Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘atelier’

LAUDES (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2021




LAUDES

Désirer d’amour, défricher
Le corps des saisons manuelles.
Labourer le temps de ce monde
Dans l’année d’un grand rituel.
Ne plus te vouloir, écouter.
Ne plus te connaître, te voir.
T’éveiller, dormir, oublier
Et toujours, Soleil, te revoir
Et travailler ton existence
Dans l’atelier spirituel.

(Henry Bauchau)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

UN DUO (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2021



Illustration: Giorgio de Chirico
    
UN DUO
(Le duo)

Un couple de mannequins en bois utilisé dans les ateliers de sculpture :
habitants typiques du monde chiriquien.
Qu’attendre des amours d’un tel couple
si ce n’est un rituel d’insectes rigides, une pariade de robots ?

— Étant sans bras pour nous étreindre, rien ne pourra nous séparer.
— Étant sans sexe pour aimer, rien ne pourra nous désunir.
— Sans yeux et sans nez, mon visage. je suis une élégie de cire.
— Sans front; sans bouche, mon partage. je suis un brouillon de sourire.
— Mannequins au torse d’absence ?
— Simulacres que l’éther encense ?
— Appelants du plus grand silence ?
— Aubiers d’être enfantés du tremble ?

Le savez-vous qu’ainsi livrés à la rigidité dorienne des momies,
vous êtes entrelacés à l’énigme du monde?
Le savez-vous qu’en cette terrasse ensoleillée
s’ébauche en vous une théologie des automates ?

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LE CORDONNIER (Eliezer Steinbarg)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2019



Illustration: Max Liebermann
    
LE CORDONNIER

Petit cordonnier dans son atelier
Cloue et recloue au marteau les souliers,
Et plante une pointe, et frappe, et répète.
Alors lui parle la clochette:
– Tête !
Pourquoi tintes-tu, si bête,
Toc, toc, toc et toc, toc, toc, toc…
Sonne clair! Clair, clair, clair! Écoute-moi,
Je sais sonner, moi, moi, moi.
Moi j’ai de l’esprit, je suis…
– Tu es fille à tête vide
Avec ta langue stupide,
Lui réplique le marteau,
Toi qui toute la journée
Dans la tête veut sonner
Mais que laisse ton écho ?
Nulle pensée, aucun chant,
Clair, clair, clair, son de néant
Et rien de plus !
Moi je frappe et travaille dur
Car l’enfant s’en va nu-pieds
Et je lui fais des souliers !

(Eliezer Steinbarg)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

DEMAIN LA VEILLE (extrait) (Luc Bérimont)

Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2019



 

Ohara Koson  __

DEMAIN LA VEILLE (extrait)

Les pousses adoptent sous la terre
Un comportement menuisier
Patience et géométrie
Un atelier sans liberté
Polit des linteaux d’étamines

J’apprends à retarder les mots
Par un mimétisme pareil
Une prudence de fraisier
Dans un printemps frileux

Par les tiges souples du feu
Je connais le vent, cru
l’ouest
Je vois par un ramier
J’entends par un renard

Le chat m’ouvre un été
La tulipe un soleil

Par les lettres vertes de l’eau
Et par le corps heureux des pierres
Je connais l’issue et l’entrée :
une population d’oiseaux
une mouche dont je suis l’aile.

(Luc Bérimont)

Illustration: Ohara Koson

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

La Bohème (Charles Aznavour)(Jacques Plante)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2018



 

Illustration: Alcide Théophile Robaudi
    
La Bohème

Je vous parle d’un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l’humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C’est là qu’on s’est connu
Moi qui criait famine
Et toi qui posais nue

La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On est heureux
La bohème, la bohème
Nous ne mangions qu’un jour sur deux

Dans les cafés voisins
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire
Et bien que miséreux
Avec le ventre creux
Nous ne cessions d’y croire
Et quand quelque bistro
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l’hiver

La bohème, la bohème
Ça voulait dire
Tu es jolie
La bohème, la bohème
Et nous avions tous du génie

