Posts Tagged ‘balayer’
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023

Illustration: Salvador Dali
GUERRE
Le visage de la guerre est mon visage.
Le visage de la guerre est ton visage.
De quelle couleur
Est le visage
De la guerre ?
Brun, noir, blanc —
Ton visage et mon visage.
La mort est le balai
Que je prends en main
Pour balayer le monde
Propre.
Je balaie et balaie
Je passe la serpillière, la serpillière.
Je trempe mon balai dans le sang,
Ma serpillière dans le sang —
Et te blâme pour cela,
Parce que tu es là,
Ennemi.
Difficile de me blâmer,
parce que je suis ici —
Alors je te tue.
Et tu me tues.
Mon nom,
Comme ton nom,
Est guerre.
***
The face of war is my face.
The face of war is your face.
What color
Is the face
Of war?
Brown, black, white—
Your face and my face.
Death is the broom
I take in my hands
To sweep the world
Clean.
I sweep and I sweep
Then mop and I mop.
I dip my broom in blood,
My mop in blood—
And blame you for this,
Because you are there,
Enemy.
It’s hard to blame me,
Because I am here—
So I kill you.
And you kill me.
My name,
Like your name,
Is war.
(Langston Hughes)
Recueil: La panthère et le fouet
Traduction: Pascal Neveu
Editions: YPSILON
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Langston Hughes), balai, balayer, blanc, blâmer, brun, couleur, difficile, ennemi, guerre, main, monde, mort, noir, nom, passer, prendre, propre, sang, serpillère, tremper, tuer, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 avril 2023

Massacre de Tlatelolco
MÉMORIAL DE TLATELOLCO
L’obscurité engendre la violence
et la violence veut l’obscurité
pour se coaguler en crime.
C’est pourquoi le Deux Octobre patienta jusqu’à la nuit
afin que nul ne vît la main qui avait saisi
l’arme, mais seulement l’éclair.
Et dans cette lumière brève et livide, qui ? Qui est celui qui tue ?
Qui sont ceux qui agonisent et ceux qui meurent ?
Ceux qui fuient nu-pieds ?
Ceux qui vont tomber au fond d’une prison ?
Ceux qui vont pourrir à l’hôpital ?
Ceux qui restent muets à jamais d’épouvante ?
Qui ? Lesquels ? Personne. Le lendemain, personne.
La place à l’aube était bien balayée ; les journaux
donnaient comme information principale
le temps qu’il faisait.
Télévision, radio ou cinéma,
pas de changement de programme,
pas de flash spécial, pas de minute
de silence pendant le banquet.
(Le banquet continua.)
Ne cherche pas ce qui n’est pas : des traces, des cadavres
Tout a été donné en offrande à une divinité :
la Dévoreuse d’Excréments.
Ne consulte pas les archives : il n’y a eu aucun rapport.
Hélas, la violence veut l’obscurité
parce que l’obscurité engendre le rêve
et nous pouvons dormir en rêvant que nous rêvons.
Mais il y a une plaie que je touche : ma mémoire.
Elle a mal donc c’est vrai. Elle saigne à sang.
Si je dis qu’elle est mienne, je trahis tous les autres.
Je me souviens, nous nous souvenons.
C’est notre façon d’aider le jour à se lever
sur tant de consciences souillées,
sur un texte de colère, sur une grille ouverte,
sur le visage derrière l’impunité du masque.
Je me souviens, nous nous souviendrons
jusqu’à ce que la justice vienne parmi nous.
(Rosario Castellanos)
Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Rosario Castellanos), agonir, aider, archives, arme, aube, à jamais, éclair, épouvante, balayer, banquet, bref, cadavre, changement, chercher, cinéma, colère, conscience, consulter, continuer, crime, dévoreur, divinité, donner, dormir, engendré, engendrer, excrément, façon, flash, fond, fuir, grille, hélas, hôpital, impunité, information, jour, journal, justice, lendemain, livide, lumière, main, mal, masque, mémoire, mémorial, minute, mourir, muet, nu-pieds, nuit, nul, obscurité, offrande, ouvert, parmi, patienter, personne, place, plaie, pourrir, principal, prison, programme, qui, radio, rapport, rêve, rêver, saigner, saisir, sang, se coaguler, se lever, se souvenir, souillé, spécial, télévision, temps, texte, tomber, toucher, trace, trahir, tuer, venir, violence, visagenderrière, voir, vouloir, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022

