Posted by arbrealettres sur 10 mars 2023

LE CRI
Dans la cité fortifiée
des quartiers s’abîment
un homme s’arrête étonné
d’une voix qui mue
une à une à l’asile
il faut laver les folles
une restant belle s’y prête
malgré des larmes silencieuses.
Des chiens s’acharnent
autour d’os à lambeaux
quelqu’un vainement crie: assez.
(Jean Follain)
Illustration: Edvard Munch
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Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023

HOMMAGE AUX UPANISHADS
Sentir qu’on est Quelqu’un
Équivaut à conduire
Son propre corbillard en quelque sorte —
La destination est claire.
Je ne veux pas être
La peau du fruit
Ni la chair
Ni même la graine,
Qui ne ferait que devenir un autre
Fruit bien portant
Le secret celé à l’intérieur de la graine
Devient mon besoin, et ainsi,
Je me réduis au néant
À l’intérieur de la graine.
Au début il fait froid,
Je frissonne,
Plus tard arrive une touche de vérité,
Un ferment dans les ténèbres,
Et enfin une lumière qui agace.
Pour l’heure c’est assez
Que je sois libre
D’être le Moi en qui je suis,
Qui n’est pas Quelqu’un —
Pas, en tout cas,
L’ego mortel,
Mais l’oeil de l’oeil
Qui s’efforce de voir
(Nissim Ezekiel) (1924-2004)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022

HOMME MORT
Moi qui n’en suis pour rien dans ma venue sur terre
Qui n’ai jamais appris les mots que pour me taire
Et marche lentement de peur de tout briser
Croyez-vous que je puisse encor vous satisfaire
Tant de mains attendues n’en valent plus la peine
Une heure d’amitié ne fait pas la semaine
Est-ce mon sang déjà qui teinte le pavé
Mon coeur découragé qui tire sur sa chaîne
A quoi bon ces matins sans hâte de l’enfance
Ces fausses libertés mes désobéissances
Les grains d’or du soleil au fond du sablier
Puisque toute ma vie est faite de silence
C’est là dans mon grenier derrière la fenêtre
Avec le ciel qui bouge au fond pour me remettre
Un instant dans le cycle effarant du passé
Que je serai tenté un soir de disparaître
Alors que vous importe un cri dans le naufrage
Le fardeau de ma joie est un maigre bagage
De la douleur, mon Dieu, j’en eus toujours assez
Mon ombre fut mon seul compagnon de voyage
(René Guy Cadou)
Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (René Guy Cadou), amitié, apprendre, assez, attendre, bagage, bouger, briser, chaîne, ciel, coeur, compagnon, cri, croire, cycle, décourager, désobéissance, derrière, Dieu, disparaître, douleur, effarant, encore, enfance, faire, fardeau, faux, fenêtre, fond, grain, grenier, hâte, heure, homme, importer, instant, joie, lentement, liberté, maigre, main, marcher, matin, mort, mot, naufragé, ombre, or, passé, pavé, peine, peur, pouvoir, remettre, rien, sablier, sang, satisfaire, se taire, semaine, seul, silence, soleil, teinter, tenter, terre, tirer, valoir, venue, vie, voyage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2021

Tu n’as pas assez d’ouvertures
je n’ai pas assez de mille bouches
pour notre désir d’unité.
(André Frénaud)
Illustration: Oleg Zhivetin
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Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2021

Illustration: Rémi Polack
Jamais assez c’est trop
Elle cherche à donner
et donner encore
plus
mais elle n’a qu’un seul coeur
alors
le corps sans limite donné
et donné encore
plus
mais elle n’a que deux seins
ce ne sera jamais assez
il faudrait multiplier cette chair tenue aux limites
d’un corps de femme
il faudrait partager et partager encore
le don
jusqu’à ne plus pouvoir donner
que l’infime étincelle
d’amour
contenue
dans chaque poussière de lait
ou d’océan.
(Jeanne Benameur)
Recueil: De bronze et de souffle, nos coeurs
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Jeanne Benameur), amour, assez, étincelle, chair, chercher, coeur, contenir, corps, donner, encore, femme, infime, jamais, lait, limite, multiplier, océan, partager, plus, poussière, pouvoir, sein, seul, trop | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 mai 2021
Celle qu’il a désirée
Assez pour croire
Pouvoir par elle
S’approprier
Jusqu’au désert.
(Guillevic)
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Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020

Mais moi
je suis un vieillard. J’
en ai assez.
Le principe féminin du monde
est mon appel
à l’extrémité
où je suis rendu.
(William Carlos Williams)
Illustration: Paul Ranson
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Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2020

Illustration: Hashiguchi Goyō
On n’aère jamais
assez tous ses kimonos
et son coeur de femme
***
かけたらぬ女心や土用干
kaketaranu / onnagokoro ya / doyôboshi
(Chiyo-ni)
Recueil: Chiyo-ni Une femme éprise de poésie
Traduction: Grace Keiko / Monique Leroux Serres
Editions: Pippa
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Posted by arbrealettres sur 24 juin 2020

Illustration: Guy Swyngedau
La souffrance est comme un ciseau
Qui tranche dans la chair vivante
Et j’en ai subi l’épouvante
Comme de la flèche à l’oiseau
Du feu du désert à la plante
Comme la glace sur les eaux
Mon coeur a subi les injures
Du malheur et de l’injustice
Je vivais en un temps impur
Où certains faisaient leurs délices
D’oublier leurs frères leurs fils
Le hasard m’a clos dans ses murs
Mais dans ma nuit je n’ai rêvé que de l’azur.
*
Je pouvais tout et je ne pouvais rien
Je pouvais tout aimer mais pas assez.
(Paul Eluard)
Recueil: Poésie ininterrompue
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 23 juin 2020

Illustration: Pablo Picasso
JE DIS TOUJOURS LA MÊME CHOSE
Je dis de toi et de la rose
Mes poèmes sont évidents
Je dis toujours la même chose
La vie l’amour la mort le temps
Prenant les phrases toutes faites
les vérités de tous les jours
je ne suis ni ange ni bête
mais je me répète toujours
Je dis de toi et du bonheur
et la chaleur d’être avec toi
Je dis de toi et du malheur
le tourment de n’être que moi
Je dis ce que chacun devine
l’a b c de la clef des chants
Le fil sans fin que j’embobine
n’est qu’un gros fil cousu de blanc
Je me répète et recommence
Je ne dis que ce que je sais
mon souci mon insouciance
mon embarras C’est bien assez
Je me reprends sans fin ni cesse
Est-ce vraiment vraiment le même
qui dans sa fausse vraie paresse
n’est que l’absence de soi-même
Toujours distrait si je médite
toujours ailleurs si je suis là
qui donc en moi veille et persiste
à être moi si malgré moi
Un jour vient où la persistance
que j’avais cru perdre à tous vents
devient le fil de la constance
signant la trace d’un vivant
Ce n’est peut-être que ma mort
qui saura bien photographier
fini le jeu de j’entre-et-sors
cet inconnu qui m’échappait
Il dit toujours la même chose
il redécouvre à chaque instant
la même évidence morose
la même joie qui n’a qu’un temps
Mais un seul fruit songe et s’accroît
dans la fleur en métamorphose
se répétant moins qu’on ne croit
disant toujours la même chose.
(Claude Roy)
Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
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