Posts Tagged ‘bâtir’
Posted by arbrealettres sur 16 mai 2023

LES BÂTISSEURS DE CATHÉDRALE
Ils étaient des milliers venus de mille savoirs,
Hagards tailleurs de pierre et sculpteurs pathétiques,
Terrassiers de hasard, charpentiers faméliques,
Turbulents compagnons venus bâtir l’histoire.
S’étaient levés matin à l’appel cardinal,
Cheminant des provinces du vieux pays de France,
Ou de Gand la brumeuse ou de claire Florence,
Ils étaient les mains nues de l’art occidental.
Sous les ordres rugueux d’un vieux moine architecte,
Tour de Babel soudée par la foi catholique,
Ils besognèrent trois siècles en quatre-vingt dialectes,
Mais pour le plus grand nombre, de relève en relève,
La flèche terminale du grand vaisseau gothique,
Ne fut qu’une promesse, et même pas un rêve.
(Roger Bevand)
Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe
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Posted in poésie | Tagué: (Roger Bevand), appel, architecte, art, bâtir, bâtisseur, besogner, brumeux, cardinal, cathédrale, catholique, charpentier, cheminer, claire, compagnon, dialevte, famélique, flèche, foi, gothique, hagard, hasard, histoire, main, millier, moine, nu, occidental, ordre, pathétique, pays, pierre, promesse, province, rêve, relève, rugueux, savoir, sculpteur, se lever, soudé, tailleur, terminal, terrassier, tour, turbulent, vaisseau, venir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 mai 2023

ANDALOUSIE
Cette terre a l’écorce de ses vieux sycomores,
La rudesse de ses pins, la douceur des lavandes,
Le parfum tourmenté des roseaux sur la lande,
Et dans son sang chrétien le fantôme des Mores.
Les oliviers crochus s’y tordent infiniment,
Cloués à des collines qui n’en finissent pas,
Et crucifiés d’ardeur sur leur brun Golgotha,
Ils languissent la pluie en verts tressaillements.
Quand le soir décadent incendie les remparts,
A l’heure où la montagne tourne fantomatique,
On peut voir indécise, sereine et famélique,
Quelque chèvre accrochée aux rochers du hasard.
Cette terre porte ses villes comme autant de diadèmes,
Cordoba la gitane et Séville la mauresque,
Et Granada la rouge et Cadiz l’arabesque,
Cette terre bâtit ses villes comme autant de poèmes.
Partout sont les mosquées et les blanches cathédrales,
Les minarets de fièvre et les clochers d’orgueil,
Les villages andalous assoupis sur le seuil,
Et la lourde torpeur de la mer orientale.
Ce pays est un rêve, un délire céramique,
Une harmonie bleutée de soleil et de mer,
Avec dans son âme le reproche doux-amer
D’une guitare flamenco sanglotant sa musique.
(Roger Bevand)
Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe
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Posted by arbrealettres sur 29 avril 2023

couteau
Bâtis un mur
autour de ton cœur
pour que l’amour
ne puisse jamais entrer.
L’amour est plus cruel
que le couteau
d’un homme
qui tranche
la gorge
de quatre enfants.
***
knife
Build a wall
around your heart
so that love
can never get in.
Love is crueler than the knife of a man
who slit
the throats of four children.
(Richard Brautigan)
Recueil:Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus
Traduction: de l’anglais par Thierry Beauchamp et Romain Rabier
Editions: Points
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Posted by arbrealettres sur 9 avril 2023

Illustration: Gennady Privedentsev
COMME UN AUTRE DOMAINE
J’étais auprès de toi comme un autre domaine.
Nos versants se touchaient — et nous ne savions plus
si des cieux étrangers frôlaient nos bois perdus.
Des miroirs t’appelaient au creux de mes fontaines,
tu cueillais l’eau vivante ou l’éclair bleu d’un geai.
Je bâtissais des feux sous tes branches pressées.
Sur le noeud des aubiers nos doigts se rencontraient
Nous échangions le vent, des ailes par poignées,
et de longues ciguës qui ombrageaient nos coeurs.
Nous étions deux enfants aux confins de la vie,
plus secrets que des faons, avec des yeux vainqueurs,
à jamais possesseurs de terres agrandies.
(Anne-Marie Kegels)
Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Editions: Marabout
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Posted by arbrealettres sur 14 mars 2023

