Posts Tagged ‘altérer’
Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023

Illustration: Charles Mengin
L’adieu
Sans mentir je voudrais être morte.
En me quittant elle pleurait
bien des larmes. Elle m’a dit :
« Ah ! Quelle épreuve cruelle est la nôtre,
Sapphô, contre mon gré je t’abandonne. »
Et je lui répondais :
« Va et adieu, et souviens-toi
de moi, car tu sais de quels soins nous t’avons poursuivie.
Mais moi, sinon, je veux te rappeler..
.. aussi les beaux jours du passé :
les couronnes, souvent, de violettes
et de roses ensemble, de crocus,
dont tu ornais ton front, près de moi,
et les guirlandes odorantes, leurs fleurs entrelacées,
que tu jetais
autour de ta gorge fragile,
toute l’huile parfumée,
l’onguent précieux dont
tu frottais ton corps, comme une reine.
Et sur les lits moelleux,
dans mes bras, tendrement,
tu chassais hors de toi ton désir altéré.
Aux saints rites..
jamais..
nous ne faisions défaut, nous n’étions pas absentes
pour le bosquet sacré
.. et la danse..
.. et le bruit.. »
(Sapphô)
Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Sappho), abandonner, absent, adieu, aller, altérer, épreuve, beau, bosquet, bras, bruit, chasser, corps, couronné, crocus, cruel, danse, défaut, désir, dire, ensemble, entrelacer, fleur, fragile, front, frotter, gorge, guirlande, huile, jamais, jeter, jour, larme, lit, mentir, moelleux, mort, odorer, onguent, orner, parfumer, passé, pleurer, poursuivre, précieux, quitter, rappeler, répondre, reine, rite, rose, sacré, saint, se souvenir, soin, tendrement, violette, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 avril 2023

NEZAHUALCOYOTL
Nulle part ne se trouve la maison de l’inventeur de soi-même.
Dieu, notre seigneur, est invoqué partout,
partout il est vénéré.
On cherche sa gloire, sa renommée sur terre.
Il est celui qui invente les choses,
celui qui s’invente soi-même : Dieu.
Partout il est invoqué
partout il est vénéré,
on cherche sa gloire, sa renommée sur terre.
Nul ne peut ici
nul ne peut être l’ami
de Celui qui donne vie :
seulement quand il est invoqué
à son côté
près de lui
on peut vivre sur cette terre.
Celui qui l’a trouvé
sait seulement ceci : invoqué
à son côté
près de lui
on peut vivre sur cette terre.
Nul en vérité
n’est ton ami,
ô toi qui donnes vie !
Ainsi qu’entre les fleurs
nous chercherions quelqu’un
ainsi nous te cherchons,
nous qui vivons sur terre
bien que nous soyons à ton côté.
Ton coeur se lassera
et pour peu de temps
nous serons avec toi, près de toi.
Celui qui donne vie nous rend fous,
nous enivre ici.
Nul sans doute ne peut être à son côté
être heureux, régner sur terre.
Toi seul altères les choses,
notre coeur le sait bien :
nul sans doute ne peut être à ton côté,
être heureux, régner sur terre.
traduit du Nahuátl
(Miguel León-Portilla)
Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud
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Posted in poésie | Tagué: (Miguel León-Portilla), altérer, ami, côte, chercher, chose, coeur, Dieu, donner, enivrer, fleur, fou, gloire, heureux, ici, inventer, inventeur, invoquer, maison, nulle part, partout, quelqu'un, règner, rendre, renommée, savoir, se lasser, se trouver, seigneur, seulement, soi-même, terre, trouver, vénérer, vérité, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2021

Un moine demanda un jour à maître Fêng Hsüeh:
« La parole altère la transcendance (de la Réalité),
et le silence altère la manifestation.
Comment combiner parole et silence sans altérer la Réalité? »
Le maître répondit:
« Je me souviendrai toujours du paysage printanier que je vis un jour dans le Chiang Nan.
Les perdrix gloussaient parmi les fleurs parfumées, alors dans leur éclat! »
(Fêng Hsüeh)
Illustration
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Fêng Hsüeh), altérer, éclat, combiner, fleur, glousser, manifestation, parfumée, parole, paysage, perdrix, réalité, se souvenir, silence, transcendance | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2020

Illustration: Egon Schiele
Sur ton corps lisse de caillou
mes mains vont, forêts en liberté,
comme vers des sommets d’où je retombe,
source altérée de soleil.
Ton cœur est si proche de mon cœur
que nos artères se mêlent les unes aux autres
et ne retrouvent plus à nos fronts qu’une seule tempe
pour faire battre l’espace.
Bateau venu de la haute mer,
je vais très loin au fond de tes plages
et je me renverse dans les fougères
qui naissent de ton corps entr’ouvert.
Lorsque nous n’avons plus pour respirer
que l’air écrasé dans nos baisers,
le jour qui nous sépare a beau faire,
il n’arrive pas à être aussi nu que toi.
(Lucien Becker)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
Recueil: Rien que l’amour
Traduction:
Editions: La Table ronde
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Posted in poésie | Tagué: (Lucien Becker), air, altérer, arriver, artère, écraser, baiser, bateau, battre, caillou, coeur, corps, entr'ouvrir, espace, forêt, fougère, front, jour, liberté, lisse, loin, main, mer, naître, nu, plage, proche, renverser, respirer, retomber, retrouver, séparer, se mêler, soleil, sommet, source, tempe, venir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2019

AGONIE
Mourir comme les alouettes altérées
sur le mirage
Ou comme la caille
passée la mer
dans les premiers buissons
parce qu’elle n’a plus désir
de voler
Mais non pas vivre de plaintes
comme un chardonneret aveuglé
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 23 avril 2019

