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CHANSON SUR LA PLUIE (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
CHANSON SUR LA PLUIE

Je voudrais vous dire une phrase apprise jadis,
le temps l’efface du tableau, elle n’est guère ;
c’est encore la pluie, mais seulement pour les petits
qui se serrent, heureux, sous la gouttière.

Dès que les gouttes s’attaquent à leurs capuches,
le moulinet du ruisseau se met à bruire ;
moi, je regarde leurs mains avec envie
et m’enfuis, en hâte, dans mes souvenirs.

Quand la pluie cessera, je voudrais dire à quelqu’un
avec qui, un long moment, je suis resté là
que l’eau coule encore brièvement des arbres
et qu’elle tombe encore longtemps du haut des cathédrales.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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Lasse du jardin (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023



Illustration: William Bouguereau
    
Lasse du jardin où je me souviens d’Elle,
J’écoute mon cœur oppressé de parfum.
Pourquoi m’obséder de ton vol importun,
Divine hirondelle ?

Tu rôdes, ainsi qu’un désir obstiné,
Réveillant en moi l’éternelle amoureuse,
Douloureuse amante, épouse douloureuse,
Ô pâle Procné !

Tu fuis sans espoir vers la rive qui t’aime,
Vers la mer aux pieds d’argent, vers le soleil.
Je hais le Printemps qui vient, toujours pareil
Et jamais le même !

Ah ! me rendra-t-il les langueurs de jadis,
L’ardente douleur des trahisons apprises,
L’attente et l’espoir des caresses promises,
Les lèvres d’Atthis ?

J’évoque le pli de ses paupières closes,
La fleur de ses yeux, le sanglot de sa voix,
Et je pleure Atthis que j’aimais autrefois,
Sous l’ombre des roses.

(Sappho)

 

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EMPÉDOCLE (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2021



 
    

EMPÉDOCLE

«J’ai rêvé d’un suicide où dans la conquête et le dépassement de la mort
il me serait loisible de regretter pour la première fois le monde, de poursuivre mon geste
avec la certitude qu’il est absurde et vain.
Je devine, en mes chairs, un fourmillement d’êtres oisifs qui n’attendent que ma mort pour naître. »

Quarante ans de méditation ont conduit Empédocle dans le cratère du Stromboli.
À cet instant, pour la première fois,
il a vu un volcan, un ciel bleu, une fumée sulfureuse,
une mort apprise chaque jour et enfin récitée dans le feu de la terre.

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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TENDRESSES (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2018



Illustration: Kimberly Dow

    

TENDRESSES

Ferme doucement tes bras, comme une ceinture, sur moi.
O touche, ô touche ma peau ainsi !
Ni l’eau ni la brise de midi ne sont plus douces que ta main.

Aujourd’hui chéris-moi, petite soeur, c’est ton tour.
Souviens-toi des tendresses que je t’ai apprises la nuit dernière,
et près de moi qui suis lasse agenouille-toi sans parler.

Tes lèvres descendent de mes lèvres.
Tous tes cheveux défaits les suivent, comme la caresse suit le baiser.
Ils glissent sur mon sein gauche ; ils me cachent tes yeux.

Donne-moi ta main, elle est chaude !
Serre la mienne, ne la quitte pas.
Les mains mieux que les bouches s’unissent,
et leur passion ne s’égale à rien.

(Pierre Louÿs)

 

Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Sans joie sans caresse (Ali Hamouda)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2016



sans joie sans caresse?
Dans leurs regards traqués brille un feu d’amoureuse rage.

Chant vers toi l’inconnue
entrevue dans le vent ou le train qui vole,
chant à la source des mirages,
aux voix multiples de l’univers dénué de formes et de mots appris.

(Ali Hamouda)

Illustration: Paul Delvaux

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