Illustration: Hokusaï
Bruyante grêle –
mon vieux corps
comme les vieilles feuilles d’un chêne
(Bashô)
Recueil: Haikus du temps qui passe
Traduction: du Japonais par Makoto Kemmoku et Dominique Chipot
Editions: Verdier Poche
Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2022
Illustration: Hokusaï
Bruyante grêle –
mon vieux corps
comme les vieilles feuilles d’un chêne
(Bashô)
Recueil: Haikus du temps qui passe
Traduction: du Japonais par Makoto Kemmoku et Dominique Chipot
Editions: Verdier Poche
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Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2022
pause
à la prière psalmodiée du saint homme
il se mouche bruyamment dans ses doigts
(Pierre Reboul)
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Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022
Vagues
J’ai vu un Dieu minuscule
Assis
sous un parapluie bleu vif
Qui avait des glands blancs
Et des baleines d’or fourchues.
Au-dessous de lui
Son petit monde
S’expose au soleil.
L’ombre de Son chapeau
S’étale sur la ville.
Quand il étire Son bras
Un lac devient un sombre tremblement.
Quand il donne un coup de pied
Il fait nuit sur les cols des montagnes.
Mais tu es petit !
Il y a des dieux bien plus grands que toi ;
Ils s’élèvent et chutent,
Les dieux de la mer dévalant.
Ton coeur peut-il avoir de tels soupirs,
De tels cris sauvages et vains,
Un tel souffle venteux,
Une telle mort gémissante ?
Et ton bras peut-il envelopper
Le vieux,
Le froid,
L’immuable et épouvantable lieu
Où les hordes
De monstres de mer cornus
Et où les oiseaux hurlant
Se réunissent?
De ces hommes silencieux
Qui gisent dans
Nos prisons nacrées,
Peux-tu en faire ta proie?
Comme nous peux-tu rester
Attendant ton heure,
Et alors t’élever comme une tour
Et t’écraser et te fracasser?
Il n’y a ni arbres ni buissons
Dans mon pays,
Dit le Dieu minuscule.
Mais il y a des ruisseaux
Et des cascades
Et des pics montagneux
Couverts de jolies herbes.
Il y a de petites côtes et des ports sûrs,
Des grottes pour la fraîcheur et des plaines pour le soleil et le vent.
Joli est le son des rivières,
Jolie l’éclatante lumière
Des pics jolis.
Je suis satisfait.
Mais Ton royaume est petit,
Dit le Dieu de la Mer.
Ton royaume va choir,
Je ne peux te tolérer.
Tu es fier!
Avec un bruyant
Carillon de rires,
Il s’est redressé et a recouvert
Le pays du Dieu minuscule
De l’extrémité de sa main,
De la pointe de son doigt: Et après —
Le Dieu minuscule
Se mit à pleurer.
***
Waves
I saw a tiny God
Sitting
Under a bright blue Umbrella
That had white tassels
And forked ribs of gold.
Below him His little world
Lay open to the sun.
The shadow of His hat
Lay upon a city.
When he stretched forth His hand
A lake became a dark tremble.
When he kicked up His foot
It became night in the mountain passes.
But thou art small!
There are gods fargreater than thou;
They rise and fall
The tumbling gods of the sea.
Can thy heart heave such sighs,
Such hollow savage cries,
Such windy breath,
Such groaning death?
And can thy arm enfold
The o1d
The cold
The changeless dreadful place
Where the herds
Of horned sea-monsters
And the screaming birds
Gather together.
From those silent men That lie in the pen
Of our pearly prisons,
Canst thou hunt thy prey?
Like us cant thou stay
Awaiting thine hour,
And then rise like a tower
And crash and shatter?
There are neither trees nor bushes
In my country,
Said the tiny God
But there are streams
And waterfalls
And mountain peaks
Covered with lovely weed
There are little shores and safe harbours,
Caves for cool and plains for sun and wind.
Lovely is the sound of the rivers,
Lovely the flashing brightness
Of the lovely peaks.
I am content.
But Thy kingdom is small
Said the God of the Sea.
Thy kingdom shall fall,
I shall not let thee be.
Thou art proud
With a loud
Pealing of laughter,
He rose and covered
The tiny God’s land
With the tip of his hand
With the curl of his fingers:
And after—
The tiny God
Began to cry.
(Katherine Mansfield)
Posted in poésie | Tagué: (Katherine Mansfield), après, arbre, assis, attendre, au-dessous, éclatant, épouvantable, étirer, baleine, blanc, bleu, bras, bruyant, buisson, carillon, cascade, côte, chapeau, choir, chuter, coeur, col, combre, cornu, coup, couvert, cri, dévaler, Dieu, doigt, donner, envelopper, extrémité, fier, fourchu, fraîcheur, froid, gémissant, gésir, gland, grand, grotte, herbe, heure, homme, horde, hurler, immuable, joli, lac, lieu, lumière, main, mer, minuscule, monde, monstre, montagne, montagneux, mort, nacre, nuit, oiseau, ombre, or, parapluie, pays, petit, pic, pied, plaine, pleurer, pointe, port, pouvoir, prison, proie, recouvrir, rester, rire, rivière, royaume, ruisseau, s'écraser, s'élever, s'étire, s'exposer, satisfait, sauvage, sûr, se fracasser, se réunir, se redresser, silencieux, soleil, sombre, son, souffle, soupir, tolérer, tour, tremblement, vague, vain, vent, venteux, vieux, vif, ville, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022
Il y avait un homme qui vivait tout près de chez nous;
Il avait une jambe de bois et un chardonneret dans une cage verte.
