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Posts Tagged ‘captif’

Triste est ta lyre, Orphée (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022



Illustration: Chagall
    
Triste est ta lyre, Orphée.
Elle ne peut changer le cours des choses
et pour la captive bien-aimée dans la cage close des morts
elle ne peut créer
un lit d’amour, ni bras, ni tresse.

meurent ceux qui meurent, Orphée.
Le temps qui accourt dans tes yeux s’effondre
et dans tes mains
la lyre s’est brisée.

La mort maintenant est sur la rive
— rien qu’une tête — et chaque fleur
chante et l’eau est une voix.

Je t’écoute maintenant
Je te vois, ombre qui fuit hors du centre.
Et commente l’errante giration.

***

(Adonis)

Traduction de Lionel Ray

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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CAPTIF (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 26 mai 2022


 


Helen Masacz  8

CAPTIF

Captif d’une chambre
Je pars gonflé d’un désir
Que rien ne peut retenir
Et vole.

Lourd plus que plomb et dur
Etait mon pied et molle
Une tête fruit mûr
Qui penche.

Un coup de vent venu de mer
Et tout a pris autre visage,
Je me cherche et me perds
Comme une feuille après l’orage.

Le mat balance au gré des vents
Je me sens à moi-même infidèle
Que sombre le navire avant
Que la mouette ait refermé les ailes

(Franz Hellens)

Illustration: Helen Masacz

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Moi j’étais captif (Sono-Ka)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2022




    
Moi j’étais captif
Au fond de la chambre close;
Le printemps furtif,
Sourd à mon regret plaintif,
A fauché sa moisson rose!

(Sono-Ka)

Recueil: Poëmes de la libellule
Traduction: Judith Gautier
Editions: Beaux-Arts de Paris

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Chanson du chiffonnier (Jean-Claude Pirotte)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2021


La Jeune Fille Avec les Pâquerettes (1889) by Pierre-Auguste Renoir

le chiffonnier du faubourg
que personne n’écoute
fait le tour de la ville
avec son poney bleu

il sait seules permises
les chansons sans paroles
et pourtant il fredonne
une complainte étrangère

à son passage les seins
des femmes ignorantes
s’émeuvent doucement
blanches bêtes captives

(Jean-Claude Pirotte)

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CAGE D’OISEAU (Saint-Denys Garneau)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2021



Sam Wolfe Connelly bbl

CAGE D’OISEAU

Je suis une cage d’oiseau
Une cage d’os
Avec un oiseau

L’oiseau dans ma cage d’os
C’est la mort qui fait son nid

Lorsque rien n’arrive
On l’entend froisser ses ailes

Et quand on a ri beaucoup
Si l’on cesse tout à coup
On l’entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot

C’est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d’os

Voudrait-il pas s’envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi
Qu’est-ce que c’est

Il ne pourra s’en aller
Qu’après avoir tout mangé
Mon coeur
La source du sang
Avec la vie dedans

Il aura mon âme au bec.

(Saint-Denys Garneau)

Illustration: Sam Wolfe Connelly

 

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Envol (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2021



Envol

L’eau chante dans la source
Chant qui devient cri
L’aube réveille la sève
Dans le feuillage endormi
Longtemps captif de la branche
L’oiseau s’en arrache
Et dans un suprême effort
Echappe à l’attraction du sol.

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

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Transformation (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2021



    

Transformation

Mon souffle coule en un courant rythmique subtil ;
il emplit mes membres d’une puissance divine :
j’ai bu l’Infini comme un vin de géant.
Le Temps est mon théâtre ou mon spectacle de rêve.
Mes cellules illuminées sont la trame flamboyante de la joie
et les fibres frémissantes de mes nerfs sont devenues
de fins courants d’ivresse, opale et hyaline,
où pénètre l’Inconnu, le Suprême.

Je ne suis plus vassal de la chair,
esclave de la Nature et de sa loi implacable ;
je ne suis plus captif des rets étroits des sens.
Mon âme s’étend par-delà tout horizon en une vision sans borne,
mon corps est l’heureux et vibrant instrument de Dieu,
mon esprit un vaste soleil de lumière immortelle.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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SUCCINCTES (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2020




    
SUCCINCTES

Branches émerveillées
avant la fin de la lumière

*

Rayon oblique
dernier captif de
la fleur rouge

Enfants qui jouent
à petits cris
dans mon oreille

Cloches qui disent
Qui sers-tu ?