Dans la pénombre des océans
Où finit la terre
Loin de toi ma geôlière
J’écoutais Haendel
Son Tremblement de terre de Rome
Comme granit dans la démesure de la fissure
L’île de Groix en face
Où Bourguiba faisait surface
Barbe généreuse et yeux perçants
Où le phare balayait la mer
Ses signaux verts battaient la nuit plaintive
Je ne savais si les airs du hautbois
Suppliaient l’océan d’être plus clément
Ou si les vagues frappant les rochers
Libéraient la falaise des bunkers de brume
(Tahar Bekri)
Recueil: Je te nomme Tunisie
Editions: Al Manar
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Tahar Bekri), air, écouter, île, balayer, barbe, battre, brume, bunker, clément, démesure, falaise, finir, fissure, frapper, généreux, geôlier, granit, Haendel, hautbois, libérer, loin, mer, nuit, océan, pénombre, perçant, phare, plaintif, rocher, savoir, signal, supplier, surface, terre, tremblement, vague, vert, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
À l’ombre des pins et des cyprès
La sagesse reçue des Anciens
M’accorda une vie humaine.
Elle m’invita, pauvre créature, jusqu’au palais
À tenir un humble rang dans le quartier des femmes.
J’ai joui de la grâce profuse du saint souverain,
Recueillant la faveur radieuse du soleil et de la lune.
Les rais brûlants de l’astre pourpre posés sur moi,
Je reçus la haute bénédiction dans le Pavillon de Zeng Shen.
Abandonnée à l’espoir de jours heureux,
Je délaçais mon souffle, éveillée comme endormie.
Mais les décrets du Ciel — qui pourra jamais les infléchir ?
Avant de les savoir, le soleil voilait sa lumière
Et me laissait déjà dans l’ombre du soir.
Je gardais la bonté du roi qui demeurait mon seul asile
Et mes fautes ne me conduisirent pas à l’exil.
J’ai servi l’impératrice douairière dans le palais d’orient
Et pris ma place parmi les suivantes de la Confiance éternelle.
J’aidais à laver les rideaux, à balayer le sol souillé
Et ma tâche se poursuit ainsi jusqu’au terme mortel.
Alors mes os trouveront repos au pied de la colline.
Et l’ombre vacillante des pins et des cyprès couvrira ma tombe.
(Pan Qi Yu)
(1er siècle avant J.-C.)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Pan Qi Yu), abandonner, accorder, aider, ancien, asile, astre, éternel, éveillé, balayer, bénédiction, bonté, brûler, ciel, colline, conduire, confiance, couvrir, créature, cyprès, décret, délacer, demeurer, douairière, endormi, espoir, exil, faute, faveur, femme, garder, grâce, heureux, humain, humble, impratrice, infléchir, inviter, jouir, jour, laver, lumière, lune, mortel, ombre, Orient, os, palais, pauvre, pavillon, pied, pin, place, poser, pourpre, pouvoir, profus, quartier, radieux, rai, rang, recevoir, recueillir, repos, rideau, roi, sagesse, saint, savoir, se poursuivre, servir, sol, soleil, souffle, souiller, souverain, suivante, tache, tenir, terme, tombe, trouver, vaciller, vie, voiler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022
![école [800x600]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2015/11/c3a9cole-800x600.jpg?w=523&h=418)
L’ORDRE
L’écolier qui balayait la classe
à tour de rôle était choisi
alors il restait seul
dans la crayeuse poussière
près d’une carte du monde
que la nuit refroidissait
quelquefois il s’arrêtait, s’asseyait
posant son coude sur la table aux entailles
inscrit dans l’ordre universel.
(Jean Follain)
Illustration
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), écolier, balayer, carte, choisi, coude, entaille, inscrit, nuit, ordre, poussière, refroidir, s'arrêter, s'asseoir, seul, table, universel | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 juin 2022

