Posts Tagged ‘(Anna Akhmatova)’
Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022

Anna Akhmatova
Les secrets du métier
peu m’importent les bataillons des odes
Et le charme des fantaisies élégiaques.
Dans un poème, je l’affirme, tout doit être inattendu.
À la différence des gens — tellement prévisibles.
Si vous saviez sur quelles balayures
Poussent mes vers, sans connaître la honte,
Comme un pissenlit jaune sous une palissade,
Comme la bardane et l’épinard sauvage.
Un cri de colère, l’odeur fraîche du goudron,
Une indéchiffrable moisissure sur un mur…
Et déjà retentit le vers, si tendre, si fougueux,
Pour votre plaisir et le mien.
***

(Anna Akhmatova)
Traduction de Jean-Baptiste Para
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022

Jardin d’été
Je veux aller dans ce jardin,
dans cette roseraie nonpareille
Où l’on voit des clôtures la plus belle,
Où les statues gardent mémoire
de la jeune fille que j’étais
Et moi, je les revois sous l’eau de la Neva.
Dans ce lieu caché, plein d’odeurs,
sous les tilleuls princiers,
Je crois entendre craquer
les mâts des vaisseaux.
Comme autrefois le cygne
traverse les siècles,
En extase devant la beauté de son double.
Par centaines de milliers, des pas
Dorment d’un sommeil de mort,
pas d’ennemis et d’amis,
Pas d’amis et d’ennemis.
Finira-t-il jamais, le cortège des ombres
Qui va du vase de granit
jusqu’à la porte du palais?
Mes nuits blanches là-bas
se parlent, dans un murmure,
De quelqu’un qui savait aimer
secrètement, superbement.
Partout on voit briller la perle et le jaspe,
Mais un mystère dérobe
la source de la lumière.
(Anna Akhmatova)
Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2022

Illustration
A propos des poèmes
Ce sont les picotements de l’insomnie,
C’est la mèche des cierges tordus,
C’est le premier coup, le matin,
De cent blancs campaniles…
C’est l’appui tiède de la fenêtre
Au clair de lune à Tchernigov
C’est le mélilot et l’abeille,
Poussière, ombre et canicule.
(Anna Akhmatova)
Titre: L’églantier fleurit et autres poèmes
Traduction: Marion Graf et José-Flore Tappy
Editions: La Dogana
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Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2022

POÈMES DE PETERSBOURG
1
Saint-Isaac à nouveau se couvre
D’une parure d’argent fondu.
Le cheval de Pierre le Grand
Se fige, impatient; il menace.
Un vent farouche, qui étouffe,
Emporte les fumées des cheminées…
Ah! le souverain est mécontent
De sa capitale nouvelle.
2
Mon coeur bat d’un rythme égal,
Que me font de longues années!
Nos ombres sont pour toujours
Rue des Galères, sous l’arc.
Sous mes paupières mi-closes
Je le vois, tu es avec moi,
Et ta main tient à jamais
Mon éventail encore fermé.
Parce que nous avons vécu
Ensemble un instant de miracle,
Lorsque sur le Jardin d’été
La lune a ressuscité, rose,
Je n’ai plus besoin d’attentes
Près de cette fenêtre lassante
Ni de rendez-vous ennuyeux.
Ah! L’amour est accompli.
Tu es libre, je suis libre,
Demain est meilleur qu’hier, —
Sur l’eau sombre de la Néva,
Devant le sourire glacé
De l’empereur Pierre le Grand.
(Anna Akhmatova)
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Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020

Le lundi, vingt-et-un. C’est la nuit.
La ville dort sous la brume triste.
Quel jean-foutre saisi par l’ennui
Proclama que l’amour, ça existe ?
Et, par ennui ou par habitude,
Tout le monde l’a cru — et toujours
On espère, on craint les ruptures,
Et on chante des chansons d’amour.
Mais certains découvrent le secret,
Et ceux-là, le silence les habite.
Par hasard j’ai su la vérité,
Et depuis je suis comme maudite.
(Anna Akhmatova)
Illustration: Jean-Claude Forez
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Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2020

1
Terrain poussiéreux à droite des morts,
Et au loin bleuissaient les eaux.
« Va-t’en au couvent, me dis-tu alors,
Ou bien va épouser un sot… »
C’est là d’un prince le banal refrain
Mais je n’oublie pas ces paroles –
Qu’elles ruissellent cent siècles au moins,
Cape d’hermine à mes épaules.
2
Et comme sans vouloir le dire,
Je lui dis : « Tu… »
Sur ses traits l’ombre d’un sourire
Est apparue.
À ces lapsus, l’oeil le moins tendre
S’enflamme presque.
Oui, je t’aime comme quarante
Soeurs de tendresse !
(Anna Akhmatova)
Recueil: Les poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
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Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2020

Illustration: Béatrice Douvre
Tes paroles tranchées, glaçantes
Et tes yeux comme fous…
L’aveu de ton amour avant
Le premier rendez-vous.
Mais je t’avais été promise
En un siècle lointain,
Vers toi je franchissais les mers,
Poussée par le destin.
Et sans savoir ton nom, ni même
À quoi tu ressemblais,
Comme l’aube surgie de la nuit
Je te reconnaîtrais.
(Anna Akhmatova)
Recueil: Les poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
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Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2020

Douce l’odeur des raisins bleutés,
Et leur ivresse encore lointaine,
Sourds et sombres les sons de ta voix…
Je ne ressens ni pitié ni peine.
Toiles d’araignée entre les grappes,
Entre les pieds de vigne trop frêles.
Comme des glaçons portés par les eaux,
Flottent les nuages dans le ciel.
Mais le soleil paraît, haut et net.
Si tu souffres, aux vagues va le susurrer,
Peut-être vont-elles te répondre
Ou peut-être même t’embrasser.
(Anna Akhmatova)
Recueil: Les poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
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Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2020

Anna Akhmatova
Comme avec une paille tu bois mon âme,
Elle a un goût d’amertume et d’ivresse,
Mais tu sais que sans limites est mon calme
Et je ne prierai pas pour que le supplice cesse.
Dis-moi quand tu en auras fini, peu importe
Que mon âme ne doive plus exister ;
j’irai plus loin, là où mes pas me portent,
Pour voir seulement les enfants jouer.
Le groseillier en grappes se répand,
Le briquetier ne fait qu’aller et venir…
J’oublie – es-tu mon frère ou mon amant,
Et je ne veux plus même m’en souvenir.
Le corps épuisé repose un instant
Dans ce monde hostile et pourtant si clair,
Et les passants songent confusément :
Vrai, son veuvage ne date que d’hier.
(Anna Akhmatova)
Recueil: Les poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
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Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2020

Illustration: Paola Billi
Par une nuit blanche
Je n’avais pas fermé ma porte,
Allumé les bougies,
Je n’avais même plus la force
D’aller me mettre au lit.
Regarder les lueurs du soir
Que les sapins éteignent,
M’enivrer aux sons d’une voix
Si semblable à la tienne…
Et savoir que tout est perdu,
Que l’enfer de vivre est le pire.
Ô, cependant j’étais si sûre
De te voir revenir !
(Anna Akhmatova)
Recueil: Les poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
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