Posts Tagged ‘baume’
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023
Illustration: Marianne Clouzot
ENFANT MEXICAIN
Me voici où je ne suis pas,
sur l’Anahuac argenté,
à sa lumière sans pareille
peignant un enfant de mes mains.
On le dirait, sur mes genoux,
une flèche de l’arc tombée
et que j’aiguise et que j’effile
en le berçant et chantonnant.
Dans un air si vieux et si jeune,
toujours il me semble trouvaille
et je le tourne et le retourne
avec le refrain que je chante.
Ses yeux d’un noir-bleu me regardent
d’un regard de vie éternelle
et comme d’un geste éternel,
moi, je le peigne de mes mains.
Sa nuque et ses bras sont coulée
de résines de pin ocote;
il est lourd et il est léger
d’être la flèche sans son arc…
Moi, je le nourris de mon rythme,
lui me nourrit de quelque baume,
qui est le baume des mayas
dont mes yeux n’ont pas eu la joie.
Je joue avec sa chevelure
que je sépare et que je lisse
et, dans ses cheveux, je retiens
les mayas en dispersion.
Voilà douze ans que j’ai quitté
mon petit enfant mexicain;
mais, dans la veille ou le sommeil,
je le peigne encor de mes mains…
C’est là une maternité
qui ne lasse pas mes genoux,
c’est une extase libérée
à jamais par moi de la mort.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), aiguiser, air, arc, argenté, à jamais, éternel, baume, bercer, bleu, bras, chanter, chantonner, chevelure, couler, dire, dispersion, effiler, enfant, extase, flèche, genoux, geste, jeune, joie, jouer, léger, libérer, lisser, lourd, lumière, main, maya, mexicain, mort, noir, nourrir, nuque, pareil, peigner, pin, quitter, résine, refrain, regard, regarder, retenir, retourner, rythme, séparer, sembler, sommeil, tomber, toujours, tourner, trouvaille, veille, vie, vieux, voivi, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2022

Même pur le désert s’adoucit tu te mires
Dans l’eau qui lui sourit à la bouche désir
De t’offrir le secret de sa meilleure source
C’est ton heure et pour toi les mirages se couchent
Je te vois et le beau temps de la journée
Où j’ai vécu sans y voir clair
Enfin prend corps pour m’éclairer
Sur les baumes qui ont fleuri
En ton absence à notre insu
Tu en es toute imprégnée
Toi la trouvaille tu viens parée
D’un fin collier d’instants perdus
Qui ont perlé de mes pensées
D’où mon amour était exclu
Ton art parfait entre les lignes
Chasse le blanc confus de n’être
Que la fumée autour des signes
Où les flammes n’ont pas pu naître
Quand la mémoire en secret rêve
Profond contre l’oubli forcé
Tu sors réelle de l’absence
Naturelle de ta légende
Suggérée insinuante
Innocente de tes tours
Tu vis heureuse entre les ombres
Ouvrant mon livre à deux battants
Et consacrant cette fenêtre
A la lumière du satin
Au filigrane de tes veines
Au grain le plus fin du destin
A la nacre ayant la peau chaude
Au miroir que tu mets que tu ôtes
Mon livre comme un lit ouvert
Où je te trouve et je te perds
(Ernest Delève)
Illustration: Goyo Dominguez
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Posted in poésie | Tagué: (Ernest Delève), absence, éclairer, baume, collier, consacrer, désert, désir, filigrané, fleurir, heureuse, innocente, lit, lumière, mémoire, ombre, peau, perdre, profond, pur, s'adoucir, satin, secret, sourire, tour, trouvaille, trouver, veine | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022

