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Poésie

Posts Tagged ‘candide’

ODE A LA NEIGE (Henri Pichette)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023




    
ODE A LA NEIGE

la
légère
candide
capricieuse
tourbillonante
ouatée
poudreuse
neige dont j’aime
la
lente lente
chute

(Henri Pichette)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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PRIÈRE (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



Illustration: Nadav Kander
    
PRIÈRE

Qu’on me laisse partir à présent
Je pèserais si peu sur les eaux
J’emporterais si peu de chose
Quelques visages le ciel d’été
Une rose ouverte

La rivière est si fraîche
La plaie si brûlante
Qu’on me laisse partir à l’heure incandescente
Quand les bêtes furtives
Gagnent l’ombre des granges
Quand la quenouille
Du jour se fait lente

Je m’étendrais doucement sur les eaux
J’écouterais tomber au fond
Ma tristesse comme une pierre
Tandis que le vent dans les saules
Suspendrait mon chant

Passants ne me retenez pas
plaignez-moi
Car la terre n’a plus de place
pour l’étrange Ophélie
On a scellé sa voix on a brisé le vase
De sa raison

Le monde m’assassine et cependant
Pourquoi faut-il que le jour soit si pur
L’oiseau si transparent
Et que les fleurs
S’ouvrent à chaque aurore plus candides
Ô beauté
Faisons l’adieu rapide

Par la rivière par le fleuve
Qu’on me laisse à présent partir
La mer est proche je respire
Déjà le sel ardent
Des grandes profondeurs
Les yeux ouverts je descendrais au cœur
De la nuit tranquille
Je glisserais entre les arbres de corail
Écartant les amphores bleues
Frôlant la joue
Enfantine des fusaïoles
Car c’est là qu’ils demeurent
Les morts bien-aimés
Leur nourriture c’est le silence la paix
Ils sont amis
Des poissons lumineux des étoiles
Marines ils passent
Doucement d’un siècle à l’autre ils parlent
De Dieu sans fin
Ils sont heureux

Ô ma mémoire brise-toi
Avant d’aller troubler le fond
De l’éternité
Ainsi parle Ophélie
Dans le jardin désert
Et puis se tait toute douleur
La rivière scintille et fuit
Sous les feuilles
Le vent seul
Porte sa plainte vers la mer

(Anne Perrier)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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LES YEUX STÉRILES (Paul Éluard)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2023



Illustration: Man Ray
    
LES YEUX STÉRILES

Elle est comme un bourgeon
L’espace de la flamme
Candide elle a l’arôme
D’amoureux enlacés.

(Paul Éluard)

Recueil: Les mains libres
Traduction:
Editions: Gallimard

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Poétique (Artur Lundkvist)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2022



Illustration: Jerzy Gluszek
    
Poétique

Pourquoi ne traînerait-elle pas
tout près du champ
Comme une oiselle
qui veut faire dériver le danger
pour si soudain s’envoler ?

Et pourquoi ne serait-elle pas
un bouquet de marguerites
jeté dans une brouette goudronnée ?

Ou de la neige qui fond
dans la main rose d’une enfant ?

Une hirondelle
qui laisse une éraillure sur le pignon

Une fleur
qui fait pousser un bloc de pierre

Deux lézardes qui se croisent
l’une l’autre dans la vitre ?

Poésie :
une candide démoniaque

Un agneau en flammes
au milieu d’une prairie

Un lévrier qui s’entortillait
dans un drap

Un miroir
devant lequel un héron est mort
Comme un parapluie accidenté par la tempête

Du sable éblouissant
comme un ventre de femme au milieu de l’océan

Une fleur-étoile blanche
dans la gueule d’un bouledogue

Une épine
qui fait une tête de lion putréfiée

Un plongeur
qui dans les profondeurs de la mer
ouvre un coffre avec une épingle

Une punaise
qui fixe un avion dans l’atmosphère

Un bateau de contrebande
qui saigne dans les flots
comme un animal blessé

Poésie :
Une corde à linge tendue
entre un phare et un cerisier

(Artur Lundkvist)

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Tu es belle, ma mère (Maurice Carême)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Tu es belle, ma mère,
Comme un pain de froment.
Et, dans tes yeux d’enfant,
Le monde tient à l’aise.

Ta chanson est pareille
Au bouleau argenté
Que le matin couronne
D’un murmure d’abeilles.

Tu sens bon la lavande,
La cannelle et le lait ;
Ton coeur candide et frais
Parfume la maison.

Et l’automne est si doux
Autour de tes cheveux
Que les derniers coucous
Viennent te dire adieu.

(Maurice Carême)


Illustration: William Bouguereau

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Lorsque les champs dorés (Michel Lermontov)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2022




    
Lorsque les champs dorés devant ma vue ondulent,
Et la forêt tressaille au souffle du zéphyr,
Que mille chants d’oiseaux dans les airs se modulent,
Et sous la feuille un fruit recommence à bouffir;

Lorsque tout imprégnés d’éclatante rosée,
A l’aube ou par un soir incendiant les cieux,
Le candide muguet, ou la vierge pensée,
Me semble saluer d’un geste gracieux;

Lorsqu’une fraîche source au fond de la vallée,
Fredonnant un doux chant qui me berce et m’endort,
Murmure à mon oreille une légende ailée
D’un pays merveilleux du temps de l’âge d’or;

— Alors, je sens enfin dans mon âme se taire
Tous les tourments secrets des pensers anxieux.
Je conçois le bonheur possible sur la terre,
Et la Divinité — visible dans les cieux.

(Michel Lermontov)

Recueil: Michel Lermontov Poèmes
Traduction: Igor Astrow
Editions: Du Tricorne

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Unis (Jacques Rabemananjara)

Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021




L’ombre s’extasiera des prières muettes
Qui monteront pour nous des parfums fraternels.
L’azur, royal, avec ses noirs manteaux de fêtes
Nous versera la paix des cloîtres éternels.

Tomberont une à une, et chastes et candides,
Les larmes que depuis la genèse des jours
Le sort tient en suspens aux flancs des pyramides
Et fraîche sera la citerne des séjours.

De l’espace et du temps proclamant le désastre,
Unis nous sentirons, ainsi qu’un javelot,
Harponner le tumulte étincelant des astres
L’Hymen, au bord du puits, penché comme un bouleau.

(Jacques Rabemananjara)

Illustration: Rodin

 

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Sucre Candide (Norge)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2020



Sucre Candide

Maman, l’hiver, m’en donnait un petit morceau pour la gorge, quand je partais à l’école.
L’instituteur m’apprit un jour qu’on ne dit pas le sucre candide mais le sucre candi.
Quelle déception ! Le lendemain je doutais du Père Noël et un peu plus tard, je réfléchis à l’existence de Dieu …

(Norge)

découvert ici chez laboucheaoreilles

Illustration

 

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EUSSE-JE ailleurs trouvé l’amour? (Francis Vielé-Griffin)

Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020



 

Margarita Sikorskaia - Tutt'Art@ (18)

EUSSE-JE ailleurs trouvé l’amour? — le jour s’endort
A l’occident, reviens : ne t’ai-je pas menée
Où flotte le parfum suave d’un rêve mort,
Ó Berthe, ô ma Gretchen, ô ma douce Renée?

… Tes grands yeux, et ta natte ingénue, et ta voix
Rieuse et musicale en naïves répliques,
Et ta candeur céleste alors que tu m’expliques
Les pourquoi fabuleux des choses que tu vois…

Heure unique d’amour inconsciente et chaste,
Crépuscule brûlant d’un radieux été; —
Oh! l’Idylle candide et tendre que c’était,
Malgré que soit venu cet autre soir néfaste.

Assis à tes genoux, dans l’ombre où se noyait
Ta forme, j’écoutais ta voix, comme en extase :
Chaque contour naïf me semblait une phrase;
Les mots inespérés et fous, que m’envoyait

Le souffle printanier de ta lèvre mutine,
Paraissaient onduler à l’entour de ton corps :
Pour moi, couleurs et sons se confondaient, alors,
En l’ivresse d’aimer une femme enfantine…

(Francis Vielé-Griffin)

Illustration: Margarita Sikorskaia

 

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L’éclair des prédicants (Robert Momeux)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2020



L’éclair des prédicants

La machine mangeuse alternait ses sourires et ses élans.
Chaque fois, l’énorme reflet rejetait plus loin
les pauvres gestes étriqués et ridicules des victimes
vers on ne sait quel océan de stupeur et d’espoir.
C’était comme un va-et-vient.

L’inlassable tapis-roulant (était-ce quelque affreuse langue ?)
les charriait, pèle-mêle, hébétés et peureux
jusqu’à cet entonnoir comme un gosier avide
qui les engouffrait tous dans un horrible remugle de dissection malsaine.
Et c’était là-dedans, illuminé de soufre et d’or,
plus haut que le sifflement des courroies et des vapeurs,
la clameur affolée, affolante.
C’était des roues dentées, des axes,
une machine compliquée, inquiétante, des chairs hurlantes,
froissées, dans des lueurs de cavernes.
De ce concassement fusaient des boues et des lambeaux,
tel qu’un volcan éructe.

Puis après, c’était l’immense calme,
une douceur venant d’une tendre musique,
infinie et plus haut, bien plus haut dans l’azur,
de très simples couleurs reposantes et neuves,
un ruisselet candide allant on ne sait où,
la fin comme d’un cauchemar.

(Robert Momeux)



Illustration: Gilbert Garcin

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