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Posts Tagged ‘(Bernard Dimey)’

Elle reste gracieuse (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022


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l’antilope sait bien qu’un lion la mangera,
elle reste gracieuse.

(Bernard Dimey)

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Parce que je T’Aime (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022


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Parce que je t’aime
j’inviterai autour de ton lit
une troupe de jongleurs chinois,
qui sauront ensorceler des assiettes
et transformer d’un seul geste
et d’un sourire des voiles de soie
qui deviendront nuages et tempêtes
et d’où s’échapperont des vols de grues et de hérons…

Parce que je t’aime
je saurais découvrir pour toi
l’edelweiss et la rose noire,
la flûte de jade et la pierre de lune,
l’oiseau phénix et le rossignol de l’Empereur de Chune,
un agneau de Bethléem et le linge de Véronique.

Et toi,
toi mon amour, parce que tu ne m’aimes pas
je sais que tu m’offriras par trois fois le chant du coq,
le baiser de Judas,
la flèche et le poison,
la flûte et le cobra.

(Bernard Dimey)

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Roi de rien (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2019



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Je ne suis roi de rien, je règne sur le vent,
Sur des chemins perdus, sur des sables mouvants,
Sur d’anciens châteaux-forts et sur des cathédrales
englouties.

Je suis roi d’un soleil qui se meurt comme il peut,
J’ai l’air d’un vieux volcan refroidi peu à peu,
Je crois que ma parade à grands coups de cymbales
est finie.

Je ne suis roi de rien, ma couronne est en bois,
C’est scandaleux bien-sûr, c’est de mauvais aloi,
Je ne suis rien roi de rien mais je suis roi quand même
car je t’aime.

Alors le monde entier peut s’écrouler d’un coup,
J’ai le droit d’être pauvre et le droit d’être fou.
Je suis esclave et roi, je n’ai pas de problèmes
si tu m’aimes.

Je ne suis roi de rien que de mon avenir,
Qui n’est déjà plus rien qu’un désastre à venir,
Et l’intérieur de moi n’est plus qu’un paysage
en délire,

Je ne suis roi de rien, je suis comme un enfant
Qui reconstruit le monde en écoutant le vent.
Il ne me reste plus, je crois, que le courage
de te dire
que je t’aime

Je ne suis roi de rien mais je suis roi quand même
si tu m’aimes
encore un peu …

(Bernard Dimey)

 

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Syracuse (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2019


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J’aimerais tant voir Syracuse
L’île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s’amusent
A glisser l’aile sous le vent

Voir les jardins de Babylone
Et le palais du Grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji Yama

Voir le pays du matin calme
Aller pêcher le cormoran
Et m’enivrer de vin de palme
En écoutant chanter le vent

Avant que ma jeunesse s’use
Et que mes printemps soient partis
J’aimerais tant voir Syracuse
Pour m’en souvenir à Paris

(Bernard Dimey)


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Les étoiles de mer (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2019


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Si les eaux de la mer, un matin, se retirent,
Nous dévisagerons tous les siècles éteints.
Le temps sera fini des larmes et du rire.
Si les eaux de la mer se retirent, un matin,

Nous irons ramasser des rames de galère
Pour y sculpter la forme exacte d’un violon
Qui chantera pour nous les hymnes de naguère
Comme les galériens vers les quatre horizons…

Les étoiles de mer fleuriront à miracle
En d’étranges jardins que nul n’a jamais vus.
L’océan garde en lui la magie du spectacle
Que les plus vieux poissons des grands fonds ont connu.

Jardins du fond des mers, où les noyés reposent
Avec leurs yeux ouverts qui ne pourront plus voir,
Regards éteints tournés vers le secret des choses,
Inconnus sommeillant sur un lit d’algues noires.

Les étoiles de mer sont vivantes et cruelles,
Qu’elles se ferment donc en silence sur eux,
Que la tête et le coeur nourrissent les plus belles:
Aucun matin du monde a-t-il désiré mieux?