Illustration: ArbreaPhotos
LE CHAT
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue
Où livres et cahiers gisent ouverts ou clos,
Il passe comme un souffle, effleurant de sa queue
La feuille où ma pensée allume ses falots,
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue.
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose
Pour lustrer son poitrail et son minois si doux,
Il me cligne de l’œil en faisant une pause,
Et je voudrais toujours l’avoir sur mes genoux
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose.
Accroupi chaudement aux temps noirs de décembre
Devant le feu qui flambe, ardent comme un enfer,
Pense-t-il aux souris dont il purge ma chambre
Avec ses crocs de nacre et ses ongles de fer ?
Non ! assis devant l’âtre aux temps noirs de décembre
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes
À la face bizarre, aux tétons monstrueux,
Il songe à l’angora, mignonne des mignonnes,
Qu’il voudrait bien avoir, le beau voluptueux,
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes.
Il se dit que l’été, par les bons clairs de lune,
Il possédait sa chatte aux membres si velus ;
Et qu’aujourd’hui, pendant la saison froide et brune,
Il doit pleurer l’amour qui ne renaîtra plus
Que le prochain été, par les bons clairs de lune.
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve,
Et quand nous en sortons encor pleins de désir,
Il nous jette un regard jaloux et presque fauve
Car tandis que nos corps s’enivrent de plaisir,
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve.
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte,
Comme pour y cueillir un brin de volupté,
La passion reluit dans sa prunelle verte :
Il est beau de mollesse et de lubricité
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte.
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante,
Dans le creux où son corps a frémi dans mes bras,
Il se roule en pelote, et sa tête charmante
Tourne de droite à gauche en flairant les deux draps,
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante.
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule,
Et quand il s’est grisé de la senteur d’amour,
Il s’étire en bâillant avec un air si drôle,
Que l’on dirait qu’il va se pâmer à son tour ;
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule.
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières
Où, matou lovelace et toujours triomphant,
Il s’amuse à courir pendant des nuits entières
Les chattes qu’il enjôle avec ses cris d’enfant :
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières.
Panthère du foyer, tigre en miniature,
Tu me plais par ton vague et ton aménité,
Et je suis ton ami, car nulle créature
N’a compris mieux que toi ma sombre étrangeté,
Panthère du foyer, tigre en miniature.
(Maurice Rollinat)
Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Maurice Rollinat), abriter, accroupi, aiguiser, alcôve, amante, aménité, ami, amour, angora, apporter, ardent, armoire, austère, âme, âtre, été, étrangeté, être, baume, beauté, bizarre, bleu, bondir, bras, brin, bureau, câlin, chair, chambre, charmant, charmé, chat, chaud, clair, clair de lune, clé, cligner, colombe, compagnie, comprendre, consoler, corps, couché, courir, couvrir, créature, creux, cri, croc, cueillir, décembre, désir, doigt, doux, enchanté, encre, enfant, enfer, enjôler, ennui, face, fauteuil, fauve, femme, fer, feu, flamber, fomâtre, fourrure, foyer, frapper, frémir, frôler, gai, gîte, genêt, genoux, gouttière, gras, grâce, homme, humer, jet, jeter, laisser, langue, lourd, lovelace, lubricité, lueur, lustrer, luxure, lynx, magique, matou, membre, miauler, mignon, miniature, minois, mollesse, monstrueux, mouiller, mysticité, nacre, noir, nonne, nuit, objet, oeil, onduler, ongle, panthère, parfum, passé, passion, patte, pause, pénombre, pelote, plaire, plaisir, plastique, pleurer, poêle, poitrail, prunelle, purger, râle, regard, regimber, renaître, ressusciter, revoir, robe, ronfler, ronronner, rose, rouler, s'amuser, s'échapper, s'enivrer, s'incarner, salir, se cambrer, se pourlécher, serpent, silence, singe, solitaire, sombre, somnolent, souris, Sphinx, table, tache, téton, tête, temps, tigre, tour à tour, triomphant, triste, vague, velours, velu, vivre, volupté, voluptueux, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2021

La poésie
Parmi les tempêtes tonnantes,
Parmi les passions bouillonnantes,
Et les disputes enflammées,
Céleste, elle descend du ciel,
Sur nous les enfants de la terre,
Les yeux débordants de clarté,
Et verse sur la mer démontée,
Le baume de sa voix apaisante.
(Fiodor Tiouttchev)
Recueil: POÈMES
Traduction: traduit du russe par Sophie Benech
Editions: Interférences
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Posted in poésie | Tagué: (Fiodor Tiouttchev), apaiser, baume, bouillir, céleste, ciel, clarté, déborder, démonté, descendre, dispute, enfant, enflammer, mer, passion, poésie, tempête, terre, tonner, verser, voix, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2020

Illustration: Le Bernin
LA PLAIE ET LE BAUME
… le grand cœur de la région obscure des limites,
là où toutes vies, toutes consciences coïncident
dans la couronne de Nuit-Lumière…
Roger Gilbert-Lecomte
Je ne saurais rien dire de cet état,
où je fus happé derrière l’horizon.
Comme renversé d’amour,
les nerfs aiguisés à la braise,
les veines meurtries au vivant.
Oui, le très-vivant.
Ce qui n’en finit pas de prendre visage
entre deux apparences.
C’est, tellement.
Et l’on voudrait que cette spirale qui noue cœur et ventre
fût traduite au mieux du monde.
On voudrait l’exact sanglot de la ténèbre,
la fièvre de tous les rires.
Et la décomposition même, si parfaite.
Sa toute blancheur.
Pour mieux accueillir le poudroiement.
Là où tout parle.
Où la pensée s’efface.
Où frémit la nuque des étoiles.
Il faut aller vers ce ressac,
traverser les atomes.
Avec toutes les langues du vertige.
La secousse,
si belle.
(Zéno Bianu)
Recueil: Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Zéno Bianu), accueillir, aiguiser, aller, amour, apparence, atome, état, étoile, baume, beau, blancheur, braise, coïncider, coeur, conscience, couronné, décomposition, dire, exact, fièvre, finir, frémir, happer, horizon, langue, limite, lumière, meurtrir, mieux, monde, nerf, nouer, nuit, nuque, obscur, parfait, parler, pensée, plaie, poudroiement, prendre, région, renverser, ressac, rire, s'effacer, sanglot, secousse, spirale, ténèbre, tellement, traduire, traverser, veine, ventre, vertige, vie, visage, vivant, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2019

