Puisant dans mes mains
l’eau de la rivière, je pousse
des cadavres atomiques.
***
(Yasuko Saeki)
HIROSHIMA
Traduction: Dominique Chipot & Makoto Kemmoku
Editions: Points
Posted by arbrealettres sur 1 février 2023
Puisant dans mes mains
l’eau de la rivière, je pousse
des cadavres atomiques.
***
(Yasuko Saeki)
HIROSHIMA
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Yasuko Saeki), atomique, cadavre, eau, main, pousser, puiser, rivière | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 février 2023
Une petite fille
retourne avec force plein de cadavres,
cherchant sa mère.
***
(Tokiko Takahashi)
HIROSHIMA
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Tokiko Takahashi), cadavre, chercher, force, mère, petite fille, plein, retourner | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 février 2023
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Tokiko Takahashi), cadavre, clair de lune, s'embrasser, triste | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022
Abandonnés aux vautours
les cadavres de parsis
restent étendus
sur la Tour de Silence à Bombay
les femmes imposent à leurs ombres
des formes de guitare
entre les dalles l’herbe croit
dans l’angle sombre
quelqu’un attend
à la vaste lumière revoici les pierres blanches
le rayon de miel parfait.
(Jean Follain)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), abandonné, attendre, étendu, blanche, cadavre, femme, guitare, herbe, lumière, miel, ombre, parfait, parsi, pierre, rayon, silence, sombre, tour, vaste, vautour | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2022
L’Angkar*
J’espère ne jamais savoir d’expérience
ne jamais vivre cela
ni mes enfants
ni mes semblables
jamais
je demande pardon à ceux qui liront
ce titre et qui ont eu à souffrir des Khmers rouges
« l’Angkar ne dit rien, ne parle
pas mais il a des yeux et des
oreilles partout »
« qui proteste est un ennemi
qui s’oppose est un cadavre »
regretté
le toucher de ton corps
Automutilation
on s’est exterminés les uns les autres
ce pays
naguère paradis
terrestre
sourire
nous tue
charnier
oser en toute méconnaissance
tu connais autre chose
mais féroce aussi
rester vivant
avec cela dans le coeur
encore tari
alors que l’enfance est nue
et la pluie la pluie
la lutte est inégale
il pleut
encore et encore
les rizières
s’étendent dans le lointain
gris vert
des ombres marchent dans l’eau
vivants qui reviennent
cette grande nonchalance
fut ponctuée de sang
[…]
Tout ce que nous avons subi
d’atroce
ne peut être dissous
et nos tortionnaires
humains
comme nous
quoi de plus déroutant
de plus affligeant
se sentir le semblable
de ces travailleurs consciencieux
ces éradicateurs sont nos frères
regretter jusqu’à
cette humanité
douter d’exister pleinement
*En khmer, «l’Organisation», nom sous lequel le Parti communiste du Kam-
puchéa (Khmers rouges) a gouverné le Cambodge lorsqu’il a pris le pouvoir en 1975
(Paul de Brancion)
Posted in poésie | Tagué: (Paul de Brancion), affliger, atroce, automutilation, éradicateur, cadavre, charnier, coeur, connaître, consciencieux, corps, dérouter, dire, dissoudre, douter, eau, encore, enfance, enfant, ennemi, espérer, exister, expérience, exterminer, féroce, frère, gris, humain, humanité, inégal, jamais, khmer, lire, lointain, méconnaissance, naguère, nonchalance, nu, ombre, oreille, oser, paradis, pardon, parler, pays, pleinement, pleuvoir, pluie, ponctuer, protester, regretter, rester, revenir, rizière, rouge, s'étendre, s'opposer, sang, savoir, semblable, sentir, souffrir, sourire, subire, tarir, terrestre, titre, tortionnaire, toucher, tuer, vert, vivant, vivre, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2021
Viens dans mon lit couver la cendre froide
Nous vêlerons à l’aube de la mort
Quand la potence des sexes s’est abattue
en oiseaux pétrifiés
l’être glorieux qui nous avait anéantis
n’est plus que nous deux cadavres hostiles.
(André Frénaud)
Posted in poésie | Tagué: (André Frénaud), anéanti, aube, cadavre, cendre, glorieux, hostile, lit, mort, oiseau, pétrifié, potence, sexe, vêler, venir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2020
Allez, vagabonds sans trêves
Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l’or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
Ils vont haillonneux et hagards.
Le sage, indigné, les harangue;
Le sot plaint ces fous hasardeux;
Les enfants leur tirent la langue
Et les filles se moquent d’eux.