L’école buissonnière
Je t’ouvre des pays qui n’ont pas de frontières
Je te présente à Dieu
Tu prends fleur dans le vent
L’oiseau bâtit son nid au creux de ton épaule
Je te poursuis encor sur la mer
C’est pour toi
Que cette main devient étoile et primevère
Et c’est pour toi
L’envol inquiétant des fenêtres
En ce moment tu viens de m’apparaître
À la place que j’occupais
A celle que j’occuperai
Pendant bien des années encor
Tu es le lierre de mon corps
Je ne veux plus te voir effrayée
Mais dormante
Et la poitrine nue
Comme un pays neigeux
Je te destine au frais tumulte de ma bouche.
(René Guy Cadou)
Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2022

Illustration
Peut-être, quand viendra la nuit
Vais-je poser mes mains autour de ton visage?
Une lampe assourdie balancera le vent
Qui monte des ravins d’octobre avec la pluie
Tu t’approcheras, nue, entre les murs bâtis
Mais je ne connaîtrai de toi que ton visage.
Je retiendrai l’instant comme une écluse haute
Capable d’emporter deux corps dans un courant
Je dirai la raison sourde des marécages
Croupis dans une attente à goût d’orage et d’eau.
Je tiens la nuit contre ma bouche
D’un souffle si léger, si pur
Qu’il entretient le feu des pierres.
Un geste pourrait dévaster
Les jardins en pente du jour;
Le plus court hasard nous tuerait
En ce territoire incertain.
Je reste en vie si loin de toi
Mon absente, ma déferlante
Parce qu’aux confins fous du sang
Luit le pavot bleu du plaisir.
(Luc Bérimont)
Recueil: Le sang des hommes
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2022

À quoi reconnaît-on la beauté
à quoi reconnaît-on la beauté
elle provoque la liberté
chemin né du seul pas
comment reconnaître la liberté
quand indicible une chute bâtit la voix
(Stéphane Juranics)
Dans l’écrit du monde, 2009.
Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2022

Invitation
Je vous souhaite la peur délicieuse d’un orage
tout seul dans votre chambre d’enfant
le sourire triste d’un bonbon de miel
au cours d’une convalescence tiède,
un baiser, sur le front, dans le noir.
Je vous souhaite l’émerveillement d’un caillou
choisi sur une plage entre cent millions d’autres.
Je voudrais tant que vous partagiez l’événement d’une ultime coccinelle
perdue sur la page d’un livre à la rentrée des classes,
le bouleversement d’une goutte de rosée qui hésite à l’extrémité d’une branche
ou la fragilité du ronronnement d’un chat dans la pupille de la nuit.
Écoutez la cotte de maille du peuplier dans le vent !
Écoutez l’audace d’une odeur de mimosa en plein coeur de l’hiver !
Je vous souhaite la curiosité,
l’appétit d’infimes et de minuscules rencontres
l’éclair d’une cicindèle ou d’un martin-pêcheur…
le plaisir d’une giboulée sur la peau nue
les grains de douceur sur la rivière
qui confesse tous les dessous du ciel
de ses dentelles d’écume sur les galets.
Je vous souhaite, le panier rempli de chanterelles,
l’odeur de chien mouillé, du vêtement qui sèche
près d’une flamme de feu de bois
et l’amitié de ce vieil habit qui ne craint rien.
Le chèvrefeuille, le chardonneret, l’ancolie, la morille…
Ah ! comme je vous souhaite de bâtir votre enfance
dans un puzzle de nuages blancs
la nuque sur un coussin de mousse.
(Jean-Hughes Malineau)
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Posted in poésie | Tagué: (Jean-Hughes Malineau), amitié, ancolie, appétit, audace, éclair, écouter, écume, émerveillement, évènement, baiser, bâtir, blanc, bois, bonbon, bouleversement, branche, caillou, chambre, chanterelle, chardonneret, chat, chèvrefeuille, chien, choisir, cicindèle, ciel, classe, coccinelle, coeur, confesser, convalescence, coussin, craindre, curiosité, délicieux, dentelle, dessous, douceur, enfance, enfant, extrémité, feu, flamme, fragilité, front, galet, giboulée, goutte, grain, habit, hésiter, hiver, infime, invitation, livre, martin-pêcheur, miel, mimosa, minuscume, morille, mouillé, mousse, noir, nu, nuage, nuit, nuque, odeur, orage, page, panier, partager, peau, perdre, peur, plage, plaisir, pupille, puzzle, remplir, rencontre, rentrée, rivière, ronronnement, rosée, sécher, seul, souhaiter, sourire, tiède, triste, ultime, vêtement, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2021

