Posts Tagged ‘(André Berry)’
Posted by arbrealettres sur 19 août 2020

Illustration: René Magritte
SONNET DE LA MEMOIRE INUTILE
A tous mes jours vécus je songe et je resonge,
A tout cet heureux temps que ma vie a tissé,
Et par un vain rappel un instant le prolonge…
Stérile souvenir, ô pourquoi ressassé?
Quand elle se dessèche ô qu’importe à l’éponge
Dans ses pores flétris quelle eau vive a passé;
Qu’importe au van rompu, quand la rouille le ronge,
A travers son treillis quel grain neuf a glissé?
Je n’ai plus de souci de ma propre mémoire
Que n’en a du vaisseau la mer compacte et noire,
Lorsque la voile blanche a disparu dans l’ouest.
Plus de souci je n’ai des heures abolies
Que n’en a le ciel clair des étoiles pâlies,
Quand l’astre qui les souffle a reparu dans l’est.
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), abolir, astre, éponge, étoile, blanc, ciel, clair, compact, disparaître, eau, est, flétrir, glisser, grain, heure, heureux, instant, inutile, jour, mémoire, mer, neuf, noir, Ouest, passer, pâlir, pore, prolonger, rappel, reparaître, ressasser, rompre, ronger, rouille, se déssécher, songer, sonnet, souci, souffler, souvenir, stérile, temps, tisser, treillis, vain, vaisseau, van, vie, vif, vivre, voile | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 août 2020

SONNET DES VAINS SOUVENIRS
Souvenirs, Souvenirs, tristes spectres des choses,
Sans étoffes de chair que vous voilà déchus!
Avec quelle rigueur me paraissent recluses
Vos formes de brouillard dans les registres clos!
Des vers inconsistants, d’insaisissables proses
Rendront-ils leur substance à vos êtres abstrus?
Aux implacables dieux, aux intraitables Muses,
Je réclame des corps et n’obtiens que des mots.
Ombres des jours perdus, par les Champs-Elysées
Vous avez beau mener vos mornes thalysies,
Vous avez beau vous tordre en un bal éploré.
Lorsque de nos amours nos mains sont dessaisies,
Vos ouates de vapeur, vos gazes irisées
Ne sont qu’un mince emplâtre au coeur endolori.
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), abstrus, amour, éploré, étoffe, être, bal, brouillard, chair, chose, clos, coeur, corps, déchoir, dessaisir, Dieu, emplâtre, endolori, forme, gaze, implacable, inconsistant, insaisissable, intraitable, iriser, jour, main, mince, morne, mot, muse, obtenir, ombre, ouate, paraître, perdre, prose, réclamer, reclus, registre, rendre, rigueur, sonnet, souvenir, spectre, substance, tordre, triste, vain, vapeur, ver | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 août 2020

Illustration: Fanny Verne
RONDEAU DU MOI SECRET
For de mon for, tréfonds le plus intime
De mon bas être à l’erreur condamné,
Secrètement t’habite un Moi sublime,
Clos au dehors, du dedans gouverné.
Indifférente aux intérêts du monde,
Sans vanité, sans soif de chair ni d’or,
Ainsi tiens-tu ma Personne Seconde,
For de mon for.
Pour quel haut fait, quelle oeuvre magnanime
Ce Moi de Moi dans ton antre est-il né?
Pilier du ciel, rédimeur du vieux crime,
Quel abdal est-ce, ou Christ prédestiné
Tel du magnan sous la quenouille blonde
Le papillon qui vit sans aile encor,
Prêt à briser sa coquille féconde,
For de mon for,
Ainsi végète, ainsi déjà s’anime
Dans ton cocon de soie environné,
Le grain vivant, la chrysalide infime
De l’ange immense en ma chair confiné.
Mais, de l’abîme où n’atteint point la sonde,
Pour prendre aux cieux un droit et libre essor,
Comment sortir de ta geôle profonde,
For de mon for
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), abîme, ange, antre, atteindre, bas, briser, chair, Christ, chrysalide, ciel, clos, cocon, condamner, confiner, coquille, dedans, dehors, droit, essor, for, geôle, gouverner, grain, habiter, immense, indifférent, infime, intérêt, intime, libre, magnanime, moi, monde, naître, oeuvre, os, personne, pilier, profond, quenouille, rondeau, s'animer, second, secrètement, secret, soie, soif, sonde, sortir, sublime, tréfonds, vanité, végéter, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 août 2020