C’est qu’odieux et ridicules,
Et maléfiques en effet,
Ils ont l’air, sur les crépuscules,
D’un mauvais rêve que l’on fait:
C’est que, sur leurs aigres guitares
Crispant la main des libertés,
Ils nasillent des chants bizarres,
Nostalgiques et révoltés;
C’est enfin que dans leurs prunelles
Rit et pleure -fastidieux-
L’amour des choses éternelles,
Des vieux morts et des anciens dieux!
Donc, allez, vagabonds sans trêves,
Errez, funestes et maudits,
Le long des gouffres et des grèves,
Sous l’oeil fermé des paradis!
La nature à l’homme s’allie
Pour châtier comme il le faut
L’orgueilleuse mélancolie
Qui vous fait marcher le front haut.
Et, vengeant sur vous le blasphème
Des vastes espoirs véhéments,
Meurtrit votre front anathème
Au choc rude des éléments.
Les juins brûlent et les décembres
Gèlent votre chair jusqu’aux os,
Et la fièvre envahit vos membres,
Qui se déchirent aux roseaux.
Tout vous repousse et tout vous navre,
Et quand la mort viendra pour vous,
Maigre et froide, votre cadavre
Sera dédaigné par les loups!
(Paul Verlaine)
Posted in poésie | Tagué: (Paul Verlaine), anathème, aventure, bien, bizarre, blasphème, cadavre, chair, chemin, choc, envahir, espoir, fille, fou, guitare, hagard, hasardeux, indigne, jambe, langue, loup, mélancolie, mort, nostalgique, or, paradis, révolte, regard, ridicule, rude, sage, se déchirer, trêve, vagabond, véhément | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2020
je crois à l’opacité solitaire
au pur instant de la nuit noire
pour rencontrer sa vraie blessure
pour écouter sa vraie morsure
je crois à ces chemins
où le corps avance dans l’esprit
où l’on surprend
le bruit de fond des univers
par ces yeux
que la nuit
a pleurés en nous
par ces yeux que la vie
a lavés en nous
je crois comme Trakl
qu’il faut habiter la lumière
par un long questionnement
sans réponse
je crois à Zoran Music
dessinant ses fagots de cadavres
sur de mauvais papiers
trouvant encore la vie
au fond du désarticulé
au fond de l’incarné
au fond de l’éprouvé
exorciste
vertical
je crois aux cassures
de fièvre
aux sursauts de nuit
aux césures de nerf
je crois
qu’il faut prendre appui
sur le vent
s’agenouiller en mer
et se vouer
à l’infini
(Zéno Bianu)
Posted in poésie | Tagué: (Zéno Bianu), appui, écouter, éprouvé, blessure, cadavre, cassure, césure, chemin, corps, croire, désarticulé, dessiner, esprit, exorciste, fièvre, habiter, incarné, infini, instant, lumière, mer, morsure, nuit, opacité, papier, pleurer, pur, questionnement, réponse, s'agenouiller, se vouer, solitaire, surprendre, sursaut, univers, vent, vie, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2020
Illustration: Tineke Storteboom
LA PRESQUE MORTE
Les pieds entremêlés dans les cadavres des mots
J’ai rampé
Comme un faisceau de lumière sur des ruines
Le ventre glissant sur la salive des langues sans écho
J’ai baigné
Comme un souvenir dans le noir de mon encrier
Mes oreilles résonnant au chuchotement des plumes
qui frissonnaient sous le vent,
comme des feuilles blanches,
ou comme des linceuls…
***
APROAPE MOARTA
Având picioarele înfășurate în lațul din cadavre de cuvinte
M-am înălțat
Ca un fascicul de lumină peste ruine
Cu pântecul alunecând peste saliva limbilor fără ecou
M-am îmbăiat
Precum o amintire în tușul negru-al călimării mele
Urechile îmi rezonau la șoapta penițelor
ce tremurau sub vânt,
în chip de pagini albe, sau lințolii…
***
LA CASI MUERTA
Los pies entrelazados en los cadáveres de las palabras
Me arrastré hacia arriba
Como un rayo de luz sobre las ruinas
El vientre deslizándose sobre saliva de lenguas sin eco
Me bañé
Como un recuerdo en la oscuridad de mi tintero
Mis oídos resonando en el susurro de las plumas
que temblaban con el viento,
como hojas en blanco,
o como sudarios…
***
LA QUASE MORTA
Os pés entrelaçados nos cadáveres das palavras
Arrastei-me para cima
Como um raio de luz sobre as ruínas
O ventre deslizando sobre a saliva de línguas sem eco
Banhei-me
Como lembrança na escuridão/a bruma do meu tinteiro
Minhas orelhas/ouvidos soam como o sussurro das plumas
Que estremecerem no vento
Como folhas de papel em branco
Ou como mortalhas…
***
PRAWIE MARTWA
Stopy wplątane w zwłoki słów
Wypełzłam
Jak promień światła po ruinach
Brzuch ślizgający się po ślinie języków bez echa
Skąpałam się
Jak wspomnienie w czerni mojego kałamarza
Moje uszy rezonują szeptem piór
rozedrganych przez wiatr,
jak czyste kartki papieru
lub jak śmiertelne koszule …
***
ΣΧΕΔΟΝ ΝΕΚΡΟΣ
Τα πόδια μπερδεύονται στα πτώματα λέξεων
έρπομαι
δέσμη φωτός στα ερείπια
κοιλιά γλυστρά στο σάλιο γλωσσών δίχως ηχώ
κολυμπώ
μνήμη στο μαύρο μελανοδοχείο μου
τ’ αυτιά μου αφομοιώνονται με τον ψύθιρο φτερών
που τρέμουν στον αγέρα
μαύρες σελίδες χαρτιού
η σαν σάβανα.
