Le soleil luit sur la route,
Caresse un vaste champ de blé
Tel un grand rivage sablé
Combien dans mon coeur je le goûte
Alors que tombent les épis
De la belle plaine aux blés mûrs
La brise aux mille reflets purs
Rayonne sur ce blond tapis
Tout près, le calme pâturage
Aligne ses petits bouquets
Sentant bon la vieille bourrache
Près des oiseaux dans les bosquets
Les matins bleus aux couchants d’or
Recouvrent tes sillons de vie
O paysage fortifie
Tous les humains de ton trésor.
Mon malheur est d’avoir
rencontré des femmes
aux chevelures blondes
ou d’un roux flamboyant
sur une tête allongée —
avec des yeux comme
des myrtilles
sur des têtes d’épingles
— Si j’avais trouvé
le reflet de mon âme
— dans deux yeux
noir charbon —
quel peintre à l’huile
serais-je devenu
(Edvard Munch)
Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais
Accueille, immortelle Aphrodita, Déesse,
Tisseuse de ruse à l’âme d’arc-en-ciel,
Le frémissement, l’orage et la détresse
De mon long appel.
J’ai longtemps rêvé : ne brise pas mon âme
Parmi la stupeur et l’effroi de l’éveil,
Blanche Bienheureuse aux paupières de flamme,
Aux yeux de soleil.
Jadis, entendant ma triste voix lointaine,
Tu vins l’écouter dans la paix des couchants
Où songe la mer, car ta faveur hautaine
Couronne les chants.
Je vis le reflet de tes cheveux splendides
Sur l’or du nuage et la pourpre des eaux,
Ton char attelé de colombes rapides
Et de passereaux.
Et le battement lumineux de leurs ailes
Jetait des clartés sur le sombre univers
Qui resplendissait de lueurs d’asphodèles
Et de roux éclairs.
Déchaînant les pleurs et l’angoisse des rires,
Tu quittas l’aurore immuable des cieux.
Là-bas surgissait la tempête des lyres
Aux sanglots joyeux.
Et Toi, souriant de ton divin visage,
Tu me demandas : « D’où vient l’anxiété
A ton grave front, et quel désir ravage
Ton corps tourmenté ?
« Qui te fait souffrir de l’âpre convoitise ?
Et quelle Peithô, plus blonde que le jour
Aux cheveux d’argent, te trahit et méprise,
Psappha, ton amour ?
« Tu ne sauras plus les langueurs de l’attente.
Celle qui te fuit te suivra pas à pas.
Elle t’ouvrira, comme la Nuit ardente,
L’ombre de ses bras.
« Et, tremblante ainsi qu’une esclave confuse,
Offrant des parfums, des présents et des pleurs,
Elle ira vers toi, la vierge qui refuse
Tes fruits et tes fleurs.
« Par un soir brûlant de rubis et d’opales
Elle te dira des mots las et brisés,
Et tu connaîtras ses lèvres nuptiales,
Pâles de baisers. »
(Sappho)
Recueil: 52 poèmes d’Occident pour apprendre à s’émerveiller
Editions: Pocket
Joli tambour s’en revient de la guerre
Joli tambour s’en revient de la guerre
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
S’en revient de la guerre
La fille du roi s’est mise à sa fenêtre
Dans sa main droite, elle tient une rose
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Elle tient une rose.
Fille du roi, veux-tu m’donner ta rose ?
Fille du roi, veux-tu m’donner ta rose ?
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Veux-tu m’donner ta rose ?
Joli tambour, demande-la z’à mon père
Joli tambour, demande-la z’à mon père
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Demande-la z’à mon père
Sire mon Roi, veux-tu me donner ta fille ?
Joli tambour, quelle est donc ta fortune ?
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Quelle est donc ta fortune ?
Sire mon Roi, ma caisse et mes baguettes
Sire mon Roi, ma caisse et mes baguettes
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Ma caisse et mes baguettes
Joli tambour, tu n’es pas assez riche
Joli tambour, tu n’es pas assez riche
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Tu n’es pas assez riche
J’ai bien aussi des châteaux par douzaines
J’ai trois vaisseaux dessus la mer jolie
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Dessus la mer jolie
L’un est en or, l’autre en argenterie
Le troisième, c’est pour embarquer ma mie
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Pour embarquer ma mie
Joli tambour, dis-moi quel est ton père
Joli tambour, dis-moi quel est ton père
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Dis-moi quel est ton père
Sire mon roi, c’est l’empereur Auguste
Joli tambour, je te donne ma fille
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Je te donne ma fille
Sire mon roi, je fais fi d’toi et d’ta fille
Dans mon pays, y’en a de plus jolies
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Y’en a de plus jolies
Y en a des blond’ et des brunes aussi
Ran,ran,ran pataplan!
