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Poésie

Posts Tagged ‘ascension’

Au point repos du monde qui tourne (Thomas Stearns Eliot)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
Au point repos du monde qui tourne,
ni chair, ni privation de la chair,
ni venant de, ni allant vers…

Un point repos, là est la danse,
mais ni arrêt, ni mouvement,
ne l’appelez pas fixité,
passé et futur s’y marient.
Non pas mouvement de ou vers.
Non pas ascension ou déclin.
N’était le point, le point repos,
là, où il n’y aurait nulle danse,
là, il n’y a que danse.

(Thomas Stearns Eliot)

 

Recueil: 52 poèmes d’Occident pour apprendre à s’émerveiller
Editions: Pocket

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Lointaine, la beauté fine (Marc-Henri Arfeux)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2022



Illustration
    
Lointaine, la beauté fine

Lointaine, la beauté fine est ascension,
Roseraie de neige
Formant une maison claire
Sur la fumée du bleu.
Le monde ainsi donné
Rejoint l’enfant de son visage
En un matin,
Et ton regard ouvre les passes
Au plus léger de la lumière.
Le jour alors te reconnaît.
La buée rouge des fleurs,
Un chant, qui tout le jour
Accompagne mes yeux,
Tandis que je traverse,
Avec la brise et l’alouette,
Ce monde abandonné.

Où vont les herbes et les nuages,
Les écheveaux de la lumière,
Le papillon d’après-midi devant la lune,
Et ma figure, baignée de tant de paysages
Versant leurs heures,
De proche en proche vers le plus seul?

Ni moi, ni mon cheval ne le savons.
Dormir d’un seul éclat,
Les yeux ouverts
Au seuil des grands parfums d’étoiles.
Se souvenir de la fascination
De la pivoine
Follement donnée
Aux mains de transparence qui peuplent l’air,
En ce jardin de mai où traverser était un geste d’aube,
Puis s’éveiller
Dans le sourire de la lenteur
Sans fin recommencée
Par les allées d’automne
Où les pétales jamais défaits
Rassemblent un avenir
Ganté d’abeilles et de pollen.

Les yeux, cherchant cet or,
Suivent à distance
La mince nuée de la beauté,
Statue mouvante insaisissable,
Épousant l’air de son absence
Sans fin recommencée.

Traversant les reflets,
Tu marches entre les marbres
Hantés d’amour,
Un bouquet nu à tes paupières,
La bouche fardée de nuit,
Pour mieux offrir Le grain de l’aube
A la pulpe du vent.

(Marc-Henri Arfeux)

 

Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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GARDIENS DU FLEUVE (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020



 

Ettore Aldo Del Vigo -   (84)

GARDIENS DU FLEUVE

Nous
sommes les
gardiens du fleuve
les gardiens du collier de
perles qui court sur le vêtement de
la terre nous vivons sur tes rives nous
buvons de ton eau nous dansons sur tes
vagues nous crachons des dieux à chacune de
nos respirations nous répétons ton
nom poisson tortue taureau tigre
oiseau cheval serpent nous
répétons ton nom sans
relâche et sans fin
ton nom
Nous

Nous
pensons en
herbes sauvages
nous vivons en herbes
folles nous accompagnons les
temples qui glissent dans tes eaux
nous nous fardons avec la cendre des morts
nous recueillons le présent nous gardons le rythme
le chemin est le but le chemin est le but
le chemin est le but chaque moment
est absolu chaque moment
est vivant nous nous
écoulons dans la
lumière du
Nous

Nous
passons sur
l’autre rive murmure
Hermann Hesse laissons
nous porter porter par les eaux
répète Kathleen Raine approchons
instinctivement des bûchers demande
Pasolini regardons la mort la nuit quand Bénarès
est réduite à l’essentiel exhorte Moravia
entrons dans l’eau et baptisons-nous
sourit Henri Michaux aux
Indes si nous ne prions
c’est du temps donné
aux moustiques
Nous

Nous
sommes les
gardiens du fleuve
les gardiens de sa respiration
vive et chaude nous avons oublié
la douleur du voyage entre la naissance
et la mort nous avons oublié les taches de
sang dans le ciel nous dansons de vie en vie
nous transformons le pire en force
d’ascension nous nous unissons
à la poussière devenons
tourbillon où allons
nous vraiment sur
l’autre rive
Nous

(Zéno Bianu)

Illustration: Ettore Aldo Del Vigo

 

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Âme soumise aux mystères du mouvement (Philippe Jaccottet)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2020



Âme soumise aux mystères du mouvement,
passe emportée par ton dernier regard ouvert,
passe, âme passagère dont aucune nuit n’arrêta
ni la passion, ni l’ascension, ni le sourire.

Passe : il y a la place entre les terres et les bois,
certains feux sont de ceux que nulle ombre ne peut réduire.
Où le regard s’enfonce et vibre comme un fer de lance,
l’âme pénètre et trouve obscurément sa récompense.

