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Poésie

Posts Tagged ‘babil’

C’est cette jeune fille au teint sombre (Krishnakânt)

Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2021




    
C’est cette jeune fille au teint sombre

Comme des cygnes qui picorent en ligne
Les jeunes filles qui chantent et repiquent le riz
Semblent très très belles
C’est cette jeune fille au teint sombre
Qui a noué le pan de son sari
Rouge vif telle une bannière, qui s’élève et ondule
Comme si elle était sortie conquérir l’univers entier
C’est elle qui les guide
Et les surveille toutes
Ne t’arrête pas maintenant, ne flanche pas
À toutes elle répète cette formule
Toutes ensemble dans le ventre de la Terre
Ne cessent de repiquer le riz
C’est cette jeune fille au teint sombre
Qui dans sa langue fait pleuvoir
Une mélodie mêlée de miel
En arrière toutes ses compagnes
Entremêlent les mélodies
«Jaiyo sugnâ dûr desh ur jaiyo re… »
Lorsqu’on les aperçoit certaines rougissent, embarrassées
Mais elles continuent de s’épancher dans leur babil
Les gouttes de sueur brillent à leur front
Oh surprise
Vois, quelle scène charmante!
La terre parfumée, les vents
Qui fredonnent
Lorsque la verdure exultera La Terre distribuera des sourires
Demain la sueur dissoute dans le sol deviendra céréales
La faim des Hommes disparaîtra

C’est cette jeune fille au teint sombre
Qui rentre à sa maison
En ayant conquis la Terre, subjugué tout le monde
Sur sa tête le pan de son sari
Converse avec le ciel
Et rit comme l’étendard de la victoire…

(Krishnakânt)

 

Recueil: Pour une poignée de ciel Poèmes au nom des femmes dalit (Intouchable)
Traduction: Traduit du Hindi par Jiliane Cardey
Editions: Bruno Doucey

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Le babil inconnu (Michael Edwards)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2019


hiver

Nous respirons à peine. Les couleurs,
Les sons familiers des jours, les mains,
Les coeurs, attendent, mais déjà
Tout a changé, ou change, et dépasse
La poésie. Ce n’est pas
Comme la forme des arbres en hiver
Rendue visible par l’absence
Et l’avenir des feuilles.
Demain, par la brume lumineuse,
Nous demande d’ouvrir la lourde porte,
Malgré la peur, d’en être la charnière.
Le corps de l’âme cherche
En cet autre monde, son pays,
Dans les mêmes bouches, le babil inconnu.

***

We hardly breathe? Colours await,
A world of ordinary sounds,
Ans delves, and hands, and everything
Utterly different, and quite
Beyond imagining. Unlike
The structure of the winter trees,
Made visible within the absence
And futurity of leaves.
Tomorrow on the other side,
In a misting light, of an ancient door,
Appeals, appals, we two the hinge.
The body of the soul is moved
To seek its own in that other world,
New voices babbling in the old.

(Michael Edwards)

(NB: l’auteur est bilingue et il a traduit en français son poème puis reconstruit le poème anglais)

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LE REFUS (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2019



 

Xue Jiye (6)

LE REFUS

Retire-toi. Tel quel. Ferme tes lèvres.
Extrais le chant du fond de tes racines.
De la durée enivre la parole
Et si l’oiseau s’envole, retiens-le.

Je suis silence où se gâche le plâtre.
Un vieux concile est entré dans mes os.
Sois mon ivoire et la première pierre
D’un édifice effrayant les années.

Sois le gardien de la troupe verbale.
Rassemble-toi. Chaque Babel contemple
Un long babil, en marque l’agonie.
Tue la raison et tue la déraison.

Non pas l’écrin : le cristal recélant
La goutte d’eau pour les soifs d’avenir.
Le grain de blé germera dans l’histoire
Pour un seul mot par tes mots retenu.

(Robert Sabatier)

Illustration: Xue Jiye

 

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Lire la mémoire (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2019




    
Lire la mémoire aux volets fermés,
ses crimes, ses clés, ses caves,
le château des pluies,

Lire la prose des ombres, le babil
des abeilles, cette chose noire et douce,

Lire au soir le blason des nuages
lorsque l’eau se ride et que tu allonges
la main, tirant le fond noir du ciel.

(Lionel Ray)

 

Recueil: Comme un château défait suivi de Syllabes de sable
Traduction:
Editions: Gallimard

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PREMIÈRE PENSÉE DU JOUR (Jules Lefèvre-Deumier)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2018



Jan Balet
    
PREMIÈRE PENSÉE DU JOUR

Le jour, qu’enveloppait la nuit sous ses courtines,
D’un liséré d’argent ceint le front des collines :
Pèlerin matinal, j’entends, sur les buissons,
Du linot vigilant sautiller les chansons ;
J’entends, dans les blés mûrs, grisoller l’alouette,
Et le babil coquet de la bergeronnette,
Qui le long des prés verts cause avec les moutons.
Pour voir venir l’aurore, entr’ouvrant ses boutons,
Chaque fleur, qui s’évase en humide corbeille,
Est un lac de rosée, où se baigne l’abeille.
Plus d’un cœur, réchauffé par ce ciel généreux,
A chaque heure aujourd’hui pourra se croire heureux ;
Moi, je ne croirai rien : je souffre et je suis triste.
Je ne sais pas pourquoi le sort veut que j’existe :
Je suis mal dans la vie, et je voudrais mourir.
A travers ses sentiers je suis las de courir :
Ils ne changent pas plus de cailloux que de mousse.
Sous mon regard de plomb l’or du soleil s’émousse.
Si beau qu’il soit, ce monde est un livre ennuyeux :
Puis j’ai tout lu ; pourquoi ne pas fermer les yeux !