Et des brunes aussi!
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Aux jardins de mon père,
Les lilas sont fleuris;
Aux jardins de mon père,
Les lilas sont fleuris;
Tous les oiseaux du monde
Viennent y faire leurs nids …
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Tous les oiseaux du monde
Viennent y faire leurs nids;
Tous les oiseaux du monde
Viennent y faire leurs nids;
La caille, la tourterelle
Et la jolie perdrix.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
La caille, la tourterelle
Et la jolie perdrix
La caille, la tourterelle
Et la jolie perdrix
Et ma jolie colombe,
Qui chante jour et nuit…
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Et ma jolie colombe,
Qui chante jour et nuit
Et ma jolie colombe,
Qui chante jour et nuit
Elle chante pour les filles
Qui n’ont pas de mari.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Elle chante pour les filles
Qui n’ont pas de mari.
Elle chante pour les filles
Qui n’ont pas de mari.
Pour moi ne chante guère,
Car j’en ai un joli…
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Pour moi ne chante guère,
Car j’en ai un joli,
Pour moi ne chante guère,
Car j’en ai un joli,
« Dites-moi donc la belle,
Où donc est votre mari? »
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
« Dites-moi donc la belle,
Où donc est votre mari? »
« Dites-moi donc la belle,
Où donc est votre mari? »
Il est dans la Hollande,
Les Hollandais l’ont pris.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Il est dans la Hollande,
Les Hollandais l’ont pris,
Il est dans la Hollande,
Les Hollandais l’ont pris.
Que donneriez-vous, belle,
Pour avoir votre ami? … »
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Que donneriez-vous, belle,
Pour avoir votre ami?
Que donneriez-vous, belle,
Pour avoir votre ami?
Je donnerais Versailles,
Paris et Saint-Denis.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Je donnerais Versailles,
Paris et Saint-Denis,
Je donnerais Versailles,
Paris et Saint-Denis,
Les tours de Notre-Dame
Et le clocher de mon pays.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
Les tours de Notre-Dame
Et le clocher de mon pays,
Les tours de Notre-Dame
Et le clocher de mon pays,
Et ma jolie colombe,
Pour avoir mon mari.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon.
Auprès de ma blonde,
Qu’il fait bon dormir!
(André Joubert)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Elle est blonde
Parfois brune
Fille du monde
Soeur de la lune
Ses yeux tombés du ciel
Sont pleins d’étoiles et de miel
C’est un oiseau sauvage
Échappé de sa cage
Une abeille une fleur
Une source un bijou
Mais au bord de ses joues
Une trace de pleur
Abîme sa beauté
Elle se nomme LIBERTÉ
Je ne saurai jamais quand tu m’as dit : je t’aime
je ne saurai jamais quand tu m’as dit : adieu
Si le fleuve et la mer effaçaient les poèmes,
mes mots seraient vaisseaux sur les lacs de tes yeux.
Je ne saurai jamais où commença la neige, où
revient le soleil pour les roses de mai, où ta voix
dit : je sais, quand je disais : que sais-je ? où
commença mon coeur, je ne saurai jamais.
Tu ne m’as rien donné, tu m’as donné le monde.
Lorsque tu me quittas, tu m’attendais toujours. Si
mon ciel était mort, j’aurais ta flamme blonde, et
si je revivais, je me mourrais d’amour.
Salut à toi, femme de l’aube, ma corolle,
princesse d’un hiver promise à l’églantier,
salut à toi, ma paix, mon pain, ma parabole,
salut mon indomptable et salut ma pitié.
Je te porte la palme et la farine pure,
je te livre l’orgueil avec l’humilité
Quand ces chants passeront, il restera l’été,
quand mon coeur se taira, je revivrai blessure.
Je te chante ce soir devant le monde lourd,
aux frontières d’un ciel labouré de promesses.
Je sais que je mourrai pour revivre sans cesse
et quand je revivrai, je me mourrai d’amour.
(Pierre Gamarra)
Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi