Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020

Illustration
Coeur de bois
Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois
Ce soir, je serai ton Roi.
Si tu veux, tu seras la Reine.
J’ai ôté mon tablier
J’ai mis mes plus beaux souliers
Dans ma poche des sous neufs
Pour les distribuer aux veufs
Comme trône j’ai le fauteuil
Du Grand Oncle Cancrelat
Qui fume dans son cercueil
Une pipe en chocolat.
Ma couronne vif argent
Vient tout droit du pâtissier.
Sur mes épaules flotte un drap
On se cachera dedans.
Le fauteuil est à roulettes
Quelle aubaine pour un Roi !
Je le déplace et les traîtres
Frappent au mauvais endroit.
Amandine, tes yeux verts
Illuminent toutes mes nuits.
Je voudrais t’écrire en vers
Quand je serai plus instruit
Amandine, tu m’as dit .
« Je viendrai sept heures sonnées.
Je viendrai dans ton grenier
Avec ma chemise à plis. »
L’heure passe et je suis là
Ma couronne pour les rats !
Ah ! ce bruit de patinette !
Mais non, ce n’est pas ici.
Le sang me monte à la tête
J’entends les cloches aussi.
Et pourtant, je suis le Roi !
Tu devrais, genou en terre,
Baiser le bout de mon drap
Et pleurer pour la manière !
« Madame, relevez-vous »
Te dirai-je noblement !
Et sur tes lèvres de houx
T’embrasserai jusqu’à cent.
L’heure fuit , mes oripeaux
Juste bons pour les corbeaux !
Amandine, tu te moques
Tu te ris toujours de moi.
Quand tu remontes tes socques
Je tremble et ne sais pourquoi…
Amandine, je vais mourir
Si vraiment tu ne viens pas.
Je t’ordonne de courir
De grandir entre mes bras !
Le silence, seul, répond
Aile blanche sur mon front.
Le grenier comme un navire
Se balance dans la nuit.
Le trône vide chavire
L’Oncle fume en son réduit.
Amandine sans foi ni loi
Amandine ne viendra pas.
Jamais elle ne sera Reine
D’Occident ou de Saba
Jamais elle ne régnera
Sur c’qu’il y a de plus sacré.
Peste noire ou choléra
Jamais ne pourra pleurer.
Et pourtant comme je l’aime
Amandine des chevaux d’bois
De Jean-Pierre et de Ghislaine
De tout le monde à la fois !
Et pourtant comme je l’aime
(À mes pieds tombe le drap)
Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois.
(René de Obaldia)
Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle
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Posted by arbrealettres sur 4 mars 2017

BOITES
On peut tout mettre dans les boîtes
Des cancrelats et des savates
Ou des oeufs durs à la tomate
Et des objets compromettants
On peut y mettre aussi des gens
Et même les gens bien vivants
Et intelligents
Oui oui décidément la boîte
Est bien le plus indispensable
Des progrès faits depuis les temps
Que l’on nomme préhistoriques
Faute d’un terme plus subtil
Pour désigner la vague époque
Où le dinosaure dînait
Dans les marais de l’Orénoque
Où le brontosaure brutal
Broutait des brouets brépugnants
Où le ptérodactyle enfin
Ancêtre extrêmement voisin
Du sténodactyle ordinaire
Ouvrait pareil à Lucifer
Des ailes de vieux cuir de veau
Dans un crépuscule indigo
En faisant claquer ses mâchoires
Pour effrayer nos grands-parents
Différence fondamentale
Avec notre vie d’aujourd’hui
La boîte, messeigneurs, n’existait pas encore.
BOITES
Je vous aime toutes, je vous aime
Vous vous suffisez à vous-mêmes
Et jamais ne nous encombrez.
Car pour ranger les BOITES
les BOITES
les BOITES
On les met dans des BOITES
Et on peut les garder.
(Boris Vian)
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2016
rue de la Salandre il y a
la confrérie des parias
mais rue du Ranil les reinettes
se prétendent toutes honnêtes
nous allons le soir dans les bois
nous les parias vous les reinettes
échanger nos poux avec joie
le lendemain nous les parias
nous poussons toujours nos brouettes
mais nos âmes de cancrelats
sont profondément satisfaites
(Jean-Claude Pirotte)
Illustration: Maurice Denis
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Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2015
Une araignée
Accrochée au plafond
Regardait la télévision
Un moucheron
A califourchon sur une boîte de bonbons
Sifflait une chanson
Un mille-pattes
Dansait des claquettes
Avec une cacahuète
Un puceron
Faisait du cheval d’arçon
Sur un colimaçon
Une punaise des bois
Roulait des mécaniques
Sous le lit métallique
Un cancrelas
Marchait la tête en bas
Sur une feuille de dahlia
Une petite fille
Dormait sur le divan
En rêvant…..
(Guy Foissy)
Illustration
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