Posts Tagged ‘(Attila Jozsef)’
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2020
Fillettes
En longue file, viennent et vont
Les diablotins, mes petites saintes;
Et c’est du chaud pain frais que leur front –
Yeux de charbon, braises de charbon
Encor non éteintes.
En longue file, viennent et vont,
Et leurs amours aux fleurs sont pareilles;
Comme muguets aiment les garçons –
Vont aux garçons comme grives vont
Aux raisins des treilles.
En longue file, viennent et vont,
Même pleurantes, ne font que rire;
Lointaines sont, et lointaines vont –
Ainsi l’on voit, par les soirs trop bons,
Les étoiles luire.
(Attila Jozsef)
Illustration: Jean-Honoré Fragonnard
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), amour, éteint, étoile, braise, diablotin, file, fillette, fleur, front, grive, lointaine, luire, muguet, pleurant, raisin, rire, sainte, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 mars 2019
Le printemps est là, superbe!
Il est là, le printemps, le superbe printemps!
De longs bateaux légers, le vieux Danube rêve.
Il est là, le printemps, le printemps plein de sève!
Entends…
Et vois le vent d’avril qui roule et qui soulève
Les senteurs de nos prés. Avec elles, joyeux,
Le vent joue au cerceau. Sens-tu son allégresse?
Dis-le! Sais-tu ce que je veux?
Il me faudrait une maîtresse
Sous le venteux éveil,
Une maîtresse au souffle frais, vermeil,
A la carnation de perce-neige.
« Etreins-moi, Belle Biche! Encore! » lui dirai-je.
Chaque enfant est un rire au savoureux solfège.
II est là, le printemps,
Le joyeux cri du ciel! Entends!
II est venu, dis-tu, plus tôt que de coutume?
L’hiver aurait-il existé?
Il n’a jamais été!
Avant de naître, il fut posthume!
Eclose ton grand cœur! Jaillissent les bourgeons
Issus de nos poumons!
Monte le vent d’avril plus léger que la plume!
(Attila Jozsef)
Illustration: François-Joseph Durand
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), allégresse, éclore, éveil, bateau, bourgeon, carnation, cri, entendre, hiver, jaillir, joyeux, maîtresse, perce-neige, plume, poumon, printemps, senteur, soulever, superbe, vermeil, voir | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2018

Attila Jozsef
Coeur Pur
Je n’ai ni père, ni mère,
Ni dieu, ni foyer,
Ni berceau, ni bière,
Ni amante, ni baiser.
Trois jours déjà sans manger,
Ni bombance, ni bouchée.
Mon empire, c’est mes vingt ans.
Mes vingt ans, je vous les vends.
Et si nul n’en veut, ma foi,
Le diable, lui, me les prendra.
Le cœur pur, j’irai voler,
S’il le faut, assassiner.
On m’arrêtera, me pendra,
En terre chrétienne m’enterrera,
Et une ivraie homicide
Croîtra sur mon cœur splendide.
(Attila Jozsef)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
Recueil: Ni père ni mère
Traduction: Guillaume Métayer
Editions: Sillage
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), amant, arrêter, assassiner, baiser, berceau, bière, bombance, bouchée, coeur, croître, diable, Dieu, empire, enterrer, foyer, homicide, ivraie, manger, mère, père, pendre, prendre, pur, splendide, terre, vendre, voler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2018
Recueil: Ni père ni mère
Traduction: Guillaume Métayer
Editions: Sillage
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), chanson, ciel, couteau, dire, disperser, fléau, haut, joie, joyeux, laisser, mot, nuage, personne, pipe, rondeau, vent | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 19 juillet 2018

Illustration: ArbreaPhotos
LE LAC S’ENDORT
Avec la paix de l’étang s’endormant
Et l’infini s’installant, qu’ils me laissent
L’amour, avec celui qui me l’adresse
Et dont la main fut un apaisement.
Mes petits malheurs oubliés d’avance,
Tombe mon canif, en sabre agrandi.
Avec ta fleur criarde tu pâlis.
T’éveille alors la branche du silence.
J’ignore ta parole : ça frémit.
Ses mots me sont étrangers, mais ça tonne.
Très fort serait donc l’amour qu’il me donne,
Pour dans mon coeur te tolérer ainsi.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), adresser, agrandir, amour, apaisement, étang, étranger, branche, canif, coeur, criard, donner, fleur, fort, frémir, ignorer, infini, lac, laisser, main, malheur, mot, oublier, paix, parole, pâlir, s'éveiller, s'endormir, s'installer, sabre, silence, tolérer, tomber, tonner | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018

Illustration
FAIM
La machine débraye. Une poussière lourde
En sort comme un brouillard d’automne qui s’attarde.
Tous ces hommes courbés dont les nuques se tordent
Ils mangent maintenant. Poisseux, fleurant la merde,
Leur linge refroidit, la sueur l’entrelarde.
Midi. Bâfrez du pain, allons passez la gourde !
Pas de mie et pas de minute qui se perde,
Et pas plutôt mordu, la faim veut qu’on remorde.
On ne sait déjà plus rien du temps qui passe outre,
Chaque morsure n’attend pas et mord sur l’autre,
Mais ils mâchent à fond chaque morceau. Leurs rouges
Poumons de paysans boivent, encore valides,
Les miasmes noirs. Mâchant tout ce charbon malade,
Ils mangent. Ces mangeurs ne parlent pas. Ils mangent.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), ba^frer, boire, brouillard, charbon, courbe, débrayer, faim, fleurer, gourde, linge, lourd, machine, malade, mangeur, mâcher, merde, miasme, mordre, morsure, noir, nuque, pain, parler, poisser, poumon, poussière, refroidir, sueur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018