(Jules Lefèvre-Deumier)

Illustration: Jan Balet

 

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Envers et contre tout (Jacques Izoard)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2018



Illustration: Kazimir Severinovitch Malevitch
    
Envers et contre tout
la maison rouge se tient
comme navire, tour de Babil
et les insectes qui l’habitent
creusent et forent et percent
tous les sommeils pulvérisés.

(Jacques Izoard)

 

Recueil: Lieux épars
Traduction:
Editions: De la Différence

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Poème du Fou (Alain Jean-André)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2017




    
Poème du Fou (fagus: ancien du hêtre)

1
toi
qu’on appelait fou
hêtre

dont le nom
sonne
comme
l’être
nous sommes frères
car je suis
aussi
fou
que
toi

2
hêtre de l’hiver
dans le vent aigre
et bougonneur

penché
du côté
ascendant

être mien
dans les bois
qui penche du côté
du fou
du côté
ascendant

3
avec pour compagnon
le hêtre
— hors
la raison —
dans un pays
plus grand

plus grand
ô oui
où je ne rencontre
personne
que ces élans
de sève

4
fou qui s’incline
devant quel maître ?
fou dans la clarté
du matin
fou sous la pluie

jusqu’aux limites
où l’on ne voit
plus
les fumées
des maisons
humaines

5
gesticulant
sur ce chemin
sacrant
chantant

ah mes compagnons
les hêtres
me regardant
aller vers eux

6
j’écoute leur
murmure de
fou

leur babil de
feuilles
sur la route
des vents

leur chant
océanique

7
fous et fougères
autour
de moi

quelle terre haute
quel ciel ardent
émergent

(Alain Jean-André)

 

Recueil: Chemins profonds
Editions: Jacques Brémond

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Echappée à l’oeil des gens (Ernest Raynaud)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2017



Illustration: Marc Chagall
    
Echappée à l’oeil des gens,
Phillis, la blonde aux yeux fous,
Par les sentiers obligeants
Trouve Hylas au rendez-vous.

Aux lèvres qu’elle a vermeilles
Le galant qui l’aime, vite,
Comme aux fleurs font les abeilles
Follement se précipite.

Puis pour un très doux babil
Sous le ciel tendre, un long temps,
Un bouquet d’arbres, subtil,
Prête son ombre aux amants.

Le berger fouille les grâces
Tant que ses mains doivent-elles
A la fin, se trouver lasses
Du saccage des dentelles.

Livrant ses roses, ses lis,
Belle, aux bras de son vainqueur
Comme une folie, Philis,
En riait de tout son coeur.
Enfin juste la fatigue

— Voyez combien opportune ! —
A point dénoua l’intrigue
Au jour levant de la lune.

(Ernest Raynaud)

 

Recueil: Chairs profanes
Editions: Léon Vanier

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La naissance (Aïcha Arnaout)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2017




La naissance

Qui ne naît pas orphelin
à l’ère des roses artificielles et des relents d’acide ?
Qui peut encore reconnaître le sein de sa mère
après le premier cri
les premières larmes ?

La poignée de la porte bouge
en même temps que l’os du bassin
Et avant que le petit poumon ne se gonfle
de la première bouffée d’air
les chaînes se referment sur les mains délicates

Puis commence la reptation
sur des gradins inconnus
de potences et de boucliers de braise
alors que les canons des fusils
sont toujours braqués
sur les babils interdits

(Aïcha Arnaout)

 

 

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SOUVENIRS D’AVRIL (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2017



Anders Zorn La-Nymphe-Amour-1885-Anders-Zorn

SOUVENIRS D’AVRIL

Le rythme argentin de ta voix
Dans mes rêves gazouille et tinte.
Chant d’oiseau, bruit de source au bois,
Qui réveillent ma joie éteinte.

Mais les bois n’ont pas de frissons,
Ni les harpes éoliennes.
Qui soient si doux que tes chansons,
Que tes chansons tyroliennes.

*

Parfois le vent m’apporte encor
L’odeur de ta blonde crinière.
Et je revois tout le décor
D’une folle nuit, printanière ;

D’une des nuits, où tes baisers
S’entremêlaient d’historiettes,
Pendant que de tes doigts rosés
Tu te roulais des cigarettes ;

Où ton babil, tes mouvements
Prenaient l’étrange caractère
D’inquiétants miaulements,
De mordillements de panthère.

*

Puis tu livrais tes trésors blancs
Avec des poses languissantes…
Le frisson emperlait tes flancs
Émus des voluptés récentes.

*

Ainsi ton image me suit,
Réconfort aux heures glacées,
Sereine étoile de la nuit
Où dorment mes splendeurs passées.

Ainsi, dans les pays fictifs
Où mon âme erre vagabonde,
Les fonds noirs de cyprès et d’ifs,
S’égayent de ta beauté blonde.

*

Et, dans l’écrin du souvenir
Précieusement enfermée,
Perle que rien ne peut ternir,
Tu demeures la plus aimée.

(Charles Cros)

Illustration: Anders Zorn

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