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Poésie

Posts Tagged ‘audacieux’

Assis avec ma femme au début du printemps (Xu Junqian)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Assis avec ma femme au début du printemps

Toilettes et parures audacieuses,
Tu t’apprêtes toujours d’avant-garde.
L’herbe encore courte perce au travers des sandales
Les prunes en promesse détachent leur parfum d’à venir
Les arbres s’inclinent pour cueillir ton châle de brocarts
Et l’air s’élève délicat puis dégage ton col écarlate
Remplis ma coupe de vin d’orchidée !
Cette seule vue fait chanter mon esprit.

(Xu Junqian)

(540-609)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Fleur de sel (Jacqueline Commard)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2020




    
Fleur de sel

C’est du vent de la mer que naissent ses pétales
Et puis … c’est le soleil qui peaufine son corps
En faisant miroiter, tels des feux de Bengale
De fabuleux cristaux s’offrant à ce décor.

Sous la chaleur d’été, le paludier s’affaire
Armé de son ételle, il sculpte les mulons
Pour en faire des cônes à des fins salutaires
Puis des « Monts Blancs » sublimes à la morte-saison.

Cette manne salée qui relève nos plats
Nous faisant des gourmets depuis la nuit des temps
Trouve toujours sa place à l’heure du repas
Sur la table du riche ou celle du manant I

Saupoudrant les bonnottes et sardines d’argent
Se cachant prestement au coeur de nos gâteaux
L’or blanc de la Vendée, battu par tous les vents
Est la belle alchimie de la sueur des eaux.

Jardin marécageux … parterres rectilignes
Irrigués çà et là par le flux des étiers …
Qu’il est beau cet Eden et cet effort si digne
De ce splendide geste auguste du saunier.

Lorsque le soir descend, les derniers feux du jour
Enflamment les psychés des mouettes rieuses
La sage salicorne errant aux alentours
Rougit comme un rubis et fait l’audacieuse !

Au milieu des oeillets, pousse une fleur de sel
Venue en un bouquet du fond des Océans
Pour former une gerbe d’épis solennels
Au gré des fantaisies de la Rose des Vents !…

(Jacqueline Commard)

 

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L’union parfaite (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 5 mai 2019



    

L’union parfaite

Jour et nuit, je pleure après une union, mon Amour,
Union semblable à une mort affamée.
Viens me ligoter, viens me cueillir,
Dénude-moi de ma pudeur, de mes habits, de mon voile.
Viens et maraude parmi mon corps juvénile,
Prive mes yeux de sommeil, du rêve même de dormir.
Dévalise cet univers vaste et réveille
Ma vie et ma mort, pour toute éternité.
Au bûcher de l’union dans un monde solitaire
Là où la création s’est évanouie à l’extinction du soleil,
Sans pudeur et dévêtus en deux coeurs nus
Que toi et moi devenions beauté infinie.
Quel est ce rêve audacieux, Seigneur,
Où réside cette union sans Toi?

***

Total union

Night and day, I weep, O Love, for a union,
Union resembling a hungry death.
Come and bind me, pluck me away,
Strip me of modesty, of raiment, of screen.
Come and steal this juvenile body,
Bereave my eyes of sleep, of dream of sleeping.
Rob this universe vast an d awake,
My life and my death, for an eternity.
At the crematorium of union amid a solitary world
Where the creation has fainted with the extinction of the sun,
Shameless unclothed in two naked hearts
Let you and me become beauty infinite.
What an audacious dream, O Lord,
Where lies this union without You?

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: Tantôt Dièse, Tantôt Bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: Shahitya Prakash

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Icare est chu ici, le jeune audacieux (Philippe Desportes)

Posted by arbrealettres sur 17 août 2018



 

Icare est chu ici, le jeune audacieux,
Qui pour voler au Ciel eut assez de courage :
Ici tomba son corps degarni de plumage,
Laissant tous braves coeurs de sa chute envieux.

Ô bienheureux travail d’un esprit glorieux,
Qui tire un si grand gain d’un si petit dommage !
Ô bienheureux malheur, plein de tant d’avantage
Qu’il rende le vaincu des ans victorieux !

Un chemin si nouveau n’étonna sa jeunesse,
Le pouvoir lui faillit, mais non la hardiesse ;
Il eut, pour le brûler, des astres le plus beau.

Il mourut poursuivant une haute aventure,
Le ciel fut son désir, la mer sa sépulture :
Est-il plus beau dessein, ou plus riche tombeau ?

