Posts Tagged ‘au-dessous’
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023

AU TEMPS PRÉSENT
Au crépuscule je me lève et m’envole
dans ma grande chemise d’ange
au-dessus de la terre ;
je vole sur les fleuves et les arbres,
je vole sur le bois tendre et fragile
des paliers de ce monde.
Mais mes yeux restent fermés.
Ma bouche à peine montre la tristesse,
pour les humbles jours de terreur qui m’attendent
derrière et devant moi,
comme un grand pont.
Penché sur le bord de ce fleuve à Paris
appelé la «Seine»,
celui qui va aux marchés
les matinées du Samedi
transportant la cendre et la lumière d’autres temps,
je me suis retourné pour me deviner
plus clairement dans l’eau.
Peut-être je me suis perdu,
comme disent les bonnes gens.
Peut-être je me suis perdu
en bougeant la tête,
en secouant la manche de chemise,
en retournant la chaussure
multipliant mon ombre
sur la terre
à chaque geste, chaque mot,
avec la voix qui s’éloigne
et la voix qui revient
sur ce miroir d’eaux.
Nous imaginons des anges et des voix,
nous imaginons des bois et des visages
au travers de l’obscurité
sans personne qui grandit,
au travers du linceul
que jours et nuits nous imposent
avec leurs quatre saisons,
leurs jours, leurs mois,
leurs heures.
Mais où est la grâce ?
En regardant dans quelle direction
au-dessus ou au-dessous de moi ?
Mais où est la grâce ?
Je suis suspendu
sans ombre entre les doigts,
sans ombre aux semelles,
espérant qu’ils m’empoignent
pour entendre.
***
EN EL TIEMPO PRESENTE
Al anochecer me levanto y vuelo
en mi gran camisón de ángel
sobre la tierra;
vuelo sobre los ríos y los árboles,
vuelo sobre la madera tierna y fácil
de los pisos de este mundo.
Pero mis ojos permanecen cerrados.
Mi boca apenas muestra la tristeza,
po los días humildes de terror que me aguardan,
detrás y delante de mí,
como un gran puente.
Reclinado al borde de ese río en París,
llamado «La Seine »,
aquel que va a los mercados
en las mañanas del sábado
trayendo la ceniza y luz de otros tiempos,
me he volteado para adivinarme
más claramente sobre las aguas.
Acaso me he perdido,
como dicen las buenas gentes.
Acaso me he perdido
moviendo la cabeza,
sacudiendo la manga de la camisa,
doblando el zapato,
multiplicando mi sombra
sobre la tierra
con cada gesto, cada palabra,
con la voz que se aleja
y la voz que regresa
sobre este espejo de aguas.
Imagínamos ángeles y voces,
imaginamos bosques y rostros
a través de la oscuridad
sin gente que crece,
a través de la mortaja
que los días y las noches nos imponen
con sus cuatro estaciones,
sus días y sus meses,
sus horas.
Pero dónde está la gracia ?
Y mirando hacia qué lado,
encima o debajo de mí?
Pero dónde está la gracia ?
Estoy suspendido
sin sombra entre los dedos,
sin sombra en las suelas,
esperando que me empujen
para oír.
(Henrique Huaco)
Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules
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Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2022
Illustration: Catherine Ernst
L’HORLOGE DES RAVINS
Le niveau monte
jusqu’à ce que le débordement commence
alors un bassin au-dessous
monte à son tour
et se déverse bientôt
dans une vasque inférieure
clepsydre de la Nature
(Michel Butor)
Recueil: Montagnes en gestation
Traduction:
Editions: Notari
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Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022