Illustration
RONDEAU DE LA CHAIR TROP LOURDE
Toujours ce poids qui t’attache à la terre,
Ce pied de plomb tirant sur le genou,
Et cette tête à ton tronc peu légère,
Mal emmanchée à ton douloureux cou;
Toujours le fiel dans cette bouche amère,
Des yeux piquants l’âcre larme qui sourd,
La cire épaisse au creux du tympan sourd;
Du gros cerveau que la tempe resserre
Toujours ce poids!
Toujours ces dents dont l’ivoire s’altère,
Ce crin hirsute en guerre avec le pou,
Toujours ce ventre enflant en demi-sphère
La pommaison de son grotesque chou.
A sa grinçante et peineuse charnière
Toujours ce bras qui pend débile et gourd,
Cette main moite où toute crasse accourt;
Du sang, de l’os, du muscle et du viscère
Toujours ce poids!
Nul réconfort au fond de ta misère
Que de presser un être encor plus mou,
Encor plus creux : tel lard en souricière,
Offrant l’appât de son funeste trou.
Lors sans bonnet sur ton occiput glabre,
Sans gant le carpe et le fémur sans bas,
En toute paix par les luneux sabbats
Tu branleras le tarse au bal macabre.
Courage encor!
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), accourir, amer, appât, attacher, âcre, épais, être, bal, bas, bonnet, bouche, branler, bras, carpe, cerveau, chair, charnière, chou, ciré, cou, courage, crasse, creux, crin, débile, dent, douloureux, emmancher, enfler, fémur, fiel, funeste, gant, genou, glabre, gourd, grincer, grotesque, guerre, hirsute, ivoire, lard, larme, léger, lourd, luneux, macabre, main, misère, moite, mou, muscle, occiput, offrir, os, paix, peineux, pendre, pied, piquer, plomb, poids, pommaison, pou, presser, réconfort, rondeau, s'altérer, sabbat, sang, se resserrer, sourdre, souricière, sphère, tarse, tête, tempe, terre, tirer, toujours, tronc, trou, tympan, ventre, viscère, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 août 2020

Illustration: Jérôme Royer
RONDEAU DE LA VIE QUI SE RETIRE
Démon Vital, toi qui dans ma jeunesse
Tenais bandés mes tendons résolus,
Précipitant vers amour et prouesse
Tout mon squelette aujourd’hui si perclus, —
De mes fols sens, de mon coeur chimérique
Combien de fois forças-tu les transports!
Combien de fois à travers tout mon corps
Ai-je senti ton fluide électrique,
Démon Vital!
Ô si longtemps dans ma boîte à cervelle
Toi qui soutins les pensers chevelus,
Et de ma jambe et de mon rein fidèle
Les bonds musclés et les combats râblus,
Tant que ton flot ruissela dans ma tête,
Tant que ton feu délia mes ressorts,
Beauté n’était ni palmes ni trésors
Dont mon ardeur n’entreprit la conquête,
Démon Vital!
Démon Vital, maintenant tu me quittes;
Dans mes vieux nerfs tes généreux influx
Ont espacé, puis cessé leurs visites,
Tes chauds courants ne me fréquentent plus.
A quel ennui ta retraite me livre!
De l’ancien souffle â peine un reste encor,
Oiseau blessé, volète dans mon for,
Et je me meurs de ne plus vouloir vivre,
Démon Vital.
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), amour, ancien, ardeur, aujourd'hui, à travers, électrique, bander, beauté, blessé, boîte, bond, cervelle, cesser, chaud, chevelu, chimérique, coeur, combat, conquête, corps, courant, délier, démon, entreprendre, espacer, feu, fidèle, flot, fluide, forcer, fréquenter, généreux, influx, jambe, jeunesse, mourir, muscle, nerf, oiseau, palme, penser, précipiter, prouesse, quitter, résolu, rein, ressort, retraite, rondeau, ruisseler, se retirer, sens, sentir, souffle, soutenir, squelette, tendon, tenir, transport, trésor, vie, vieux, vital, vivre, voleter | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019

