Posts Tagged ‘(Attila Jozsef)’
Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2022

Illustration: Fabienne Contat
Là sur mon front
pose ta main
Comme si ta main
Était ma main
Serre-moi fort
Comme à la mort
Comme si ma vie
Était ta vie
Et aime moi
Comme à bonheur
Comme si mon coeur
Était ton coeur.
(Attila József)
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted by arbrealettres sur 30 mai 2021

Berceuse
Le ciel ferme ses grands yeux bleus,
La maison ferme tous ses yeux,
Le pré dort sous son édredon.
Endors-toi, mon petit garçon.
Sur ses pattes la mouche a mis
Sa tête et dort. La guêpe aussi,
Avec elles dort leur bourdon.
Endors-toi, mon petit garçon.
Le tramway rêve doucement
Endormi sur son roulement,
Dans son rêve il sonne à tâtons.
Endors-toi, mon petit garçon.
Sur la chaise la veste dort
Et son accroc dort corps à corps.
Il n’en deviendra pas plus long.
Endors-toi, mon petit garçon.
La balle est vaincue, le sifflet
Somnole comme la forêt.
Et même il dort le gros bonbon.
Endors-toi, mon petit garçon.
Tu auras l’espace et la terre
Comme tu as ta bille en verre.
Tu seras géant pour de bon.
Endors-toi, mon petit garçon.
Tu seras pilote et soldat,
Berger des fauves tu seras.
Ta maman dort, et sa chanson.
Endors-toi, mon petit garçon.
(Attila Jozsef)
Illustration: William Bouguereau
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Posted by arbrealettres sur 30 mai 2021

Illustration: Désiré François Laugée
MAMAN
Maman depuis huit jours déjà
M’arrête en songe à chaque pas.
Je vois le linge et le panier
Montant, grinçant vers le grenier.
J’étais un être fruste encor
Et piaffant dur et criant fort.
J’emplissais de moi ses oreilles :
« Moi, je veux être la corbeille! »
Mais que je pleure ou que je crie,
Mot, ni regard, ni gronderie :
La corbeille et le linge ailé,
Luisants, sans moi, s’en sont allés.
Je me tairai : il est trop tard.
Gigantesque dans mon regard,
Cheveux gris en haut du ciel pur,
Elle met au bleu tout l’azur.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted by arbrealettres sur 1 mai 2021
Fillettes
En longue file, viennent et vont
Les diablotins, mes petites saintes;
Et c’est du chaud pain frais que leur front –
Yeux de charbon, braises de charbon
Encor non éteintes.
En longue file, viennent et vont,
Et leurs amours aux fleurs sont pareilles;
Comme muguets aiment les garçons –
Vont aux garçons comme grives vont
Aux raisins des treilles.
En longue file, viennent et vont,
Même pleurantes, ne font que rire;
Lointaines sont, et lointaines vont –
Ainsi l’on voit, par les soirs trop bons,
Les étoiles luire.
(Attila Jozsef)
Illustration: Jean-Honoré Fragonnard
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Posted by arbrealettres sur 21 mars 2019
Le printemps est là, superbe!
Il est là, le printemps, le superbe printemps!
De longs bateaux légers, le vieux Danube rêve.
Il est là, le printemps, le printemps plein de sève!
Entends…
Et vois le vent d’avril qui roule et qui soulève
Les senteurs de nos prés. Avec elles, joyeux,
Le vent joue au cerceau. Sens-tu son allégresse?
Dis-le! Sais-tu ce que je veux?
Il me faudrait une maîtresse
Sous le venteux éveil,
Une maîtresse au souffle frais, vermeil,
A la carnation de perce-neige.
« Etreins-moi, Belle Biche! Encore! » lui dirai-je.
Chaque enfant est un rire au savoureux solfège.
II est là, le printemps,
Le joyeux cri du ciel! Entends!
II est venu, dis-tu, plus tôt que de coutume?
L’hiver aurait-il existé?
Il n’a jamais été!
Avant de naître, il fut posthume!
Eclose ton grand cœur! Jaillissent les bourgeons
Issus de nos poumons!
Monte le vent d’avril plus léger que la plume!
(Attila Jozsef)
Illustration: François-Joseph Durand
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Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2018

