Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘caravane’

Je te confie vieux désert (Tahar Bekri)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022



Illustration
    
Je te confie vieux désert
La soif des caravanes illustres
Dans la traversée des fièvres solennelles
Sans armatures remèdes à la félonie
Les poitrines indifférentes à l’opprobre
Ouvertes et hospitalières
Sous le soleil sans monopole
Les aigles en provenance des plateaux
Comme des pléthores épanouies
Dis vieux désert
Combien de dunes résistantes à l’ossature
Dois-tu remuer
Pour libérer la tempête de son dû
Combien d’années dois-tu nourrir
Pour alléger la rose de sable
De son silence de verre

(Tahar Bekri)

 

Recueil: Je te nomme Tunisie
Editions: Al Manar

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

DES LIONS (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 18 juin 2022




    
DES LIONS

La caravane a chu dans l’herbe haute
et ce qui reste n’est plus qu’un grand trou
dans la nuit où vont toutes les routes
que nous avons laissé partir

seules, à regret, comme des étrangères
qui savaient lire en nos yeux l’insoutenable
attente et l’effroi de mourir ici. Nous avons
baissé trop tôt les paupières,

croyant couper à jamais les ailes du désir,
mais nos rêves sont des lions penchés
sur l’eau croupie des draps, des lions
et qui rugissent encore

quand la caravane s’ébranle avec la lune.

(Guy Goffette)

 

Recueil: Le pêcheur d’eau
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Désert vivant (Claude Haller)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2022




Illustration: Gabriel Lefebvre
    
Désert vivant

Écoute ce silence
Le désert est à nos portes
Voici que s’avance
La muette cohorte

Poids figé des dunes
Crêtes miragées
Ce soir sous la lune
Fleurit l’apogée

La caravane évanouie
Dans ce sable opulent
Trace l’inouï

(Claude Haller)

Recueil: Poèmes du petit matin
Traduction:
Editions: Hachette

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Dans un roulis de caravane (Frédéric Jacques Temple)

Posted by arbrealettres sur 10 septembre 2021



Illustration
    
Dans un roulis de caravane
sur le désert éblouissant
du Grand Erg occidental
j’ai compris le suprême langage
de la lenteur
et du silence.

(Frédéric Jacques Temple)

 

Recueil: Par le sextant du soleil
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LES SOLITAIRES (Georges Rodenbach)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020



LES SOLITAIRES

Quand j’entends un amant trahi qui se lamente,
Qui maudit le printemps pour un arbre sans nid,
Qui trouve l’amour faux puisque fausse est l’amante
Comme un soleil qu’on voit par un vitrail terni,

Quand il s’enferme seul, les longs soirs de novembre,
Brûlant tout : des cheveux, des lettres, des sachets,
Et que des rais de pluie aux vitres de sa chambre
Viennent appesantir leurs douloureux archets,

Quand, sur la trahison, la tendresse l’emporte
Et que, pour oublier ce soudain abandon,
Il s’en va dans la nuit rôder devant sa porte
Pour envoyer vers elle un essai de pardon,

Alors je songe à ceux — les plus las, les plus tristes !-
Qui n’ont jamais connu la douceur d’être amant;
Les mendiants d’amour, les mornes guitaristes
Qui sur le pont du Rêve ont chanté vainement.

Ils ont été, pleurant, par des quartiers infâmes
Où claquaient aux châssis des linges suspendus,
Ils ont été rôdant et fixant sur les femmes
Des regards suppliants comme les chiens perdus.

Parfois, dans une rue assoupie et déserte,
Rêvant des amours blancs, des échanges d’anneau.
Ils regardaient longtemps une fenêtre ouverte
D’où tombait dans la rue un chant de piano.

D’autres fois ils allaient aux saisons pluviales
Attendre, sous la flamme et l’or des magasins,
Le groupe turbulent des ouvrières pâles
Dont la bouche bleuie a le ton des raisins.

Pauvres coeurs méconnus, dédaignés par les vierges !
Où seule maintenant la bande des Désirs
S’installe. pour un soir comme dans des auberges
Et salit les murs blancs à ses mornes plaisirs.

Oh ! ceux-là je les plains, ces veufs d’épouses mortes
Qu’ils aimèrent en rêve et dont ils n’ont rien eu,
Mais qu’ils croient tous les jours voir surgir à leurs portes
Et dont partout les suit le visage inconnu.

Oh ! ceux-là je les plains, ces amants sans amante
Qui cherchent dans le vent des baisers parfumés,
Qui cherchent de l’oubli dans la nuit endormante
Et meurent du regret de n’être pas aimés

« Mes bras veulent s’ouvrir…» — Non ! Étreins les nuées
— « Je suis seul ! c’est l’hiver ! et je voudrais dormir
Sur les coussins de chair des gorges remuées ! »
— Ton âme n’aura pas ce divin souvenir.

Le Solitaire part à travers la bourrasque;
Il regarde la lune et lui demande accueil,
Mais la lune lui rit avec ses yeux de masque
Et les astres luisants sont des clous de cercueil.

