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NOUVELLE VIE (Juan Ramón Jiménez)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2022



 

Giampaolo Ghisetti

NOUVELLE VIE

Joie que tu tiens de moi !
— Ah, claire et bonne après-midi !
Vivre, vivre à nouveau !

Arrière, arrière, arrière ; recommencer ;
loin, plus loin — moi, j’ouvre, les bras
en croix, le monde — loin le commencement ;
et loin, loin, loin, la fin !

La vie entière, de nouveau, au milieu !
Et toi, toute d’âme et cristal !
Ah ! course heureuse et diaphane !

***

NUEVA VIDA

¡Alegría que tienes tú por mí!
— iAy, tarde clara y buena!—
¡Otra vez a vivir!

¡Atrás, atrás, atrás; a comenzar de nuevo;
lejos, más lejos — yo abro, con mis brazos
en cruz, el mundo —, lejos el comienzo;
lejos, lejos, lejos el fin!

¡La vida toda, nuevamente, enmedio!
¡Tú, de cristal, de alma!
¡Ay, carrera diáfana y feliz!

(Juan Ramón Jiménez)

Illustration: Giampaolo Ghisetti

 

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LES BLÉS (Pierre Morhange)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022



LES BLÉS

Elle chantait
Devant le mur d’une grosse ferme
Des chants de bonne.

C’était un jour de ses vacances,
Demain elle ira à la pêche aux grenouilles,
Tout à l’heure en partant dîner
Elle arrachera des fleurs au sentier,
Mardi on mangera le poulet qui encore
Tout à l’heure se sauvait
Par l’échelle dans le grenier,
Et mercredi s’il ne pleut pas
On ira en carriole
Chez des voisins très riches
Prendre un autre bon repas.

Elle chante de plus en plus belle
Et tricote en avançant parfois ses bras,
Sa vie se trouve dans mon air
Devant le mur d’une ferme.

(Pierre Morhange)

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La folle complainte (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



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La folle complainte

Les jours de repassage,
Dans la maison qui dort,
La bonne n´est pas sage
Mais on la garde encore.
On l´a trouvée hier soir,
Derrière la porte de bois,
Avec une passoire, se donnant de la joie.
La barbe de grand-père
A tout remis en ordre
Mais la bonne en colère a bien failli le mordre.
Il pleut sur les ardoises,
Il pleut sur la basse-cour,
Il pleut sur les framboises,
Il pleut sur mon amour.

Je me cache sous la table.
Le chat me griffe un peu.
Ce tigre est indomptable
Et joue avec le feu.
Les pantoufles de grand-mère
Sont mortes avant la nuit.
Dormons dans ma chaumière.
Dormez, dormons sans bruit.

Berceau berçant des violes,
Un ange s´est caché
Dans le placard aux fioles
Où l´on me tient couché.
Remède pour le rhume,
Remède pour le cœur,
Remède pour la brume,
Remède pour le malheur.

La revanche des orages
A fait de la maison
Un tendre paysage
Pour les petits garçons
Qui brûlent d´impatience
Deux jours avant Noël
Et, sans aucune méfiance,
Acceptent tout, pêle-mêle :
La vie, la mort, les squares
Et les trains électriques,
Les larmes dans les gares,
Guignol et les coups de triques,
Les becs d´acétylène
Aux enfants assistés
Et le sourire d´Hélène
Par un beau soir d´été.

Donnez-moi quatre planches
Pour me faire un cercueil.
Il est tombé de la branche,
Le gentil écureuil.
Je n´ai pas aimé ma mère.
Je n´ai pas aimé mon sort.
Je n´ai pas aimé la guerre.
Je n´ai pas aimé la mort.
Je n´ai jamais su dire
Pourquoi j´étais distrait.

Je n´ai pas su sourire
A tel ou tel attrait.
J´étais seul sur les routes
Sans dire ni oui ni non.
Mon âme s´est dissoute.
Poussière était mon nom.

(Charles Trenet)

 

 

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Ta main (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2020



Ta main pourtant
Te paraît bonne
A saisir le monde.

(Guillevic)

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A une valseuse (Albert Lozeau)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2020



 

Liz McKay  -ImpressioniArtistiche-7 [1280x768]

A une valseuse

Pendant que vous valsez, belle, gaie et légère
Dans les bras du premier venu,
Et que vous acceptez l’étreinte passagère
D’un étranger, d’un inconnu,

Vous la femme si bonne et la vierge si pure
Ignorant tout du sombre mal,
Vous subissez, modeste et douce, la souillure
Des désirs qu’avive le bal.