Il s’appelait Farkey Anderson,
Il avait été faire une guerre pour avoir sa jambe.
Nous étions très tristes pour lui
Car il avait un si beau sourire
Et était trop grand pour vivre dans une maison si petite.
Quand il marchait sur la route sa jambe n’avait pas d’importance
Mais quand il marchait dans sa petite maison
Cela faisait un bruit affreux.
Petit Frère disait que son chardonneret était le plus bruyant de tous les oiseaux
Pour qu’il n’entende pas sa pauvre jambe
Et ne se sente pas trop affligé.
***
The Man with the Wooden Leg
There was a man lived quite near us;
He had a wooden leg and a goldfinch in a green cage.
His name was Farkey Anderson,
And he’d been in a war to get his leg.
We were very sad about him,
Because he had such a beautiful smile
And was such a big man to live in a very small house.
When he walked on the road his leg did not matter so much;
But when he walked in his little house
It made an ugly noise.
Little Brother said his goldfinch sang the loudest of all birds,
So that he should not hear his poor leg
And feel too sorry about it.
(Katherine Mansfield)
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Posted by arbrealettres sur 29 mars 2022
Illustration: ArbreaPhotos
Vieux frère
Mon chat, hôte sacré de ma vieille maison,
De ton dos électrique arrondis la souplesse,
Viens te pelotonner sur mes genoux, et laisse
Que je plonge mes doigts dans ta chaude toison.
Ferme à demi, les reins émus d’un long frisson,
Ton œil vert qui me raille et pourtant me caresse,
Ton œil vert semé d’or, qui, chargé de paresse,
M’observe d’ironique et bénigne façon.
Tu n’as jamais connu, philosophe, ô vieux frère,
La fidélité sotte et bruyante du chien :
Tu m’aimes cependant, et mon coeur le sent bien.
Ton amour clairvoyant, et peut-être éphémère,
Me plaît, et je salue en toi, calme penseur,
Deux exquises vertus : scepticisme et douceur.
(Jules Lemaître)
Posted in poésie | Tagué: (Jules Lemaître), aimer, amour, arrondir, à demi, électrique, ému, éphémère, bénigne, bruyant, calme, caresser, charger, chat, chaud, chien, clairvoyant, coeur, connaître, doigt, dos, douceur, exquis, façon, fermer, fidélité, frère, frisson, genoux, hôte, ironique, laisser, long, maison, observer, oeil, or, paresse, penseur, philosophe, plaire, plonger, railler, rein, sacré, saluer, scepticisme, se pelotonner, semer, sentir, sot, souplesse, toison, venir, vert, vertu, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2021
nous respirons bruyamment de chaleur suffocante
dormant dans la même pièce
l’angoisse plus lourde que l’air
remplit l’espace comme le dioxyde de carbone
et nous étouffons dans le cauchemar
dans le rêve de mon père le vide prolifère
comme les doryphores sur les pommes de terre
jusqu’à la destruction complète des plantations
souvent il tousse
comme un chat qui rejette
une boule de poils
mon frère grince des dents
ma mère est immobile
les lèvres serrées
à l’image de la madone qu’elle prie
quelquefois je me penche sur son visage
pour vérifier si elle respire
j’écoute aussi
nos pieds dépasser les chaussures devenues étroites
nos cheveux s’assombrir
nos cartilages s’user à courir
dehors l’atmosphère se consume
et en nous brûlent nos corps d’enfants
comme les bougies d’anniversaire
suffisamment vite pour que le matin on
ne s’en souvienne plus
(Monika Herceg)
Traduit du croate par Martina Kramer
Posted in poésie | Tagué: (Monika Herceg), air, angoisse, anniversaire, atmosphère, écouter, étouffer, étroit, bougie, brûler, bruyant, cartilage, cauchemar, chaleur, chat, chaussure, cheveux, complet, corps, courir, dépasser, dehors, dent, destruction, dioxyde, dormir, doryphore, enfant, espace, frère, grincer, image, immobile, lèvres, lourd, madone, matin, mère, minuscule, mort, père, pièce, pied, plantation, pomme de terre, prier, proliférer, rêve, rejeter, remplir, respirer, s'assombrir, s'user, se consumer, se pencher, se souvenir, serrer, suffisamment, suffoquer, tousser, vérifier, vide, visage, vite | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2020
En marchant la nuit dans un bois
I
Il grêle, il pleut. Neige et brume ;
Fondrière à chaque pas.
