Posted by arbrealettres sur 11 mars 2022

Illustration: Victor-Louis Mottez
SIRÈNES
Avec des rires sourds et de grondants sanglots,
Les filles de la mer se battent ou s’étreignent,
Et leurs cheveux luisants que dans l’ombre elles peignent
Traînent, fourrure sombre, au pied des noirs îlots.
L’anguille voyageuse et les vifs cachalots,
L’ourson couleur de neige à leur côté se baignent;
Et les feux de leurs yeux s’allument et s’éteignent,
Fanal de naufrageur qui tremble sous les flots
Leurs corps d’ambre et de lait ont la forme des vagues;
Les regrets, les terreurs, l’espoir, les désirs vagues,
Se condensent la nuit dans le brouillard amer.
Et, bercés mollement sur la gorge où tout sombre,
Les morts, coulés à pic, vont savourer dans l’ombre
Tout l’amour contenu dans la mort et la mer.
(Marguerite Yourcenar)
Recueil: Les charités d’Alcippe
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Marguerite Yourcenar), ambre, amer, amour, anguille, à-pic, bercer, brouillard, cachalot, cheveux, contenu, corps, couler, couleur, désir, espoir, fanal, feux, fille, flot, forme, fourrure, gorge, gronder, lait, luire, mer, mollement, mort, naufrageur, neige, noir, nuit, ombre, ourson, peindre, pied, regret, rire, s'allumer, s'éteindre, s'étreindre, sanglot, savourer, se baigner, se battre, se condenser, sirène, sombre, sombrer, sourd, terreur, traîner, trembler, vague, vif, voyageur, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 juin 2018

Illustration: Gilbert Garcin
Affiche bleue du poème
Finie la solitude !
Contre la vitre
une pie frappe du bec.
Dans la ville investie,
posons, la nuit,
l’affiche bleue du poème.
Si tu épouses le feu,
ne parle plus d’eau
ni de cendre.
Ma bonne action du jour:
sauvé de la noyade
un papillon.
Du bec l’oiseau pique une rose.
A la pointe du couteau
une guêpe se pose.
Le poète vient de parler.
La mésange à la fenêtre
dit: «Oui, oui, oui.»
Va-t-il enfin se poser
sur ma main
ce rouge-gorge?
Écoute bien, poète,
on dit que les cachalots
dorment la tête en bas.
Pour s’endormir
les moutons ne peuvent compter
que sur eux-mêmes.
À la cime des sapins
il chahute avec les branches
le vent d’automne.
Ah, ce matin, quel brouillard!
Et dans l’allée du jardin
le fantôme de mon père.
Une seconde de plus
sur le cadran de l’horloge.
Ah, je n’ai pas cessé de vieillir.
(Jean Joubert)
Recueil: Longtemps j’ai courtisé la nuit
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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