(Philippe Desportes)

Illustration

 

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VOЕU AUDACIEUX (Johann Wolfgang Von Goethe)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



Illustration: René Baumer
    
VOЕU AUDACIEUX

Qu’est-ce qui fait qu’en tout lieu,
Chacun se sente heureux
Et que chacun prête l’oreille
Quand les mots s’ordonnent en harmonie?

Arrière, ce qui gêne ta course !
Pas de tristesse ni de deuil !
Avant d’ouvrir son chant, avant de le cesser,
Il faut que le poète vive.

Et qu’ainsi la corde d’airain de la vie
Fasse vibrer ton âme !
Si le poète sent son coeur angoissé,
Il trouvera de lui-même l’apaisement.

(Johann Wolfgang Von Goethe)

 

Recueil: Goethe Le Divan
Traduction: Henri Lichtenberger
Editions: Gallimard

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L’exode (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2017




    
L’exode

Rentrer en la substance aveugle d’un seul coup
Et tel à son liteau vient s’endormir le loup.
Ah! n’être pas celui dont tout désir avorte,
Qui va traînant sa chair comme un lourd vêtement!
Dans son tournoiement d’or que la nuit me remporte,
Qu’une étoile me mêle à son ruissellement!

Ah! que je ne sois pas celui qui se résigne
Et pâlement sourit en l’automne attiédi,
Dont la décrépitude a marqué de son signe
La lèvre détendue et le pas engourdi!
Je veux, dans du soleil, d’un bras plein de révolte,
Violer l’inconnu dont j’ai forcé la porte

Et devenir chanson, mouvement ou rayon,
Le vol de la tempête ou l’aile d’un grillon,
N’être pas le vieillard dont la force agonise
Lentement; mais debout, jeune et audacieux,
Puisque j’ai blasphémé et la vie et les dieux,
Que sur les hauts sommets l’éclair me pulvérise.

(Marie Dauguet)

 

 

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Aimez (Le Tasse)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2017




Illustration: ArbreaPhotos
    
Un oiseau […]

« Aimez, chanta-t-il, que pointe la rose
hors du bouton modeste et virginelle.
Moitié ouverte encore, et moitié close,
moins elle se montre, et plus elle est belle.
Puis son sein nu, déjà, l’audacieuse
déploie. Elle se fane, non plus celle
non plus celle, non, tantôt désirée
par mille amants et par mille donzelles.

Passent ainsi, lorsque trépasse un jour,
le vert, la fleur de la mortelle vie.
Elle, pour qu’avril sur ses pas retourne,
ne se renfleurit, ne se reverdit.
Cueillons la rose au matin adorable
d’aujourd’hui qui bientôt perd sa douceur.
Cueillons d’amour la rose. Aimons alors
qu’il se peut qu’on aime alors qu’on vous aime. »

Il se tut. Le choeur des oiseaux, d’accord,
comme approuvant, reprend la mélodie.
Redoublent les colombes leurs baisers.
Tout animal se conseille l’amour.
Le chêne dur et le chaste laurier
et toute la feuillue, ample famille,
l’air et la terre, il semble qu’ils inspirent
d’amour très doux les sens et les soupirs.

***

Deb mira, egli cantó, spuntar la rosa
Del verde suo modesta e verginella,
Che mezzo aperta ancora, e mezzo ascosa,
Quanto si mostra men, tanto è più bella.
Ecco poi nudo il sen già baldanzosa
Dispiega : ecco poi langue, e non par quella,
Quella non par, che desiata avanti
Fu da mille donzelle e mille amanti.

Così trapassa al trapassar d’un giorno
Della vita mortale il fiore e ‘l verde;
Nè, perchè faccia indietro april ritorno,
Si rinfiora ella mai, nè si rinverde.
Cogliam la rosa in sul mattino adorno
Di questo dì, che tosto il seren perde;
Cogliam d’amor la rosa; amiamo or quando
Esser si puote riamato amando.

Tacque; e concorde degli augelli il coro,
Quasi approvando, il canto indi ripiglia.
Raddoppian le colombe i baci loro;
Ogni animal d’amar si riconsiglia :
Par che la dura quercia, e ‘l casto alloro,
E tutta la frondosa ampia famiglia,
Par che la terra e l’aria e formi e spiri
Dolcissimi d’amor sensi e sospiri.

