Je marche tout seul le long de la ligne de chemin de fer
Dans ma tête y a pas d’affaires
Je donne des coups de pied dans une petite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
Je suis mal en campagne et mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Je traîne fumée, je me retrouve avec mal au cœur
J’ai vomi tout mon quatre heures
Fêtes, nuits folles, avec les gens qu’ont du bol
Maintenant que je fais du music-hall
Je suis mal à la scène et mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman comment, tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Moi je voulais les sorties du port à la voile
La nuit, barrer les étoiles
Moi les chevaux, le revolver et le chapeau de clown
La belle Peggy du saloon
Je suis mal en homme dur
Et mal en petit cœur
Peut-être un petit peu trop rêveur
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Je marche tout seul le long de la ligne de chemin de fer
Dans ma tête y a pas d’affaires
Je donne des coups de pied dans une petite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
Je suis mal en campagne, j’suis mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Mes yeux parcourent le monde et nul horizon ne barre ma vue ;
je vois Tokyo et Paris et New-York,
je vois les bombes exploser sur Barcelone et dans les rues de Canton.
Les méfaits sans nombre de l’homme et ses rares bienfaits se déroulent en moi.
Je suis la bête qu’il tue, l’oiseau qu’il nourrit et sauve;
Les pensées d’esprits inconnus vibrent en moi et m’exaltent ;
je porte la douleur de millions d’êtres dans ma poitrine solitaire.
(Sri Aurobindo)
Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust
Nous nous convertissons
nous adhérons nous payons cher
nos violentes appartenances
nous barrons le passage
à la petite voix
celle-là dedans qui tambourine
des au secours à tout-va
nous flottons entre-deux
coupant les racines
et coupant les ailes
nous sommes nombreux
et nous sommes seuls.
Sur un lit dur, derrière un mur de planches
On entend des pas comme un chuchotis,
La femme des bois fait bruire les branches,
Sa robe se froisse à longs plis.
Pareils à l’eau d’un lac ses seins ondoient,
Cordes nouées ses nattes sont de chanvre,
Vaste est son ventre, il oscille et se ploie
Au balancement de ses hanches.
Pour celui-là qui lui barre la route,
Homme viril qui saura la saisir,
Sa forme soudain devient frêle et douce,
Sa chair frémit d’attendre le plaisir.
À l’abandon les épaules pesantes,
Ses seins sont brûlants d’un feu germinal
Et sa beauté dévoile, consentante,
Le bois sauvage et le giron natal.
La moisson neuve ayant comblé ses sens
Elle a quitté son complice de chair,
Rêvant déjà retrouver la puissance
D’un autre amant sur les chemins déserts.
Où la terre est de mousse et sont tendres les touffes
Ses enfants furent allaités,
Dans chaque appel que la forêt étouffe
Lui vient l’écho de sa fécondité.
Tombent les plis, s’apaise la rumeur,
La femme des bois retient son élan,
Quelqu’un puissamment en elle demeure
Désir éternel et violent.
(Menahem Boraisha)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
Je l’ai écrit sur une ardoise,
Sur les papiers des éventails
Et sur les rives, et sur les berges,
Patins sur glace, anneau sur verre,
Sur des troncs d’arbres centenaires,
Afin que sache le monde entier,
Je l’ai signé en arc-en-ciel,
Oui, que je t’aime, je t’aime, je t’aime !
Comme j’ai voulu que tous fleurissent
Des siècles, en moi et sous mes doigts.
Puis j’ai barré, biffé, rayé,
Front dans les mains — des noms — combien ?
Gravé dans l’or de mon alliance,
Serré au coeur, brûlant le sein :
Ton nom, toi seul, à l’intérieur,
— Table de Moïse — tu demeures.
(Marina Tsetaeva)
Recueil: Mon dernier livre 1940
Traduction: Véronique Lossky
Editions: Cerf
J’entre, sans le savoir, dans la maison d’un mort.
Il me barre le seuil, je traverse son corps.
Je piétine un basset qui venait me flairer
et sa ligne s’écrase où coulent d’autres ombres ;
mes lèvres ont frôlé la bouche d’une femme,
je passe à gué le mur qui fut d’une prison
et je conduis mes yeux dans un brouillard étrange
où tous les disparus ne sont que transparence.
Le sol ondule autour
de mes pieds. Les fleurs sauvages
dans leur multitude, me font obstacle,
me barrent la route
m’empêchent de passer.
Je me sens embarrassé.
J’ai l’impression que m’entourent des milliers
de jolis petits poèmes.
Étudiant toute ma
vie la perfection,
je pense immobile
à la modicité de mes vers.
(Nikiforos Vrettakos)
Recueil: LA MYTHOLOGIE DES FLEURS
Traduction: N. Lygeros
Editions: