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Poésie

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Mais pourquoi est-ce qu’on ment aux enfants? (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2023



Illustration
    
Mais pourquoi est-ce qu’on ment aux enfants?

Ce sont des mensonges de jasmin blanc et vert
qui parfument les chemins épineux
ce sont des colombes qui portent les enfants
sur les ailes de la tendresse
et la magie des verbes
vers les pays de joie
et de paix

Les berceuses
sont les manèges du rêve
elles nous bercent
sur la balançoire de l’imaginaire
et de la poésie

Elles protègent les fragiles remparts
des pays précieux du sommeil
font barrage aux cauchemars
et aux loups de la nuit.

(Maram al-Masri)

Recueil: La robe froissée
Editions: Bruno Doucey

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Île (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2023




    
Île

Solitude au vent, ô sans pays, mon Île,
Que les barques de loin entourent d’élans
Et d’appels, sous l’essor gris des goélands,
Mon Île, mon lieu sans port, ni quai, ni ville,

Mon Île où s’élance en secret la montagne
La plus haute que Dieu heurte du talon
Et repousse… Ô Seule entre les aquilons
Qui n’a que la mer farouche pour compagne.

Temps où se plaint l’air en éternels préludes,
Mon Île où l’Amour me héla sur le bord
D’un chemin de cieux qui descendait à mort,
Espace où les vols se brisent, Solitude.

Solitude, Aire en émoi de Cœur immense
Qui sans cesse jette au large ses oiseaux,
Sans cesse au-dessus d’infranchissables eaux,
Sans cesse les perd, sans cesse recommence.

Désolation royale, terre folle
Que berce l’abîme entre ses bras massifs,
Mon Île, tu tiens un Silence captif
Qu’interroge en vain la houle des paroles.

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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Le secret (Joseph-Paul Schneider)

Posted by arbrealettres sur 27 avril 2023



Illustration: Thomas-Alexander Harrison
    
Le secret

Ecoute mon enfant
les verts secrets des branches
et ceux de la sève
qui irrigue l’arbre

Regarde danser l’abeille
perce le secret de cet alchimiste
qui transforme en miel
la poudre d’or des fleurs

Mets ton oreille
contre la mousse du rocher
pour capter le grand secret
des pierres

Cours vite à la mer
et laisse-toi bercer
par le secret du chant
des vagues

(Joseph-Paul Schneider)

Recueil: Jean Orizet: Les plus beaux poèmes pour les enfants

Editions: Le Cherche Midi

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ENFANT MEXICAIN (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Illustration: Marianne Clouzot
    
ENFANT MEXICAIN

Me voici où je ne suis pas,
sur l’Anahuac argenté,
à sa lumière sans pareille
peignant un enfant de mes mains.

On le dirait, sur mes genoux,
une flèche de l’arc tombée
et que j’aiguise et que j’effile
en le berçant et chantonnant.

Dans un air si vieux et si jeune,
toujours il me semble trouvaille
et je le tourne et le retourne
avec le refrain que je chante.

Ses yeux d’un noir-bleu me regardent
d’un regard de vie éternelle
et comme d’un geste éternel,
moi, je le peigne de mes mains.

Sa nuque et ses bras sont coulée
de résines de pin ocote;
il est lourd et il est léger
d’être la flèche sans son arc…

Moi, je le nourris de mon rythme,
lui me nourrit de quelque baume,
qui est le baume des mayas
dont mes yeux n’ont pas eu la joie.

Je joue avec sa chevelure
que je sépare et que je lisse
et, dans ses cheveux, je retiens
les mayas en dispersion.

Voilà douze ans que j’ai quitté
mon petit enfant mexicain;
mais, dans la veille ou le sommeil,
je le peigne encor de mes mains…

C’est là une maternité
qui ne lasse pas mes genoux,
c’est une extase libérée
à jamais par moi de la mort.

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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CHANT D’AMOUR (Alphonse de Lamartine)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2023




    
CHANT D’AMOUR
Naples, 1822.

Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
Le doux frémissement des ailes du zéphyre
A travers les rameaux,
Ou l’onde qui murmure en caressant ces rives,
Ou le roucoulement des colombes plaintives,
Jouant aux bords des eaux ;

Si, comme ce roseau qu’un souffle heureux anime,
Tes cordes exhalaient ce langage sublime,
Divin secret des cieux,
Que, dans le pur séjour où l’esprit seul s’envole,
Les anges amoureux se parlent sans parole,
Comme les yeux aux yeux ;

Si de ta douce voix la flexible harmonie,
Caressant doucement une âme épanouie
Au souffle de l’amour,
La berçait mollement sur de vagues images,
Comme le vent du ciel fait flotter les nuages
Dans la pourpre du jour :

Tandis que sur les fleurs mon amante sommeille,
Ma voix murmurerait tout bas à son oreille
Des soupirs, des accords,
Aussi purs que l’extase où son regard me plonge,
Aussi doux que le son que nous apporte un songe
Des ineffables bords !

Ouvre les yeux, dirais-je, à ma seule lumière !
Laisse-moi, laisse-moi lire dans ta paupière
Ma vie et ton amour !
Ton regard languissant est plus cher à mon âme
Que le premier rayon de la céleste flamme
Aux yeux privés du jour.