Illustration: Alice de Miramon
GRAAL
Je voudrais retourner là-bas,
Où chaque geste portait charge utile,
Où mentir ne venait pas au jour,
là-bas, où je sais bien que tu m’attends,
les yeux couverts de nuages
que le matin oublie chaque jour
un peu plus de balayer.
Je voudrais, quand la chaleur
retourne se cacher entre les céréales
et que l’horizon lance son dernier cri d’orgueil,
arriver par le versant de ton sommeil
où tu tisses le suaire de ta patience,
et voir par la fenêtre
ton visage incliné sur nos souvenirs,
et te tendre la main
comme si j’étais seulement allé
te cueillir un bouquet.
Mais je ne sais plus où fleurit ce
là-bas, ni même si jamais tu existas.
(Gil Jouana)
Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Gil Jouana), aller, arriver, attendre, balayer, bouquet, céréale, chaleur, chargé, couvrir, cri, cueillir, dernier, exister, fenêtre, fleurir, geste, Graal, horizon, incliner, jamais, jour, lancer, là-bas, main, matin, mentir, nuage, orgueil, oublier, patience, porter, retourner, savoir, se cacher, smmeil, souvenir, suaire, tendre, tisser, utile, venir, versant, visage, voir, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022

Dehors dans le jardin
Dehors dans le jardin,
Dehors dans le noir venteux, berçant,
Sous les arbres et sur les lits de fleurs,
Sur l’herbe et sous la bordure des haies,
Quelqu’un balaie, balaie,
Un quelconque vieux jardinier.
Dehors dans le noir venteux, berçant,
Quelqu’un secrètement remet de l’ordre,
Quelqu’un se glisse, se glisse.
***
Out in the Garden
Out in the garden,
Out in the windy, swinging dark,
Under the trees and over the flower-beds,
Over the grass and under the hedge border,
Someone is sweeping, sweeping,
Some old gardener.
Out in the windy, swinging dark,
Someone is secretly putting in order,
Someone is creeping, creeping.
(Katherine Mansfield)
Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Katherine Mansfield), arbre, balayer, berçant, bercer, bordure, dehors, fleur, haie, herbe, jardin, jardinier, lit, mettre, noir, ordre, quelconque, se glisser, secètement, venteux, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2021
C’est le chambre où il est mort.
Fenêtres portes courant d’air on emporte
on rapporte on lave on balaie on secoue
on frotte
Les murs ont l’air d’être comme avant
Les draps sont blancs
« Si Monsieur et Madame veulent monter leur chambre est prête »
(Pierre Albert-Birot)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Pierre Albert-Birot), balayer, blanc, chambre, drap, fenêtre, laver, mort, mur, porte, prête | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2021

Illustration: Henri Eisenberg
Mon aimée, mon coeur, nuit et jour,
brûle de te rencontrer comme on rencontre la mort dévorante.
Que je sois balayé par toi comme par une tempête.
Prends tout ce que j’ai;
détruis mon sommeil et ravis mes rêves.
Dérobe-moi ma vie.
Par cette dévastation,
par ce dépouillement total de mon âme,
devenons un seul être de beauté…
Hélas! mon désir est vain.
Où est l’espoir de communion complète
sinon en toi, mon Dieu?
(Rabindranath Tagore)
Recueil: Le jardinier d’amour La jeune Lune
Traduction: Mme Sturge Moore
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), aimer, âme, balayer, brûler, coeur, communion, complet, dépouiller, dérober, désir, détruire, dévaster, dévorer, Dieu, hélas, jour, mort, nuit, prendre, ravir, rêve, se rencontrer, sommeil, tempête, total, vain, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021
![Odilon Redon_mystery [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/09/odilon-redon_mystery-1280x768.jpg?w=745&h=1006)
Je me protège de cette rafale
Qui balaie sur les cimes des peupliers
La lumière de la place.
Dans le faible reflet, une volée
De feuilles remonte le bord de la muraille.
Elle me frappe là où j’ai mal,
Cette voix, toute la nuit :
Me revient ma triste
Vocation à exister, cette soif
De me chercher en tous lieux.
***
Mi difendo a questa raffica
Che spolvera la luce della piazza
Suite cime dei pioppi.
Nel debole riverbero uno stormo
Di foglie risale il ciglio della murata.
Batte qui dove mi duole
Questa voce tutta flotte :
Mi ritorna la triste
Vocazione ad esistere,
La brama di cercarmi in ogni luogo.
(Leonardo Sinisgalli)
Illustration: Odilon Redon
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Leonardo Sinisgalli), balayer, chercher, cime, exister, frapper, lumière, muraille, nuit, peuplier, protéger, rafale, reflet, soif, triste, vocation, voix | Leave a Comment »