Tard dans la nuit, tympanons en liesse…
Au fond du louche borgne cabaret,
Des femmes beuglaient leur factice ivresse
Dans les relents du tabac violet.
Les journaux parlaient d’événements graves,
De temps agités ou bien de regrets.
Ombres suspectes dans le cabaret…
Les journaux parlaient d’événements graves.
Tard dans la nuit, tympanons en liesse…
Au fond du louche borgne cabaret,
Des femmes beuglaient leur factice ivresse
Dans les relents du tabac violet.
ce qui est immortel ressemble
aux cigognes venues
d’un soleil égaré
nous n’avons pas le droit
d’en retenir
fût-ce une plume
fût-ce l’ombre d’un cou
va-t-en vivre chez toi
entre tes seins plus borgnes
que l’horizon mort-né
moi je retourne à mon désert
où les mots sont privés de pétales
car je reste quelconque
c’est mon église
car tu restes quelconque c’est ta chance
d’être avoine qui court
ou avoine couchée sous le galop du vent
séparons-nous
puisque tout est parfait
Les murs noirs se lézardent
Au-dessus de mon âme.
Les hommes-lampes
Baissent, s’éteignent.
Un poisson borgne
Nage en l’obscur,
Un poisson à l’oeil noir.
Pensez à tous ceux qui voient
vous tous qui ne voyez pas
où vont-ils se laissez conduire
ceux qui regardent leur bout de nez
par le petit bout d’une lorgnette
Pensez aussi à ceux qui louchent
à ceux qui toujours louchent vers l’or
vers la mer leur pied ou la mort
à ceux qui trébuchent chaque matin
au pied du mur au pied d’un lit
en pensant sans cesse au lendemain
à l’avenir peut-être à la lune au destin
à tout le menu fretin
ce sont ceux qui veillent au grain
Mais ils ne voient pas les étoiles
parce qu’ils ne lèvent pas les yeux
ceux qui croient voir à qui mieux mieux
et qui n’osent pas crier gare
Pensez aux borgnes sans vergogne
qui pleurent d’un œil mélancolique
en se plaignant des moustiques
Pensez à tous ceux qui regardent
en ouvrant des yeux comme des ventres
et qui ne voient pas qu’ils sont laids
qu’ils sont trop gros ou maigrelets
qu’ils sont enfin ce qu’ils sont
Pensez à ceux qui voient la nuit
et qui se battent à coups de cauchemars
contre scrupules et remords
Pensez à ceux qui jours et nuits
voient peut-être la mort en face
Pensez à ceux qui se voient
et savent que c’est la dernière fois