L’amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser
Et c’est bien en vain qu’on l’appelle
S’il lui convient de refuser
Rien n’y fait, menace ou prière
L’un parle bien, l’autre se tait
Et c’est l’autre que je préfère
Il n’a rien dit, mais il me plaît
L’oiseau que tu croyais surprendre
Battit de l’aile et s’envola
L’amour est loin, tu peux l’attendre
Tu ne l’attends plus, il est là
Tout autour de toi, vite, vite
Il vient, s’en va, puis il revient
Tu crois le tenir, il t’évite
Tu crois l’éviter, il te tient
L’amour est enfant de bohème
Il n’a jamais jamais connu de loi
Si tu ne m’aimes pas, je t’aime
Et si je t’aime, prends garde à toi
Prends garde à toi
Si tu ne m’aimes pas, si tu ne m’aimes pas, je t’aime
Prends garde à toi
Mais si je t’aime, si je t’aime, prends garde à toi
Cet oiseau noir dans ma tête
Ne se laisse pas apprivoiser
Il est comme un nuage qui se défile
et qu’on n’attrape jamais
comme la fumée entre les doigts
et la brume sur les yeux
Et cependant je n’ose le confier à personne
et je le vois disparaître avec regret
Il s’accroche à tous les sourires
se pose sur les mains tendues
et se nourrit du sucre des paroles
sans même pousser un cri de joie
Longtemps j’ai essayé de ne pas le voir
de ne plus l’écouter quand il croasse la nuit
et qu’il déchire de ses serres
les filets de la certitude
ll est le fils de l’insomnie
et du dégoût mélancolique
Mon oiseau noir mon fidèle
la haine n’est pas ta cousine
Je te donne trois jours et trois nuits
Matin sur la campagne
Une herbe blafarde
Pousse sur le sommet
Du talus abrupt
Cris dans les buissons
Des oiseaux polissons
Un jour de douceur et de satiété
Me guide vers toi
Je me hâte
Sur des chemins d’impatience
Accompagné par un vol d’oiseaux
Tu t’abandonnes aux rayons
D’un soleil à la dérive
Et ton sein hérisse
La pointe des vagues
Tu t’ouvres au désir
Dans la luxure des couleurs
Et à travers le cristal
De l’onde
Tu apprivoises les images
Nous connaîtrons dans l’amour
Un immense silence déployé
Sur des astres qui se noient.
Il savait des choses dont la nuit seule apprivoise le langage
et il les semait dans sa nation attentive silencieuse
hâve occulte qui était son raisin et sa farine
Et ces choses étaient l’orange juteuse pour l’heure
jachère pour la clameur de la gorge taciturne
et pour la soif de sa nation qui le voulait homme roi
Le laurier de longue verdeur ne frémissait pas de sa connaissance
et de sa requête debout et de son geste multitude et immobilité
Quand la mémoire l’avait rejeté ce qu’il savait demeurait
Et il le savait dans sa peau et devant sa peau
Il le savait à mesure de l’ignorance
Et cela prenait coeur dans son silence
comme une goutte ailée de miel
pour se poser sur la bouche épouse
Oublier une lettre
en écrivant un mot,
c’est ouvrir une porte
où il n’y en avait pas.
Et même s’il est facile de la murer,
la place où il y avait une porte
ne sera plus jamais pareille
et une rafale de sens oublié
continuera à passer à l’intérieur du mot.
Une omission, l’erreur,
crée quelquefois une brèche
dans le mur déterminant
qui apprivoise le regard.
***
Olvidar una letra
al escribir un palabra
es abrir una puerta
donde no había ninguna.
Y aunque es fácil tapiarla,
el lugar donde bubo una puerta
ya nunca sera el mismo
y adentro de la palabra
seguirá pasando una ráfaga de sentido olvidado.
Una omisión , el error,
crea a veces una brecha
en el rotundo muro
que domestica a la mirada.