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Poésie

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Je sombre, je meurs! (Inconnu)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2022




    
Je sombre, je meurs!
O vent qui fais ma détresse,
Calmant tes clameurs,
Va toucher d’une caresse
Les cheveux de ma maîtresse!

(Inconnu)

Recueil: Poëmes de la libellule
Traduction: Judith Gautier
Editions: Beaux-Arts de Paris

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Carnac (Eugène Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2020



 

Carnac

Mer au bord du néant
Qui se mêle au néant

Pour mieux savoir le ciel,
Les plages, les rochers,

Pour mieux les recevoir.

Femme vêtue de peau
Qui façonne nos mains,

Sans la mer dans tes yeux,
Sans ce goût de la mer que nous prenons en toi,

Tu n’excéderais pas
Le volume des chambres.

J’ai joué sur la pierre
De mes regards et de mes doigts

Et mêlées à la mer,
S’en allant sur la mer,
Revenant par la mer,

J’ai cru à des réponses de la pierre.

Ne jouerons-nous jamais
Ne serait-ce qu’une heure,
Rien que quelques minutes,
Océan solennel,

Sans que tu aies cet air
De t’occuper ailleurs ?

Je veux te préférer,
Incernable océan,

Les bassins que tu fais
Jusqu’aux marais salants.

Là je t’ai vu dormir
Avec d’autres remords.

Mer sans vieillesse,
Sans plaie à refermer,
Sans ventre apparemment

De la mer aux menhirs,
Des menhirs à la mer,

La même route avec deux vents contraire
Et celui de la mer
Plein du meurtre de l’autre.

Le soleil, la mer,
Lequel de vous deux
Prétend calmer l’autre

Au moyen de quoi ?

Toujours les mêmes terres
A caresser toujours
Jamais un corps nouveau
Pour t’essayer à lui.

Pour garder tes nuits,
As-tu supplié
Parfois les rochers ?

Ton père :
Le silence.

Ton devoir :
Le mouvement.

Ton refus :
La brume.

Tes rêves.

Alignés, les menhirs,
Comme si d’être en ligne
Devait donner des droits.

Toi, ce creux
Et définitif

Moi qui rêvais
De faire équilibre.

(Eugène Guillevic)

 

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LA MOISSON (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020



Illustration: Joseph Matar
    
LA MOISSON

Des coquelicots, fleurs du sommeil,
Envahirent les blés.
L’éclat de la faucille, un sifflement dans les champs de blé mûr,
Une rumeur dans l’air que le feu torture.

O la joie folle dans l’ivresse de la mort,
Mais la tristesse plus encore.
Roi de l’étendue, l’épouvantail balance
Sa tête de chiffons, ses bras de bâtons.

Qui vient pour allaiter les sanglots de l’enfant
Oublié là, dans la terre à sillons ?
Donnez-moi la cruche avec l’eau tiède,
Faites encore des liens pour les gerbes.

Dans la plaine il y a, sur le ciel embrasé, le mirage
Un mensonge aux couleurs criardes.
A l’abri du soleil le boyard
Veille sur sa belle récolte.

Vent, où donc iras-tu pour calmer la douleur
Des plaies, le feu des fronts ridés ?
Roi de l’étendue, l’épouvantail regarde.
En chiffons la tête, en bâtons les bras.

(Mihai Beniuc)

 

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La Prière du Védantin (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2020



Illustration: Mejda Ben
    
La Prière du Védantin

Esprit suprême
qui médite dans le silence du coeur,
éternelle clarté,

Toi seul Tu Es !
Ah, pourquoi suis-je voilé par cette obscurité,
ma part ensoleillée

assaillie par les nuages ?
Pourquoi suis-je ainsi défiguré par le désir,
distrait, entraîné,

consumé par le feu
de fantasques passions, chassé hors de ta paix
dans le tourbillon

de chaque rafale ?
Livré au chagrin, abattu,
surpris par la luxure ?

Ne laisse pas la grisaille de mon passé
taché de sang rebuter ta compassion souveraine,
ni même la retarder,

ô Vérité solitaire !
Ni ne laisse les dieux trompeurs qui Te singent encore
abuser ma jeunesse.

Calme ces clameurs ;
car je voudrais entendre la voix éternelle et connaître
l’éternelle Volonté.

Ce brillant étalage
encombrant le seuil de l’éternité,
disperse-le — accorde-moi

un regard sans ombre,
un coeur jeune et limpide. Réprime en moi
le cri assourdissant

de ces espoirs,
efface mes siècles souillés, restaure
ma pureté.

Ô porte cachée
de la Connaissance, ouvre-toi ! Force, accomplis-toi !
Amour, déverse-toi !