(Bernard Dimey)

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La nuit (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2019



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La nuit, les cerfs-volants,
le grand-duc et la lune
et les engoulevents…
et les chiens dans les fermes
et dans les bergeries,
les agneaux qui se plaignent…

J’ai vu sur la rivière
une brume étonnante
où dansaient des fantômes
ou des vierges ou des saintes.
Je me tenais très loin
de ces ronds de sorcières…
Je n’avais peur de rien
mais je claquais des dents.

Que les nuits étaient belles
et qu’il est merveilleux
d’avoir encore dix ans!

(Bernard Dimey)

Illustration: Henri Matisse

 

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Le singe (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2019


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Le singe a vu les hommes naître
Insensiblement les yeux morts
Et puis lentement se repaître
Des animaux aux larmes d’or.

L’oeil du singe ouvert sur l’abîme
Verra l’homme carbonisé
Sur des montagnes de victimes
Juste à l’instant d’agoniser.

(Bernard Dimey)

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Le gorille (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 21 août 2018


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Je suis enfant de Dieu mais d’une autre nature.
Ma force est souveraine et je ne parle pas,
Ma narine est sensible et mon oreille est sûre.
Si grand que vous soyez, vous ne me voyez d’en bas.

Je suis enfant de Dieu, mais je suis d’un autre âge.
Je vous ai vus jadis vous manger entre vous,
Et puis jour après jour perdre votre pelage
Et grelotter de froid tout au fond de vos trous.

Pauvres humains parleurs, du haut de mes futaies
Je vous ai vus trembler de peur et dépérir,
Allumer de grands feux pour mieux sécher vos plaies
Et j’ai battu des mains en vous voyant partir.

Moi j’ai su préserver ma vie calme et sereine,
Mes enfants sont des princes au coeur de la forêt,
Nous ne connaissons pas la folie ni la haine.
Vous, vous n’êtes plus rien, vous avez trop duré.

Au fond de mon oeil noir une étincelle brille.
Vous n’allez pas tarder à tomber à genoux,
Car je vois arriver le règne des gorilles…
Je suis enfant de Dieu, je suis plus beau que vous.

(Bernard Dimey)

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Une maison perdue entre ciel et fumée (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2018


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Une maison perdue entre ciel et fumée
Dressée comme un menhir, face à l’hiver qui vient
Une porte de bois qu’on n’a jamais poussée
Depuis le Moyen Âge et la niche du chien
Un chien qui s’est enfui dans la forêt voisine
Depuis cent cinquante ans et qui hurle à la mort
Pour effrayer de loin la bête pharamine
A l’heure où les sorciers mettent leur nez dehors

Une maison qui sent le lard jaune et les pommes
Avec un grand hibou immobile au grenier
Aussi seul qu’un vieux roi qui ne reçoit personne
Trônant sur des bouquins qui perdent leur papier
Photographies de belles au bois décolorées
Par cent ans de silence et qui sourient toujours
Poitrines de soldats fraîchement décorées
Vieilles dames à chignon au regard de vautour

Une maison de pierre au flanc de la montagne
D’où l’on peut voir la mer en montant sur le toit
Où l’on pourrait se croire quelque part en Espagne
Juste entre la Touraine et la Vallée des Rois
Un jardin tout autour où des milliers d’abeilles
Butineraient des fleurs dont j’ignore le nom
Et qui viendraient le soir chanter à mes oreilles
Leurs secrets, sans souci que je comprenne ou non

Une maison sans rien qu’une lampe à pétrole
Qu’on pourrait voir de loin, à trois heures du matin
Quand l’homme que je suis, retournant à l’école
Aux lignes d’un missel apprendrait le latin
Voyageurs inconnus qui ne sauriez qu’en faire
Achetez-la pour moi, je m’installe demain
Si jamais vous trouvez n’importe où sur la Terre
La maison dont je viens de vous faire un dessin

(Bernard Dimey)

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Manque à vivre (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 2 juin 2018


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Mon Dieu,
me voilà sans doute arrivé
à la fin de moi-même,
à deux pas de la fin, je le sens,
je le souhaite et j’en ai peur
et je m’en réjouis d’avance
comme d’un jouet
tout noir
inusable et superbe

(Bernard Dimey)

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