***
***
THE ALMOST DEAD
My feet intertwined in the corpses of the words,
I crawled up
like a beam of light onto the ruins.
My belly gliding on the saliva of languages without echo,
I bathed
like a memory in the black of my inkpot,
my ears resonating with the whispering of the feathers
that shivered in the wind,
like blank sheets of paper
or as cerements . . .
***
MORIBONDA
I piedi intrecciati ai cadaveri delle parole
Strisciavo
Come un fascio di luce sulle rovine
Il ventre scivolava sulla saliva di lingue senza eco
Immersa
Come un ricordo al buio del mio calamaio
Le mie orecchie risuonavano al sussurro delle piume
tremanti sotto i colpi del vento,
come fogli bianchi,
o come sudari …
***
LI QUASI MORTI
I pedi mmiscati n menzu cadaviri dî palori
M’arrampicaiu pi nesciri
Comu un lampu di luci ntra i ruvini
Lu stomacu sciddicava supra a sputazza di lingui senza ecu
Mi fici u bagnu
Comu na mimoria ntô niuru dû me calamaru
L’aricchi mi rimbumbarunu cu li ciuciuliari di li pinni
ca trimavanu pû ventu,
Comu fogghi di carta bianchi
O comu vistiti di li morti.
***
DIE FAST TOTE
Meine Füße mit den Leichen der Wörter verschlungen.
Ich bin herausgekrochen.
Wie ein Lichtstrahl über den Ruinen.
Mein Bauch gleitend über dem Speichel der Sprachen ohne Echo.
Ich habe gebadet
Wie eine Erinnerung im Schwarz meines Tintenfasses
Meine Ohren schwingen mit dem Flüstern der Federn
die zittern im Wind,
wie leere Blätter Papier,
oder Totenhemden…
***
DE BIJNA DODE
Mijn voeten verstrengeld tussen lijken van woorden
Kroop ik omhoog
Als een lichtstraal op ruïnes
Mijn buik glijdend over het speeksel van talen zonder echo
Heb ik mij gebaad
Als een herinnering in het zwart van mijn inktpot
Mijn oren galmden het gefluister van pluimen na
die rilden door de wind
onbeschreven bladeren,
of lijkwaden gelijk.
***
快要死的
双脚缠结在文字的尸首中
我爬起来
像废墟上的一束光
腹部在语言的唾液中无声滑翔
我洗澡
就像我墨水瓶黑色中的记忆
我的耳朵随风中颤抖羽毛
的低语而共鸣
就像空白的纸张,
或作了坟墓衣服……
***
(Amina Mekahli)
Posted in poésie | Tagué: (Amina Mekahli), écho, blanc, cadavre, chuchotement, encrier, entremêlé, faisceau, feuille, frissonner, glisser, langue, linceul, lumière, mort, mot, noir, oreille, pied, plume, presque, ramper, résonner, ruine, salive, se baigner, souvenir, vent, ventre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020
Ar re goz
Et regardez les vieux, plus anciens que la pluie
Le ciel pesait sur eux avant d’être nommé
Maigres cadavres ambulants
Presque honteux d’être vivants
Le temps ne peut plus rien contre eux, le temps s’ennuie
Et c’est Dieu le plus étonné.
Ils n’iront pas au Panthéon
A Saint-Denis, aux Invalides,
Par un doux soir d’accordéon
Ils gagneront leur Paradis à la godille.
Chacun son temps, chacun son tour
Chez nous on meurt au jour le jour.
(Anthony Lhéritier)
Posted in poésie | Tagué: (Anthony Lhéritier), ancien, étonné, cadavre, ciel, Dieu, gagner, honteux, maigre, mourir, paradis, peser, pluie, regarder, s'ennuyer, vieux, vivant | Leave a Comment »