Illustration: Bernard Fideler
EST-CE DE L’AMOUR
Qu’on te regarde… et de fureur,
Mes rudes poings veulent s’abattre.
Je hais le goût du miel douceâtre.
Seul ton visage est baigné de splendeur.
Que me vaut le vent de la vie, infâme peste !
Je méprise des yeux tout l’horizon céleste.
Et quand il faut pleurer… tarde, tarde mon pleur.
Et tout sentiment m’abandonne.
Suis-je amoureux?… je ne sais plus vraiment.
Mais je sais bien que je deviens dément.
Ma lèvre de bronze frissonne,
Implore un baiser… quelques riens,
Ma lèvre s’évertue,
Mendiante et têtue.
Mais toi, sauve-toi de mes mains !
Ou je te traînerai partout, gare à ma pogne !
Youpi! je tue ! je cogne !
Orgueilleuse, regarde un peu
Ces lâches poings qui laissent des blessures.
Sur les restes des morts tout noircis par le feu,
Baise-moi follement! Et que, de mes mains dures,
J’enroule ton cheveu.
Je veux goûter ta lèvre si pulpeuse.
Qui doutait, je te prie, que tu tiendrais, heureuse,
La vie entre tes bras ? J’en suis le jeune dieu!
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), abandonner, amour, amoureux, baiser, blessure, bras, bronze, cheveux, cogner, dément, Dieu, douceâtre, douter, enrouler, frissonner, fureur, goûter, heureux, horizon, implorer, infâme, lèvre, lèvres, main, mépriser, miel, mort, peste, pleurer, poing, prier, pulpeux, regarder, rien, s'évertuer, se sauver, sentiment, splendeur, tarder, traîner, tuer, vent, vie, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018

Illustration: Auguste Macke
COLLIER DE PERLES
Perles… rare collier… pures gouttes de pierre :
Sonnet… à son épaule apporte ta fraîcheur.
Je t’offre à cette femme. Et pourtant, plein d’ardeur,
Étrangle-la, Sonnet, si, ne daignant se taire,
Elle répond au scélérat cossu, prospère.
Sonnet, maudis-nous tous… si la fuit le bonheur.
Ses rêves, défends-les comme on défend la fleur.
Jette ton feu dès que se mouille sa paupière.
Tous mes pleurs sont pour elle. Oh! ne le dis jamais !
Elle en rirait. Tous les poèmes que je fais,
Mais ne le lui dis pas non plus, tous, sont pour elle.
Dans l’immense folie aboutit mon chemin.
Mais quand brille, à minuit, ta lumière si belle,
Sur ses cheveux, pour moi, dépose un baiser fin.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), aboutir, apporter, ardeur, épaule, étrangler, baiser, bonheur, briller, chemin, cheveux, collier, cossu, défendre, déposer, femme, feu, fin, fleur, folie, fraîcheur, fuir, goutte, immense, jeter, lumière, maudire, offrir, paupière, perle, pierre, poème, prospère, pur, répondre, rêve, rire, se mouiller, se taire, sonnet | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018

CHAMP DE MAÏS
Assis dans le mais… j’attends. Mais quoi ? Serait-ce
Le cri de la corneille et le si bel instant
Où la mésange, par son chant,
Fait en sorte qu’il cesse ?
J’aime le tendre azur du soir au souffle frais.
J’en suis tout entouré. Doucement, il m’assaille.
Je pense à toi. C’est un délice. Et je voudrais…
Ceindre ta souple taille.
A présent, je suis seul. Le soleil vient de fuir.
La terre, sous mes pieds, commence à refroidir.
Survolant la sente muette
Ulule la chouette.
Le soleil vient de fuir et j’attends mais en vain.
Je t’attends. Viendras-tu? Reverrai-je tes charmes?
Je pleure sur mon coeur. Tombent de mon chagrin
Quelques secrètes larmes.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), aimer, assaillir, assis, attendre, azur, ceindre, chagrin, champ, chant, charmé, chouette, coeur, corneille, cri, délice, doucement, en vain, entourer, frais, fuir, larme, maïs, mésange, muet, pleurer, refroidir, revoir, secret, sente, seul, soleil, souffle, souple, survoler, taille, tendre, tomber, ululer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018

UN HOMME IVRE SUR LE RAIL
Étendu sur le rail un homme ivre repose;
Son poing gauche est crispé sur la gourde qu’il tient;
Il ronfle et dort baigné dans le petit matin;
La nuit sur le chemin fuit et se décompose.
L’humble brise nocturne a paré tendrement
Ses cheveux dispersés de cendre et d’herbe grêle;
La rosée irisée l’éclabousse de ciel.
Il gît : son torse seul palpite par moments.
Son bras droit est pareil à la traverse dure.
Il est comme blotti sur le sein maternel,
Ce jeune gars est vêtu de pauvres déchirures.
On pressent le soleil dans le cadre du ciel,
Un homme ivre repose et le rail, tout à coup,
D’un tremblement qui gronde et grandit, le secoue.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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