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Posts Tagged ‘boueux’

NOËL (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



 


    
NOËL

Comme si je n’avais jamais vécu dans cette maison
qui, libérée des meubles lourds,
essaye à présent de garder l’équilibre.
Pareille à une louve qui soudain s’est retrouvée
dans une clairière, je tourne en rond
autour du sapin de Noël
incliné au milieu du salon vide.
Deux louveteaux posent en silence
leurs museaux dans la neige
et regardent les pommes sèches
et les guirlandes parmi les branches.
Mais la lumière qui rayonne de leurs yeux
lave tous les îlots boueux dans le courant
de la Voie lactée
et nous entrons avec des chaussures propres
dans une autre année.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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PRINTEMPS DE GUERRE (Charles Vildrac)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022




    

PRINTEMPS DE GUERRE

J’étais boueux et las
Et le soir dans les bois
M’étreignait la poitrine.
Je m’étais étendu
Sur un sombre tapis
D’herbes froides et lisses.
Un papillon d’argent
Errait dans l’air inerte
Avant d’aller mourir.
Des troncs d’arbres gisaient,
Sciés depuis l’hiver ;
Mais il surgissait d’eux
Des pousses condamnées,
De tendres pousses vertes
Qui regardaient le ciel
Et croyaient au bonheur.
Pour le cœur, nul repos ;
Pour l’âme, nul sourire
Que celui de la mort !
Je me suis relevé,
J’ai regardé, stupide,
L’herbe longue brisée par le poids de mon corps.
Je me suis mis en marche.

(Charles Vildrac)

 

Recueil: Chants du désespéré (1914-1920) –
Traduction:
Editions: Gallimard

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Tout projet, toute pensée (Ch’ònghò)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2022



Illustration: Bang Hai Ja Ciel-Terre
    
Tout projet, toute pensée,
Flocon de neige sur un brasero !
Le buffle boueux marche sur l’eau
La terre et le ciel s’ouvrent

(Ch’ònghò)

Recueil: Les mille monts de lune Poèmes de Corée
Traduction: Sunmi Kim
Editions: Albin Michel

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LES BOUEUX SONT EN GRÈVE (Raymond Queneau)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2020



 


    
 
LES BOUEUX SONT EN GRÈVE

C’est jour de grève des boueux
on a la chance de pouvoir ce jour-là
jouer au chiffonnier au chineur
au brocanteur qui sait même à l’antiquaire
il y a un peu de tout
le choix est difficile
entre la poupée sans yeux sans bras sans nez
la boîte de sardines qui a perdu en chemin toutes ses sardines
la boîte de petits pois qui a perdu en chemin tous ses petits pois
le devoir déchiré qui a décroché non sans mal un zéro
le tube de pâte dentifrice qui a passé sous plusieurs compresseurs rouleaux
l’os l’arête le coton hydrophile
oui le choix est difficile

les poubelles bâillent au soleil de midi
toutes pleines de choses bonnes à cueillir
pour celui qui sait

tout à coup on aperçoit là… là… là…
une oeuvre d’art… d’art.. d’art…
abandonnée là… là… là…
par un philistin ignare
et sur laquelle on saute dare-dare
parfois c’est la Joconde que l’on retrouve ainsi
parfois c’est la Ronde de Nuit
parfois la Vénus de Milo
parfois le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault

mais ce n’est pas tous les jours grève
jour de grève des boueux

(Raymond Queneau)

 

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BOUE (Jean Grosjean)

Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2018



Illustration
    
BOUE

Le chemin boueux
entre les arbres malingres,
les lichens spongieux,
les pas sans échos.

Un oiseau qui prend son vol,
le vent qui court s’absenter
dans le haut des arbres.

La fleur de la ronce,
sa pâleur dans le roncier.
La pâleur du ciel.

(Jean Grosjean)

 

Recueil: Nathanaël
Traduction:
Editions: Gallimard

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En quête d’origine (Abbas Kiarostami)

Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2017



 

Wols -Oui [1280x768]

en quête d’origine
je suis parvenu à la source
une source boueuse

(Abbas Kiarostami)

Illustration: Wols

 

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Si tu t’en vas par le chemin (Tradition paysanne bulgare)

Posted by arbrealettres sur 10 septembre 2016



Si tu t’en vas par le chemin
par le chemin poussiéreux,
je vais me faire rosée,
je mouillerai route et chemin,
pour que ta robe de soie fine
ne se salisse, ne se ternisse.

Si tu t’en vas par le chemin,
par le chemin humide,boueux
je vais me faire soleil,
je sécherai les routes boueuses
pour que la robe de ton cheval
ne se salisse, ne se ternisse.

(Tradition paysanne bulgare)

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Sans fierté aucune (Bruno Hulin)

Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2016



 Corbeau-1160 [1280x768]

Sans fierté aucune
Dans un poulailler boueux
Un corbeau picore

(Bruno Hulin)

Illustration

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NOSTALGIE DE JEUNESSE BLANCHE (Georges Rodenbach)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2016



NOSTALGIE DE JEUNESSE BLANCHE

Douleur de voir une par une
Les fleurs de sa jeunesse en fuite dans le vent,
Et de les voir tomber sur le gazon mouvant
Comme des larmes de la Lune.

Douleur de voir diminué
Son patrimoine ancien d’espérance et de rêve,
Et d’être un grand oiseau perdu sur une grève,
Qui bat de l’aile, exténué !

Douleur d’avoir appris la vie,
De ne plus croire à rien des choses qu’on rêva,
Et de ne plus savoir vers quel soleil on va
Sur la pente qu’on a gravie.

Douleur, la plus grande douleur !
Éternelle douleur de douter de soi-même,
Et d’ignorer toujours si l’Art béni qu’on aime
Couronnera votre pâleur

Devant les belles jeunes vierges,
Douleur de se sentir incapable d’aimer,
Et de n’être plus chaste et digne d’allumer
Ses désirs purs comme des cierges.

Douleur dans les jardins, le soir,
Quand elles vont rêvant à leurs amours prochaines
Et que leur âme en fleur monte à travers les chênes
Avec des parfums d’encensoir.

Douleur de se sentir indigne
Et qu’au lac de son coeur sali, bourbeux, obscur,
Jamais ne flottera, dans des frissons d’azur,
L’innocence d’un pareil cygne !

Oh ! soi-même redevenir
L’homme candide et bon de son adolescence,
Et, rentrant dans son coeur comme après une absence,
Recommencer son avenir !

(Georges Rodenbach)

Illustration: Sophie Gengembre Anderson

 

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