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Poésie

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Le chemin (Alain Vircondelet)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2023


noisettes 011

A l’herbe
Qu’on voit le chemin,
A sa trace verte
Obstinément
Qui va vers.

(Alain Vircondelet)

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Petit nuage (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 17 mars 2023




    
Petit nuage

Petit nuage est bien triste,
Toute sa famille s’en est allée,
Cumulus égoïstes,
Nimbus étourdis,
Tous l’ont abandonné,
Le laissant seul,
Tout nu dans la nue.
Il se morfond
Et sent venir la dépression …
Allez, petit nuage,
Ne t’en fais pas, on est là
Et surtout je t’en prie,
Ne pleure pas,
Je n’ai pas pris mon parapluie.

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte

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Si tu as de bons yeux (Heinrich Heine)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2023




Illustration: Emmanuel Garant

    
Si tu as de bons yeux
Et regardes mes chansons,
Tu y verras une jeune belle
S’y promener de-ci de-là.

Si tu as de bonnes oreilles
Tu pourras même entendre sa voix,
Et ses soupirs, rires et chants
Envoûteront ton pauvre coeur.

Car avec son regard et ses mots,
Elle va comme moi te troubler;
Et, rêveur printanier amoureux,
Tu vas dans les bois divaguer.

(Heinrich Heine)

Recueil: Nouveaux poèmes
Traduction: Anne-Sophie et Jean Guégan
Editions: Gallimard

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Passe à travers les larmes (Albane Gellé)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2023




    
passe à travers les larmes, les murs
enjambe les clôtures
va dans tes nuits, marche dans ta tête
et sur la terre
passe à travers l’hiver, les fous rires, les rivières
tous les miroirs

(Albane Gellé)

Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Editions: Bruno Doucey

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Une porte (Hélène Cadou)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2023




    
Une porte
Entre ici
Et là-bas
Ne s’est jamais refermée

Tu vas
Tu viens
Avec la mer
Avec les grandes marées
Du cœur

Si un jour
Tu ne revenais plus
Sur ce rivage
Je saurais que la mort
Lasse d’attendre

Se dresse
Juste
Derrière mon épaule

Prête à jeter
La clé
Dans la nuit
Sans retour.

(Hélène Cadou)

Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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CENT FOIS RIEN (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023



Illustration: Karen LaMonte
    
CENT FOIS RIEN

Peut-être une fois de plus me rendra fou
votre sourire
et sur le bord de mon lit viendront s’asseoir
mère Douleur, l’amie Amour,
comme toujours toutes les deux à la fois.

Peut-être une fois de plus me rendra fou
le son du clairon
et quand j’irai comme si j’étais tombé de la lune
mes cheveux auront l’odeur de la poudre à canon.

Peut-être une fois de plus me rendra fou un baiser :
comme la flamme d’une lanterne, hésitant dans sa cage,
je tremblerai
lorsqu’il viendra se poser sur mon visage.

Je n’aurai, pourtant, que le vent sur les lèvres
et c’est bien en vain que, cette fois,
dans la main j’essaierai de prendre
sa robe sans poids.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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VILLE DE PÉCHÉ (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
VILLE DE PÉCHÉ

La ville des fabricants, des riches, des boxeurs cruels,
ville des inventeurs, des ingénieurs,
ville des généraux, des commerçants, des poètes patriotes,
par ses noirs péchés avait dépassé la mesure du courroux divin
et Dieu était en colère ;

cent fois il avait promis à cette cité
sa vengeance, une pluie de soufre, le feu
et les grondements du tonnerre
et cent fois il lui a pardonné
puisqu’il s’est rappelé avoir dit, un jour,
qu’il épargnerait la ville à cause de deux justes,
et qu’il est difficile à Dieu de parler en l’air :

deux amants allaient dans le verger printanier,
respirant à pleins poumons l’odeur des aubépines en fleur.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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CHOSES (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Gabriela Mistral
    
CHOSES
A Max Daireaux.

J’aime les choses jamais eues,
avec celles que je n’ai plus.

Je palpe une eau silencieuse,
étale sur des prés frileux,
frissonnant sans la moindre brise,
dans un clos qui fut mon enclos.

Je la vois comme la voyais,
une étrange pensée me vient
et je joue, lente, avec cette eau,
comme avec poisson ou mystère.

Je pense au lieu où j’ai laissé
des pas joyeux que je n’ai plus
et sur le seuil, vois une plaie,
pleine de mousse et de silence.

Je cherche un vers que j’ai perdu
et que m’avait dit à sept ans
une femme faisant le pain,
dont je vois la bouche bénie.

Un parfum défait en rafales
m’apporte bonheur quand il vient,
si ténu qu’il n’est pas parfum,
et c’est l’odeur des amandiers.

Il redonne enfance à mes sens,
je lui cherche un nom et ne trouve
et flaire l’air et les villages,
en quête d’amandiers absents.

J’entends tout près une rivière;
je l’entends depuis quarante ans :
c’est le murmure de mon sang,
ou quelque rythme à moi donné;

ou bien l’Elqui de mon enfance,
que je remonte et passe à gué,
jamais perdu, coeur contre coeur,
nous allons comme deux enfants.

Lorsque je rêve de mes Andes,
j’avance par des défilés
où me parvient un sifflement,
presque une conjuration.

Je vois à ras de Pacifique
mon archipel violet sombre,
avec l’île qui m’a laissé
une âcre odeur d’alcyon mort.

Un dos, un dos grave et paisible
au bout du rêve que je fais
marque la fin de mon chemin;
je m’y repose quand j’arrive.

Tronc d’arbre mort ou bien mon père
est ce vague dos couleur cendre;
je ne l’interroge ni trouble,
je me couche à côté et dors.

J’aime une pierre d’Oaxaca
ou Guatemala; j’en approche;
fixe et rouge, elle me ressemble;
la crevasse en expire un souffle.

Dans son sommeil, je la vois nue,
et ne sais pourquoi la retourne.
Je ne l’ai pas eue peut-être :
c’est mon sépulcre que je vois.

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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LAMENTO (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Illustration: Marianne Clouzot
    
LAMENTO

Tout prend, dans ma bouche,
un goût persistant de larmes :
le pain de chaque jour, le chant
et jusqu’à la prière.

Je n’ai point d’autre office,
après celui de t’aimer en silence,
que cet office de larmes, dur,
que tu m’as laissé.

Yeux gonflés
de chaudes larmes!
Bouche triste et tremblante
où tout devient prière!

J’ai honte de vivre
dans cette lâcheté,
sans aller à ta recherche
ni réussir à t’oublier!

Un remords me fait saigner
de voir un ciel
que ne voient plus tes yeux,
de caresser des roses
nourries de tes os!

Chair misérable,
pulpe piteuse, accablée de lassitude
qui ne descend pas dormir à ton côté,
mais s’accroche, tremblante,
au sein impur de la vie!

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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HÔPITAL (Claude de Burine)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
HÔPITAL

La tête allait seule,
avait cet éclat qu’on voit aux bronzes,
aux grilles dominantes
qui ne s’ouvrent qu’aux oiseaux.

Gagnait les bois noirs,
la montagne verte,
le creux des forêts où s’endorment,
au matin, les abandonnés.

Pesait les choses,
le blanc des maisons,
l’arrondi courtois des noisettes
et ce fumier des solitudes
qui monte quand le jour prend congé.

Relevait ses collets,
prenait des notes.

(Claude de Burine)

Recueil: A Henri de l’été à midi
Editions: Saint Germain des Prés

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