Souvent il m’arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches
Retouchant le dessin
De la ligne d’un sein
du galbe d’une hanche
Et ce n’est qu’au matin
Qu’on s’asseyait enfin
Devant un café-crème
Épuisés mais ravis
Fallait-il que l’on s’aime
Et qu’on aime la vie
La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l’air du temps

Quand au hasard des jours
Je m’en vais faire un tour
À mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d’un escalier
Je cherche l’atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts

La bohème, la bohème
On était jeunes
On était fous
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout

(Charles Aznavour)(Jacques Plante)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

GALATÉE ET PYGMALION (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 14 février 2018



Illustration: Anne-Louis Girodet de Roussy Trioson
    
GALATÉE ET PYGMALION

Pygmalion, sculpteur, a travaillé la pierre
Si bien que Galatée idéale apparaît.
Il a mis tout son coeur à cet effort secret
Toute son âme émue et toute sa lumière.

Là voilà, blanche dans l’atelier solitaire,
Finie aux yeux, finie aux reins et l’on croirait
Que le pied délicat quitte le socle, prêt
A courir dans la vie. Et même la paupière

A remué! Ce n’est pas une illusion…
Le marbre devient chair! Pourquoi, Pygmalion,
As-tu fait si charmeurs ces seins et ces épaules?

Elle vit. Écrasé sous sa mignonne main
Tu subis nos douleurs d’hier et de demain :
L’épine de la rose et la neige des pôles.

(Charles Cros)

 

Recueil: Le Collier de griffes
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

AUCUN DIEU (Yves Bonnefoy)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2017




Illustration
    
AUCUN DIEU

Aucun dieu ne l’aura voulu, ni même su,
Aucun ne l’a accompagné dans sa fatigue,
Un rêve, cet enfant sur le boulevard
Qui marche près de lui, ceint de lumière.

Aucun n’est mort à l’heure où il est mort,
N’a pris sa main dans les draps en désordre,
Aucun n’aura jamais travaillé près de lui
Dans l’atelier qui remplaça la vie.

Remonte, dans les mots qui disent le monde,
Son silence, qui les dénie, qui me demande
D’en imaginer d’autres, mais je ne puis.

Personne n’a posé son regard sur lui.
Ce qui aurait pu être ne sera pas.
La parole ne sauve pas, parfois elle rêve.

(Yves Bonnefoy)

 

Recueil: L’heure présente
Editions: Mercure de France

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Dans les nervures d’un chêne (Marie-Claire Bancquart)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2017




Illustration: ArbreaPhotos
    

Dans les nervures d’un chêne
dans l’odeur profonde des truffes
je m’en vais faire un atelier de désécriture.

Tu viens alors, le mot.
Il y a toujours un moment fauve dans les feuilles.

À moi de le trouver, de le donner à voir.

(Marie-Claire Bancquart)

 

Recueil: Terre Energumène
Editions: Le Castor Astral

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’Atelier des mondes (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 11 mai 2017



 

Ernest Pignon-Ernest   ff2

L’Atelier des mondes
(extraits)

il faut écouter longtemps
tomber la nuit
pour parvenir au noir
au fond noir des choses

saisir
la tombée du noir
de la vie
l’ombre du plus sombre
au plus bas
la suie du désespoir

~

dans la caverne
on avale la nuit
de toutes ses forces

la douleur s’écrit
au plus sombre du temps

jusqu’au bleu du noir
où la main crépite
dans la caverne
tout au fond des nerfs
c’est un espace
à brûler les anges

~

quand l’horizon
s’épuise
à l’affût
des voix d’outre-bleu

les copistes de l’abîme
vont à l’origine du livre
hauts récits de ciel
arc-en-nerfs
à bleu ouvert

(Zéno Bianu)

Illustration: Ernest Pignon-Ernest

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

J’ai été hier dans l’atelier d’un potier (Omar Khayam)

Posted by arbrealettres sur 1 avril 2017



J’ai été hier dans l’atelier d’un potier.
J’y ai vu deux mille vases silencieux ou parlant entre eux.
Chacun me demandait dans son langage:
“Qui est le potier? qui l’acheteur? qui le vendeur?”

(Omar Khayam)

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :