Il y a des portes
qui veulent être libres
de leurs gonds pour
voler avec de parfaits nuages.
Il y a des fenêtres
qui veulent être
détachées de leur
chambranle pour courir avec
les daims à travers les prés
de l’arrière-pays.
Il y a des murs
qui veulent rôder
avec les montagnes
à travers les premières
lueurs de l’aube.
Il y a des sols
qui veulent digérer
leurs meubles pour en faire
des fleurs et des arbres.
Il y a des toits
qui veulent voyager
gracieusement avec
les étoiles à travers
des cercles d’obscurité.
***
Let’s Voyage into the New American House
There are doors
that want to be free
from their hinges to
fly with perfect clouds.
There are windows
that want to be
released from their
frames to run with
the deer through
back country meadows.
There are walls
that want to prowl
with the mountains
through the early
morning dusk.
There are floors
that want to digest
their furniture into
flowers and trees.
There are roofs
that want to travel
gracefully with
the stars through
circles of darkness.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
Je vous écris sans savoir l’heure ou le temps qu’il fait,
d’un café, d’un hall de gare ou d’un aéroport,
d’un endroit qui vous tire le regard au dehors
sans que vous voyiez les flaques ni les ciels défaits.
Je vous écris dans cette échappée du quotidien.
C’est un voyage sans autres bruits que ceux des rues,
sans plus de larmes ou de cris ou de pas perdus
que dans une vie quelconque et son décor de rien.
C’est un lieu que je connais, un temps que je fréquente.
J’y ai des habitudes de vivant qui s’absente
dans un arrière-pays jamais très éloigné
où lève sous l’encre une nuée d’oiseaux de nuit
dont j’écris le vol dans l’espoir qu’il va m’enseigner
où ont émigré jadis les horizons promis.