ÉLÉGIE
Je ne vous parlerai que lorsqu’en l’eau profonde
Votre visage pur se sera reflété
Et lorsque la fraîcheur fugitive de l’onde
Vous aura dit le peu que dure la beauté.
Il faudra que vos mains pour en être odorantes,
Aient cueilli le bouquet des heures et, tout bas,
Qu’en ayant respiré les âmes différentes
Vous soupiriez encore et ne souriiez pas;
Il faudra que le bruit des divines abeilles
Qui volent dans l’air tiède et pèsent sur les fleurs
Ait longuement vibré au fond de vos oreilles
Son rustique murmure et sa chaude rumeur;
Je ne vous parlerai que quand l’odeur des roses
Fera frémir un peu votre bras sur le mien
Et lorsque la douceur qu’épand le soir des choses
Sera entrée en vous avec l’ombre qui vient;
Et vous ne saurez plus, tant l’heure sera tendre
Des baumes de la nuit et des senteurs du jour,
Si c’est le vent qui rôde ou la feuille qui tremble,
Ma voix ou votre voix ou la voix de l’Amour…
(Henri De Régnier)
Illustration: Dorina Costras
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Posted in poésie | Tagué: (Henri de Régnier), amour, baume, beauté, bouquet, durer, eau, feuille, fraîcheur, frémir, heure, odeur, onde, parler, rôder, rose, rumeur, se refléter, senteur, soir, soupirer, tendre, trembler, vent, visage, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 mars 2019

Franchement je te le dis,
O mon ange :
Chimère et cherry brandy,
Rien ne change !
Là où les Grecs ne rencontrent
Que beauté,
En trous noirs pour moi la honte
Seule bée.
Sur l’onde ils kidnappaient celle
Dite Hélène,
Moi je n’ai qu’écume et sel
Sur les lèvres.
Sur mes lèvres un seul baume :
Le néant ;
La misère ouvre ses paumes,
Me narguant.
Oh, vraiment, suis-je marri ?
Bagatelles !
Bois ton vin, ange Mary,
Tes cocktails !
Franchement je te le dis,
O mon ange :
Chimère et cherry brandy,
Rien ne change.
(Ossip Mandelstam)
***

Recueil: Les poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
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Posted in poésie | Tagué: (Ossip Mandelstam), ange, écume, bagatelle, baume, béer, beauté, boire, brandy, changer, cherry, chimère, cocktail, dire, franchement, grec, honte, kidnapper, lèvres, marri, misère, narguer, néant, noir, onde, ouvrir, paume, rencontrer, sel, trou, vin | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2019

Et cette fête du silence
Ce fruit donné
Cette naissance
Combien de fois l’avons-nous refusée
Combien de fois l’avons-nous expulsée
Loin de l’auberge où nous menons commerce
Dans les remises de notre coeur
Mais là à même le sol de nos famines
Baume mêlé au feu glacé de nos déserts
Voilà qu’elle nous rejoint
Voilà qu’elle nous devine
Lumière nue aux carreaux de nos nuits
Lente poussée de joie au ventre du mystère
Appel en nous du Chant
Amour qui nous relève
(Jean Lavoué)
Recueil: Nous sommes d’une source
Traduction:
Editions: L’enfance des arbres
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Lavoué), amour, appel, auberge, baume, carreau, chant, coeur, commerce, désert, deviner, donner, expulser, famine, fête, feu, fruit, glace, joie, lent, loin, lumière, mêlé, mystère, naissance, nu, nuit, poussée, refuser, rejoindre, relever, remise, silence, sol, ventre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2019

La floraison du bâton
[ 7 ]
Pourtant la résurrection est le sens de la direction,
résurrection est une droite ligne,
droit sur la horde et le butin,
le trésor, la réserve,
le rayon de miel ;
la résurrection est rémunération,
nourriture, abri, fragrance
de la myrrhe et du baume.
***
Yet resurrection is a sense of direction
resurrection is a bee-line,
straight to the horde and plunder,
the treasure, the store-room,
the honeycomb;
resurrection is remuneration,
food,shelter, fragrance
of myrrh and balm.
(Hilda Doolittle)
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Posted in poésie | Tagué: (Hilda Doolittle), abri, baume, butin, fragrance, horde, ligne, miel, myrrhe, nourriture, rayon, réserve, résurrection, trésor | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2018
À quatre temps
Matin
Deviens matin
Sois aube sois phénix
Sème clair
Dans les silos de l’ombre
Midi
Au faite du jour
Hisse nos rêves
À ton mât
Soir
Dissipe le gribouillis des heures
Apaise le jour
Que ton ventre subtil
Se teinte de crépuscules
Nuit
Déverse tes encres
Tes baumes
Et tes lueurs
Sur l’âme
Indéchiffrable.
(Andrée Chedid)
Illustration: Blog de Tanakia
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Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), apaiser, âme, baume, crépuscule, déverser, devenir, encre, gribouillis, hisser, indéchiffrable, lueur, matin, ombre, phénix, rêve, semer, silo, ventre | 8 Comments »