*
Main
qui plante
pour les papillons du futur

Rose blanche
Feuilles charmées par la pluie

*

Sur l’herbe passe
l’ombre d’un papillon

*

Ombre fine
Chardons bleus
En soleil
Amoureux

*

Branche de roses
Indéchiffrées
Son grand visage
Emplit mes yeux

*

Soleil
à l’état sauvage

*

Avril
adolescent
demi-nu
demi-dieu

*

La terre
aux genoux éclatants

*

Voyelle
Blanche
Soleil Muet
Sous les
Nuages

*

Liberté
D’or
Tilleul

(Henry Bauchau)

 

Recueil: Poésie complète
Traduction:
Editions: Actes Sud

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RYTHMES (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2020




    
RYTHMES

Tout débuta
Dans l’arythmie
Le chaos

Des vents erratiques
S’emparaient de l’univers
L’intempérie régna

L’indéchiffrable détonation
Fut notre prologue

Tout fut
Débâcle et dispersion
Turbulences et gaspillage
Avant que le rythme
Ne prenne possession
De l’espace

Suivirent de vastes accords
D’indéfectibles liaisons
Des notes s’arrimèrent
Au tissu du rien
Des courroies invisibles
Liaient astres et planètes

Du fond des eaux
Surgissaient
Les remous de la vie

Dans la pavane
Des univers
Se prenant pour le noyau
La Vie
Se rythma
Se nuança

De leitmotiv
En parade
De reprise
En plain-chant

La Vie devint ritournelle
Fugue Impromptu
Refrain
Se fit dissonance
Mélodie Brisure
Se fit battement
Cadence Mesure

Et se mira
Dans le destin

Impie et sacrilège
L’oiseau s’affranchissait
Des liens de la terre

Libre d’allégeance
Il s’éleva
Au-dessus des créatures
Assujetties aux sols
Et à leurs tyrannies

S’unissant
Aux jeux fondateurs
Des nuages et du vent
L’oiseau s’allia à l’espace
S’accoupla à l’étendue
S’emboîta dans la distance
Se relia à l’immensité
Se noua à l’infini

Tandis que lié au temps
Et aux choses
Enfanté sur un sol
Aux racines multiples
L’homme naquit tributaire
D’un passé indélébile

Le lieu prit possession
De sa chair
De son souffle
Les stigmates de l’histoire
Tatouèrent sa mémoire
Et sa peau

Venu on ne sait d’où
Traversant les millénaires
L’homme se trouva captif
Des vestiges d’un monde
Aux masques étranges
Et menaçants

Il s’en arrachait parfois
Grâce aux sons et aux mots
Aux gestes et à l’image
À leurs pistes éloquentes
À leur sens continu

Pour mieux tenir debout
L’homme inventa la fable
Se vêtit de légendes
Peupla le ciel d’idoles
Multiplia ses panthéons
Cumula ses utopies

Se voulant éternel
Il fixa son oreille
Sur la coquille du monde
À l’écoute
D’une voix souterraine
Qui l’escorte le guide
Et l’agrandit

Alors
De nuits en nuits
Et d’aubes en aubes
Tantôt le jour s’éclaire
Tantôt le jour moisit

Faiseur d’images
Le souffle veille

De pesanteur
Le corps fléchit

Toute vie
Amorça
Le mystère
Tout mystère
Se voila
De ténèbres
Toute ténèbre
Se chargea
D’espérance
Toute espérance
Fut soumise
À la Vie

L’esprit cheminait
Sans se tarir
Le corps s’incarnait
Pour mûrir
L’esprit se libérait
Sans périr
Le corps se décharnait
Pour mourir

Parfois l’existence ravivait
L’aiguillon du désir
Ou bien l’enfouissait
Au creux des eaux stagnantes

Parfois elle rameutait
L’essor
D’autres fois elle piétinait
L’élan

Souvent l’existence patrouillait
Sur les chemins du vide
Ou bien se rachetait
Par l’embrasement du coeur

Face au rude
Mais salutaire
Affrontement
De la mort unanime
L’homme sacra
Son séjour éphémère
Pour y planter
Le blé d’avenir.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Luciole captive (Seishi Yamaguchi)

Posted by arbrealettres sur 26 septembre 2020



luciole [800x600]

Luciole captive
Les doigts du garçonnet
Tout verts.

(Seishi Yamaguchi)

 

 

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