Et sans en rien savoir, livrée à la cadence,
Vous ne sentez pas que des bras
Vous possèdent bien plus que n’exige la danse;
Vous valsez et ne pensez pas.

Mais moi qui vous adore et tremble de le dire,
Qui vous aime comme de loin,
Qui connais la vertu de votre cher sourire,
Hélas ! moi qui ne danse point,

Je ne mérite pas cette faveur insigne
De presser vos petits doigts blancs,
Et je n’ai pas le droit, moi l’ami trop indigne,
Qu’a le dernier de vos galants…

Valsez, charmante fée aux jolis pieds agiles,
Qu’on se repasse tour à tour
Comme ces fins bijoux délicats et fragiles
Qu’on admire et qu’on aime… un jour !

(Albert Lozeau)

Illustration: Liz McKay

 

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Tableau de Paris à cinq heures du matin (Marc-Antoine Désaugiers)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020




    
Tableau de Paris à cinq heures du matin

L’ombre s’évapore
Et déjà l’aurore
De ses rayons dore
Les toits alentours
Les lampes pâlissent,
Les maisons blanchissent
Les marchés s’emplissent :
On a vu le jour.

De la Villette
Dans sa charrette,
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai,
Et de Vincenne,
Gros-Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.

Déjà l’épicière,
Déjà la fruitière,
Déjà l’écaillère
Sautent au bas du lit.
L’ouvrier travaille,
L’écrivain rimaille,
Le fainéant baille,
Et le savant lit.

J’entends Javotte,
Portant sa hotte,
Crier : Carotte,
Panais et chou-fleur !
Perçant et grêle,
Son cri se mêle
A la voix frêle
Du noir ramoneur.

L’huissier carillonne,
Attend, jure, sonne,
Ressonne, et la bonne,
Qui l’entend trop bien,
Maudissant le traître,
Du lit de son maître
Prompte à disparaître,
Regagne le sien.

Gentille, accorte
Devant ma porte
Perrette apporte
Son lait encor chaud ;
Et la portière,
Sous la gouttière,
Pend la volière
De Dame Margot.

Le joueur avide,
La mine livide,
et la bourse vide,
Rentre en fulminant ;
Et sur son passage,
L’ivrogne, plus sage,
Rêvant son breuvage,
Ronfle en fredonnant.

Tout, chez Hortense,
Est en cadence ;
On chante, on danse,
Joue, et cætera…
Et sur la pierre
Un pauvre hère,
La nuit entière,
Souffrit et pleura.

Le malade sonne,
Afin qu’on lui donne
La drogue qu’ordonne
Son vieux médecin ;
Tandis que sa belle,
Que l’amour appelle,
Au plaisir fidèle,
Feint d’aller au bain.

Quand vers Cythère,
La solitaire,
Avec mystère,
Dirige ses pas,
La diligence
Part pour Mayence,
Bordeaux, Florence,
Ou les Pays-Bas.

« Adieu donc, mon père,
Adieu donc, mon frère,
Adieu donc, ma mère,
– Adieu, mes petits. »
Les chevaux hennissent,
Les fouets retentissent,
Les vitres frémissent :
Les voilà partis.

Dans chaque rue,
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout à coup :
Grands, valetaille,
Vieillards, marmaille,
Bourgeois, canaille,
Abondent partout.

Ah ! quelle cohue !
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue,
Où donc me cacher !
Jamais mon oreille
N’eut frayeur pareille…
Tout Paris s’éveille…
Allons nous coucher.

(Marc-Antoine Désaugiers)

 

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Nini-Peau-d’chien (Aristide Bruant)

Posted by arbrealettres sur 25 août 2019




Quand elle était p’tite
Le soir elle allait
A Saint’-Marguerite
Où qu’a s’dessalait :
Maint’nant qu’elle est grande,
Ell’ marche le soir
Avec ceux d’la bande
Du Richard-Lenoir

À la Bastille
On aime bien
Nini-Peau-d’chien :
Elle est si bonne et si gentille !
On aime bien
Nini-Peau-d’chien,
À la Bastille

Elle a la peau douce,
Aux taches de son,
À l’odeur de rousse
Qui donne un frisson,
Et de sa prunelle,
Aux tons vert-de-gris,
L’amour étincelle
Dans ses yeux d’souris.