[…]

(Alphonse de Lamartine)

 

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Beauté Le peuplier (Juan Ramón Jiménez)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2023



Illustration: Claude Monet
    
Beauté
Le peuplier

Là-haut chante l’oiseau
et en bas chante l’eau.

(Là-haut et en bas,
s’ouvre mon âme.)

Entre deux mélodies,
la colonne d’argent !
Feuille, oiseau, étoile ;
fleur basse, racine, eau.
Entre deux commotions,
la colonne d’argent !

(Et toi, tronc idéal,
entre mon âme et mon âme !)

Le trille berce l’étoile,
la vague la fleur basse.

(Là-haut et en bas
me tremble l’âme.)

(Juan Ramón Jiménez)

 

Recueil: Les arbres et les poètes (Poèmes choisis pat Jean-Hugues Malineau)
Traduction: Guy Levis Mano
Editions: Actes Sud

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Souvent (Martine Laffon)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2023




Illustration: Marie Boutroy
    
Souvent elle s’assoit sur le pas de sa porte,
les mains abandonnées.
Elle regarde passer les saisons
qui s’en viennent et qui s’en vont
par le sang vermeil des vendanges
et par le givre de novembre,
attendant patiemment l’aube nouvelle,
ensoleillée, de chaque printemps,
promesse de l’été.

Depuis longtemps déjà elle s’applique à vivre.
Elle s’applique et pour ne rien oublier,
elle inscrit dans son livre la plainte des marais,
le cri obsédant des engoulevents tournoyant dans les champs.
Elle inscrit la mort, en lettres noires,
celle des bêtes, celle des gens
et puis aussi les arabesques
et le vagabondage des nuages.

Elle inscrit le parfum des roses pâles
et de la menthe sauvage qui envahit son coeur
d’une étrange langueur dans la tiédeur du soir.
Elle inscrit dans son livre le bleu-gris des toits d’ardoise,
le vert du lierre et le rouge perlant à la gorge des oiseaux.
Jours après nuits, elle inscrit
l’éclat des pierres, de l’éclair et du feu.
Elle inscrit
l’air léger qui l’emporte et la berce,
aussi fragile qu’un nouveau-né.

(Martine Laffon)

 

Recueil: Le Dit d’Amour
Traduction:
Editions: Alternatives

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Rwanda (Alain Boudet)

Posted by arbrealettres sur 31 octobre 2022




    
Rwanda

Encore un enfant
qui s’écroule

Encore mille enfants
émiettés par la guerre

Leurs yeux n’ont vu que l’incroyable
que l’innommable quotidien

Terre engraissée des longs massacres
où les corps n’ont aucun repos
que la mort portée par les fièvres

Terre abreuvée
des larmes rouges de l’innocence
exsangue et nue

Il en faudra
des nuits de sources des nuits lavées
sans hurlements
pour cicatriser les regards
blessés d’horreurs et de misère

Il en faudra des nuits sans peur
des nuits de mousse et de douceur
pour bercer les gorges à vif
et l’écorchure de leurs yeux

Il en faudra
du temps
pour les réconcilier avec l’enfance

(Alain Boudet)

Recueil: La révolte des poètes
Traduction:
Editions: Livre de poche Jeunesse

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Je connais tous les contes (León Felipe)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2022




    

Je connais tous les contes

Je ne sais pas beaucoup de choses, il est vrai.
Je ne dis rien d’autre que ce que j’ai vu.
Et j’ai vu:
que l’on berce le berceau de l’homme avec des contes
que l’on étouffe les cris d’angoisse de l’homme avec des contes

que l’on éponge les larmes de l’homme avec des contes
que l’on enterre les os de l’homme avec des contes
et que la peur de l’homme…
a inventé tous les contes.
Je sais très peu de choses, il est vrai,
mais on m’a endormi avec tous ces contes…
Je connais tous les contes.

***

Sé Todos los Cuentos

Yo no sé muchas cosas, es verdad.
Digo tan sólo lo que he visto.
Y he visto :
Que la cuna del hombre la mecen con cuentos,
Que los gritos de angustia del hombre los ahogan con cuentos

Que el llanto del hombre lo taponan con cuentos
Que los huesos del hombre los entierran con cuentos
Y que el miedo del hombre…
Ha inventado todos los cuentos.
Yo sé muy pocas cosas, es verdad,
Pero me han dormido con todos los cuentos…
Y sé todos los cuentos.

(León Felipe)

Traduction: Jean-Michel Maulpois
 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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OMBRE DES BOIS (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2022



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OMBRE DES BOIS

Je suis tout à la tristesse de ma vie perdue dans les bois que le vent berce.
Je suis tout à la détresse de ma vie sans but dans l’ombre des bois touffus.
Mon bonheur est d’y frémir, je m’y sens perdu. Tout ajoute à ma tristesse.
Je le dis, j’ai du plaisir dans les bois touffus qu’aucun sentier ne traverse.

(Paul Fort)

Illustration: ArbreaPhotos

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