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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RÉINCARNATION (Aron Zeitlin)

Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2019




    
RÉINCARNATION

Je fus, je fus et j’ai été
Depuis longtemps ici planté,
Plus d’une fois j’ai dû ramper
Et j’ai plané plus d’une fois.
Parmi les poissons j’ai nagé
Dans les nuits des gouffres obscurs,
Parmi les astres voyagé
Sur l’hippodrome de l’azur.
Dans les télescopes poudreux
Je m’agitais, je me mirais,
Pleuvant en rayons lumineux
Sur la tête d’un orphelin.
Mes larmes en rosée tombaient
Au coeur d’une rose. Je fus
Le songe du séminariste
Sur le banc d’un temple endormi.
Je fus une pure prière
Qu’emplissait l’effroi de Satan.
Je fus cette larme qui perle
Aux cils d’un tel, en même temps
Le réconfort qui chez un autre
Calme l’étreinte du tourment.
J’ai vécu, mué en tortue
De longues, de noires années,
Mâchant et pétrissant la terre,
Je n’ai rien vu, je me suis tu.
Je restais à l’état larvaire
Et j’étais bien le plus bizarre
Parmi tant de bizarreries,
Un chat dans l’ombre d’une cave,
De tous le plus abandonné.
J’ai franchi, plus vif que l’éclair,
Générations et pays
Jusque dans l’esprit d’un penseur.
Ici, durement j’ai souffert,
Et là, profondément aimé,
Tous les pays dans mes tréfonds
Leurs tempêtes, leur mois de mai,
Le Mississippi là-bas gronde,
Rêvent le Danube et le Nil,
Ma petite sœur l’infusoire,
Le Hottentot mon frère noir,
Ils me conduisent tous ensemble
Me pressent vers la délivrance
De ma réincarnation : Dieu.

(Aron Zeitlin)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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La Dent (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2018



Ce Monde n’est pas une Conclusion.
Il y a une Vie au-delà –
Invisible – comme la Musique –
Mais positive – comme le Son –
Elle fait signe, elle déconcerte –
La Philosophie – connaît pas –
Et, à travers une Enigme, enfin –
La Sagacité finit par se faufiler –
La deviner tourmente les clercs –
Pour l’avoir, les Hommes ont enduré
Le mépris des Générations
Et la Crucifixion montré du doigt –
La Foi glisse – et rit reprend des forces –
Rougit, devant témoin –
Tire sur une brindille de Preuve –
Demande à une Girouette, le chemin –
Des grands Gestes, de la Chaire –
Roulent de puissants Alléluias –

Aucun Narcotique pour calmer la Dent
Qui grignote l’âme –

(Emily Dickinson)

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UNE FEMME A SON AMANT (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2018




    
UNE FEMME A SON AMANT

Je suis le feu
Calmé, devenu l’eau,

Une vague
Se dressant de l’abîme.

Dans mes veines
La marée gouvernée par la lune
S’élève, arbre de fleurs
Qui s’envolent en écume.

Je suis l’air
Pris dans un filet,

L’oiseau prophétique
Qui chante dans le reflet d’un ciel,

Je suis un rêve avant le néant.
Je suis une couronne d’étoiles,
Je suis le moyen de mourir.

***

WOMAN TO LOVER

I am fire
Stilled to water,

A wave
Lifting from the abyss.

In mi veins
The moon-drawn tide rires
Into a tree of flowers
Scattered in sea-foam.

I am air
Caught in a net,

The prophetic bird
That sings in a refiected sky,

I am a dream before nothingness,
I am a crown of stars,
I am the ive to die.

(Kathleen Raine)

 

Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit

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J’eusse aimé que tu me suives (Piero Bigongiari)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2018



 

feu-rouge

J’eusse aimé que tu me suives

Voulais-je que tu me suives, ou
que tu délaisses mes traces ? Au moment où
le feu est passé au rouge
j’ai traversé, voleur que pourchassaient
ses remords. J’ai laissé derrière moi
les grandes rues, j’ai filé par les sentiers
sans issue. Je me suis retrouvé
sur des ravins de soleil, et là, sur des pics
vertigineux, j’ai attendu
que les digues eussent calmé les eaux
troublées du coeur.

(Piero Bigongiari)

 

 

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Aux jours de fête (Alexandre Pouchkine)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2018



Illustration
    
Aux jours de fête, à mes heures d’ennui,
je portais la main à ma lyre
et célébrais avec délices
les vains loisirs, la folie ou l’amour.

Même alors, malgré moi, je laissais
se tarir l’impure musique
lorsque ta voix majestueuse
me frappait soudain de stupeur.

Je me surprenais à pleurer
et, pour ma conscience blessée,
ta parole avait le parfum
et la douceur d’une huile pure.

Aujourd’hui, maître spirituel,
tu me tends encore ta main
et ta puissance, aimante et humble,
sait calmer mes rêves sauvages.

(Alexandre Pouchkine)

 

Recueil: Poésies
Traduction: Louis Martinez
Editions: Gallimard

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La souris d’église (Herbert Zbigniew)

Posted by arbrealettres sur 2 août 2018




    
La souris d’église

Une souris affamée allait droit devant elle au bord du caniveau.
Au lieu de fromage, on mit une église sur son chemin.
Elle y entra non par humilité, mais par hasard.
Elle fit tout ce qu’il fallait: elle rampa jusqu’à la croix,
s’inclina devant les autels, dormit sur un banc.
Nul grain de manne ne lui tomba du ciel.
Dieu s’occupait alors de calmer les océans.

(Herbert Zbigniew)

 

Recueil: Corde de lumières oeuvres poétiques complètes
Traduction: Brigitte Gautier
Editions: LE BRUIT DU TEMPS

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