Vagues
J’ai vu un Dieu minuscule
Assis
sous un parapluie bleu vif
Qui avait des glands blancs
Et des baleines d’or fourchues.
Au-dessous de lui
Son petit monde
S’expose au soleil.
L’ombre de Son chapeau
S’étale sur la ville.
Quand il étire Son bras
Un lac devient un sombre tremblement.
Quand il donne un coup de pied
Il fait nuit sur les cols des montagnes.
Mais tu es petit !
Il y a des dieux bien plus grands que toi ;
Ils s’élèvent et chutent,
Les dieux de la mer dévalant.
Ton coeur peut-il avoir de tels soupirs,
De tels cris sauvages et vains,
Un tel souffle venteux,
Une telle mort gémissante ?
Et ton bras peut-il envelopper
Le vieux,
Le froid,
L’immuable et épouvantable lieu
Où les hordes
De monstres de mer cornus
Et où les oiseaux hurlant
Se réunissent?
De ces hommes silencieux
Qui gisent dans
Nos prisons nacrées,
Peux-tu en faire ta proie?
Comme nous peux-tu rester
Attendant ton heure,
Et alors t’élever comme une tour
Et t’écraser et te fracasser?
Il n’y a ni arbres ni buissons
Dans mon pays,
Dit le Dieu minuscule.
Mais il y a des ruisseaux
Et des cascades
Et des pics montagneux
Couverts de jolies herbes.
Il y a de petites côtes et des ports sûrs,
Des grottes pour la fraîcheur et des plaines pour le soleil et le vent.
Joli est le son des rivières,
Jolie l’éclatante lumière
Des pics jolis.
Je suis satisfait.
Mais Ton royaume est petit,
Dit le Dieu de la Mer.
Ton royaume va choir,
Je ne peux te tolérer.
Tu es fier!
Avec un bruyant
Carillon de rires,
Il s’est redressé et a recouvert
Le pays du Dieu minuscule
De l’extrémité de sa main,
De la pointe de son doigt: Et après —
Le Dieu minuscule
Se mit à pleurer.
***
Waves
I saw a tiny God
Sitting
Under a bright blue Umbrella
That had white tassels
And forked ribs of gold.
Below him His little world
Lay open to the sun.
The shadow of His hat
Lay upon a city.
When he stretched forth His hand
A lake became a dark tremble.
When he kicked up His foot
It became night in the mountain passes.
But thou art small!
There are gods fargreater than thou;
They rise and fall
The tumbling gods of the sea.
Can thy heart heave such sighs,
Such hollow savage cries,
Such windy breath,
Such groaning death?
And can thy arm enfold
The o1d
The cold
The changeless dreadful place
Where the herds
Of horned sea-monsters
And the screaming birds
Gather together.
From those silent men That lie in the pen
Of our pearly prisons,
Canst thou hunt thy prey?
Like us cant thou stay
Awaiting thine hour,
And then rise like a tower
And crash and shatter?
There are neither trees nor bushes
In my country,
Said the tiny God
But there are streams
And waterfalls
And mountain peaks
Covered with lovely weed
There are little shores and safe harbours,
Caves for cool and plains for sun and wind.
Lovely is the sound of the rivers,
Lovely the flashing brightness
Of the lovely peaks.
I am content.
But Thy kingdom is small
Said the God of the Sea.
Thy kingdom shall fall,
I shall not let thee be.
Thou art proud
With a loud
Pealing of laughter,
He rose and covered
The tiny God’s land
With the tip of his hand
With the curl of his fingers:
And after—
The tiny God
Began to cry.
(Katherine Mansfield)
Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe
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Posted in poésie | Tagué: (Katherine Mansfield), après, arbre, assis, attendre, au-dessous, éclatant, épouvantable, étirer, baleine, blanc, bleu, bras, bruyant, buisson, carillon, cascade, côte, chapeau, choir, chuter, coeur, col, combre, cornu, coup, couvert, cri, dévaler, Dieu, doigt, donner, envelopper, extrémité, fier, fourchu, fraîcheur, froid, gémissant, gésir, gland, grand, grotte, herbe, heure, homme, horde, hurler, immuable, joli, lac, lieu, lumière, main, mer, minuscule, monde, monstre, montagne, montagneux, mort, nacre, nuit, oiseau, ombre, or, parapluie, pays, petit, pic, pied, plaine, pleurer, pointe, port, pouvoir, prison, proie, recouvrir, rester, rire, rivière, royaume, ruisseau, s'écraser, s'élever, s'étire, s'exposer, satisfait, sauvage, sûr, se fracasser, se réunir, se redresser, silencieux, soleil, sombre, son, souffle, soupir, tolérer, tour, tremblement, vague, vain, vent, venteux, vieux, vif, ville, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021

