Posts Tagged ‘assombrir’
Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023

DEUX NUITS D’AMOUR
Après une nuit d’amour j’ai rêvé d’amour
sans me limiter au battage de cuisses et de seins
Qui portent mon poids ainsi qu’un esprit
Léger et libre. Je voulais être lié
À l’intérieur d’une liberté fraîche comme le nom de Dieu
À travers tous les siècles d’absence de Dieu.
Après une nuit d’amour je me suis tourné vers l’amour,
Les cuisses batteuses, les seins chantants,
Épuisé par l’acte, le désirant encore,
Dans une liberté vieille comme la terre
Et fraîche comme le nom de Dieu, à travers tous
Les siècles de beauté assombrie.
(Nissim Ezekiel) (1924-2004)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Nissim Ezekiel), absence, acte, amour, assombrir, à travers, épuiser, battage, beauté, cuisse, désirer, Dieu, encore, esprit, frais, intérieur, léger, liberté, libre, lier, nom, nuit, poids, porter, rêver, se limiter, se tourner, sein, siècle, terre, vieux, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023

Illustration: Dai Dunbang
SUR L’AIR D’UN BODDHISATVA D’AILLEURS
Sous des étincelles d’astres, par la lune assombrie,
enveloppée de brume légère,
C’est là une belle nuit pour vous rejoindre, mon Seigneur,
Chaussettes retirées pour gravir les marches parfumées,
Tenant à la main mes escarpins cousus d’or.
Du côté sud de la salle aux peintures vous voici ;
Là, une fois contre vous blottie toute tremblante :
Votre servante s’est donné du mal pour s’échapper,
S’il vous plait, laissez-vous bien aller à la tendresse.
***

(Li Yù) (937 – 978)
Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise
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Posted in poésie | Tagué: (Li Yü), ailleurs, air, aller, assombrir, astre, étincelle, beau, blotti, Boddhisatva, brume, côte, chaussette, coudre, envelopper, escarpin, gravir, laisser, léger, lune, main, mal, marche, nuit, or, parfumer, peinture, rejoindre, retirer, s'échapper, salle, seigneur, servante, sud, tendresse, tenir, trembler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022

Il y a quelque chose de terrible dans chaque vie.
Il y a, dans le fond de chaque vie,
une chose terriblement lourde, dure et âpre.
Comme un dépôt, un plomb, une tache.
Un dépôt de tristesse, un plomb de tristesse, une tache de tristesse.
À part les saints et quelques chiens errants,
nous sommes tous plus ou moins contaminés par la maladie de la tristesse.
Plus ou moins. Même dans nos fêtes elle peut se voir.
La joie est la matière la plus rare dans ce monde.
Elle n’a rien à voir avec l’euphorie, l’optimisme ou l’enthousiasme.
Elle n’est pas un sentiment. Tous nos sentiments sont soupçonnables.
La joie ne vient pas du dedans,
elle surgit du dehors — une chose de rien, circulante, aérienne, volante.
On lui accorde beaucoup moins de crédit qu’à la tristesse qui, elle,
fait valoir ses antécédents, son poids, sa profondeur.
La joie n’a aucun antécédent, aucun poids, aucune profondeur.
Elle est toute en commencements, en envols, en vibrations d’alouette.
C’est la chose la plus précieuse et la plus pauvre du monde.
Il n’y a guère que les enfants pour la voir. Les enfants, les saints, les chiens errants.
Et toi. Tu l’attrapes au vol, tu la redonnes aussitôt, il n’y a rien d’autre à en faire.
Et tu ris, tu ne sais que rire devant tant de richesse donnée, reçue.
Tu as pourtant affaire, comme chacun, à cette chose terrible dans ta vie,
à cette ombre terriblement lourde, dure, âpre.
Tu lui fais place comme au reste.
Tu ouvres la porte à la tristesse si aimablement qu’elle en est perdue,
qu’elle en perd ses manières sombres et qu’on ne la reconnaît plus.
La grâce se paie toujours au prix fort.
Une joie infinie ne va pas sans un courage également infini.
Dans tes rires c’est ton courage que j’entendais:
un amour de la vie si puissant que même la vie ne pouvait plus l’assombrir.
(Christian Bobin)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Christian Bobin), amour, assombrir, âpre, courage, dur, fête, grâce, lourd, maladie, ombre, pauvre, place, plomb, précieux, prix, profondeur, richesse, se payer, sentiment, sombre, surgir, tache, terrible, tristesse, vie | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022

