Posts Tagged ‘batelier’
Y a-t-il un lieu de silence (Charles Vildrac)
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020
– Y a-t-il un lieu de silence
Où je puisse essayer mon chant
Sans que le submerge en moi-même
Le tumulte de ces orages,
Les cris aigus de ce prétoire
Où se proclament par cent voix
Le mensonge des criminels
La cupidité des voleurs
Et la lâcheté des esclaves ?
– Un seul accent vrai de ton cœur
En toi couvrira cent voix fausses.
Ah ! mon cœur n’est-il pas pareil
À un fruit jeté dans la mer :
Quand un batelier le recueille
Il est encore plein et doré
Mais sa chair que l’eau a forcée
N’a plus que l’âcreté du sel.
J’ai regardé bien trop de morts
Avec des yeux secs et distraits ;
J’ai connu trop de paysages,
J’ai pressé pendant ces cinq ans
Trop de mains, vu trop de visages ;
Des flots ont noyé ma mémoire.
– La moisson étouffe et aveugle
L’ample grenier qui la contient
Mais d’où jaillira chaque gerbe
À son tour, avec tous ses grains.
Sur le lourd butin qui t’accable
Penche-toi ! Dans un cœur aimant
Rien n’est perdu, rien ne s’efface
De ce qu’y a mis chaque jour.
(Charles Vildrac)
Traduction:
Editions: Gallimard
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BATELIER DE L’ALLIER (Maurice Fombeure)
Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2019
BATELIER DE L’ALLIER
Batelier de la Loire,
Joli batelier, batelier d’Allier,
Il a tiré au sort,
Au sort et le premier,
Batelier de l’Allier.
L’est parti pour la gloire,
Batelier de la Loire,
Dans les chasseurs à pied,
Batelier de l’Allier.
C’est un beau régiment,
Un régiment de gloire,
Batelier de la Loire,
Un régiment qui plaît,
Batelier de l’Allier.
S’il en revient gradé,
Botté z’à l’écuyère,
Batelier de la Louère,
Sa femme sera fière
De s’aller promener
Le dimanche après dîner,
Batelier de l’Allier.
Un coup de sabre au ventre,
C’est beaucoup moins cherché,
Batelier de la Loire.
Dans la gloire on y entre
Mais n’en sort plus jamais,
Batelier de l’Allier.
Batelier de la Loire,
Y fut tué le premier ;
Mourut à la nuit noire,
Batelier de la Loire.
Tout seul dans un hallier,
Batelier de l’Allier.
Buvons à sa mémoire,
Bateliers de la Loire,
Un coup de muscadet,
Bateliers de l’Allier.
(Maurice Fombeure)
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Dimanches (Jules Laforgue)
Posted by arbrealettres sur 10 août 2019
Dimanches
Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve,
Il pleut, il pleut, bergère ! sur le fleuve…
Le fleuve a son repos dominical ;
Pas un chaland, en amont, en aval.
Les Vêpres carillonnent sur la ville,
Les berges sont désertes, sans idylles.
Passe un pensionnat (ô pauvres chairs ! )
Plusieurs ont déjà leurs manchons d’hiver
Une qui n’a ni manchon, ni fourrures
Fait, tout en gris, une pauvre figure.
Et la voilà qui s’échappe des rangs,
Et court ! Ô mon Dieu, qu’est-ce qu’il lui prend
Et elle va se jeter dans le fleuve.
Pas un batelier, pas un chien Terr’ Neuve.
Le crépuscule vient ; le petit port
Allume ses feux. (Ah ! connu, l’décor ! )
La pluie continue à mouiller le fleuve,
Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve.