Au petit bonheur
Au-dessous de zéro
Les visages sont muets
Tant mieux tu ne saurais plus dire Au revoir
La Belle saison est ailleurs On s’y fait
Et depuis que nous avons les jeux de hasard
Il a fallu mettre une rallonge à la table
En dépit du bon sens,
Ce jour fut le plus court de l’année
Divers prénoms
Un autre bien plus joli
En vain j’effeuille l’éphéméride
Encore une année trop courte
Pour toutes les fêtes à souhaiter
(Edmond Radiguet)
Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 19 mars 2021

Illustration: Giorgio de Chirico
LE MIRADOR
(La nostalgie de l’infini)
Je le sais maintenant :
inutile pour apercevoir l’infini
de dénuder le bleu du ciel car l’infini est
une tour
une forteresse apatride
un phare inassouvi
un silo cerclé d’oriflammes
Je le sais maintenant :
inutile pour apercevoir l’infini
d’apprivoiser la Voie lactée car l’infini est
un parcours austère
une géométrie sans pitié
une rectitude hantée d’absence
Peut-être est-il aussi un mirador
surveillant les coulées d’étoiles entre les barbelés des galaxies ?
Mais alors qui veille en son extrémité, juste au-dessous des oriflammes,
et quel souffle les fait battre immobiles sous une éternité d’orage ?
(Jacques Lacarrière)
Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Jacques Lacarrière), absence, apatride, apercevoir, apprivoiser, au-dessous, austère, éternité, étoile, barbelé, battre, bleu, cercler, ciel, coulée, dénuder, extrémité, forteresse, galaxie, géométrie, hanter, immobile, inassouvi, infini, inutile, juste, maintenant, mirador, nostalgie, orage, oriflamme, parcours, phare, pitié, rectitude, savoir, silo, surveiller, tour, veiller, Voie Lactée | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 mai 2020

Illustration: ArbreaPhotos
Entre le ciel et l’eau
Vole, vif et léger, l’oiseau.
Au-dessous est le gouffre; au-dessus, l’infini;
En face, le vent froid,
Coupant comme un couteau;
Derrière lui, la terre au loin,
Appelle la joyeuse étoile
Vers un tout autre but,
Le but, c’est un songe gravé
Dans le coeur de l’oiseau.
*
Des clartés sans nom apparaissent
Et des ténèbres
Attendent que tu les traverses,
Comète, avec ta traîne de rayons.
Elles sont assoiffées, les ténèbres,
Elles t’étreignent.
*
Le temps est là de retourner aux choses
D’où un jour tu pris ton essor.
(Mihai Beniuc)
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Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2019

(Masaoka Shiki)
Recueil: Les plus beaux HAÏKU(S)
Traduction: Akié Boulard
Editions: Arichi
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Posted in haïku, poésie | Tagué: (Masaoka Shiki), accumuler, au-dessous, bruit, eau, isolé, neige, village | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 mai 2019

C’est au-dessous
Pour les secrets,
Les rendez-vous,
Les réservoirs,
Pour un espace
Aux dimensions de la bonté.
(Guillevic)
Illustration: ArbreaPhotos
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Posted in poésie | Tagué: (Guillevic), au-dessous, bonté, réservoir, rendez-vous, secret | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 10 septembre 2018

JOURS FERMES
Il y a quelqu’un d’hésitant en soi
une face qui hésite en face de soi
et ne disparaît pas aux angles
une histoire d’avant
en haut, au-dessus, une histoire appelée hier et encore
une terre organique près de soi
un voyage contre la surface de soi
contre le réseau
une réduction par le dedans
un parler dans le sillage de soi
et en avant
il y a l’action toute prête en soi et qui n’a pas lieu
l’histoire sans histoire d’être venu et de parler.
(Georges Drano)
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Posted in poésie | Tagué: (Georges Drano), action, angle, au-dessous, au-dessus, dedans, disparaître, face, hésitant, hier, histoire, jour, parler, réseau, sillage, soi, surface, terre, venir, voyage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 août 2018

Le sens du poème est parmi les bambous.
L’esprit de la Voie naît au-dessous des pins.
(Ts’ien K’i)
Recueil: La montagne vide Anthologie de la poésie chinoise (IIIè – XIè siècle)
Traduction: Patrick Carré et Zéno Bianu
Editions: Albin Michel
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Tsien-Ki), au-dessous, bambou, esprit, naître, pin, poème, sens, voie | Leave a Comment »