Reste l’amour qui nous enlève de tout sans nous sauver de rien.
La solitude est en nous comme une lame, profondément enfoncée dans les chairs.
On ne pourrait nous l’enlever sans nous tuer aussitôt.
L’amour ne révoque pas la solitude. Il l’a parfait. il lui ouvre tout un espace pour brûler.
L’amour n’est rien de plus que cette brûlure, comme au blanc d’une flamme.
Une éclaircie dans le sang. Une lumière dans le souffle. Rien de plus.
Et pourtant il me semble que toute une vie serait légère penchée sur ce rien.
Légère, limpide : l’amour n’assombrit pas ce qu’il aime.
Il ne l’assombrit pas parce qu’il ne cherche pas à le prendre. il le touche sans le prendre.
Il le laisse aller et venir. Il le regarde s’éloigner, d’un pas si fin qu’on ne l’entend pas mourir :
éloge du peu, louange du faible.
L’amour s’en vient, l’amour s’en va. Toujours à son heure, jamais à la nôtre.
Il demande, pour venir, tout le ciel, toute la terre, toute la langue.
Il ne saurait tenir dans l’étroitesse d’un sens.
Il ne saurait même pas se se contenter d’un bonheur.
L’amour est liberté.
La liberté ne va pas avec le bonheur. Elle va avec la joie.
La joie est comme une échelle de lumière dans notre coeur.
Elle mène à bien plus, plus haut que nous, à bien plus haut qu’elle :
là où plus rien n’est à saisir, sinon l’insaisissable.
(Christian Bobin)
Illustration: Bill Viola
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Christian Bobin), aimer, amour, assombrir, échelle, éclaircie, bonheur, brûler, brûlure, chair, enfoncé, enlever, espace, flamme, haut, insaisissable, joie, lame, légère, liberté, lumière, ouvrir, parfaire, prendre, sang, solitude, souffle, tuer | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022

VENT ET PLUIE
Vent et pluie ont frémi,
Le coq jette des cris.
Quand j’ai vu mon chéri,
Je n’ai plus de souci.
Vent et pluie ont mugi,
Le coq pousse des cris.
Quand j’ai vu mon chéri,
Mon mal est bien guéri.
Vent et pluie assombris,
le cri sans cesse retentit.
Quand j’ai vu mon chéri,
De joie mon coeur bondit.
(Anonyme)
***

Recueil: Poèmes choisis et illustrés du Livre de la Poésie
Traduction:
Editions: China Intercontinental Press
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Posted in poésie | Tagué: (anonyme), assombrir, bondir, coeur, coq, cri, frémir, guérir, jeter, joie, mal, mugir, pluie, pousser, retentir, sans cesse, souci, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2022
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Posted in haïku, poésie | Tagué: (Anne Tardy), assombrir, ignorer, marcheur, montagne, nuage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 juin 2021

NOUS ÔTERONS LA SOIE FINE DE NOS VÊTEMENTS (Du cycle « Envoyé au loin »)
Elle vivait
à l’est de Chongling.
Il demeurait sur une île
du fleuve Chan
et le jour entier regardait
la lumière de la fleur.
Courant constamment
l’un vers l’autre,
ils se sont fait
un petit chemin blanc.
Quand le nuage et la pluie
se sont séparés,
le sentier a disparu
sous les herbes automnales
au-dessus desquelles volettent
les papillons tardifs.
Dans l’amour assombri
pénètre un éclat de soleil,
comment en serait-il autrement?
Quand à nouveau
nous nous reverrons,
nous éteindrons la chandelle
et ôterons la soie fine
de nos vêtements.
(Li Bo)
Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche
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Posted in poésie | Tagué: (Li Bo), amour, assombrir, automnal, éclat, éteindre, île, ôter, chandelle, chemin, constamment, courir, demeurer, disparaître, fin, fleur, fleuve, herbe, lumière, nuage, papillon, pénétrer, pluie, regarder, se revoir, se séparer, sentier, soie, soleil, tardif, vêtement, vivre, voleter | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2021
Illustration: Freydoon Rassouli
Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux.
Comme le soleil fait serein ou pluvieux
L’azur dont il est l’âme et que sa clarté dore,
Tu peux m’emplir de brume ou m’inonder d’aurore.
Du haut de ta splendeur, si pure qu’en ses plis
Tu sembles une femme enfermée en un lys,
Et qu’à d’autres moments l’œil qu’éblouit ton âme
Croit voir, en te voyant, un lys dans une femme,
Si tu m’as souri, Dieu ! tout mon être bondit ;
Si, madame, au milieu de tous, vous m’avez dit,
À haute voix : Bonjour, monsieur, et bas : Je t’aime !
Si tu m’as caressé de ton regard suprême,
Je vis ! je suis léger, je suis fier, je suis grand ;
Ta prunelle m’éclaire en me transfigurant ;
J’ai le reflet charmant des yeux dont tu m’accueilles ;
Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles,
On sent de la gaîté sous chacun de mes mots ;
Je cours, je vais, je ris ; plus d’ennuis, plus de maux ;
Et je chante, et voilà sur mon front la jeunesse !
Mais que ton cœur injuste un jour me méconnaisse ;
Qu’il me faille porter en moi jusqu’à demain
L’énigme de ta main retirée à ma main :
— Qu’ai-je fait ? qu’avait-elle ? Elle avait quelque chose.
Pourquoi, dans la rumeur du salon où l’on cause,
Personne n’entendant, me disait-elle vous ? —
Si je ne sais quel froid dans ton regard si doux
A passé comme passe au ciel une nuée,
Je sens mon âme en moi toute diminuée ;
Je m’en vais courbé, las, sombre comme un aïeul ;
Il semble que sur moi, secouant son linceul,
Se soit soudain penché le noir vieillard Décembre ;
Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre ;
Le chagrin — âge et deuil, hélas ! ont le même air —
Assombrit chaque trait de mon visage amer,
Et m’y creuse une ride avec sa main pesante.
Joyeux, j’ai vingt-cinq ans ; triste, j’en ai soixante.
(Victor Hugo)
Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aïeul, accueillir, aile, aimer, air, aller, amer, assombrir, au milieu, aurore, azur, âge, âme, éblouir, éclairer, énigme, être, bois, bondir, bonjour, brume, caresser, causer, chagrin, chambre, chanter, charmant, ciel, clarté, coeur, courber, courir, creuser, croire, décembre, demain, deuil, Dieu, diminuer, dorer, doux, emplir, enfermer, ennui, entendre, femme, feuille, fier, froid, front, gaîté, grand, injuste, inonder, jeune, jeunesse, joyeux, las, léger, linceul, loup, lys, madame, main, mal, méconnaître, monsieur, mot, nuée, oeil, passer, pencher, personne, pesant, plaire, pli, pluvieux, porter, pourquoi, pouvoir, prunelle, pur, reflet, regard, rentrer, retirer, ride, rire, rumeur, salon, secouer, sembler, sentir, serein, soleil, sombre, sourire, splendeur, suprême, trait, transfigurer, triste, trou, vieillard, vieux, visage, vivre, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2020