SONNET DE LASSITUDE
Je suis las d’être au gîte et suis las d’être errant,
Je suis las de mon masque et de mon vrai visage,
Je suis las d’être fou, je suis las d’être sage,
Je suis las d’être instruit, et las d’être ignorant.
Je suis las de déplaire et las d’être attirant,
Et las d’être fidèle et las d’être volage,
Je suis las d’être jeune et je suis las de l’âge,
Et je suis las de vivre et las d’être mourant.
Je suis las d’être moi, seul dans ma solitude,
Et las de mes pareils, las de leur lassitude;
Je suis las du hourrah, je suis las de l’hélas,
Las du temps qui recule et de l’heure indolente,
Las de la longueur longue et de la lenteur lente,
Las du lent, las du long, las du loin, las du las.
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), attirer, âge, déplaire, fidèle, fou, hélas, heure, hourrah, ignorant, indolent, instruit, jeune, las, lassitude, lent, lenteur, long, longueur, masque, moi, mourir, reculer, sage, solitude, sonnet, temps, visage, vivre, volage, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

Illustration: Vincent Van Gogh
RONDEAU DE L’HOMME LASSÉ DE SOI
Quoi! toujours toi, quand rien de moi ne t’aime,
De ma personne indétrônable roi,
Ô monotone et tenace moi-même,
Gui parasite au sein d’un meilleur Moi!
Traînant partout tes humeurs inégales,
Tes muscles mous et tes nerfs anxieux,
Et ton cœur sec et tes sens vicieux,
Tes viles soifs, tes grossières fringales,
Quoi! toujours toi!
Quoi! toujours toi, toujours avide et vide,
Tenté d’agir, vautré sur le tapis,
Bouffi mais creux, arrogant mais pavide,
Menteur, jaloux, glouton, paillard et pis!
Jusques à quand faut-il que je t’endure,
Plat compagnon à mes pas attaché,
Fâcheux démon en mon ange caché,
Suppôt d’orgueil, d’envie et de luxure?
Quoi! toujours toi!
J’ai beau vouloir te noyer dans les veilles,
Dans le travail, le plaisir et le vin :
Sous mon habit toujours tu te réveilles
Aussi présent, aussi banal et vain.
Hôte indiscret, en moi tu fais demeure;
Toujours chassé tu ramènes toujours
Tes bas désirs et tes pauvres amours,
Et pas un être en qui te perdre une heure…
Quoi! toujours toi!
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), agir, aimer, amour, ange, anxieux, arrogant, attacher, avide, être, banal, bas, bouffi, cacher, coeur, compagnon, creux, démon, désir, endurer, envie, fâcheux, fringale, glouton, grossier, gui, habit, homme, humeur, inégal, indétrônable, jaloux, lasser, luxure, meilleur, menteur, moi, monotone, mou, muscle, nerf, noyer, orgueil, paillard, parasite, pas, pauvre, pavide, perdre, personne, plaisir, plat, présent, rien, roi, rondeau, se réveiller, sec, sens, soi, soif, suppôt, tapis, tenace, tenter, toi, traîner, travail, vautrer, veille, vicieux, vide, vile, vin, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

