La saloperie des autres est aussi en nous.
Et je ne vois pas d’autre solution que de rentrer en soi-même
et d’extirper de son âme toute cette pourriture.
Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur,
que nous n’ayons d’abord corrigé en nous.
Et cela me paraît l’unique leçon de cette guerre :
de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs.
A la fenêtre une rose a les couleurs
d’un jeune mamelon de blonde
une taupe marche sous terre.
Paix dit-on au chien
à l’existence brève.
L’air reste ensoleillé.
De jeunes hommes
apprennent à faire la guerre
pour racheter leur dit-on tout un monde
mais le livre de la théorie
leur reste illisible.
En quelle langue dit-on, en quelle nation,
En quelle autre humanité a-t-on appris
Le mot qui ordonne le désordre
Qui s’est tissé dans ce tourbillon ?
Quel murmure de vent, quels chants dorés
D’un oiseau posé sur les hautes branches
Diront, en sons, les choses que, muets,
Dans le silence des yeux nous confessons ?
***
No silêncio dos olhos
Em que língua se diz, em que nação,
Em que outra humanidade se aprendeu
A palavra que ordene a confusão
Que neste remoinho se teceu?
Que murmúrio de vento, que dourados
Cantos de ave pousada em altos ramos
Dirão, em som, as coisas que, calados,
No silêncio dos olhos confessamos?
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
Sache-le désormais :
Si je t’ai dit que j’ai grandi
dans l’odeur des jasmins d’Orient,
gambadé sous le feuillage des bougainvillées,
cueilli l’ylang-ylang et le vétiver des tropiques,
appris de 1a nature fragrances et paysages qui m’ont émerveillée …
Si je t’ai dit que, petite fille,
j’entrai par mon miroir dans des jardins magiques
dont j’aimai la fleur et le fruit,
je t’ai menti.
(Lyonel Trouillot)
Recueil: Le doux parfum des temps à venir
Traduction:
Editions: Actes Sud
J’habite au jardin de bois vert
l’allée détrempée.
Je vais, je fais avec le temps de longs devoirs dérisoires.
J’apprends ma leçon de Noël.
Chaque soir, la nuit se couche
à mes pieds, comme un chien noir
me gardant des rêves.
Le matin suspend aux fenêtres
leur collier de vitres bleues;
Sur la rue Décembre est là
avec son soleil de verre
Et la grande roue des toits.
Je ne sais plus jouer avec le temps.
Parfois, trompant la nuit, émerge
Un pays planté d’arbres blancs.
Alors je cache dans l’herbe houleuse mon faux visage de fatigue
qui attend.
Il existe un endroit pour nous,
Quelque part, un endroit pour nous.
Paisible et tranquille, en plein air
Nous attend
Quelque part.
Il existe un temps pour nous,
Un jour, un temps pour nous,
Du temps pour nous, à partager,
Du temps pour apprendre, du temps pour nous,
Un jour !
Quelque part.
Nous trouverons une nouvelle façon de vivre,
Nous trouverons un moyen de pardonner
Quelque part…
Il existe un endroit pour nous,
Un temps et un endroit pour nous.
Tiens-moi par la main, nous y sommes presque.
Prends ma main, je t’y amènerai
D’une manière ou d’une autre,
Un jour,
Quelque part !
(West Side Story)
***
WEST SIDE STORY – SOMEWHERE L
There’s a place for us,
Somewhere a place for us.
Peace and quiet and open air
Wait for us
Somewhere.
There’s a time for us,
Some day a time for us,
Time together with time to spare,
Time to learn, time to care,
Some day!
Somewhere.
We’ll find a new way of living,
We’ll find a way of forgiving
Somewhere . . .
There’s a place for us,
A time and place for us.
Hold my hand and we’re halfway there.
Hold my hand and I’ll take you there
Somehow,
Some day,