Le compère Thomas et son ami Lubin
Allaient à pied tous deux à la ville prochaine.
Thomas trouve sur son chemin
Une bourse de louis pleine ;
Il l’empoche aussitôt. Lubin, d’un air content,
Lui dit : pour nous la bonne aubaine !
Non, répond Thomas froidement,
Pour nous n’est pas bien dit, pour moi c’est différent.
Lubin ne souffle plus ; mais, en quittant la plaine,
Ils trouvent des voleurs cachés au bois voisin.
Thomas tremblant, et non sans cause,
Dit : nous sommes perdus ! Non, lui répond Lubin,
Nous n’est pas le vrai mot, mais toi, c’est autre chose.
Cela dit, il s’échappe à travers les taillis.
Immobile de peur, Thomas est bientôt pris,
Il tire la bourse et la donne.
Qui ne songe qu’à soi quand sa fortune est bonne
Dans le malheur n’a point d’amis.
Aubaine de mon voyage.
Dans le jardin, j’ai ramassé un caillou.
J’ai tant cherché.
Un caillou gris, pareil aux autres.
Que la nuit vienne maintenant,
je ne crains plus.
J’ai le talisman qui me sauve.
Je suis le maître des chemins,
le prince des métamorphoses.
Dans le grand labyrinthe où je cherchais ma vie,
Volant de feu en flamme comme un grand oiseau ivre,
Parmi les dieux déchus et les pauvres amis,
J’ai cherché le vertige en apprenant à vivre.
J’ai cheminé souvent, les genoux sur la terre,
Le regard égaré, embrouillé par les larmes,
Souvent par lassitude, quelquefois par prière,
Comme un enfant malade, envoûté par un charme.
Dans ce grand labyrinthe, allant de salle en salle,
De saison en saison, et de guerre en aubade,
J’ai fait cent fois mon lit, j’ai fait cent fois mes malles,
J’ai fait cent fois la valse, et cent fois la chamade.
Je cheminais toujours, les genoux sur la terre,
Le regard égaré, embrouillé par les larmes,
Souvent par lassitude, quelquefois par prière,
Comme un enfant rebelle qui dépose les armes.
Mais un matin tranquille, j’ai vu le minotaure
Qui me jette un regard comme l’on jette un sort.
Dans le grand labyrinthe où il cherchait sa vie,
Volant de feu en flamme, comme un grand oiseau ivre,
Parmi les dieux déchus et les pauvres amis,
Il cherchait le vertige en apprenant à vivre.
Il avait cheminé, les genoux sur la terre,
Le regard égaré, embrouillé par les larmes,
Souvent par lassitude, quelquefois par prière,
Comme un enfant rebelle qui dépose les armes.
Dans ce grand labyrinthe, de soleil en soleil,
De printemps en printemps, de caresse en aubaine,
Il a refait mon lit pour de nouveaux sommeils,
Il a rendu mes rires et mes rêves de reine.
Dans le grand labyrinthe, de soleil en soleil,
Volant dans la lumière, comme deux oiseaux ivres,
Parmi les dieux nouveaux et les nouveaux amis,
On a mêlé nos vies et réappris à vivre…
Des mots d’amour jamais plus la musique
je n’entendrai. J’aurai peur du silence
moi qui l’aimais ! Je chuchote parfois
pour simuler la parole d’un autre,
je parle seul pour tenter d’être deux.
Le mur est nu. J’y regarde mon ombre.
Merci, mon ombre, aimable compagnie !
et vous mémoire, apportez-moi l’aubaine
d’un souvenir, et je rêve ma vie,
tout ce passé que futur j’imagine.
(Robert Sabatier)
Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Albin Michel
Je sais un rosier où s’ouvre une rose
Il n’est plus de nuit pour l’ombre qu’elle est
D’un parterre errant de lumières closes
Où vibrait l’essaim des jours écoulés
Nul feu dans le noir que le ciel ne l’ait
Avec mon amour mort à tant de choses
Contraint de filer aux voeux envolés
Le linceul d’un pleur où s’ouvre une rose
Aube d’une vie étrangère aux jours
L’oubli des hasards morts de notre amour
Eclôt dans la fleur les mains qui la serrent
Et cueillant sans moi la rose des nuits
Une soeur de cendre en quittant nos terres
Rend leur corps lunaire aux morts que je suis
J’suis content
C’est l’printemps
Aujourd’hui j’ai rien à faire
Quelle aubaine
Turlutaine
Je marche le nez en l’air
J’suis content
C’est l’printemps
Les arbres sont en couleur
Dans les nids
Les petits
S’égosillent tous en choeur
REFRAIN:
Le matin, le matin
Ne rime plus avec chagrin
A midi, à midi
Je n’aurai pas plus de soucis
A 4 heures, à 4 heures
Ca rime avec tartine au beurre
Et le soir, et le soir
Ca rime toujours avec espoir
J’suis content
C’est l’printemps
Qui vient juste après l’hiver
Le voilà
Youp’ lala
C’est joli pis c’est pas cher
J’suis content
C’est l’printemps
C’est pour moi qu’elles butinent
Les abeilles
Dans l’soleil
Me préparent mes tartines
REFRAIN
J’suis content
C’est l’printemps
Je compte les rossignols
J’suis gâté
C’est congé
Je n’irai pas à l’école
J’suis content
C’est l’printemps
Poussent des petits bourgeons
Dans les prés
Sur mon nez
Poussent des petits boutons
REFRAIN
J’suis content – Dans l’étang
Y’a de nouveau des grenouilles
Elles s’enlacent – Elles s’embrassent
Y’en a même qui s’tripatouillent
J’suis content – C’est l’printemps
J’aurai bientôt une p’tite soeur
C’est maman – En chantant
Qui me l’a dit tout à l’heure