(Le Tasse)

 

Recueil: Les Flèches d’Armide
Traduction: Jacques Audiberti
Editions: Imprimerie Nationale

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ODE (Pierre Motin)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2017



Illustration: Max Szoc Leuven
    
ODE

Doux antre, où mon âme guidée
Met son désir audacieux.
Clos à mes mains, clos à mes yeux,
Et découvert à mon idée;

Tertre qu’un lis dore la bouche,
De qui le dessous enflammé
Ressemble un œillet mi-fermé
Alors que le soleil se couche;

Brun séjour et secret arcade
Au fond de vermeil éclatant.
Et qui va le marbre imitant
Et le dessus dune grenade ;

Beau crêpe qui dessus blondoie,
De plus fin qu’on puisse trouver,
Amour lui-même en fit le ver
Et lui-même en fila la soie;

Toison d’or, d’amour enseignée,
Où mon désir est arrêté
Ainsi qu’une mouche en été
Dans les filets d’une araignée;

Petits gazon fait d’une rose,
Gros comme un coing en sa couleur,
Ne laisse point sécher ta fleur
A faute qu’aucun ne l’arrose.

(Pierre Motin)

 

Recueil: Anthologie universelle des baisers (III France)
Editions: H. Daragon

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Je voyage (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2017



Dans les puits creusés par la voix
Dans la voix
Dans le nombre entre le chiffre et le chiffre
Dans la pulsion entre le Sens et sa Soeur
Entre la veine du poignet et le cou
Je voyage

Dans le train du sommeil et de l’éveil,
Dans son tremblement qui va à la mort qui vient de l’enfance,
Dans le mouvement qui entre ses roues accélère, ralentit, et se bloque
Qui descend et monte, mouvement de la peau,
des barricades et des frontières dans
Le royaume de la peau, mouvement de lancer, de pousser, de tirer, mouvement
De la destruction, de la véhémence et de l’explosion,
mouvement de la bulle et de la mort juste avant
La mort entre le tonnerre et le signe entre le mot et la gorge
Je voyage

A l’extérieur des formes — l’image et son contraire
Rivages envahis de coquillages
A l’extérieur du coquillage
Je voyage

Je monte, j’explose
Je m’habille du bruit de la mer et du tremblement

Je tangue avec la terreur
Je me libère du repentir, des sermons, du retour
Je me libère de la patience
De mon sang et de l’Histoire qui dort en lui
Je me fragmente, je me dénude, j’inspire tout bas
moi-même contre moi-même
Je me mets à l’extérieur de toute chose et je demande
A la svelte folie de dérober mes cils comme une brise d’ouest

Je coupe, je romps, je me sépare
Je me cache sous mes deux lèvres
Loin loin loin

Dans la lumière dans les ténèbres
Dans le silence dans l’oubli
Dans une langue qui altère la parole
Dans une pluie qui change les saisons
Dans la soif audacieuse et la marche gratuite

Loin loin loin

De ce qui pèse et freine
De ce qui incline, attache, enferme
De ce qui favorise, concilie, enseigne
De ce qui satisfait, apaise, séduit

Loin loin

Là où je deviens l’éclair, la racine flottante la racine
Je voyage


Où le mur et le mur la chaise et le mur le tabac et le mur
sont dans un dialogue perpétuel
Où l’heure est trompe, le journal goéland ou colombe
Où le corps est tapis
Et le pain magicien aux milliers de masques
Et le corps présence et théâtre
Je voyage je voyage

Là — dans l’herbe sèche entre la veine et la veine
Dans la chaise couverte de la nuit
Dans mes livres ces peuples malades qui s’enlacent
et dorment autour de moi
Je voyage

(Adonis)

Illustration

 

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L’amour (Adélaïde Dufrénoy)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2016



L’amour

Passer ses jours à désirer,
Sans trop savoir ce qu’on désire ;
Au même instant rire et pleurer,
Sans raison de pleurer et sans raison de rire ;
Redouter le matin et le soir souhaiter
D’avoir toujours droit de se plaindre,
Craindre quand on doit se flatter,
Et se flatter quand on doit craindre ;
Adorer, haïr son tourment ;
À la fois s’effrayer, se jouer des entraves ;
Glisser légèrement sur les affaires graves,
Pour traiter un rien gravement,
Se montrer tour à tour dissimulé, sincère,
Timide, audacieux, crédule, méfiant ;
Trembler en tout sacrifiant,
De n’en point encore assez faire ;
Soupçonner les amis qu’on devrait estimer ;
Être le jour, la nuit, en guerre avec soi-même ;
Voilà ce qu’on se plaint de sentir quand on aime,
Et de ne plus sentir quand on cesse d’aimer.

(Adélaïde Dufrénoy)

Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/

 

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