RONDEAU DE L’HOMME LAS DE PENSER
Combien de temps, tête sempiternelle,
Te faudra-t-il penser et repenser,
Tel l’aiguilleur reclus dans sa tourelle,
Guetteur raidi du train qui va passer ?
Au roulement des rapides idées
Ouvrant ou non les disques lumineux,
Combien de temps, leviers vertigineux,
Dois-je mouvoir vos tiges recoudées?
Combien de temps?
Combien de temps, radoteuse cervelle,
Dois-je sentir ta roue en moi tourner,
Virer au vent et voleter ton aile,
Et sous ta meule un grain dur s’enfourner?
Combien de temps, machine tyrannique,
De ton tiquant, de ton taquant moulin,
Où toujours entre et d’où sort un sac plein,
Me faudra-t-il servir la mécanique?
Combien de temps?
Combien de temps,
Dans la guérite où je
Me faudra-t-il garder
Tenace Esprit qui ne
nocturne sentinelle,
dois m’enfermer,
ta citadelle,
veux désarmer?
Le poing toujours sur le pommeau du glaive,
Prêt à jeter l’anxieux Qui va là,
Combien de temps, dans le trou que voilà,
Me faudra-t-il attendre la relève?
Combien de temps?
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), aile, anxieux, attendre, cervelle, citadelle, désarmer, disque, entrer, esprit, garder, glaive, grain, guérite, guetteur, homme, idée, jeter, las, levier, lumineux, machine, mécanique, meule, moulin, mouvoir, nocturne, ouvrir, penser, poing, pommeau, prêt, radoter, raidir, rapide, relève, rondeau, roue, roulement, s'enfermer, sac, sempiternel, sentinelle, sentir, servir, sortir, taquer, tête, temps, tenace, tiquer, tourner, train, trou, tyran, vent, vertige, virer, voleter | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 mai 2019

SONNET DE LA BOUCHE VUE EN RÊVE
Ayant requis Paula de sa faveur première,
J’attendais que le somme eût porté son conseil,
Quand, bâillante, elle offrit sa bouche à la lumière,
Y tourna par sa glace un rayon de soleil.
A quelque fine église en gothique manière
L’intérieur, miracle! était assez pareil;
Les lèvres paraissaient la superbe portière
Qui s’ouvrait, découvrant le dévot appareil.
La langue y composait un lisse et mol dallage,
Le palais un plafond en ogival ouvrage,
Les dents étaient piliers étincelants d’émail.
A la voûte du choeur, de cramoisi tendue,
La luette semblait la lampe suspendue.
Toute la gorge, au fond, n’était qu’un haut vitrail.
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), appareil, attendre, église, émail, étinceler, bâiller, bouche, choeur, composer, conseil, cramoisi, dallage, découvrir, dévot, dent, faveur, fin, glace, gorge, gothique, intérieur, lampe, langue, lèvre, lisse, luette, lumière, miracle, mou, offrir, ogival, ouvrage, palais, pilier, plafond, porter, portière, rayon, rêve, s'ouvrir, soleil, somme, superbe, tendre, vitrail, voûte, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 mai 2019

SONNET DE LA JOCONDE RANIMÉE
Errant dans mon sommeil par cette galerie
Où de nuit et de jour sourit Mona Lisa,
Sur la bouche, soudain, de l’image chérie
D’un spontané transport ma bouche se posa.
Sa joue à mon toucher se fit tiède et fleurie;
A son front vint un feu, son regard s’attisa;
Un fin pleur remouilla sa paupière tarie;
Sa lèvre reprit musc, soufflant : « Dolce cosa!
« Ah! depuis cinq cents ans que, muette figure,
Je restais là figée en ma sèche peinture,
Sans que nul pour ma chair fit plus qu’un froid passant!
« Mais, en retour, prends-moi, toi qui crus à ma vie! »
Elle m’ouvrait les bras, à son cadre ravie.
L’étoffe s’abaissait sur son sein frémissant.
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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