Prends le chemin que t’indiquera le suspens de ton coeur,
tourne avec la lumière, persévère avec les eaux,
passe avec le passage irrésistible des oiseaux,
éloigne-toi : il n’est de fin qu’en l’immobile peur.

(Philippe Jaccottet)

Illustration

 

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LA VIE VOYAGE (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2019



Carl Warner _01

LA VIE VOYAGE

Aucune marche
Aucune navigation
N’égalent celles de la vie
S’actionnant dans tes vaisseaux
Se centrant dans l’îlot du coeur
Se déplaçant d’âge en âge

Aucune exploration
Aucune géologie
Ne se comparent aux circuits du sang
Aux alluvions du corps
Aux éruptions de l’âme

Aucune ascension
Aucun sommet
Ne dominent l’instant
Où t’octroyant forme
La vie te prêta vie
Les versants du monde
Et les ressources du jour

Aucun pays
Aucun périple
Ne rivalisent avec ce bref parcours :

Voyage très singulier
De la vie
Devenue Toi.

(Andrée Chedid)

Illustration: Carl Warner

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MARÉES (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2019



MARÉES III

Tout est marée
Vertige des cavernes
Ascension des collines

Tout est flux et reflux
L’ombre carnassière
Talonne chaque clarté

Tout est chemin
Le fossé qui nous creuse
Comme le feu qui survient

***

MARÉES VI

Faisant fleuve de toutes larmes
Océan de toute sueur
Cavernes de toute parole
Blessures de tout regard

Nous créons parfois nos spectacles
L’âpreté de nos fièvres
Le silence de nos trappes

(Andrée Chedid)

Illustration

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Même après la nuit de la chute (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2019




    

Même après la nuit de la chute
jusqu’à l’abîme, tu resteras
dans les orbites de nos proches et amis
Une demeure : La poésie comme l’amour a ses portes et ses légendes
Elle accorde pour les amants et les poètes les baies de ses désirs,
les couches de ses voluptés,
et ses répits.
Notre mort sera
une autre langue
dans les ascensions de nos futurs secrets.

(Adonis)

 

Recueil: Lexique amoureux
Traduction: Vénus Khoury-Ghata Issa Makhlouf Houria Abdelouahed
Editions: Gallimard

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BLASON DÉDORÉ DE MES RÊVES (René Char)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2019



BLASON DÉDORÉ DE MES RÊVES

Je suis fils de mes origines
J’en ai les rides les ravines
Le sang léger la sève épaisse
Les sommets flous les caves sombres
La rosée et la rouille
Je m’équilibre et je chavire
Comme les couches de terrain
Et je m’étale et je me traîne
Je brûle et je gèle à jamais
Et je suis insensible
Car mes sens engloutissent
La chute et l’ascension
La fleur et sa racine
Le ver et son cocon
Le diamant et la mine
L’œil et son horizon

(René Char)

Illustration

 

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Le poème (René Char)

Posted by arbrealettres sur 25 mai 2019



 

Igor Morski 1960  (1) [1280x768]

Le poème est ascension furieuse ;
la poésie, le jeu des berges arides.

(René Char)

Illustration: Igor Morski 

 

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La douleur te laissa sans âme (Juan Ramón Jiménez)

Posted by arbrealettres sur 12 août 2018



 

Matthias Grünewald _-_The_Crucifixion_(detail)_ 5

(La vérité et Grünewald)

La douleur te laissa
sans âme, comme morte.
Et tu tombas, lourde et sans poids, entre les bras
de qui te navrait,
en une concession totale de vie et de mort.

Quelle fleur flétrie
ainsi belle plus tristement, lis blanc
de chair exacte et légère, doux nard de ce monde,
presque une étoile alors d’un autre monde ;
nard de l’entre deux mondes ?

Là, sur le sol noir, tu semblais,
non pas un corps avec une âme en ascension
mais une âme tombée d’un corps céleste.
mal tenue dans des bras
qui ne te comprenaient pas —,
tâche lunaire de lune errante
sur la misérable scorie ;
tâche lunaire de lune errante !

***

(La verdad y Grünewald)

La pena te dejó
sin alma, como muerta.
Y te caíste, ingrávida y pesada, entre los brazos
de quien te lastimaba,
en una concesión total de vida y muerte.
¿Qué flor marchita
más tristemente bella así, azucena
de carne exacta y leve, dulce nardo de este mundo,
entonces casi estrella de otro mundo;
nardo de entre dos mundos?
No cuerpo con el alma en ascensión
sino alma caída de cuerpo celestial
parecías allí, en el suelo negro
—mal tenida por brazos
que no te comprendían—,
¡lunar de luna errante
sobre la miserable escoria;
lunar de luna errante!

(Juan Ramón Jiménez)

Illustration: Matthias Grünewald

 

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