À la Bastille
On aime bien
Nini-Peau-d’chien :
Elle est si bonne et si gentille !
On aime bien
Nini-Peau-d’chien,
À la Bastille

Quand le soleil brille
Dans ses cheveux roux,
L’génie d’la Bastille
Lui fait les yeux doux,
Et quand à s’promène,
Du bout d’l’Arsenal
Tout l’quartier s’amène
Au coin du Canal.

À la Bastille
On aime bien
Nini-Peau-d’chien :
Elle est si bonne et si gentille !
On aime bien
Nini-Peau-d’chien,
À la Bastille

(Aristide Bruant)

Illustration: ArbreaPhotos

 

 

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Que d’yeux (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 27 octobre 2018



 

Juliette Brigand-Damville 20

Que d’yeux, en éventail, en ogive, ou d’inceste,
Depuis que l’Etre espère, ont réclamé leurs droits !
Ô ciels, les yeux pourrissent-ils comme le reste ?
Oh ! qu’il fait seul ! oh ! fait-il froid !
Oh ! que d’après-midi d’automne à vivre encore !
Le Spleen, eunuque à froid, sur nos rêves se vautre !
Or, ne pouvant redevenir des madrépores,
Ô mes humains, consolons-nous les uns les autres.
Et jusqu’à ce que la nature soit bien bonne,
Tâchons de vivre monotone

(Jules Laforgue)

Illustration: Juliette Brigand-Damville

 

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Églantine (J.J. Grandville)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2018



Églantine

On a vu au commencement de ce livre
qu’en quittant le domaine de la Fée aux Fleurs,
l’Églantine manifesta l’intention bien arrêtée de se faire femme de lettres.
Cette profession était tombée en discrédit, et on ne se souvenait guère
que par tradition du temps où il existait des femmes de lettres,
lorsque l’Églantine arriva en Gascogne.
Ce pays lui plut naturellement, et elle se fixa à Toulouse, capitale des troubadours.
Jeune, belle, riche, elle obtint tout de suite un grand succès,
ses salons ne désemplissaient pas, on la citait pour son esprit,
son bon goût, l’éclat de sa parure.

Comme il faut que toute femme de lettres ait sa manie,
elle ne se montrait en public que chaussée de bas couleur d’azur.
De là le nom de bas-bleu qu’on a donné par la suite
à toutes les personnes du beau sexe qui s’occupent de poésie et de littérature.
L’Églantine épousa Lautrec, jeune et beau cavalier qui l’aimait passionnément,
et qui, pour devenir son mari, brava la malédiction paternelle.

Quelques mois après, Lautrec en était à se repentir.
Elle voulait qu’il s’occupât des soins du ménage,
qu’il comptât avec la cuisinière, avec la blanchisseuse,
avec le boucher, avec l’épicier, avec tous les fournisseurs.
Un moment Lautrec se consola en songeant qu’il allait devenir père.

Hélas, ce titre fut pour lui un nouveau surcroît de chagrin et de désespoir.
L’Églantine lui laissait tout le soin du marmot:
c’était à lui à le débarbouiller, à le bercer, à le garder.
Elle émit la première cette pensée, aussi ingénieuse que profonde:
un mari est une bonne donnée par le Code civil.

Lautrec mourut jeune, les uns disent de fatigue et de chagrin,
les autres d’une fluxion de poitrine.
Quoi qu’il en soit, l’Églantine le pleura et composa une magnifique épitaphe en vers gascons
pour orner la tombe de son mari.

(J.J. Grandville)

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Eté (Nakahara Chûya)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2018



Illustration: Odilon Redon
    
Eté

Moi sur ma table,
Je n’avais rien d’autre qu’un stylo de l’encre du papier quadrillé,
Et chaque jour que dieu faisait, sans fin, m’y tenais coi.

Mais attendez, en plus il y avait aussi des allumettes des cigarettes,
Et un buvard ou des petites choses comme ça.
Mais que dis-je, parfois encore apportant une bière,
Il m’arrivait de la boire.

Dehors les cigales chantaient à qui mieux mieux.
Et les vents, du moins les vents frais d’être passés sur les rochers
fréquemment soufflaient.
Sans pensée, sans journées ni sans mois le temps passait,

Quand un beau matin, je me retrouvai mort.
Et le peu de choses disposées sur ma table,
Pour finir en un clin d’oeil furent débarrassées par la bonne.
– Mon dieu quel soulagement. Mon dieu quel soulagement.

(Nakahara Chûya)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Poèmes
Traduction: Yves-Marie Allioux
Editions: Picquier poche

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