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Posts Tagged ‘araignée’

PARIS, APRÈS… (Roger Bevand)

Posted by arbrealettres sur 16 mai 2023



Illustration 
    
PARIS, APRÈS…

Les ronces pousseront dans le métro désert,
Les sangliers boiront sous le pont de l’Alma
Et dans le parc Monceau grignoté par la mer,
Quelques cerfs improbables brameront leur effroi.

On aura de folles herbes jusqu’aux marchés d’Auteuil,
Les vipères siffleront près du Trocadéro,
Les tigres dormiront dans les rues d’Argenteuil
Et un troupeau de buffles y cherchera de l’eau.

Ce temps sera le temps des fourmis de retour,
Des araignées géantes et des scorpions fébriles,
Des taureaux assoupis à l’ombre de la Tour,
Des vendanges en Mai, des moissons en Avril.

Trois soleils brûleront la vieille capitale,
Ce temps sera celui d’un espoir chaviré,
La forêt mangera le forum des Halles,
Et les loups se battront sur les Champs Elysées.

(Roger Bevand)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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FABLE ET LABYRINTHE (Rosario Castellanos)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2023




    
FABLE ET LABYRINTHE

La petite fille ouvrit une porte et se perdit
dans la Tour du Vent
et chemina dans le froid et eut soif
et pleura de peur.
Tour du Vent où chaque cri s’amplifie
interminablement sans rencontrer d’écho.

La petite fille se trouvait dans cette Tour,
dans cette Tour vieille comme mon corps, abandonnée,
seule, en ruine comme mon corps.
Cherche-la dans la Tour, suis-la,
suis les empreintes de son pied menu,
l’odeur de jasmin de ses cheveux
et ses mains qui coulent comme deux ruisseaux
et ses yeux égarés.
Tout ici est bien gardé,
bien caché et prisonnier.
Appelle-la, d’un cri fais s’écrouler le mur,
rends-lui la vie avec ton sang si elle est morte.

Ensuite d’une langue abjecte et triste de chien affamé
j’ai léché son ombre jusqu’à l’effacer
et de mon deuil j’ai insulté le jour
et j’ai traîné mes sanglots sur le sol.
Regarde-moi dans mon coin, les cheveux défaits,
comme un jouet cendreux qui roucoule :
je donne le sein à un petit fantôme
tandis que l’araignée tisse sa toile d’épaisse fumée.
Regarde-moi : j’ai ouvert une porte et je me suis perdue
dans la Tour du Vent.

(Rosario Castellanos)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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Lis-les (Umar Abu Rishah)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023



Illustration
    
Lis-les
Feuillets d’un mort

C’est ma chambre,
l’oubli s’y est rouillé et le mutisme a vieilli !

Entre avec les bougies !
Elle est de ténèbres avec un repaire creusé à l’entrée.

Avance doucement,
la poussière et l’araignée pourraient prendre peur.

Auprès de ma coupe brisée
il y a une liasse de feuillets
et entre leurs deux couvertures une vie en éclats.

Apporte-les…
ta jeunesse passée s’y trouve
et la beauté à laquelle tu t’étais astreinte.

Lis-les…
ne me voile pas l’éternité,
publie-les…
ne me laisse pas mourir.

***

(Umar Abu Rishah)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Le Retour des rivières (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 30 décembre 2022




    
Le Retour des rivières

Toutes les rivières se jettent dans la mer ;
pourtant la mer n’est pas pleine ;
vers l’endroit d’où viennent les rivières,
là-bas elles retournent encore.

Il pleut aujourd’hui
dans les montagnes.

C’est une pluie verte et chaude
avec de l’amour
dans ses poches
car le printemps est là,
et ne rêve pas
de mort.

Des oiseaux tombe la musique
comme des horloges tic-taquent la houle
dans un pays
où les enfants aiment les araignées,
et les laissent dormir
dans leurs cheveux.

Une pluie lente grésille sur la rivière
comme une poêlée de fleurs frites,
et avec chaque goutte de pluie
l’océan
recommence.

***

The Return of the Rivers

All the rivers run into the sea;
yet the sea is not full;
unto the place from whence the rivers come,
thither they return again.

It is raining today
in the mountains.

It is a warm green rain
with love
in its pockets
for spring is here,
and does not dream
of death.

Birds happen music
like clocks ticking heaves
in a land
where children love spiders,
and let them sleep
in their hair.

A slow rain sizzles
on the river
like a pan
full of frying flowers,
and with each drop
of rain
the ocean
begins again.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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J’ai souri A l’araignée (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2022



J’ai souri
A l’araignée,

Ca ne lui a rien dit
Probablement.

(Guillevic)

Illustration

 

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HORS DE MOI (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2022




    
HORS DE MOI

Les coeurs sont à laver
Les plaies sont enlevées
L’étoile d’araignée brille dans la serrure
Il ne reste déjà qu’une ombre
Sur le mur
Et le peu de chaleur que tu m’avais laissée

Qu’importe
On vit sans peine
Une main qui rôdait va souffler sur la plaine
Un pli noir se détend
Et la roue du soleil fait chavirer le temps
Le ciel prend l’air

Me reconnaîtras-tu
Ma peau est à l’envers

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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Cent fois que je vais à la poste (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022




    
Cent fois que je vais à la poste
Pour aller chercher ta lettre.
À présent la nuit je ne dors plus,
je ne vis plus le jour.

Je crois, je crois à tous les signes,
Aux songes comme aux araignées,
Je crois aux skis, je crois en été
Aux barques étroites qui filent.

Je crois au vrombissement des automobiles,
À leurs orageux diesels,
Aux colombes messagères,
Aux mâts des navires.

Je crois aux sifflets des vapeurs,
Je crois aux trains,
Même à l’été
Je crois parfois.

Je crois dans les traîneaux à rennes,
Dans la boussole du voyageur
Près de ses cartes engivrées
Et dans la désolation de l’heure.

Dans les vaillantes kibitkas
Et dans les chiens d’attelage,
Aux escargots et leur sang-froid,
À l’indolence des tortues.

Je crois comme par enchantement,
Au sang qui se glace,
Je crois aussi à la patience
Et à ton amour.

(Kibitka : traîneau couvert)

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

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Quand elle tisse sa toile l’araignée (Hamid Tibouchi)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2022



Quand elle tisse sa toile l’araignée
éprouve-t-elle du plaisir souffre-t-elle
si elle pense à quoi pense-t-elle lui arrive-t-il
de s’ennuyer a-t-elle parfois des repentirs

(Hamid Tibouchi)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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Comme dans un tableau (Thomas Vineau)

Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2022




    
Comme dans un tableau

Aube glace à l’abricot
les cauchemars déplient
leur mâchoires endolories
dans des gestes d’oiseaux
existe
ue ombre
pour chaque chose
les araignées y cachent
des cathédrales tendres
et les hérissons
des secrets

(Thomas Vineau)

 

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Retouche au délaissement (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 27 septembre 2022


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la lumière a des trous de mémoire

de l’amour que la mort aimait
il reste au mur la trace d’un portrait
aux angles de la nuit les araignées du rêve

(Daniel Boulanger)

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