La
gondole spectre que hala
la mort sous les pots de pierre en ogive,
illuminant son bord brodé
dé-
rive.
(Alfred Jarry)
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2021
(Alfred Jarry)
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Posted by arbrealettres sur 24 février 2020
LA CORNE DU HÉRAUT
Pouls dans le vent, pouls dans la mer, pouls sur la nuit qui fuit !
La toux du pouls clans mes artères bruit.
Les cornes des piliers forent leurs graminées
Comme les cors vrillés d’Ammon d’en haut sonnés.
Cloisonnant ton coeur de son marteau doux
Bergère d’Ammon, d’en haut tonne et bruit
Sur le vent, la mer et la nuit.
Le
Pouls.
Les oursins ronds ont hérissé leurs crins.
Les chevaux de mer de leur crinière de fer se creusent les reins
Et la rafale tonne et tord les cors et les cornes.
Voici le vol griffu des hippocampes au lieu des cornes d’Ammon.
Lourd sur le vent, lourd sur la mer, lourd sur la crête
Des bruits
Tapi clans les feuilles comme grimpe un menteur loup garou
Le
Pouls.
Pouls dans la vie et sur la mer hors de la nuit,
Hors du sommeil et par le bruit.
Mort pointillée en repos qui survit
Où soupçonne et bout et tonne partout
Le
Pouls.
(Alfred Jarry)
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Posted by arbrealettres sur 23 février 2020
JE NE SAIS PAS…
Je ne sais pas si mon frère m’oublie
Mais je me sens tout seul, immensément,
Avec loin la chère tête apalie
Dans les essais d’un souvenir qui ment.
J’ai son portrait devant moi sur la table,
Je ne sais pas s’il était laid ou beau.
Le Double est vide et vain comme un tombeau.
J’ai perdu sa voix, sa voix adorable,
Juste et qui semble faite fausse exprès.
Peut-être il l’ignore, trésor posthume.
Hors de la lettre elle s’évoque, très
Soudain cassée et caressante plume.
(Alfred Jarry)
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Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2019
Le sablier
Suspends ton cœur aux trois piliers,
Suspends ton cœur les bras liés,
Suspends ton cœur, ton cœur qui pleure
Et qui se vide au cours de l’heure
Dans son reflet sur un marais,
Pends ton cœur aux piliers de grès.
Verse ton sang, cœur qui t’accointes
À ton reflet par vos deux pointes.
Les piliers noirs, les piliers froids
Serrent ton cœur de leurs trois doigts.
Pends ton cœur aux piliers de bois
Secs, durs, inflexibles tous trois.
Dans ton anneau noir, clair Saturne,
Verse la cendre de ton urne.
Pends ton cœur, aérostat, aux
Triples poteaux monumentaux.
Que tout ton lest vidé ruisselle
Ton lourd fantôme est ta nacelle,
Ancrant ses doigts estropiés
Aux ongles nacrés de tes pieds.
VERSE TON ÂME QU’ON ÉTRANGLE
AUX TROIS VENTS FOUS DE TON TRIANGLE.
Montre ton cœur au pilori
D’où s’épand sans trêve ton cri,
Ton pleur et ton cri solitaire
En fleuve éternel sur la terre.
Hausse tes bras noirs calcinés
Pour trop compter l’heure aux damnés.
Sur ton front transparent de corne
Satan a posé son tricorne.
Hausse tes bras infatigués
Comme des troncs d’arbre élagués.
Verse la sueur de ta face
Dans ton ombre où le temps s’efface ;
Verse la sueur de ton front
Qui sait l’heure où les corps mourront.
Et sur leur sang ineffaçable
Verse ton sable intarissable.
Ton corselet de guêpe fin
Sur leur sépulcre erre sans fin,
Sur leur blanc sépulcre que lave
La bave de ta froide lave.
Plante un gibet en trois endroits,
Un gibet aux piliers étroits,
Où l’on va pendre un cœur à vendre.
De ton cœur on jette la cendre,
De ton cœur qui verse la mort.
Le triple pal noirci le mord ;
Il mord ton cœur, ton cœur qui pleure
Et qui se vide au cours de l’heure
Au van des vents longtemps errés
Dans son reflet sur un marais.
(Alfred Jarry)
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Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2019
UNE FORME NUE…
Une forme nue et qui tend les bras,
Qui désire et qui dit : Est-ce possible ?
Yeux illuminés de joie indicible,
— Qui peut, diamants, nombrer vos carats ?
Bras si las quand les étreintes les rompent,
Chair d’un autre corps pliée à mon gré,
Et grands yeux si francs, surtout quand ils trompent,
— Salez moins vos pleurs, car je les boirai.
Au frisson debout elle est, endormie,
Un cher oreiller en qui bat un coeur ;
Mais rien n’est plus doux que sa bouche amie,
Que sa bouche amie, et c’est le meilleur.
Nos bouches, formez une seule alcôve,
Comme on unit deux cages par leurs bouts
Pour célébrer un mariage fauve
Où nos langues sont l’épouse et l’époux.
Tel Adam qu’anime une double haleine
A son réveil trouve Eve à son côté
Mes sommeils enfuis, je découvre Hélène,
Vieux mais éternel nom de la beauté
[…]
(Alfred Jarry)
Posted in poésie | Tagué: (Alfred Jarry), alcôve, épouse, époux, éternel, étreinte, beauté, boire, bouche, bras, chair, corps, découvrir, désirer, diamant, doux, forme, franc, frisson, illuminé, joie, mariage, nue, pleur, réveil, saler, sommeil, tromper | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2018
Décochons, décochons, décochons
Des traits
Et détrui, et détrui
Détruisons l’ennemi
C’est pour sau, c’est pour sau,
C’est pour sau-ver la pa-tri-e ! « .
(Alfred Jarry)
Posted in humour | Tagué: (Alfred Jarry), décocher, détruire, ennemi, patrie, sauver, trait | Leave a Comment »