Chercher par la fenêtre
et puis fouiller sur les trottoirs
dans les poubelles
dans les coins d’ombre
sur les toits les balcons
dans l’égout
Fouiller les noeuds
des platanes torturés
les fossés les ruelles
le terrain de foot
le parking
l’école
les terrasses de bistrot
le poissonnier
le cambouis du matin
Mettre ses yeux dedans
leur mettre quelque chose
sous la dent
(Thomas Vinau)
Recueil: Juste après la pluie
Traduction:
Editions: Alma
Les villages de schiste sombre et froid
laissent courir aussi des filles aux lèvres peintes
et souvent le poing des vieux laboureurs s’écrase
sur la table de l’unique bistrot
élargissant d’un coup l’espace de l’attente
où la lumière se rassemble, frileuse
et comme prise au piège d’une lampe
mais il est midi à peine et dans la rue
un chat guette une proie que personne ne voit
(Guy Goffette)
Recueil: Éloge pour une cuisine de province
Traduction:
Editions: Gallimard
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre,
Libre comme un poisson dans l´eau, comme un oiseau dans l´air,
Léger comme le vent qui danse dans les arbres
Ou le mât d´un bateau qui danse sous la vague.
Danse tant que tu peux danser sur les pavés, sur l´herbe,
Sur une table de bistrot, à l´ombre des tavernes.
Viens, laisse-toi porter par toutes les musiques
Qui sortent d´un piano ou d´un vieux tourne-disque.
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre,
Danse dans les bras de Margot ou Julie de Nanterre,
Danse pour retrouver l´amour et la folie,
Danse pour éblouir ton âme qui s´ennuie.
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre,
Pour ne plus porter sur ton dos la mort et la misère
Et tu verras jaillir les sources souterraines,
Et les torrents de joie qui coulent dans tes veines.
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre,
Danse pour qu´un printemps nouveau balaye les hivers.
Danse comme l´on vit, danse comme l´on aime,
Danse comme on écrit sur les murs un poème.
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre,
Danse tant que tu peux danser. Viens, le bal est ouvert!
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre,
Danse tant que tu peux danser. Viens, le bal est ouvert!
{Ad lib}
dans ce bistrot mal famé
les servantes apportaient sur des plateaux de lèvres les jupons usés
fanés de leurs rires d’antan
les clients tous buvaient au même verre où leurs langues cherchaient
le stigmate du baiser en vain espéré coursé traqué une vie durant
sur les écrans des yeux grands d’une fille solitaire de farouches
ombres s’embrassaient bouche à bouche ses mains d’écume
dessinaient l’espoir
d’un fol amour fou
tout son jeune être adhérait
n’était qu’une unique pensée
Elle n’entendait pas le choc que produisaient s’entrecognant les
épaves des voix éraillées des hommes attablés — ombres —
Un amas opaque de fumée enlaçait ses tentacules brumeux
à l’asphalte de leur chevelure hirsute que la main fatiguée
des ans avait décoiffée.
là dans ce bistrot mal famé je te vis TOI
que j’avais patiemment tissé de rêves
ne m’oublie pas dans
tes pleurs
pleur de la nuit sur la paupière qui
ne veut pas s’ouvrir au
jour
pleur de feu sur les doigts qui veulent
griffer
non caresser
ne m’oublie pas dans
tes pleurs
pleur de la fange dans
un amour qui s’élargit comme
manche défaite
ne peut s’extérioriser
pleur de l’encre dans un lit
que creusèrent deux ombres
érotiques
ne m’oublie pas dans
tes pleurs
pleur de la lumière dans un
tunnel où grimacent multicolores
des affiches de vie
pleur du silence
à des lèvres frémissantes
adolescentes
ne m’oublie pas dans
tes pleurs