Il paraît que mes enfants sont grands
Moi je dirai qu’ils sont indifférents
Il paraît qu’on ne doit pas se voir souvent
Et c’est là mon principal tourment.
Chacun suit son chemin
Moi je suis au bout du mien
Chacun va vers son destin
Et notre famille, qu’est-ce qu’elle devient ?
Moi je ne suis plus que chagrin.
Il paraît que ce n’est pas normal
D’avoir au coeur aussi mal
Mais il n’y a pas de médicament
Pour cesser d’être maman.
Il paraît que mes petits enfants
N’ont pas besoin de grande maman.
On ne les berce plus, il y a la télé
On ne leur lit plus, il y a les dessins animés
D’ailleurs lire des livres en papier
Il paraît que c’est démodé.
(Tricia Benoit)
Recueil: L’égotiste romantique
Traduction:
Editions: du Lys Bleu
À la petite porte qui donne sur les champs
Là-bas tout au bout de l’allée
Derrière les ifs
Au fond de la propriété
La clé est perdue
Depuis combien d’années
Tu m’attends
(René Guy Cadou)
Recueil: Bris de vers Les émeutiers du XXè siècle
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
Nous sommes les complices
d’une grande et belle évasion
il y a celui qui aime
celui qui lit
celui qui écrit
celui qui rêve
celui qui refuse
celui qui plante
celui qui marche
celui qui joue
celui qui nie
celui qui apprend
celui qui doute
celui qui se moque
celui qui se saoule
celui qui dit non
nous sommes tous les complices
d’une grande et belle évasion
nous creusons des tunnels
nous tressons des cordages
nous prenons des notes
nous rusons nous savons
que les détours sont nécessaires
qu’il faut esquiver l’ordre des choses
qu’au bout il y a dehors
demain
dedans
(Thomas Vinau)
Recueil: Juste après la pluie
Traduction:
Editions: Alma
Nous allons par un défilé
qui se resserre peu à peu.
Nul ne sait s’il sortira.
Nul ne sait s’il avance ou recule
Nul ne sait si l’ombre est au bout ou la lumière.
Cette marche secrète nous confirme
Qu’entre l’oeil et son objet
s’interpose une pellicule obscure :
un filtre fait d’ombre
qui isole le regard pour toujours.
Regarder est un geste en dedans,
non en dehors.
***
Vamos por un desfiladero
que se estrecha poco a poco.
Nadie sabe si saldrá.
Nadie sabe si avanza o retrocede.
Nadie sabe si al final esta la sombra o la luz.
Esta marcha sigilosa nos confirma
que entre el ojo y su objeto
se interpone una oscura película,
un filtro hecho de sombra
que aisla para siempre la mirada.
Tout au bout de la peur
Au large de ce récif noir,
Régions de vents et de mers tourmentées;
Jusques à quand cette mortelle terreur
Va-t-elle me retenir, m’emprisonner?
***
At the end of fear
Out over that black skerry,
Regions of wind and moiling sea:
How long will mortal terror
Withhold, imprison me?