Alors il intercède : « O vous, les jeunes filles,
Venez donc ! aimez-moi ! mes rêves vous feront
Des guirlandes de fleurs autant que les quadrilles… »
Elles répondent : non ! et lui part sous l’affront.

« Vous, mes soeurs, ô pitié! vous, les veuves lointaines,
Qui souffrez dans le deuil et dans l’isolement,
Mes larmes remettront de l’eau dans vos fontaines,
Et votre parc fermé fleurira brusquement… »

Non encor ! — Vous, du moins, les grandes courtisanes
Portant dans vos coeurs froids l’infini du péché,
Mes voluptés vers vous s’en vont en caravanes
Pour tarir votre vice ainsi qu’un puits caché… »

Mais leur appel se perd dans la neige et la pluie !
Et rien n’a consolé de leur tourment amer
Les martyrs d’idéal que leur grande âme ennuie
Et qui vivront plaintifs et seuls — comme la mer !

(Georges Rodenbach)


Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

Mais je n’écoute que ta voix et elle monte (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2020



Mais je n’écoute que ta voix et elle monte,
ta voix, de son vol aussi précis que la flèche,
elle descend, ta voix, grave comme la pluie ;
alors éparpillant de très hautes épées,
elle revient, ta voix et chargée de violettes
elle monte avec moi à la fin dans le ciel.
Tu chantes et au soleil, dans le ciel de ton chant,
tout le froment du jour s’égrène dans ta voix.
La parole des pins naît de leur langue verte :
les oiseaux de l’hiver ont commencé leurs trilles.
Les caves de la mer se remplissent de pas,
et de cloches, de chaînes et de gémissements,
et tinte la ferraille et tintent les chaudrons,
au bruit retentissant des roues des caravanes.

***

Pero sólo tu voz escucho y sube
tu voz con vuelo y precisión de flecha,
baja tu voz con gravedad de lluvia,
tu voz esparce altísimas espadas,
vuelve tu voz cargada de violetas
y luego me acompaña por el cielo.
Cantas y a sol y a cielo con tu canto
tu voz desgrana el cereal del día,
hablan los pinos con su lengua verde :
trinan todas las aves del invierno.
El mar llena sus sótanos de pasos,
de campanas, cadenas y gemidos,
tintinean metales y utensilios,
suenan las ruedas de la caravana.

(Pablo Neruda)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les pierres (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2019




Illustration: ArbreaPhotos
    

Les pierres

Ce matin je suis descendu
vers les pierres, oh les pierres!
Et j’ai provoqué et estampé
un pugilat de pierres.

Notre Mère, si mes pas
dans le monde font souffrir,
c’est qu’ils sont les feux
d’une aurore absurde.

Les pierres n’outragent pas; ne convoitent
rien. Elles ne demandent
que de l’amour pour tous, et demandent
même de l’amour pour le Néant.

Et si certaines d’entre elles
vont tête baissée, ou sont
contrites, c’est bien
qu’elles font quelque chose d’humain…

Mais, il y a toujours quelqu’un
pour en frapper une pour le plaisir.
Ainsi, la lune est pierre blanche
que fit voler un coup de pied…

Notre Mère, ce matin
je me suis glissé dans les lierres,
en voyant la bleue caravane
des pierres,
des pierres,
des pierres…

(César Vallejo)

 

Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Et moi je voudrais d’abord (Max-Pol Fouchet)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2019



Illustration: Chris Peters  
    
Et moi je voudrais d’abord
être lavé, nettoyé, rincé
n’avoir plus que la netteté
janséniste des os seuls,
donner ma chair aux vautours,
marquer dans les déserts
la route des caravanes,
indiquer par mon squelette.

Et moi, je voudrais aussi
me débarrasser à jamais,
me laver, me nettoyer, me rincer,
quitter mes affiches politiques,
cesser de promettre en mentant,
en vert, bleu, rouge ou blanc,
que ma pierre soit nue sur le ciel,
dût-elle, nue, se désagréger.

Et moi je voudrais enfin
être plus propre et plus nu,
et vivant, que je sois lavé
comme les morts sous la terre.

(Max-Pol Fouchet)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Retour à Nouakchott (Tahar Bekri)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2019



20 April 2004

20 April 2004

 

Retour à Nouakchott

Je te retrouve dans le souffle du vent
Exsangue brûlé par le sable sans relâche
Tant de dunes impatientes le long de ma route
Surgissent des limbes de l’inconsolé mirage

Les caravanes portées par la distance d’antan
Immobiles et langoureuses l’ombre aussi rare
Que l’acacia sec et endurci sous le soleil de plomb
Mon chant comme prière implorant le firmament

J’ai de toi désert la soif affranchie des frontières
Le rêve qui s’enlise ensablé habillé de lumière
Tout l’océan aimant chargé de lourdes pirogues
Butin d’arc-en-ciel pour des frères noirs et blancs

Où as-tu égaré fleuve ton limon pour nourrir la terre ?

(Tahar Bekri)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Peindre le désert (Simone Dufay)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2019



Peindre le désert
le silence des caravanes
sans soif ni faim
en marche
plus loin…

(Simone Dufay)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , | 2 Comments »

 
%d blogueurs aiment cette page :