Illustration: Etienne-Maurice Falconet
Chanson Noire
Je meurs et renais à la lumière –
éclatée, mon âme est en vrac,
la journée sans relâche je construis,
la nuit sans pitié je détruis.
*
Je désire une journée simple,
les orages couvrent la mer assombrie,
Je cherche une tempête – à moi
des cris et le murmure des morts.
*
je désire des aubes ardentes
mais leurs lumières m’aveuglent,
au printemps et à l’automne, je languis,
à l’automne et au printemps, j’espère.
*
Sur l’impassible fuite incessante du temps
ma vie non vécue s’estompe en silence
et mon cri meurt sur le quai
et dans un grand désert plonge.
***
Черна песен
Аз умирам и светло се раждам –
разнолика, нестройна душа,
през деня неуморно изграждам,
през нощта без пощада руша.
*
Призова ли дни светло-смирени,
гръмват бури над тъмно море,
а подиря ли буря – край мене
всеки вопъл и ропот замре.
*
За зора огнеструйна копнея,
а слепи ме с лъчите си тя,
в пролетта като в есен аз крея,
в есента като в пролет цъфтя.
*
На безстрастното време в неспира
гасне мълком живот неживян
и плачът ми за пристан умира,
низ велика пустиня развян.
(Dimcho Debelyanov)
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Posted in poésie | Tagué: (Dimcho Debelyanov), ardent, assombrir, aube, automne, aveugler, âme, éclater, chanson, chercher, construire, couvrir, cri, désert, désirer, détruire, en vrac, espérer, fuite, impassible, journée, languir, lumière, mer, mort, mourir, murmuré, noir, nuit, orage, pitié, plonger, printemps, quai, relâché, renaître, s'estomper, silence, simple, tempête, temps, vie, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 août 2019

Unité
Cette nuit ma montre halète
près de ma tempe assombrie, comme
le barillet d’un revolver qui tourne
sous la gâchette sans trouver la balle.
La lune blanche, immobile, pleure,
et c’est un oeil qui vise… Et je sens comme
estampe sa marque le grand Mystère en une idée
hostile et ovoïde, en une balle vermeille.
Ah, main qui limite, qui menace
derrière toutes les portes, qui souffle
dans toutes les montres, qui cède et passe !
Sur l’araignée grise de ta structure,
une autre grande Main faite de lumière porte
une balle qui a la forme azur du coeur.
(César Vallejo)
Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion
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Posted in poésie | Tagué: (César Vallejo), araignée, assombrir, azur, balle, barillet, blanc, céder, coeur, estampe, forme, gâchette, gris, haleter, hostile, idée, immobile, limiter, lumière, lune, main, marque, menacer, montre, mystère, nuit, oeil, ovoïde, passer, pleurer, porte, porter, revolver, sentir, souffler, structure, tempe, tourner, trouver, unité, vermeil, viser | Leave a Comment »