Je suis descendu sur ce terrain de jeu
et me suis retrouvé étranger et seul.
Ô Seigneur ! Où sont-ils ceux qui se passionnent
pour la dignité et le bel-agir ?
le déluge s’est déversé, le déluge des épreuves,
ses torrents ont emporté ma maison
excepté le château de mes rêves
chargé de l’auréole des enchantements
je suis sorti de ma peau comme le serpent,
puis j’ai regardé et voici que je suis Lui
j’ai accepté mon isolement
tel le compas qui tourne
sur sa circonférence,
mais le sort me fera à la fin
centre du cercle
la vie n’est que ruines,
rien qu’une poignée de vent,
alors relève tes pans
là où tu vas
(Khayr al-Din al-Asadi)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
Cendrillon pour ses vingt ans
Est la plus jolie des enfants
Son bel amant, le prince charmant
La prend sur son cheval blanc
Elle oublie le temps
Dans ce palais d’argent
Pour ne pas voir qu’un nouveau jour se lève
Elle ferme les yeux et dans ses rêves
Elle part, jolie petite histoire (x2)
Cendrillon pour ses trente ans
Est la plus triste des mamans
Le prince charmant a foutu l’camp
Avec la belle au bois dormant
Elle a vu cent chevaux blanc
Loin d’elle emmener ses enfants
Elle commence à boire
A traîner dans les bars
Emmitouflée dans son cafard
Maintenant elle fait le trottoir
Elle part, jolie petite histoire (x2)
Dix ans de cette vie ont suffit
A la changer en junkie
Et dans un sommeil infini
Cendrillon veut voit finir sa vie
Les lumières dansent
Dans l’ambulance
Mais elle tue sa dernière chance
Tout ça n’a plus d’importance
Elle part
Fin de l’histoire
Notre père qui êtes si vieux
As-tu vraiment fais de ton mieux
Car sur la terre et dans les cieux
Tes anges n’aiment pas devenir vieux
L’amour, ce bel enfant
Doux et rieur
Qui sème le printemps
Au fond des coeurs
Fit fleurir en moi-même
Un frais jardin
O belles fleurs que j’aime
Qu’il vienne enfin!
Tu resteras toujours
Mon éternel amour
J’ai voulu te le dire
Et n’ai pu que sourire…
J’ai cueilli pour toi la fleur de mai,
Le perce-neige au parfum si frais
Mais toi, tu dédaignas
Ce bouquet délicat
Que ma timidité
Ose à peine effeuiller!
Tu resteras, chéri,
Mon unique souci
Tu resteras toujours
Mon seul amour!
(Robert Desnos)
Recueil: Les Voix intérieures
Traduction:
Editions: L’Arganier
Sur la clé la main tremble
ll y a cet ancien portrait qui me ressemble
Ce mur
La table vide
La vitre oû le soleil sèche un bouquet de rides
Une flamme légère
Les nuits blanches gravées sur les taies de poussière
Au loin des tuiles rouges
Les plis du vent défaits
Le monde entier qui bouge
Et le coeur du matin qui n’a pas de secrets
Bel homme
On se voit mal
Relève un peu la tête
Je baigne dans tes yeux
Mieux que dans l’eau du jour.
Puisqu’il est, semble-t-il, nécessaire de vivre
En portant le poids lourd des anciens désespoirs,
Tous les matins, et tous les jours, et tous les soirs,
Interrogeons nos coeurs et sachons l’art de vivre !
Sachons enfin chanter les roses du matin,
O nous qui replions les ailes de notre âme !
Sachons nous réjouir en paix du mets infâme
Et nous accommoder des chants et du festin !
Puisqu’il est, paraît-il, urgent et nécessaire
De revoir le mauvais rayon d’un mauvais jour
Et de voir s’échapper l’espoir d’un bel amour,
Que bientôt nos draps blancs se changent en suaire ! …
(Renée Vivien)
Recueil: Dans un coin de violettes
Editions: E. SANSOT & Cie
Sur votre vie, amis, il fallait voir
un bel objet comme celui-là !
Hafsa était le visage même de l’aurore
qui peu à peu dépouille
de ses fleurs ardentes le grenadier.
De sang bédouin, rouge vermeil comme le vin
et le feu tendre qui se cache
à la racine du palmier,
elle savait compter les vertèbres du chameau
et décrire avec ardeur les courbes des dunes,
traire la chèvre de la main secrète et pure
de qui connaît la sainte faim de chaque jour.
D’elle, plus d’une fois, la gazelle fut jalouse.
Elle ne connaissait d’autre musique que l’arpège
et le silence du désert.
A présent elle joue du luth mélodieux
derrière la grille du harem.