.
« Adieu donc, mon père,
Adieu donc, mon frère,
Adieu donc, ma mère,
– Adieu, mes petits. »
Les chevaux hennissent,
Les fouets retentissent,
Les vitres frémissent :
Les voilà partis.
Dans chaque rue,
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout à coup :
Grands, valetaille,
Vieillards, marmaille,
Bourgeois, canaille,
Abondent partout.
Ah ! quelle cohue !
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue,
Où donc me cacher !
Jamais mon oreille
N’eut frayeur pareille…
Tout Paris s’éveille…
Allons nous coucher.
Plus rien ne demeure
si ce n’est ton haleine
aux alentours de mon rire
J’ai habillé la nuit
de choses tendres
mais qui peut effacer
le profil calciné
des clairs de lune?
dans tes pentes dans tes plis sondant
Descendant par l’ombre et la moire à ton noir
Si je rôde et respire à tes alentours
Glissant du relief par la zone rose
Au secret gorgé de ce noir À la faille à la gorge, fente dans sa plissure avisant
Maintenant scrutant la buée belle à voir
Ce glissement à ta chaleur déjà liquide
Madame la fente où règne l’Odeur
O regardant par l’entaille le délice
de sueur, de fétide miel
Dans le val ce silence noir
De sombre suc musicien
Si descendant rôdant encore à cette orée
Je me tue à percer un chemin autre À la caverne visiteur épuisé de zèle
Quand la tonne parfumée exhale
Et coule en pluie à ta paroi
ruisselante robe définitive À ma bouche bien avant le drap des morts
O fente si je viens en toi
Par la langue et l’œil ouvrant ta nuit sacrée
Descendant par les haltes un songe noir comme un fleuve
Enfoui l’oubli muet dans tes pentes
Si j’allume au fond de la chambre
Cette lampe, fente, tes alentours sur la strie
Noire à l’ombre offrant la glu à me tuer
Visiteur encore rêvant mangeant la lumineuse suie
À VÊPRES
Seigneur, il nous est bon d’être ici.
(Math. 17-4.)
Le jour s’apaise. Allons cheminer, ô mon âme,
Exilés dans l’oubli de ce monde, tout seuls,
Sur la terrasse haute où quelque vieille femme
Cueille des fleurs aux branches calmes des tilleuls.
Vois, l’éclat du soleil se tait, le ciel s’efface
Et la plaine à mes pieds semble un étang qui dort.
Pourquoi n’ayant rien fait, mon âme, es-tu si lasse,
Toi qui ne dormiras pas même dans la mort ?
Quelle plaie avais-tu d’où la fièvre s’élance ?
L’arôme du feuillage et des calices clos
De son sommeil épars embaume le silence…
Est-ce le rossignol qui trouble ton repos ?
Dans cet enchantement câlin où s’évapore
La résolution des précises vertus,
Qu’avons-nous égaré, que cherchons-nous encore ?
Quel perfide regret nous a tant abattus ?
Une attente sans but en moi se désespère,
J’ai le mal d’un pays d’où le vent doit souffler.
Où donc est mon pays, la maison de mon père
Et le chemin secret où je veux m’en aller ?
Quelle haleine a flotté qui m’entraîne avec elle
Dans un espoir immense où me voilà perdu ?
Quel amour tout à coup m’environne, m’appelle ?…
Rien ne bouge… ô mon coeur, qu’ai-je donc entendu ?
La paix des alentours est auguste et profonde.
Vois, du bois pâle et bleu de douceur arrosé,
La caresse de Dieu qui s’étend sur le monde ;
Toi-même as clos tes yeux sous l’aile d’un baiser.
Un invisible pas entr’ouvre l’herbe sombre
Et le souffle des champs qui tremblent le soutient…
C’est mon Seigneur, les bras tout grands ouverts dans l’ombre !
Il vient et je défaille à son passage… Il vient…
Seigneur, éloignez-vous, de peur que je ne meure.
Eloignez-vous !… Où fuir ?… Ah ! faites ! Prenez-moi !
Tenez-moi contre vous et laissez que je pleure
Est-ce de joie, est-ce de peine, est-ce d’effroi ?
Il m’a pris dans ses mains et j’ai posé la tête
Sur le coeur du Berger ainsi qu’un agneau las.
Et j’y suis bien, sa folle et plaintive conquête,
J’y suis bien et, s’il veut, je ne bougerai pas.
Demeurons. Il fait bon, Seigneur, sur la montagne.
— Sommes-nous au sommet exalté du Thabor ? —
Demeurons, la nuit monte et lentement nous gagne,
Le soir fuyant s’égare… Ah ! demeurons encor…
Les corolles des champs ont renversé leur vase,
Un baume répandu coule des liserons
Et le ciel infini se noie en notre extase…
Il fait bon, il fait doux, ô Maître, demeurons.
(Marie Noël)
Recueil: Les Chansons et les Heures / Le Rosaire des joies
Traduction:
Editions: Gallimard