
Il suffirait d’avoir la patience et la paix blonde
des grands champs de blé,
leur consentement aux grâces mouvantes
du vent et des lumières.
(Christian Bobin)
Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2022
Minerai de solitude
Chaque caillou du sol est seul, mais le sait-il?
Chaque étoile du ciel est de la solitude
Aussi le lièvre droit, la chaleur du terrier
Le sang qui vient peser à la vitre de l’oeil
Même le soleil fou, la cage où ruent les blés
Même la bouche grasse et la poire mordue
Ah ! je n’ai pas le temps de rassembler vos cris
Mes frères qui vivez et qui mourez ainsi.
(Luc Bérimont)
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Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2022
Illustration: Julie Bernard
LE CHANT DU CHAMP
Beau comme le bruit
d’un épi de blé,
c’est craquant,
ce crac crac crac
qui craquette dans l’été.
Ça fait fuir les mouches,
ça met du beau à la bouche.
Et, dans le champ,
ce matin,
cette chanson du blé,
c’est déjà bon comme du pain.
(Carl Norac)
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Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022
DIRE
Dire sans dire avec du ciel et du silence
Traduire un sang de feu que je ne comprends pas
Trouver les mots du saule et le gel de l’absence
Suivre le coup de dés fragile de tes pas
Dormir au fond de tes lisières de donneuse
Savoir pour que tu saches que tu ne sais plus
Entrer en toi par l’arbre la lune et l’yeuse
Eteindre le couchant pour toucher ton sein nu
Marquer en toi l’azur pour caresser la nue
Dissimuler que tu simules que je sais
La fuite des vivants et la nuit des statues
Et le matin d’un grand amour sur les genêts
Tout me dit la rosée et mon sang bat plus vite
Le feuillage s’exprime en verdures de mots
Je le sens dans les pales fleurs hermaphrodites
Je le vois dans le vert tendre de tes ormeaux
Et le vent d’émeraude au coude des rivières
Je détiens ce contour charnel que tu connais
Tes yeux ouvrent pour moi leur nacre d’ardoisière
Dans les aubes qui meurent en moi l’aube naît
Comment bercer tes mots avec mon sang qui parle
Des femmes sont éteintes je ne sais pas quand
Dans les fleurs de Paris et dans les pierres d’Arles
Et te voila sans mémoire et sans Alyscamps
Ton corps qui brille un jour prolongera ma cendre
Tu montes le destin que je vais redescendre
D’un regard à jamais nous nous tendons la main
Pour toi les blés d’hier refleuriront demain
La mer passe et ceux qui restent sont périssables
Et je pourrais ne pas avoir connu ce jour
Où nous étions deux corps parmi les grains de sable
Entre la dune d’ombre et l’enfer des labours
Et ce qui n’est ni caresse ni certitude
Propage le babil tremblant de mon émoi
Et je sais O femme d’abîme et d’altitude
Que peut-être ce soir tu rêves comme moi.
(Robert Goffin)
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Posted by arbrealettres sur 31 août 2022
Je reste identique
à la flèche du peau-rouge
de mon enfance
Quant à ma carte de visite
je l’ai perdue
il y a bien longtemps
dans un immense champ de blé
(Achille Chavée)
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Posted by arbrealettres sur 25 août 2022
Illustration: Frédéric Rébéna
Les autres étés
Il y aura d’autres étés
D’autres grillons feront leurs gammes
dans d’autres blés
On croisera sur la route d’autres dames
Un autre merle inventera
une chanson presque la même
Un autre monsieur se trouvera là
sous cet arbre où je t’aime
Une petite fille qui n’est pas née encore
fera une poupée en coquelicot
à cet endroit précis où ton corps
endormi se mêle au long bruit de l’eau
On dira (mais ce seront d’autres)
Il faudrait bien un bon coup de pluie
Ça ferait du bien aux récoltes
Les mots feront le même bruit
Mais plus personne plus personne
ne se servira de mon cœur à moi
ni de ta voix à toi qui résonne
dans mon oreille et mon corps à moi.
(Claude Roy)
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Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2022
Pour que demeure le secret
Nous tairons jusqu’au silence
Nul oiseau n’est coupable
Du tumulte de nos coeurs
La nuit n’est responsable
De nos jours au fil de mort
Il n’est que grande innocence
Et des colonnes en marche
Mais les plaines soulignent
Notre solitude de leur blé.
(Max-Pol Fouchet)
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Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2022
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Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022
LES BLÉS
Elle chantait
Devant le mur d’une grosse ferme
Des chants de bonne.
C’était un jour de ses vacances,
Demain elle ira à la pêche aux grenouilles,
Tout à l’heure en partant dîner
Elle arrachera des fleurs au sentier,
Mardi on mangera le poulet qui encore
Tout à l’heure se sauvait
Par l’échelle dans le grenier,
Et mercredi s’il ne pleut pas
On ira en carriole
Chez des voisins très riches
Prendre un autre bon repas.
Elle chante de plus en plus belle
Et tricote en avançant parfois ses bras,
Sa vie se trouve dans mon air
Devant le mur d’une ferme.
(Pierre Morhange)
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Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022
Merci, Seigneur, pour les jours noirs
Et les pardons non mérités,
Merci pour les blés engrangés
Et pour le pain de chaque jour ;
Merci pour les matins d’enfance,
Pour la douleur et pour l’amour,
Pour le ciel des grandes vacances,
Pour le soleil et pour les ronces,
Pour la bonne épouse au coeur tendre
Et le sage enfant bien-aimé.
Merci pour la geôle, merci
Pour la lampe au coeur de la nuit,
Pour le fiel et pour la poussière,
Pour la rosée de la prière,
Pour les chaînes de pierre ou d’or,
Pour l’eau vive et pour le bois mort ;
Merci pour le travail et pour la pauvreté
Et pour la dernière heure et pour l’oubli dernier.
(Paul-Alexis Robic)
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