Quand parviendra-t-il à comprendre
Nuit et jour
Il
Ne cessa de lutter
Avec les briques, le ciment, les pierres
Ne cessa de bâtir les maisons, les palais, les belles demeures des gens
Mais
Jamais il ne put fabriquer sa propre maison
Oui,
Il éleva ses enfants
Avec le blé, le riz et les légumineuses
Qu’il ramenait dans le pan de sa tunique
Il les fit éduquer et
Rêva
De les voir devenir de grands hommes.
Le rêve se réalisa
Ses enfants eurent des maisons, des palais, de belles demeures
En les contemplant
Il
Se mit à vaciller de joie
Et alla au temple
Commença à baiser les pieds
Des divinités qui s’y tenaient.
Je
Pleurai
Sur cette coutume qu’il avait faite sienne
Quand
Parviendra-t-il à comprendre
La différence entre les divinités du temple
Et
Ses efforts?
(Pûran Singh)
Recueil: Pour une poignée de ciel Poèmes au nom des femmes dalit (Intouchable)
Traduction: Traduit du Hindi par Jiliane Cardey
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Pûran Singh), aller, éduquer, élever, baiser, bâtir, beau, blé, brique, cesser, ciment, commencer, comprendre, contempler, coutume, demeure, devenir, différence, divinité, effort, enfant, fabriquer, gens, homme, jamais, joie, jour, légumineuse, lutter, maison, nuit, palais, pan, parvenir, pied, pierre, pleurer, quand, ramener, rêver, riz, se réaliser, temple, tunique, vaciller | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2021

REINE DES BOIS
AUJOURD’HUI la Présence
M’a mis sous les yeux
La reine des bois à la blanche écume
De pétales immaculés,
Les quadruples étoiles innombrables
Ouvrent des coeurs de vie,
Dans un jardin de Londres
Elles poussent en un bois printanier
Devant la cité et derrière
Des machines dont le bruit
Déchire le ciel.
Les blanches étoiles
N’entendent pas; elles me disent
« Les bois existent toujours ».
Le muguet
Recherche le terreau de feuilles
Et les merles
Bâtissent de nouveau, réparent
Les accrocs que nous faisons
Dans les temps et dans les lieux.
Les bois immémoriaux
Sont ici, sont tout près,
Les blanches étoiles passent
L’invisible frontière:
« Viens à nous », disent les fleurs,
« Nous te montrerons le chemin. »
***
WOODRUFF
TODAY the Presence
Has set before me
Woodruff’s white foam
Of petals immaculate,
Fourfold stars numberless
Open life’s centres,
In a London garden
They grow in a spring wood
Before the city and after
Machines whose noise
Tears the sky.
The white stars
Do not hear; they tell me
The woods are always’.
Lily-of-the-valley
Feels for loam of leaves
And the blackbirds
Build anew, repair
The rents we tear
In times and places.
Immemorial woods
Are here, are near,
The white stars cross
The invisible frontier:
`Come to us’, the flowers say,
` We will show you the way.’
(Kathleen Raine)
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), accroc, écume, étoile, bâtir, bois, bruit, chemin, ciel, cité, coeur, déchirer, dire, fleur, frontière, invisible, jardin, montrer, pétale, présence, printanier, réparer, reine, terreau, vie | Leave a Comment »