Attila Jozsef
Coeur Pur
Je n’ai ni père, ni mère,
Ni dieu, ni foyer,
Ni berceau, ni bière,
Ni amante, ni baiser.
Trois jours déjà sans manger,
Ni bombance, ni bouchée.
Mon empire, c’est mes vingt ans.
Mes vingt ans, je vous les vends.
Et si nul n’en veut, ma foi,
Le diable, lui, me les prendra.
Le cœur pur, j’irai voler,
S’il le faut, assassiner.
On m’arrêtera, me pendra,
En terre chrétienne m’enterrera,
Et une ivraie homicide
Croîtra sur mon cœur splendide.
(Attila Jozsef)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
Recueil: Ni père ni mère
Traduction: Guillaume Métayer
Editions: Sillage
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Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2018
Recueil: Ni père ni mère
Traduction: Guillaume Métayer
Editions: Sillage
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Posted by arbrealettres sur 19 juillet 2018

Illustration: ArbreaPhotos
LE LAC S’ENDORT
Avec la paix de l’étang s’endormant
Et l’infini s’installant, qu’ils me laissent
L’amour, avec celui qui me l’adresse
Et dont la main fut un apaisement.
Mes petits malheurs oubliés d’avance,
Tombe mon canif, en sabre agrandi.
Avec ta fleur criarde tu pâlis.
T’éveille alors la branche du silence.
J’ignore ta parole : ça frémit.
Ses mots me sont étrangers, mais ça tonne.
Très fort serait donc l’amour qu’il me donne,
Pour dans mon coeur te tolérer ainsi.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018

Illustration
FAIM
La machine débraye. Une poussière lourde
En sort comme un brouillard d’automne qui s’attarde.
Tous ces hommes courbés dont les nuques se tordent
Ils mangent maintenant. Poisseux, fleurant la merde,
Leur linge refroidit, la sueur l’entrelarde.
Midi. Bâfrez du pain, allons passez la gourde !
Pas de mie et pas de minute qui se perde,
Et pas plutôt mordu, la faim veut qu’on remorde.
On ne sait déjà plus rien du temps qui passe outre,
Chaque morsure n’attend pas et mord sur l’autre,
Mais ils mâchent à fond chaque morceau. Leurs rouges
Poumons de paysans boivent, encore valides,
Les miasmes noirs. Mâchant tout ce charbon malade,
Ils mangent. Ces mangeurs ne parlent pas. Ils mangent.
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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Posted by arbrealettres sur 14 juin 2018

Illustration: Bernard Fideler
EST-CE DE L’AMOUR
Qu’on te regarde… et de fureur,
Mes rudes poings veulent s’abattre.
Je hais le goût du miel douceâtre.
Seul ton visage est baigné de splendeur.
Que me vaut le vent de la vie, infâme peste !
Je méprise des yeux tout l’horizon céleste.
Et quand il faut pleurer… tarde, tarde mon pleur.
Et tout sentiment m’abandonne.
Suis-je amoureux?… je ne sais plus vraiment.
Mais je sais bien que je deviens dément.
Ma lèvre de bronze frissonne,
Implore un baiser… quelques riens,
Ma lèvre s’évertue,
Mendiante et têtue.
Mais toi, sauve-toi de mes mains !
Ou je te traînerai partout, gare à ma pogne !
Youpi! je tue ! je cogne !
Orgueilleuse, regarde un peu
Ces lâches poings qui laissent des blessures.
Sur les restes des morts tout noircis par le feu,
Baise-moi follement! Et que, de mes mains dures,
J’enroule ton cheveu.
Je veux goûter ta lèvre si pulpeuse.
Qui doutait, je te prie, que tu tiendrais, heureuse,
La vie entre tes bras ? J’en suis le jeune dieu!
(Attila József)
Recueil: Aimez-moi – L’oeuvre poétique
Traduction: Georges Kassaï
Editions: Phébus
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