Souvent a l’école, on se moque de nous
Les enfants rigolent, ce sont des jaloux
Ma princesse a osé, quelle bien jolie scène
Elle a déposé sa main dans la mienne
Nous faisons le mur, ce n’est pas de tout repos
Je suis sans armure, elle est sans château
Souvent dans la rue, on nous montre du doigt
Les gens sont bourrus, mais les gens sont comme ça
Tout ça parce que tous les deux, nous oublions d’être sages
On est amoureux, et nous enjambons les nuages!
Nous avons fugué entre deux paragraphes
Nous avons largué les leçons d’orthographe
Tout par dessus bord, les dictées, les problèmes
On est tombé d’accord, pour se dire je t’aime.
Ici les oiseaux sont dans la confidence
Quand on est en haut, plus rien n’a d’importance
Au premier baiser, plus rien ne bouge
J’ai senti passer, mes joues de roses à rouges
Selon les vents, si ça nous sonne
Quand nous serons de grandes personnes
Nous redescendrons sur Terre
Et quand les archers auront des ailes
Le cœur de tout les écoliers
Nous viendrons vous chanter ces vers
Levez bien la tête! Ouvrez grand les yeux!
Vous verrez peut être les enfants amoureux.
Fleurter sur les stratus, quelle sensation étrange.
Flâner sur les nimbus, deux apprentis-anges.
Nous oublions d’être sages, et nous enjambons les nuages.
Nous oublions d’être sages, et nous enjambons les nuages!
Un bleu outremer guette au fond de mon oeil son écho.
Toujours je le préférai aux joies réverbérantes.
Il m’offre à toute heure du jour l’ivresse des solitudes.
je suis l’empailleur de l’espoir ici-bas, son tombeau incomparable !
L’enfance est un passeport égaré le long des routes
Indélicates. Elles desservent des foules des forêts
Abruptes et bourrues, insensibles à la patience des nuages.
Où s’en sont allées mes jeunes années ? Le temps les frictionne
De son amour universel. J’en appelle à l’ordre luciférien
Sans perdre de vue ni la douceur des nuées
Ni la beauté des ombres dociles errantes
Il ne tient qu’à moi de leur tourner le dos.
De chiffrer leurs mêlées leurs aises sur le plancher des vaches.
Le bonheur un brin paresseux suit sa pente.
(Nimrod)
Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
Debout près d’un bouleau, je vois foncer l’orage,
Le vent cingler les eaux paisibles du ruisseau,
Les villages courber, ainsi que des taureaux,
Leur dos gras et bourru sur les grands pâturages.
Moi, je ne pense à rien. Je laisse les odeurs
Envahir les recoins les plus nus de mon coeur.
De ce que nous ferons de notre vie, nous ne voulons rien savoir.
Notre indifférence au réel n’a d’égale que notre attention passionnée
aux images entrevues dans une lumière soudaine,
qui est peut-être celle que diffusent les éclats troubles du vin bourru.
Les oiseaux boulus bourrus
Dans les cages de la pluie
Le hérisson regoglu
Qui se traîne et qui s’ennuie
L’avers luisant des talus
Les ruisseaux gorgés de nuit
La cheminée s’époumone
Les fées trottent en sabots
Gobelins roulent cerneaux
Dans les ruelles des automnes
Lutins au coeur d’anémones
Fadets secouent leurs grelots
Voici passer sur la route
Corbillard et gris chapeau
Houppelandé, lourd de doute
Monsieur de Serres-Cambot
Chef d’orchestre des grenouilles
Monsieur de Serres-Cambot
Chef d’orchestre des crapauds.
Rameau déchiqueté, tordu,
Lançant là depuis mainte année
Au vent son chant sec et bourru,
Sans plus de feuilles ni d’écorce,
Las de cette vie surannée,
Las de ne pas mourir, sans force,
Inquiet en secret, mais fier.
Sa voix rauque sonne, obstinée,
Un été encore, un hiver.
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Knarren eines geknickten astes
Splittrig geknickter Ast,
Hangend schon Jahr um Jahr,
Trocken knarrt er im Wind sein Lied,
Ohne Laub, ohne Rinde,
Kahl, fahl, zu langen Lebens,
Zu langen Sterbens müd.
Hart klingt und zäh sein Gesang,
Klingt trotzig, klingt heimlich bang
Noch einen Sommer,
Noch einen Winter lang.