(Jules Laforgue)
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La jeune fille aux yeux de fête (Edmond Jabès)
Posted by arbrealettres sur 8 juin 2018
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les fatigues du chemin
Les sentiers de montagne
Mulets de la mémoire
Les prunelles dénouent la chevelure geste
audacieux des cils dont le dessein est
funeste le destin intérieur
Tirez le regard bateliers
de la feuille aux racines
Les nuages demeurent
quand les cieux perdus meurent
Projetée Toute distance est annulée La pierre
prépare son recours en grâce
La lumière a livré son secret La
nuit est une nouvelle chance
L’objet porte en lui la trace
des longues griffes de l’œil
Le paysage ému se venge
Blanc pour prouver
écran lavé
Œil pour boutonner
Œil pour échanger
Œil pour répandre amasser
dénombrer étiqueter unir
exaucer
Œil des deux rives
Médaillons imités
La palme décernée
dans l’intimité
La parole est un œil
Le silence l’épie
Les jambes de l’œil pour marcher
L’épaule de l’œil pour dormir
Et les mains
imaginent
Si belle debout
Le secret gardé
(Edmond Jabès)
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J’ai entendu Scorpion affûter sa lame (Hilda Doolittle)
Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2017
Les murs ne tombent pas
[30]
J’ai entendu Scorpion affûter sa lame,
j’ai craint Archer (son arc tendu),
les cornes du Bouc étaient menace,
d’abord se haussaient ? puis jusqu’à terre ;
de l’autre côté de l’abîme
le Batelier attendait,
l’époque est celle de la nouvelle dimension,
ose, cherche, cherche encore, ose davantage,
voici la clé de l’alchimiste,
elle ouvre des portes secrètes,
le présent va un peu plus loin
dans la fine distillation de l’émotion,
l’élixir de vie, la pierre philosophale
est tienne si tu abandonnes
logique stérile, raison triviale ;
ainsi l’esprit dispersé, osait le savoir occulte,
trouvait les portes secrètes ouvertes,
s’affolait, perdu dans les profondeurs marines,
océan subconscient ou Poissons
suivent deux directions, dévorent ;
quand l’identité dans les profondeurs,
se fusionnant au meilleur,
pieuvre ou requin s’élève
du fond de la mer :
illusion, réversion des vieilles valeurs,
unité perdue, folie.
***
I heard Scorpion whet his knife,
I feared Archer (taut his bow),
Goat’s horns were threat,
would climb high? then fall low;
across the abyss
the Waterman waited,
this is the age of the new dimension,
dare, seek, seek further, dare more,
here is the alchemist’s key,
it unlocks secret doors,
the present goes a step further
toward fine distillation of emotion,
the elixir of life, the philosopher’s stone
is yours if you surrender
sterile logic, trivial reason;
so mind dispersed, dared occult lore,
found secret doors unlocked,
floundered, was lost in sea-depth,
sub-conscious ocean where Fish
move two-ways, devour;
when identity in the depth,
would merge with the best,
octopus or shark rise
from the sea-floor :
illusion, reversion of old values,
oneness lost, madness.
(Hilda Doolittle)
Posted in poésie | Tagué: (Hilda Doolittle), alchimiste, archer, élixir, émotion, batelier, bouc, chercher, distillation, folie, illusion, marine, meilleur, océan, oser, pierre, pieuvre, profondeur, requin, scorpion, stérile, valeur, vie | 1 Comment »
LE BATELIER (Sylvie-E. Saliceti)
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2017
LE BATELIER
« Qui atteint l’autre rive ,
Du côté de l’aurore ?
Coulant vers le soleil
par-delà les remparts ?
Courant vers les enfants,
qui pleure avec la pluie ?
Pour guider l’Océan
et pourfendre la nuit ?
Qui atteint l’autre bord ?
Où sont les rives d’or ? »
Le poète, batelier…
le poète
lui répondit Milarepa.
(Sylvie-E. Saliceti)
Découvert ici: http://revuedepoesie.blog.lemonde.fr/
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Sylvie-E. Saliceti), atteindre, aurore, batelier, bord, couler, courir, enfant, guider, nuit, océan, or, pleurer, pluie, poète, pourfendre, rempart, rive, soleil | Leave a Comment »
Nuit Rhénane (Guillaume Apollinaire)
Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2016

Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Ecoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n’entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été
Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire
(Guillaume Apollinaire)
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ASSOCIATIONS (André Spire)
Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2016
ASSOCIATIONS
Ma fille, votre cruche est pleine.
L’eau déborde.
A quoi pensez-vous ?
—Je pense à la pluie.
Je pense au matin,
Et à ses vapeurs,
Et à sa rosée,
Ma mère!
—Vous pensez à ça.
Je n’y pensais pas.
—Vous alliez au puits,
Moi à la fontaine.
Vous tiriez la chaîne.
Moi je peux rêver!
—A quoi rêvez-vous, ma fille,
Ma fille ?
—Au ciment, ma mère, qui capte la source,
Au fer qui la mène,
Au fer et aux mines,
Aux ports, aux canaux,
Et aux bateliers,
Et aux terrassiers,
Et au fontainier,
Et à leurs chansons,
Et à leurs baisers…
—Et à leurs baisers ?
—Je suis fille, ma mère.
Je suis fille,
Ma mère.
(André Spire)
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