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Poésie

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Carrières d’automne (Eugenio Montale)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2020



Carrières d’automne

sur lesquelles descend un printemps lunaire
qui nimbe de candeur chaque découpure,
éclats de pin, éclaboussure
aveuglante de filets tendus, de débris,

elle reviendra, reviendra sur le gel,
la bonté d’une main,
et franchira le ciel lointain
la chiourme lumineuse qui nous saccage.

***

Cave d’autunno

su cui discende la primavera lunare
e nimba di candore ogni frastaglio,
schianti di pigne, abbaglio
di red stese e schegge,

ritornerà ritornerà sul gelo
la bontà d’una mano,
varcherà il cielo lontano
la ciurma luminosa che ci saccheggia.

(Eugenio Montale)

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ODE AU MAGNOLIA (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2020



ODE AU MAGNOLIA

[…]

Une fleur de magnolia
pure
ronde comme un cercle
de neige
monta jusqu’à ma fenêtre,
me réconciliant avec la beauté.
Entre ses feuilles lisses
– ocre et vert –
fermée,
elle était parfaite
comme un oeuf
céleste,
ouverte
elle était la pierre
de la lune,
Aphrodite embaumée,
planète de platine.
Ses grands pétales me rappelèrent
les draps
de la première lune
amoureuse,
et son pistil
érigé
était tour nuptiale
des abeilles.

Ô blancheur
entre
toutes les blancheurs,
fleur immaculée,
amour resplendissant,
odeur de neige blanche
et de citrons,
secrète secrétaire
de l’aurore,
coupole
des cygnes,
rayonnante apparition!

Comment
te chanter sans
toucher
ta
peau très pure,
t’aimer
seulement
aux pieds
de ta beauté,
et t’emporter
dormante
dans l’arbre de mon âme,
resplendissante, ouverte,
aveuglante,
sur la forêt obscure
des songes!

(Pablo Neruda)

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Érotisme de la mémoire (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2018



Luc-Olivier Merson Diane chasseresse-1878

Érotisme de la mémoire

Cuisses de Diane
Ventre de Diane
Seins de Diane
Yeux de Diane

Le petit jour point dans la forêt où tout est orange !
Sauf le tronc marqué de craie des bouleaux.

C’est là près de cet arbre aux feuilles vieillissant avant la saison que j’ai
rencontré Diane dans une attitude naturelle mais rarement décrite
dans les poèmes.
Les fesses ovales se dessinaient entre le désordre du linge et le vert gris
tendre de l’herbe
Dans un sentier voisin le pas d’un garde retentit
Il passa sans qu’on le vît.
Tandis que Diane se dissolvait dans le jour,
comme le croissant de la lune.
À cet endroit de la forêt il y a les débris d’une bouteille
Un vieux livre que les pluies et les rosées renvoient au terreau
Une plume d’oiseau
Un morceau de silex
Une empreinte de pas profondément marquée dans la terre
Et quelqu’un, peut-être, passera là au jour et à l’heure de ma mort
0 vie, enivrante vie
Aveuglante et bienfaisante.

(Robert Desnos)

Illustration: Luc-Olivier Merson

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Respirer (Bernard Friot)

Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2016



la joie aussi
à l’heure où elle vient
imprévue et soudaine
fragile
mais aveuglante
toute-puissante
elle bouleverse l’instant
d’un instant
alors

faire silence
autour d’elle
rester immobile

et respirer
respirer

(Bernard Friot)


Illustration: Victor Prouvé

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RÉPIT EN JUILLET (Tomas Tranströmer)

Posted by arbrealettres sur 19 mai 2016



RÉPIT EN JUILLET

Il est couché sous les grands arbres
et là-haut lui aussi. Il se répand en milliers de rameaux,
se balance d’avant en arrière,
assis sur un siège éjectable qui se déclenche dans l’instant.

Il est là-bas près des pontons, cligne des yeux lorsqu’il regarde l’eau.
Les pontons vieillissent plus vite que les hommes.
Ils ont du bois argenté et des pierres dans le ventre.
La lumière aveuglante s’y enfonce pourtant.

Il vogue tout le jour dans un bateau ouvert
sur les baies étincelantes
finit par s’endormir dans une lampe bleue
tandis que les îles rampent sur le verre, comme de grands papillons.

(Tomas Tranströmer)

 

 

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