Douce est la belle comme si musique et bois,
agate, toile, blé, et pêchers transparents,
avaient érigé sa fugitive statue.
À la fraîcheur du flot elle oppose la sienne.
La mer baigne des pieds lisses, luisants, moulés
sur la forme récente imprimée dans le sable ;
maintenant sa féminine flamme de rose
n’est que bulle battue de soleil et de mer.
Ah, que rien ne te touche hormis le sel du froid
Que pas même l’amour n’altère le printemps.
Belle, réverbérant l’écume indélébile,
laisse, laisse ta hanche imposer à cette eau
la neuve dimension du nénuphar, du cygne
et vogue ta statue sur l’éternel cristal.
***
Suave es la bella como si música y madera,
ágata, telas, trigo, duraznos transparentes,
hubieran erigido la fugitiva estatua.
Hacia la ola dirige su contraria frescura.
El mar moja bruñidos pies copiados
a la forma recién trabajada en la arena
y es ahora su fuego femenino de rosa
una sola burbuja que el sol y el mar combaten.
Ay, que nada te toque sino la sal del frio !
Que ni el amor destruya la primavera intacta.
Hermosa, reverbero de la indeleble espuma,
deja que tus caderas impongan en el agua
una medida nueva de cisne o de nenúfar
y navegue tu estatua por el cristal eterno.
(Pablo Neruda)
Illustration: William Bouguereau
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Posted by arbrealettres sur 16 mars 2019

Sors enfin du fond de ta grotte obscure,
nue, ferme et blanche,
et serre-moi dans tes bras, fin de mon rêve !
Retiens-moi, en notre étreinte,
comme en une sculpture de pierre,
que rien, jamais, n’altère ou désunisse !
Donne-moi, debout, le repos ;
donne-moi le sommeil, debout ;
Donne-moi, debout et en paix, l’idée seule,
le sentiment seul,
l’éternelle foi en l’unique,
qu’en vain, j’attends, j’attends dans le multiple !
***
¡Ven ya del fondo de tu cueva oscura,
desnuda, firme y blanca,
y abrázate ya a mí, fin de mi sueño!
¡Reténme, en nuestro abrazo,
como en una escultura material,
que nada, nunca, altere ni desuna!
¡Dame, de pie, el reposo;
dame el sueño, de pie;
dame, de pie y en paz, la sola idea,
el solo sentimiento,
la eterna fe en lo solo,
que en lo tanto, y en vano, espero, espero!
(Juan Ramón Jiménez)
Illustration: Jia Lu
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Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2019

Vous qui par jeu pénétrez notre ciel
Altérez notre soif pour que l’avide
en nous l’enseveli le seul vivant
se défigure
à votre image soit
l’espace
et l’inquiet mouvement d’ailes
le don de soi
et la clarté diffuse
qu’il soit énigme
à votre ressemblance
utile autant qu’un divertissement
et rêverie autant qu’une idée-mère
Oiseaux des profondeurs
vous qui jamais
n’avez quitté la face des abîmes
poètes
(Giani Esposito)
Illustration: Chantal Dufour
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Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2018

Illustration: Alex Alemany
Les Soeurs de Charité
Le jeune homme dont l’oeil est brillant, la peau brune,
Le beau corps de vingt ans qui devrait aller nu,
Et qu’eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune
Adoré, dans la Perse, un Génie inconnu,
Impétueux avec des douceurs virginales
Et noires, fier de ses premiers entêtements,
Pareil aux jeunes mers, pleurs de nuits estivales,
Qui se retournent sur des lits de diamants ;
Le jeune homme, devant les laideurs de ce monde,
Tressaille dans son coeur largement irrité,
Et plein de la blessure éternelle et profonde,
Se prend à désirer sa soeur de charité.
Mais, ô Femme, monceau d’entrailles, pitié douce,
Tu n’es jamais la Soeur de charité, jamais,
Ni regard noir, ni ventre où dort une ombre rousse,
Ni doigts légers, ni seins splendidement formés.
Aveugle irréveillée aux immenses prunelles,
Tout notre embrassement n’est qu’une question :
C’est toi qui pends à nous, porteuse de mamelles,
Nous te berçons, charmante et grave Passion.
Tes haines, tes torpeurs fixes, tes défaillances,
Et les brutalités souffertes autrefois,
Tu nous rends tout, ô Nuit pourtant sans malveillances,
Comme un excès de sang épanché tous les mois.
– Quand la femme, portée un instant, l’épouvante,
Amour, appel de vie et chanson d’action
Viennent la Muse verte et la Justice ardente
Le déchirer de leur auguste obsession.
Ah ! sans cesse altéré des splendeurs et des calmes,
Délaissé des deux Soeurs implacables, geignant
Avec tendresse après la science aux bras almes,
Il porte à la nature en fleur son front saignant.
Mais la noire alchimie et les saintes études
Répugnent au blessé, sombre savant d’orgueil ;
Il sent marcher sur lui d’atroces solitudes
Alors, et toujours beau, sans dégoût du cercueil,
Qu’il croie aux vastes fins, Rêves ou Promenades
Immenses, à travers les nuits de Vérité
Et t’appelle en son âme et ses membres malades
0 Mort mystérieuse, ô soeur de charité.
(Arthur Rimbaud)
Recueil: Rimbaud Cros Corbière Lautréamont Oeuvres Poétiques complètes
Traduction:
Editions: Robert Laffont
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Posted by arbrealettres sur 19 mai 2018
L’attachement
roulé plus que la feuille au fort de la tempête
je ne sais plus l’endroit l’envers et quelle quête
votre voix me sommait d’entreprendre
j’aime et du même amour j’épuise la colère
mon double a rejeté le double qui l’altère
si l’écho n’en cesse de reprendre
(Daniel Boulanger)
Illustration
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