Le torrent veut, crie, écume,
Et le rocher ne veut pas.
Le sabbat à notre oreille
Jette ses vagues hourras.
Un fagot sur une vieille
Passe en agitant les bras.
Passants hideux, clartés blanches ;
Il semble, en ces noirs chemins,
Que les hommes ont des branches,
Que les arbres ont des mains.
II
On entend passer un coche,
Le lourd coche de la mort.
Il vient, il roule, il approche.
L’eau hurle et la bise mord.
Le dur cocher, dans la plaine
Aux aspects noirs et changeants,
Conduit sa voiture pleine
De toutes sortes de gens.
Novembre souffle, la terre
Frémit, la bourrasque fond ;
Les flèches du sagittaire
Sifflent dans le ciel profond.
III
– Cocher, d’où viens-tu ? dit l’arbre.
– Où vas-tu ? dit l’eau qui fuit.
Le cocher est fait de marbre
Et le coche est fait de nuit.
Il emporte beauté, gloire,
Joie, amour, plaisirs bruyants ;
La voiture est toute noire,
Les chevaux sont effrayants.
L’arbre en frissonnant s’incline.
L’eau sent les joncs se dresser.
Le buisson sur la colline
Grimpe pour le voir passer.
IV
Le brin d’herbe sur la roche,
Le nuage dans le ciel,
Regarde marcher ce coche,
Et croit voir rouler Babel.
Sur sa morne silhouette,
Battant de l’aile à grands cris,
Volent l’orage, chouette,
Et l’ombre, chauve-souris.
Vent glacé, tu nous secoues !
Le char roule, et l’oeil tremblant,
A travers ses grandes roues,
Voit un crépuscule blanc.
V
La nuit, sinistre merveille,
Répand son effroi sacré ;
Toute la forêt s’éveille
Comme un dormeur effaré.
Après les oiseaux, les âmes !
Volez sous les cieux blafards.
L’étang, miroir, rit aux femmes
Qui sortent des nénuphars.
L’air sanglote, et le vent râle,
Et, sous l’obscur firmament,
La nuit sombre et la mort pâle
Se regardent fixement.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), agiter, air, amour, approcher, arbre, aspect, âme, écume, étang, Babel, beauté, bide, blafard, blanc, bois, bourrasque, branche, bras, brume, bruyant, buisson, changer, char, chauve-souris, chemin, cheval, ciel, clarté, coche, cocher, colline, conduire, crépuscule, crier, dormeur, dur, eau, effaré, effrayant, effroi, emporter, entendre, fagot, femme, firmament, fixe, flèche, fondre, fondrière, forêt, frémir, frissonner, gens, glacer, gloire, grêler, grimper, herbe, hideux, homme, hourra, hurler, jeter, joie, lourd, main, marbre, marcher, merveille, miroir, mordre, morne, mort, nénuphar, neige, noir, nuage, nuit, obscur, oeil, oiseau, ombre, oreille, passant, passer, pâle, plaine, plaisir, plein, pleuvoir, profond, râler, répandre, regarder, rire, roche, rocher, roue, rouler, s'éveiller, s'incliner, sabbat, sacré, sagittaire, sangloter, se regarder, secouer, siffler, silhouette, sinistre, sombre, sortir, souffler, terre, torrent, trembler, vague, venir, vent, vieux, voir, voiture, voler, vouloir | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019
Illustration: Raymond Douillet
Un testament d’équinoxe
… si parler le poème
est une manière de vivre /
alors / j’ai bien vécu
le temps de tous les mots
sédentaires et nomades
dont j’ai forgé le sens
jusqu’au dire infini
du pain et de la boue /
des arbres et des grands vents /
des noces à jamais vives
des îles et de l’ailleurs /
à ma passion rebelle
à tout agenouillement /
mes bruyants soliloques
au nom des petites terres
et de la mienne en propre /
j’ai joint le tressaillement
des choses de la vie /
mais aussi de la mort /
si Dieu est une question /
peu importe la réponse /
l’éternité s’épelle /
elle ne s’écrit que peu.
(Edouard J. Maunick)
Posted in poésie | Tagué: (Edouard J. Maunick), agenouillement, ailleurs, arbre, à jamais, équinoxe, éternité, île, boue, bruyant, Dieu, dire, forger, infini, joindre, manière, mort, mot, noce, nomade, pain, parler, passion, poème, question, réponse, rebelle, s'écrire, s'épeler, sédentaire, sens, soliloque, temps, terre, testament, tressaillir, vent, vie, vif, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
J’ai cessé de croire aux « grands événements »
qui s’accompagnent de hurlements et de fumée.
Et crois-moi, je te prie, cher vacarme d’enfer,
les plus grands événements,
ce ne sont pas nos heures les plus bruyantes,
mais les heures du plus grand silence.
(Friedrich Nietzsche)
Posted in méditations | Tagué: (Friedrich Nietzsche), évènement, bruyant, croire, enfer, fumée, heure, hurlement, s'accompagner, silence, vacarme | Leave a Comment »